Chute libre (film)

Chute libre ou L'Enragé au Québec (Falling Down) est un film policier américain de Joel Schumacher, sorti en 1993.

Pour les articles homonymes, voir Chute libre et Falling Down.

Chute libre
Titre québécois L'enragé
Titre original Falling Down
Réalisation Joel Schumacher
Scénario Ebbe Roe Smith (en)
Musique James Newton Howard
Acteurs principaux
Sociétés de production Alcor Pictures
Canal+
Regency Enterprises
Warner Bros. Pictures
Pays d’origine États-Unis
Genre thriller
Durée 113 minutes
Sortie 1993


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Ce thriller met en vedette l'acteur Michael Douglas (avec aussi Robert Duvall et Barbara Hershey) dans le rôle d'un homme divorcé et maintenant au chômage qui essaye d'atteindre à temps la maison de son ex-femme pour la fête d'anniversaire de sa fille. En chemin, l'homme (surnommé « D-FENS », et dont le nom véritable n'est pas connu avant le milieu du film) se laisse aller à un déchaînement de violence tout au long de son parcours à pied dans la ville de Los Angeles lors d'une série de rencontres, à la fois triviales et provocatrices, qui l’amènent à réagir avec ironie et violence sur la vie, l'économie, la pauvreté et le mercantilisme de la société actuelle.

Le sergent Prendergast (incarné par Robert Duvall), un inspecteur de police du LAPD à un jour de son départ à la retraite, fait face à ses propres frustrations alors qu'il traque l'homme pour l'empêcher de nuire.

Synopsis

Au début des années 1990, durant un été très chaud, un embouteillage causé par un chantier de travaux publics paralyse de bon matin une portion d'autoroute de Los Angeles. Du fait de la chaleur, l'un des conducteurs bloqués, un homme ayant l'apparence d'un employé de bureau tout droit sorti de la fin des années 1950[1], craque soudainement et abandonne son véhicule. Laissant sa voiture, dont la plaque d'immatriculation personnalisée indique « D-FENS » au beau milieu de l’embouteillage, l'homme part à pied à la recherche d’une cabine téléphonique.

Alors qu'il demande à un vendeur de supérette de la petite monnaie afin de téléphoner à une cabine publique, l'homme se heurte au refus de l'épicier, un individu d'origine coréenne. Pour avoir sa monnaie, ce dernier l'oblige à acheter une canette de soda à un prix que l'homme juge prohibitif car elle l'empêcherait de passer son coup de fil. Après en avoir débattu avec le commerçant, l’homme, ulcéré par le comportement du vendeur, l'accuse d'être un voleur qui a profité des largesses de son pays d'adoption. Puis, il s'empare de la batte de baseball brandie par l'épicier apeuré et saccage le petit commerce, se mettant en colère quand le commerçant lui annonce les divers prix des denrées de son établissement. Terrifié par son coup de sang, l'épicier accepte finalement de vendre à l'homme la canette au prix qu'il juge juste. Ce dernier quitte peu après les lieux, emportant la batte du commerçant.

Après le départ du client, l'épicier Lee va porter plainte au commissariat. Un détective du LAPD, Martin Prendergast, un enquêteur de la criminelle proche de la retraite, décide de consacrer son dernier jour de travail à retrouver cet homme avant qu'il n'arrive un malheur. Pendant ce temps, l'homme réussit à contacter par téléphone son ex-femme, Beth, mais celle-ci refuse de le laisser voir leur petite fille Adele, dont c'est l'anniversaire ce jour-là. Apparemment perturbé psychologiquement par cette séparation, l'homme lui dit qu'il « revient à la maison », Beth lui rétorquant qu'elle n’hésitera pas à appeler la police.

Alors qu'il se repose sur un terrain vague, ayant mal aux pieds à cause de ses chaussures de ville, l'homme est accosté par deux membres d'un gang de chicanos qui tentent de lui extorquer son attaché-case en le menaçant d'un couteau ; utilisant la batte de baseball prise à l'épicier, l'homme se défend et parvient à mettre en fuite les voyous, récupérant au passage l'une de leurs armes. Plus tard, les membres du gang le recherchent en voiture ; lorsqu'ils le retrouvent, les voyous lui tirent dessus mais manquent leur cible et sont peu après victimes d'un accident de la route qui tue plusieurs d'entre eux. L'homme en profite et subtilise dans la voiture accidentée un sac de sport rempli d'armes à feu, puis tire dans la jambe du gangster survivant pour lui donner une leçon. Peu après, il abandonne son attaché-case, le donnant à un mendiant dans un parc qui insistait pour avoir quelque chose. La mallette est vide, mis à part le déjeuner frugal de l'homme que le mendiant, dégoûté, jette à terre.

L'homme se rend ensuite dans un fast-food, le Whammy Burger[2], où il exige qu'on lui serve un petit déjeuner alors que l'horaire où sont servis ce type de repas vient juste de se terminer. Après avoir eu un différend à ce sujet avec Rick, le responsable de l'établissement, l'homme sort un pistolet-mitrailleur de son sac et le brandit pour appuyer son point de vue, selon lequel « le client à toujours raison ». Mais, changeant finalement d'avis, il opte pour un déjeuner et, alors qu'il essaie d'apaiser la tension en parlant aux autres clients du restaurant, pétrifiés de peur autour de lui, il tire par inadvertance une rafale de son arme au plafond, la détente du pistolet-mitrailleur s'avérant très sensible. Après avoir reçu son repas, il en critique l'aspect, mettant en parallèle la représentation publicitaire aguicheuse de son burger qu'il voit affiché sur les murs du restaurant avec le résultat réel qu'il a devant lui.

Poursuivant sa route, l'homme achète un cadeau d'anniversaire pour sa fille à un marchand ambulant et tente à plusieurs reprises d'appeler son ex-femme au téléphone. À un moment, une autre personne tente d'utiliser la cabine téléphonique où il se trouve mais l'homme, excédé, détruit celle-ci avec son pistolet-mitrailleur. Pendant ce temps Beth, son ex-femme, contacte la police, les informant de l'identité de l'homme (William Foster, un ancien salarié de l'industrie de la Défense, depuis peu au chômage). Cependant, les policiers ne lui sont pas d'une grande aide.

Foster arrive ensuite dans un magasin de surplus militaire afin de s'acheter des chaussures de marche, et y fait la connaissance du propriétaire, Nick, un néo-nazi par ailleurs homophobe revendiqué. Ce dernier, qui écoute illégalement la fréquence radio de la police, se rend compte que Foster est recherché par les autorités et le prend pour un milicien. Lorsqu’une inspectrice du LAPD arrive dans la boutique pour lui demander s'il a vu Foster, Nick protège ce dernier en mentant à la policière. Puis, il l’emmène dans son arrière-boutique et lui montre des souvenirs de la Première et Seconde Guerre mondiale (notamment une boîte de Zyklon B) ainsi qu'un lance-roquette moderne compact. Cependant, Foster rejette ses idéaux fascistes et racistes. Nick, furieux, le met en joue avec son pistolet. En fouillant son sac, il détruit le cadeau que Foster avait acheté pour sa fille, parlant d'un « truc de pédés ». Il tente ensuite de le menotter (pour le livrer à la police) et fantasme sexuellement sur lui, imaginant qu'il va se faire violer par des Noirs en prison. Mais Foster se rebelle et finit, après s'être battu contre lui, par lui planter dans l'épaule le couteau subtilisé aux chicanos, puis l'achève en lui tirant dessus avec son arme. Ce faisant, sa folie atteint le point de non-retour. Il quitte le magasin après avoir changé de tenue (veste et chaussures militaires), emportant le lance-roquette.

En chemin, Foster tombe sur le site de travaux publics qui avait causé l'embouteillage du début du film. Avisant l'un des employés du chantier, Foster lui affirme que son patron facture des travaux injustifiés pour conserver son budget. Il s'énerve, sort le lance-roquette et (après avoir reçu les conseils de la part d'un garçon qui était sur les lieux) tire par accident dans une canalisation en travaux, la faisant exploser.

Son errance le mène ensuite sur un terrain de golf privé où un joueur âgé le réprimande de son intrusion, puis le vise avec sa balle de golf. Foster réplique en sortant un fusil à pompe de son sac et tire sur la voiturette de golf des joueurs (dont les freins lâchent et qui dévale la pente vers un étang), critiquant dans le même temps l'utilisation faite de ce lieu alors qu'il devrait être, selon lui, plus utile en tant que parc public qu'un golf privé. Le joueur âgé est alors victime d'une crise cardiaque ; pendant que son collègue va chercher du secours, le malheureux réclame ses pilules qui se trouvent dans la voiturette. Foster lui répond, cyniquement, que s'il l'avait laissé traverser tranquillement « son » golf, il ne serait pas en train de mourir avec un chapeau ridicule sur la tête, et passe son chemin.

Pendant ce temps, le détective Prendergast apprend petit à petit que Foster  dont le nom n'est prononcé qu'une seule fois dans tout le film  a perdu son emploi dans le secteur de la Défense car il n'est plus « économiquement viable », que son mariage s'est désintégré et qu'il n'a pas le droit de voir sa fille, ayant menacé et harcelé son ex-femme. Prendergast, ayant lui-même perdu une fille en bas âge, craint que ce déséquilibré ne tue sa famille dans un moment de folie.

Continuant sa route, Foster se rapproche du domicile de son ex-femme en passant par la luxueuse propriété d'un chirurgien esthétique. Il surprend le gardien et sa famille se baignant dans la piscine, les prend pour les propriétaires et les rudoie car il s'est blessé à la main avec le grillage de la clôture. Entendant une sirène de police, Foster prend la main de la fillette du gardien et conduit la famille un peu plus loin pour les mettre à l'abri (ces derniers croyant à tort qu'il les a pris en otage). L'alerte passée, il se morfond sur son sort, évoquant avec amertume la séparation d'avec son ex-femme, l'amour qu'il porte pour sa fille et son désir de « revenir à la maison », puis quitte les lieux.

Lorsqu'il arrive enfin aux environs de la maison de son ex-femme sur Venice Beach, Foster rate de peu Beth quand celle-ci prend la fuite avec sa fille, se dirigeant vers la jetée où ils avaient tous les trois, autrefois, l'habitude de se promener. Dans la maison vide, Foster regarde une ancienne cassette vidéo des jours heureux, et comprend alors que Beth est partie se réfugier sur la jetée.

Pendant ce temps, Prendergast, qui a laissé tomber son pot de départ au commissariat, arrive sur les lieux. Il trouve Foster qui a rejoint son ex-femme et sa fille sur la jetée, et remarque qu'il est armé. Après avoir réussi à le désarmer, Prendergast tente de le raisonner, disant à Foster qu'il n'est qu’une victime de la récession parmi tant d'autres et que cela ne lui donne pas le droit de se venger sur tout le monde. Mis en joue par Prendergast qui attend les renforts, Foster lui annonce qu'il a sur lui un autre pistolet ; il propose au policer de faire un duel. Peu après, il dégaine un pistolet à eau. Prendergast, croyant avoir affaire à une arme réelle, lui tire dessus et le tue, faisant chuter Foster à la renverse dans la mer.

Après ce drame, Beth organise malgré tout la fête d'anniversaire de sa fille, projetant, sur les conseils de Prendergast, de lui parler le lendemain de l'issue fatale de son père. Prendergast discute également avec la fillette sur le perron de la maison de Beth, révélant à Adele qu'il va renoncer à prendre sa retraite.

Fiche technique

Distribution

 Source et légende : version française (VF) sur RS Doublage[6][réf. non conforme]

Production

Développement

Dans une interview moins d'une semaine avant la sortie du film, le scénariste Ebbe Roe Smith (en) donna son interprétation au sujet de l’objet du film : « Pour moi, même si le film traite de problèmes urbains complexes, en réalité c'est juste une seule chose basique : le personnage principal représente l’ancienne structure de pouvoir des États-Unis, devenue archaïque et désespérément perdue. Et de cette façon, je suppose que vous pourriez dire que D-FENS est comme Los Angeles. Pour les deux, c'est le temps de s'adapter ou de mourir… »[7]

Distribution des rôles

La coupe de cheveux en brosse, iconique, du personnage de Foster est l'idée du réalisateur Joel Schumacher et de la coiffeuse-styliste du film, Lynda Gurasich.

Michael Douglas dira que cela l'aida à entrer dans le personnage, un vétéran de l'industrie militaire ou de la Défense : « Cela m'a donné l'impression [d'un personnage venant] de la fin des années 50 et du début des années 60, et d’une certaine manière vous avez le sentiment que mon personnage est venu d’un autre temps, ou bien qu'il souhaite ou espère une autre époque, quand les choses avaient encore un sens. » Douglas ajouta, concernant le personnage : « Il y a beaucoup de gens qui sont à un chèque de salaire d'être à la rue et au chômage, ayant pourtant tout fait correctement ; ils ont été responsables, ils ont essayé, [et] ils ne savent pas ce qui ne va pas ! Nous avons gagné la guerre, que s'est-il passé[8] ? »

L'actrice Dedee Pfeiffer qui incarne le personnage de Sheila, une employée du Whammyburger, est la sœur cadette de l'actrice Michelle Pfeiffer.

Tournage

Chute libre est tourné en Californie, notamment à Lynwood dans le comté de Los Angeles. Il débute en mars 1992 et se poursuit fin malgré les émeutes à Los Angeles. Le , les évènements sont suffisamment importants pour que le tournage soit forcé de se terminer plus tôt dans la journée[9]. Au fil des émeutes, l'équipe de tournage produit davantage de séquences aux Warner Bros. Studios à Burbank. Le , lorsque l'équipe veut reprendre le tournage à Pasadena, les demandes initiales sont refusées, ce qui entraîne des retards[10].

Le tournage se termine fin [11]. La chef décoratrice Barbara Ling déclare qu'ils avaient « établi une carte pour traverser [Los Angeles] de Silver Lake jusqu'au centre-ville en passant par Koreatown[12] ».

Le restaurant « Whammy Burger », actuellement l'« Angelo's Burgers », est situé à Lynwood, en Californie[2].

Accueil

Accueil critique

Chute libre rencontre un accueil critique majoritairement positif.

Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film obtient un score de 73 % d'avis favorables, sur la base de 56 critiques collectées et une note moyenne de 6,76/10 ; le consensus du site indique : « La vision conviviale de style pop-corn de [Chute libre] sur ses thèmes complexes s'avère inquiétante — et est finalement appropriée pour [montrer] une image tristement divertissante de la rupture d'un homme en colère avec la réalité »[13]. Sur Metacritic, le film obtient une note moyenne pondérée de 56 sur 100, sur la base de 21 critiques collectées ; le consensus du site indique : « Avis généralement favorables »[14].

Box-office

En Amérique du nord, Chute libre rencontre un succès commercial modeste, récoltant 40 903 593 dollars au box-office[15][réf. non conforme] ; il prend la tête du box-office pendant deux semaines[15]. En France, le film totalise 894 155 entrées et reste six semaines dans le top 10 hebdomadaire[16][réf. non conforme]. Le long-métrage frôle les 2 000 000 d'entrées en Allemagne[16].

Distinctions

Dans la culture populaire

Musique

Télévision

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Falling Down » (voir la liste des auteurs).
  1. Pantalon noir, chemise blanche à manches courtes avec cravate et une poche d'où dépassent des stylos à bille, épaisses lunettes à montures d’écailles, coupe de cheveux en brosse, petit attaché-case noir.
  2. (en) « "Falling Down" Filming Location "Whammy Burger" Lynwood, California (CA), US », virtualglobetrotting.com (consulté le ).
  3. (en) Parents Guide sur l’Internet Movie Database
  4. Fiche de doublage VF du film sur RS Doublage
  5. Fiche de doublage VQ du film sur Doublage Québec.
  6. .
  7. (en) Ryan Murphy, « MOVIES : 'Falling Down' Writer Has Seen the Future: It's L.A. », Los Angeles Times, (ISSN 0458-3035, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Falling Down: Conversations About the Film, John C. Tibbits University of Kansas..
  9. (en) « 3 May 1992 », Southern Illinoisan, , p. 11 (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) « Hollywood Film Crews Encounter Riot Delays », The Los Angeles Times, (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) « Suprise », Detroit Free Press, , p. 25 (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) « Setting a Path Across L.A. With the Unhinged Antihero of 'Falling Down' », L.A. TACO, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « Falling Down (1993) », sur Rotten Tomatoes.com (consulté le ).
  14. (en) « Falling Down Reviews », sur Metacritic.com (consulté le ).
  15. .
  16. .
  17. « J'pète les plombs », sur genius.com (consulté le ).
  18. (en) « Falling Down - CunninLynguists - Produced by Kno - Album SouthernUnderground », sur genius.com (consulté le ).
  19. (en) « Music Video News: WATCH IT: Foo Fighters "Walk" (Sam Jones, dir.) », sur videostatic.com (consulté le ).

Liens externes

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