Cimetière du Nord (Rennes)

Le cimetière du Nord est une nécropole funéraire, au nord de Rennes, dans le quartier Saint-Martin, avenue Gros Malhon[1],[2].

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Histoire

Par un édit royal du , Louis XVI ordonne pour des raisons d'hygiène le transfert des cimetières hors des villes. Le Parlement de Bretagne impose par un arrêt de 1784 la création d'un nouveau cimetière à la communauté de la ville de Rennes. Par délibération du , cette dernière achète aux moines de Saint-Melaine le champ de l'Estival situé sur le bord de la route menant à Saint-Grégoire[3]. Le premier cimetière public rennais y est établi, se substituant aux divers cimetières paroissiaux qui voisinaient les édifices cultuels. Si la première inhumation a lieu en 1794, dès 1824 la ville procède à son agrandissement.

Plan du grand cimetière de Rennes et des terrains à acquérir pour l'agrandissement de ce cimetière(1826)

Le un nouveau projet d'extension du cimetière (appelé aussi Le Berlinguin) est discuté en conseil municipal. Alors qu'un agrandissement vers l'Ouest est envisagé, c'est un agrandissement vers le Sud qui sera choisi. L'architecte Adolphe Giraud l'aménage en 1867 comme un jardin à l'anglaise. Les limites du cimetière restent inchangées depuis cette date.

Extrait du plan d'agrandissement du Cimetière de Rennes(1867)

Lors du bombardement du , le cimetière du Nord reçut jusqu'à 25 bombes.

Aujourd'hui, ce cimetière paysager (pins maritimes, platanes, séquoias, cyprès, ifs), s'étend sur 8-9 hectares, et compte en 2014, 14 000 emplacements répartis dans 16 sections. Le nombre d'inhumations effectuées voisine le 100 000[4].

Entrée monumentale

Une seule entrée, monumentale, donne accès au cimetière du Nord. Celle-ci constitue la première œuvre de Charles Millardet, architecte de la ville de Rennes nommé en . Elle a été érigée suivant la volonté du maire de Rennes Louis de Lorgeril qui dès 1822 avait sollicité l'architecte nantais Mathurin Crucy à cette fin[5].

De style néo-classique, cette construction de plan circulaire fait office de porte d'entrée monumentale, de caveau et de chapelle funéraire. Le rez-de-chaussée présente un soubassement calcaire prolongé par un parement de briques que perce dans l'axe est-ouest un couloir d'entrée délimité par deux arcades plein-cintre. Il abrite en son centre huit caveaux cernés par un escalier en fer à cheval donnant accès à une terrasse. Délimitée par une élégante grille de facture néo-classique, cette-dernière porte une chapelle conçue à la manière d'un tempietto couvert d'une coupole ornée d'une corniche à motifs de palmettes et sommée d'une croix. Côté cimetière, la chapelle est ouverte par une colonnade toscane aux fûts de kersanton, tandis que le versant opposé, un mur calcaire plein, présente une niche occupée par une statue de l'espérance, œuvre du sculpteur Jean-Baptiste Barré[6].

Personnalités inhumées

Architectes

Ecclésiastiques

  • Prosper-Mathurin Brécha (1814-1863), fondateur du collège Saint-Vincent : section 1, rang 12, tombe 17.
  • Marie-Joseph Brune (1807-1890), chanoine titulaire de la métropole Saint-Pierre, architecte et historien de l'art, membre fondateur de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine : section 8, rang 22, tombe 18.
  • Jean-François Huet (1884-1930), aumônier des étudiants et de l'Hôtel-Dieu: section 14, rang 20, tombe 24.
  • Joseph Janvier, fondateur du patronage de la Tour d'Auvergne : section 10, rang 10, tombe 5[7].
  • Prêtres de Saint-Aubin dont la tombe est ornée d'un bas-relief figurant le vœu d'argent à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle : section 1, rang 20, tombe 8.
  • Joseph Thébault (1801-1860), curé doyen de Saint-Sauveur de Rennes et chanoine honoraire : section 1, rang 11, tombe 1, (la tombe aux bouchons).
  • Abbé Félix Trochu (1841-1910), fondateur de L'Ouest-Éclair, ancêtre de Ouest-France : section 8, rang 9, tombe 20.
  • Abbé Joseph Turmel (1859-1943), historien des dogmes et libre penseur : section 9, rang 4, tombe 22.

Historiens

  • Paul Banéat (1856-1942), historien et conservateur du musée archéologique d'Ille-et-Vilaine : section 5, rang 12, tombe 29.
  • Louis Arthur Le Moyne de la Borderie (1827-1901), historien et membre fondateur de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine : section 5, rang 12, tombe 25.
  • Lucien Decombe (1834-1905), archéologue et conservateur du musée archéologique de Rennes : section 6, rang 22, tombe 34.
  • Adolphe Orain (1834-1918), historien et folkloriste breton : section 8, rang 9, tombe 31.
  • Barthélémy Pocquet du Haut-Jussé (1891-1988), historien : section 7, rang 45, tombe 7.

Universitaires

  • Claude Champaud, (1929-2019), juriste, premier président université de Rennes I

Journalistes

Scientifiques

Politiques

Maire de Rennes

Artistes

  • Pierre Galle (1883-1960), peintre, enseignant, conservateur, première tombe à gauche à l'entrée[8].
  • Jean-Baptiste Barré (1804-1877), sculpteur et peintre : section 1, rang 20, tombe 9.
  • Adolphe Léofanti (1838-1890), sculpteur : section 10, rang 17, tombe 1.
  • Philippe Pascal (1956-2019), chanteur.

Artisans et entrepreneurs

Tombes faisant l'objet de dévotions

  • Dame Philippe Hélène de Coëtlogon, née en 1630, épouse de René de Coëtlogon, gouverneur de la ville de Rennes, meurt en 1677 et est enterrée dans la chapelle des Carmes qui est démolie en 1798. Le corps de la dame est donc transféré au cimetière du Nord, le cimetière de l'Espérance. Or, au moment de l'inhumer pour la seconde fois, on s'aperçoit que le corps est intact, 121 ans après. Aujourd'hui encore, quelques pèlerins viennent pour apaiser toutes sortes de maladies et notamment pour guérir de la fièvre. Pour cela, le malade remplit un sachet (un pochon) de terre de la sépulture et le porte pendant neuf jours. Ensuite, le pochon est accroché autour de la croix[9].
  • Également au cimetière du nord, les alcooliques viennent déposer des bouchons sur la tombe du chanoine Joseph Thébault afin de guérir.[réf. nécessaire]
  • La tombe de l'abbé Huet, aumônier des étudiants pendant l'entre-deux guerres, fait également l'objet de dévotions en période d'examens[10].

Notes et références

  1. Rennes - Cimetière du Nord, sur le site Cimetières de France et d'ailleurs, consulté le 17 mai 2014
  2. Patrimoine. Rennais illustres, ils sont enterrés au cimetière du Nord, sur le site ouest-france.fr, consulté le 14 juin 2014
  3. Paul Banéat, Le vieux Rennes, Éditions J. Larcher, Rennes, 1926, Réédition Lorisse, Paris, 1999, in-4, 656p., (ISBN 2-84435-042-9), p.227.
  4. Ammi 2007.
  5. Jean-Yves Veillard, Rennes au XIXe siècle : architectes, urbanisme et architecture., Éditions du Thabor, Rennes, 1978, 518p., p. 221-225
  6. Le Patrimoine des Communes d'Ille-et-Vilaine, Flohic, coll. « Le Patrimoine des Communes de France », Paris, Mars 2000, 2 Tomes, 1781 p. (ISBN 2-84234-072-8), tome II, p.1253.
  7. C.B., Chapelle de la Sainte-Famille. Un petit coin de paradis ;, in Le Rennais, journal de la municipalité de Rennes, Juillet-Août 1993, p.21.
  8. Bertrand Beyern, op. cit., p.80.
  9. Le Patrimoine des Communes d'Ille-et-Vilaine, Flohic, coll. « Le Patrimoine des Communes de France », Paris, Mars 2000, 2 Tomes, 1781 p. (ISBN 2-84234-072-8), tome II, p.1254.
  10. P.D., Les jardins du silence, in Le Rennais, journal de la municipalité de Rennes, Novembre 1992.

Voir aussi

Bibliographie

  • Éliane Ammi (dir.), Mémoires endormies Histoire de la Ville : Cimetière du Nord Rennes, Édition Ville de Rennes, , 14 p. (lire en ligne)
  • Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Éditions du Cherche-Midi, 2011, 385.pp.

Article connexe

Liens externes

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