Chauffage électrique

Un chauffage électrique est un appareil chauffant équipant l'habitat, les mobil-homes, les caravanes et les camping-car. Il rencontre un certain succès en complément d'un chauffage existant, ou en amélioration d'habitat, complétant un autre mode de chauffage.

Le chauffage électrique qui est aisé à réguler comportait traditionnellement un thermostat pour chaque appareil. Même si chaque pièce peut toujours avoir sa consigne de température particulière, la technologie électronique « Fil-Pilote » permet de centraliser le pilotage.

Radiateur électrique (musée EDF)
Radiateur électrique (musée EDF)
radiateur électrique à bain d'huile.

Techniques et aspects

Tous les radiateurs électriques utilisent une résistance électrique qui produit la chaleur par Effet Joule, comme dans le fer à repasser, la bouilloire, le grille-pain, le chauffe-eau, la couverture chauffante, etc.. Un radiateur électrique transforme 100 % de l'énergie électrique en énergie thermique mais son efficacité dépend aussi de la technologie employée[1] :

Le convecteur
est un appareil caissonné dont la hauteur de la colonne d'air interne chauffé (par une simple résistance économique) provoque par convection naturelle le mouvement d'air nécessaire à la diffusion de la chaleur produite ainsi qu'au renouvellement de la colonne d'air par « effet siphon » et à l'aspiration de la couche la plus fraiche proche du sol. Son faible rendement est lié aux stratification thermique de l'air, un fort gradient vertical (écart de température), les calories se sur-dispersant vers les plafonds, en atteignant fort mal leurs objectifs de réchauffer l'air de la pièce. Le mauvais rendement se double d'effets très pervers de stratification hygrométrique très inconfortable et d'un très mauvais usage de l'inertie thermique du volume chauffé (accumulations thermiques dans toutes les masses, y compris le sol et le mur).
Le radiateur radiant
appelé aussi radiateur rayonnant ou infrarouge projettent les calories principalement par ondes électromagnétiques, les répartissant dans les directions privilégiées choisies. Ces ondes rencontrant les obstacles qui accueillent alors les calories, les rendent ensuite à l'atmosphère (par réflexion et par absorption).
Le chauffage par accumulation
est intéressant dans les pays disposant d'un tarif « heures creuses », les techniques d'accumulation permettent de concentrer ses consommations en heures creuses du réseau électrique (tarifs très avantageux) et donc de ne pas surcharger le réseau pour les utilisations classiques pendant le reste du temps ;
Chauffage infrarouge
la directivité des rayons lumineux, permet une bonne efficacité de chauffage mais sur une distance réduite ce qui explique son utilisation, entre autres, dans les salles d'eau ;
La technique de pompe à chaleur
caractérisée par le climatiseur réversible permet d’améliorer le rendement dans des rapports de trois à cinq[2] par rapport au chauffage électrique traditionnel, voire plus avec la géothermie[3].

Sur-consommation électrique

Les gouvernements français successifs ont favorisé massivement l'équipement des logements en chauffage électrique [4], à l'opposé de ce qui est préconisé en Suède ou au Danemark. Selon les simulations effectuées en 2017 sur la plateforme "Quelle Energie" , 47% de la population française se chaufferait à l’électricité, ce serait lié au choix du nucléaire pour la production électrique[5].

Un aspect souvent peu connu du grand public est la qualité de diffusion de la chaleur. Les dernières réglementations thermiques en France[Lesquelles ?] déconseillent les convecteurs pour des raisons liées à la sur-consommation électrique de ces appareils[réf. nécessaire]. Même si le rendement électrique des générateurs de chauffage électrique, intégré ou pas au bâti, est toujours de 100 % quelle que soit la technique mise en œuvre[alpha 1], les nouvelles normes font apparaître les notions de déperditions spatiales (gradient sol plafond) et temporelles (train de chaleur).

En 2014, en France, le label NF Électricité Performance classe les appareils de chauffage électrique en quatre catégories: de une à quatre étoiles[6] remplacer le précédent, constitué de trois catégories A, B, C. Le A disparaît, le B correspond à une étoile et le C à deux étoiles[7]. Les anciennes catégories continuent à être utilisées par la profession et par les outils thermiques réglementaires (réglementation thermique, diagnostic de performance énergétique). La catégorie C/deux étoiles correspond au chauffage dit « basse température » ou « chaleur douce »[8].

L'orientation favorable au chauffage électrique est confirmée par la nouvelle réglementation environnementale pour les bâtiments neufs, dite "RE2020". Si on voit la fin de l’omniprésence des convecteurs électriques qui ont tant marqué la construction depuis les années 1980, toutes les autres solutions électriques restent favorisées, notamment les pompes à chaleur. Cela risque de passer les économies d’énergie et la réduction de la facture des ménages au second plan[9],[10].

Modes

Radiateur électrique

Depuis quelques années, les modes de chauffage à l'électricité n'ont cessé d'évoluer pour améliorer non seulement l'efficacité de ce type de chauffage mais aussi le confort qu'il apporte.

Radiateurs à inertie

Radiateurs à inertie sèche avec cœur de chauffe en brique réfractaire

Le radiateur à inertie tient son nom de son principe de fonctionnement : il accumule la chaleur et la restitue ensuite lentement. Il existe deux types de radiateurs à inertie : les radiateurs à inertie sèche, dont le cœur de chauffe, chauffé par une résistance, est dans un matériau réfractaire (brique en céramique, en granit ou en pierre de lave)[11] et les radiateurs à inertie fluide, dans lesquels circule un fluide caloporteur, également chauffé par une résistance. Quel que soit le modèle, le cœur de chauffe accumule la chaleur pour la restituer, par rayonnement, conduction et convection, de manière régulière et homogène. Comme le cœur de chauffe accumule la chaleur, le radiateur à inertie continue de chauffer, même lorsqu'il est éteint. Cela permet d'éviter les variations brutales de température. Le radiateur à inertie est réputé pour le confort qu'il procure[12].

Le radiateur à fluide caloporteur est un radiateur à inertie, basé sur le même principe qu'un radiateur électrique classique mais un fluide caloporteur permet, grâce à sa chaleur massique, de stabiliser la température du radiateur entre deux périodes de chauffe, ce qui améliore le confort et l’efficacité du chauffage[13].

Ventilo-convecteur

Il s'agit du même principe que le convecteur classique, auquel, dans le caisson, un ventilateur est ajouté afin de forcer le flux d'air. Dans certains systèmes, le flux d'air est inversé, le but de cette inversion étant de chauffer en priorité la pièce au niveau du sol afin d'éviter la sensation de « pied froid[13]. » Dans les locaux professionnels, le principe est repris par les rideaux d'air trouvés à l'entrée des magasins, ou encore par les aérothermes, qui sont de gros caissons de ventilation munis d'une résistance puissante, capable de chauffer un grand local[13]. Le principe est repris par les cassettes des systèmes climatisation fixés en hauteur où elles prennent l'air le plus chaud, le refroidissent, puis le soufflent vers le bas et le centre de la pièce où la fraîcheur est nécessaire.

Panneau rayonnant

Le panneau rayonnant chauffe, comme son nom l'indique, par émission de rayonnement infrarouge, similaire au principe du soleil ou du feu de camp : le rayonnement est absorbé par les corps, les murs, les meubles, ce sont ces surfaces qui transforment le rayonnement en chaleur[13].

Il existe plusieurs types de panneaux rayonnants selon les caractéristiques des émetteurs utilisés : IRL (infrarouge long ; basse température), IRM (infrarouge moyen), IRC (infrarouge court). En fonction des utilisations, le type d'infrarouge adapté doit être choisi :

  • en logement et tertiaire, des IRL seront utilisés comme les planchers ou les plafonds rayonnants intégrant les émetteurs dans les structures ou des panneaux rayonnants proprement dit qui chauffent par rayonnement et convection ;
  • en gros tertiaire et industrie, de l'IRM sera utilisé, généralement sous forme de cassettes rayonnantes ;
  • en industrie en chauffage de poste, en process, dans les très grands bâtiments (églises, gymnases, gares) ou en extérieur, de l'IRC sera utilisé sous forme de projecteurs équipés de lampes halogènes spécifiques. Les appareils IRC équipent les fours à peintures, les machines destinées à la fabrication des bouteilles en plastique et trouvent de nombreuses applications en séchage comme en cuisson.

Chauffages par le sol

Dans le sol de l'habitation, des résistances sont noyées avec une ou plusieurs sondes de température, le tout étant branché sur un boîtier de régulation. La température du sol ne doit pas excéder 28 °C afin d'éviter le phénomène de jambes lourdes. Ce n'est ni plus ni moins que l'application électrique des chaudières à circulation d'eau chaude. Elles présentent tout de même un intérêt en cas de couplage biénergie. Cette application présente l'avantage d'être réversible et permet un changement d'énergie à moyen terme, pour aller vers une énergie renouvelable et faiblement émettrice en CO2, de type bois ou solaire. Les planchers radiants, eux, interdisent tout changement à faible coût du fait de l'inexistence d'un réseau hydraulique. Il existe également un système de chauffage par le sol qui fonctionne en 24 V et qui ne demande aucun entretien tout au long de sa vie. C'est une trame chauffante à base de polymère de carbone qui possède un système unique d'autorégulation à base de nanotechnologie permettant des économies d'énergie importantes.

Pompe à chaleur

Un autre type de chauffage électrique est le système dit de pompe à chaleur dont un exemple est le climatiseur réversible, qui permet de générer de la chaleur avec un bien meilleur rendement qu'aucun autre chauffage électrique surtout dans les zones tempérées[2]. Ce système peut prendre comme source l'air ambiant extérieur mais aussi utiliser la chaleur du sol à l'aide d'un puits canadien ou de la géothermie plus ou moins profonde. Les climatiseurs réversibles tendent à supplanter les radiateurs électriques du fait de leur COP plus avantageux et des économies qu'ils génèrent[14].

Pilotage

Fil pilote

Signaux envoyés via le fil pilote

Dispositif permettant de contrôler les installations de chauffage par envoi d'un signal via le fil pilote. Il peut être de deux types :

  • quatre ordres : confort, éco, hors-gel et arrêt ;
  • ou six ordres GIFAM : confort, éco, hors-gel, arrêt, confort −1 °C et confort −2 °C[15].
Températures appliquées
Mode4 ordres6 ordresRésultat
Confort X X Température normale d'utilisation
Éco X X Abaissement de la température de 3 à 4 °C
Hors-gel X X Température maintenue à 7 ou 8 °C
Arrêt X X Arrêt du chauffage ou délestage
Confort −1 °C X Abaissement de la température de 1 °C
Confort −2 °C X Abaissement de la température de 2 °C

Le fil pilote reçoit directement la tension (230 V et 0,1 A au maximum) du gestionnaire d'énergie, du programmateur ou du délesteur situés dans le tableau de distribution électrique. Le circuit électrique du système de chauffage étant indépendant, la norme NF C 15-100 impose, si une coupure n'a pas été prévue, d'indiquer au niveau du tableau électrique et de chacune des boîtes de connexion des chauffages pilotés la mention « Attention, fil pilote à sectionner ».

Centrales électroniques

Les centrales électroniques permettent de réguler la température par zone et par horaire. Elles permettent d'attribuer à chaque appareil une zone précise (chambres, salle de bains, séjour et cuisine, etc.) et de pouvoir déclencher ou stopper le chauffage en fonction des heures de la journée - ainsi une chambre commence à se réchauffer vers 6 h 0, d'enclencher le chauffage de la salle de bain (23 °C) et des zones de vie (20 °C), à 8 h 0 quand tout le monde est parti, l'ensemble de la maison est stabilisé à 16 °C, le chauffage est redémarré pour l'arrivée des habitants, en gardant toutefois les chambres plus fraîche (18 °C), et sans chauffer inutilement la salle de bain.

Programmation

Avec ou sans centrale de programmation, il est possible d'utiliser des radiateurs permettant une programmation individuelle précise (jour/heure et température de consigne) permettant de ne consommer que l'énergie nécessaire au confort des occupants.

Délesteurs

Les délesteurs permettent de chauffer une maison avec l'électricité tout en ayant une puissance disponible raisonnable, permettant ainsi de gagner sur le coût de l'abonnement. Le délesteur alimente ou non les chauffages des différentes zones de la maison en fonction de la puissance disponible et la priorité assignée à chaque circuit[16].

Autres types

De nombreux systèmes de chauffage comprennent des pompes ou d'autres systèmes (ex. : pompe à chaleur) nécessitant de l'électricité. Dans certains cas, il y a appoint (ex. : solaire au cumulus électrique, ou inversement). Quelques cas particuliers existent (tests ou prototypes parfois) : chauffage de chaussées (pour éviter le verglas sur certains ponts), chauffage électrique par le sol de terrains de sport pour éviter le gel de l'herbe (pour la pratique hivernale du football par exemple). Ils sont rares car très coûteux en fonctionnement.

À titre d'exemples :

  • le club de Sochaux s'est équipé d'une pelouse chauffante et il se voit facturer environ 60 000  d'électricité par an (2008) en plus d'un investissement initial de 350 000  pour la pose des fils chauffants ;
  • le chauffage au fioul sous bâche de la pelouse du stade Marcel-Picot de Nancy nécessitait environ 2 000 litres de fioul par jour (depuis l'été 2010 le stade est équipé d'une pelouse artificielle), et il en fallait 1 200 pour le Stade Saint-Symphorien de Metz[17].

Dans les trois cas, ces terrains contribuent aux émissions de gaz à effet de serre car lorsqu'il fait froid, le réseau électrique doit souvent faire appel au fioul, au gaz ou au charbon. Ces systèmes de chauffage par bande ou film chauffant peuvent aussi être utilisés dans les logements en s'intégrant dans les planchers, les murs ou les plafonds. Ces systèmes de chauffage invisible dits à Plancher chauffant basse température [18]sont plus économiques que les systèmes électriques classiques puisqu'ils rayonnent sur une plus grande surface, la chaleur étant mieux répartie dans la pièce.

Mode de production électrique et environnement, positions d'États

Selon le mode de production de l'électricité, le chauffage électrique peut être vu comme polluant plus ou moins l’atmosphère:

États favorables
  • en France, 47% de la population française se chaufferait à l’électricité, ce serait lié au choix du nucléaire pour la production électrique [5]. 10 % de l'énergie électrique est fabriqué à base de d'énergie fossile (essenciellement du gaz naturel) contre 80 % au Royaume-Uni[19] et l’État incite à utiliser de l’énergie électrique pour le chauffage ;
  • au Québec, le chauffage électrique reste la manière la plus courante de chauffage. Selon Statistique Canada, 68 % des foyers de la province utilisent l'électricité pour se chauffer[20].
États défavorables
  • en Suède, l'utilisation d'appareils électriques devient restreinte dès les années 1980 afin de diminuer l'impact environnemental[21] ;
  • le Danemark interdit l'installation du chauffage électrique et des climatiseurs durant la construction de nouveaux bâtiments pour les mêmes raisons[21] ;

Notes et références

Notes

  1. L'intégralité de l'énergie absorbée est transformée en chaleur, ce qui ne veut pas dire que 100 % de l'énergie sert à chauffer l'air de la pièce efficacement.

Références

  1. Comparatif des technologies des appareils de chauffage électrique mural, sur radiateur-electrique.org, consulté le 3 novembre 2016.
  2. « Rendement pompe à chaleur », sur pompeachaleur.durable.com (consulté le ).
  3. « Pompe à chaleur ou PAC en géothermie », sur les-energies-renouvelables.eu (consulté le ).
  4. Muriel Boselli, « Le lobby nucléaire français ébranlé par sa jeune garde », Challenges, (consulté le ).
  5. Muriel Boselli, « La répartition des différents types de chauffages en 2017 », sur quelleenergie.fr, (consulté le ).
  6. « Marques NF ÉLECTRICITÉ et NF ÉLECTRICITÉ PERFORMANCE », sur lcie.fr (consulté le )
  7. « Appareils de chauffage des locaux à action directe », sur lcie.fr (consulté le )
  8. Le chauffage électrique "chaleur douce", sur radiateur-electrique.org, consulté le 3 novembre 2016.
  9. Grégoire Souchay, « Nouvelles normes sur les bâtiments neufs : le gouvernement temporise », sur reporterre.net, (consulté le )
  10. « Rénovation énergétique - Le tout-électrique revient en force », sur quechoisir.org, (consulté le )
  11. « Radiateur inertie sèche et radiateur inertie fluide | Aterno », sur Chauffage Aterno (consulté le )
  12. « Les avantages du radiateur à inertie : efficacité et confort », sur quelleenergie.fr (consulté le 16 novembre 2015).
  13. « Quel équipement de chauffage électrique choisir ? » [archive du ], sur artisan-travaux.com (consulté le ).
  14. « Climatisation ou radiateur électrique », sur hvac-intelligence.fr (consulté le )
  15. « Le fil pilote des radiateurs », sur radiateur-electrique.org (consulté le 10 avril 2015).
  16. « Le délesteur » « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur l'Internet Archive), sur entraidelec.com (consulté le 22 septembre 2014).
  17. « Des terrains de foot pas très verts » [archive du ], sur lci.tf1.fr, (consulté le ).
  18. Contrairement aux planchers à haute température des années 1960 qui occasionnaient des troubles de Santé et un gaspillage énorme.
  19. (en) « Statistics and Balances », sur IEA (consulté le ).
  20. (en) Snider, Bradley, « Home heating and the environment » [PDF], sur Canadian Social Trends. Spring 2006, p. 15-19. Ottawa : Statistique Canada.
  21. (en) « The Green Electricity Illusion » [archive du ], sur ech2o.co.uk (consulté le ).

Articles connexes

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