Cheminée du Front de Seine

La cheminée du Front de Seine ou cheminée de Grenelle est une cheminée située sur la place de Brazzaville, dans le quartier de Grenelle du 15e arrondissement de Paris. Elle évacue les fumées d'une chaufferie construite au début des années 1970 par la CPCU pour chauffer les immeubles environnants du Front de Seine.

La cheminée est visible en haut à gauche sur cette vue d'ensemble du Front de Seine, avec le pont de Bir-Hakeim au premier plan.

Haute de 130 mètres, elle est l'une des plus hautes structures de la ville. Elle détonne par sa recherche esthétique, ayant été dessinée par François Stahly, un sculpteur et non un architecte.

Usage

L'usage de cette cheminée est d'évacuer la fumée des brûleurs qui servent à produire de la vapeur distribuée dans des canalisations souterraines vers les immeubles du quartier (pour les usages de chauffage central et d'eau chaude sanitaire). La compagnie d'exploitation est la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU).

La chaufferie utilise du fioul à très très basse teneur en soufre (TTBTS). Sa capacité de production est de 590 tonnes de vapeur par heure. En temps normal, quatre chaudières sont exploitées sur les six disponibles. Les deux supplémentaires ne sont utilisées que par grand froid ou en cas d'indisponibilité d'autres sites de production de la CPCU (le site de production est intégralement connecté au réseau de distribution de la CPCU à Paris et en région parisienne).

Hauteur

Avec une hauteur de 130 mètres, cette cheminée est la plus haute structure du quartier, dépassant de plus de 30 mètres les autres bâtiments ; c'est même la cinquième plus haute structure située sur le territoire de la commune de Paris, après la tour Eiffel, la tour Montparnasse, le tribunal de Paris et l'hôtel Concorde La Fayette.

Cette hauteur est la hauteur minimale pour éviter les rabattements de fumées sur les immeubles voisins et limiter la pollution atmosphérique ; elle a été déterminée par des essais en soufflerie sur une maquette reproduisant les bâtiments voisins, en faisant varier la vitesse et la direction du vent, ainsi que la vitesse de sortie des fumées[1].

Histoire

La cheminée fut conçue par le sculpteur François Stahly et construite entre 1970 et 1971.

En effet, quand le projet de construction de cette chaufferie a été lancé, les autorités municipales s'étaient fermement opposées à tout ce qui pourrait ressembler à de l'architecture industrielle. Mais comme la cheminée était impossible à dissimuler dans un immeuble et devait constituer un ouvrage isolé, l'architecte Bernard Zehrfuss a recommandé un sculpteur, Stahly, pour sa conception[2],[3]. Le but était qu'elle soit dessinée comme une œuvre d'art, pour en faire « un signal qui a sa place dans le paysage » plutôt qu'« une verrue »[4].

Initialement, la cheminée comportait à son sommet un convergent pour augmenter la vitesse de sortie des fumées, mais il a été jugé inesthétique, si bien que pour le dissimuler, Stahly a dessiné un cache-convergent qui a été testé en soufflerie pour éviter les rabattements sur le fût de la cheminée[1].

La cheminée est accompagnée, sur le toit-terrasse de la chaufferie, d'un jardin aquatique conçu par Catherine Stahly-Mougin, la fille du sculpteur[2],[4].

La construction de la cheminée seule a coûté 4 millions de francs[4].

Une maquette de la cheminée a été présentée aux halles Baltard du au lors d'une exposition organisée par le Centre de création industrielle[5].

En 2016 la chaufferie a subi des transformations afin de pouvoir fonctionner avec un biocombustible (le diester) qui remplace le fioul. La chaufferie a gagné entre 5 % et 8 % de rendement et les polluants ont baissé d'un facteur 10[6].

Description

La forme de la cheminée est épurée et elle est intégralement blanche, à l'exception d'évents purement esthétiques situés en haut de la structure. Son fût est en béton armé[7]. Son profil est « nerveux et racé »[4].

Ornithologie

Depuis l'automne 2011, un couple de faucons pèlerins s'est installé dans un nichoir situé au sommet de la cheminée. Ce nichoir avait été installé une quinzaine d'années auparavant pour un couple de faucons crécerelles qui l'avait ensuite déserté. C'est le premier couple de cet oiseau signalé à Paris depuis la fin du XIXe siècle. Le nid est sous surveillance constante d'une caméra[8] et trois petits sont nés d'une couvée au printemps 2013[9].

Notes et références

  1. Aimé Visseq, « Utilisation des chaleurs perdues pour le chauffage urbain », dans Robert R. Ferber (dir.) et Richard A. Roxas (dir.), 9e Conférence mondiale de l'énergie, - : Compte-rendu, vol. 9 : Discussions des séances techniques, Détroit, Comité national des États unis de la conférence mondiale de l'énergie, , p. 478–481.
  2. Christine Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical : Entre utopies et réalités, Antony, Le Moniteur, , 197 p. (ISBN 978-2-281-14209-9), p. 78 [lire en ligne].
  3. Mougin 2019.
  4. Christian Taillandier, « La sculpture qui fume », L'Express, no 993, , p. 57.
  5. « Série E : Extension d'activités culturelles », Répertoire des archives institutionnelles, Paris, Bibliothèque des Arts décoratifs, p. 32, « Annexe de la sous-série E3 : Liste chronologique des expositions organisées par le CCI entre 1969 et 1977 ».
  6. « Plusieurs chaufferies parisiennes optent pour la biomasse pour polluer moins », France Inter, (consulté le ).
  7. Michel Douce, « La construction du fût en béton armé de la cheminée de Grenelle, à Paris », Expomat Actualités, no 23, , p. 77–93.
  8. « Suivi par caméra : Le Faucon pèlerin dans la capitale », Ligue pour la protection des oiseaux.
  9. Catherine Vincent, « Pigeons, aux abris ! Le faucon pèlerin revient à Paris », Le Monde, .

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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