Charles Mehl

Charles Mehl, né en 1831 à Strasbourg et mort le à Versailles, est un bibliophile français d'origine alsacienne.

Biographie

Après des études classiques au lycée, il embrasse une carrière dans l'administration à la préfecture du Bas-Rhin. Il y est tout d'abord chef de division, puis chef du bureau de la librairie et enfin chef de cabinet du préfet, le baron Pron. C'est lors de cette première carrière, vers 1856, qu'il devient l'ami épistolaire de Lorédan Larchey, bibliothécaire à la Bibliothèque Mazarine et journaliste[1].

Sa vie bascule avec la défaite de 1870. Il opte pour la France, s'installe à Paris pour faciliter la vie des Alsaciens exilés, mais se fait bientôt mettre en retraite du ministère de l'Intérieur. Abandonnant les mondanités, particulièrement le théâtre, qu'il appréciait, il contribue notamment à la fondation de l'association L'Alsace à table, et se consacre à l'enrichissement de sa collection d'alsatiques[2].

Lorédan Larchey dit de lui qu'il mène alors une vie frugale, tout entière dévolue à ses livres, mais dévore tous les journaux[1].

Bien qu'il ne fonde pas de famille, il est très entouré, notamment par l'éditeur Oscar Berger-Levrault et ses associés Jules et Charles Norberg, et d'autres optants installés à Paris.

Il meurt à Versailles chez Mme Ackermann, veuve de l'un de ses amis, le 27 décembre 1896[3],[4].

Bibliophilie alsacienne

Charles Mehl s'intéresse au journalisme et, à Strasbourg, prend part à la naissance du journal L'Impartial.

La Revue alsacienne

Il se consacre par la suite à l'histoire de l'Alsace, en faisant publier Le Bibliographe alsacien (1863-1869), un recueil de comptes-rendus bibliographiques et d'articles de fond sur l'histoire régionale[5]. A Paris, il devient collaborateur de la Revue alsacienne créée en 1877 par Eugène Seinguerlet[6]. Il y développe les aspects artistiques et pittoresques par de nombreuses reproductions et l'usage de la phototypie. La revue cesse de paraître en 1889, après qu'il en a pris la direction en 1887.

Sa bibliothèque d'alsatiques

La bibliothèque de Charles Mehl, rapporte Lorédan Larchey, occupait trois pièces de son appartement parisien et la base s'en perdait "dans les paquets encore ficelés"[1]. Elle se compose de manuscrits, de livres et de gravures anciens et modernes. La pièce maîtresse en est une édition princeps de La Marseillaise. Soucieux que cette bibliothèque patiemment constituée ne soit pas dispersée après sa mort, son propriétaire souhaite la léguer à la ville de Paris moyennant une rente viagère de 800 fr. et "sous la seule condition qu'elle serait placée dans une salle qui prendra le nom de salle d'Alsace-Lorraine, où les érudits ainsi que les nombreux Alsaciens qui habitent Paris pourront toujours consulter ces précieux documents"[7]. Larchey précise que cette salle devait être installée au musée Carnavalet et prendre le nom de "salle d'Alsace-Lorraine"[1].

En cas de refus de la ville de Paris, il est prévu que la collection revienne à la ville de Lyon ou à celle de Nancy. C'est effectivement dans cette dernière ville que la bibliothèque de Charles Mehl aboutit en 1898. Donnée à la bibliothèque municipale, elle se compose alors selon un quotidien local de 2 500 livres ou brochures[8].

Publications

Mehl a publié de nombreuses recensions parmi lesquelles :

  • Charles Mehl, « Les Origines de l'administration des contributions indirectes », Revue générale d'administration, , p. 29 (lire en ligne, consulté le ). Recension de M. Rousset, Histoire des impôts indirects depuis leur établissement aux premiers temps de la monarchie jusqu'à leur reconstitution à l'époque impériale, et publié par M. Louiche-Desfontaines.
  • Charles Mehl, « Correspondance politique adressée au magistrat de Strasbourg, par ses agents à Metz (1594-1683) », Revue alsacienne, . Recension de l'ouvrage du même nom de E. de Bouteiller et E. Hepp.
  • Charles Mehl, « La Lorraine illustrée », Revue alsacienne, (lire en ligne, consulté le ). Repris dans Nancy artiste.
  • Charles Mehl, « La Pomme de pin », Revue alsacienne, , p. 15
  • Charles Mehl, « De l'Attitude des fonctionnaires en cas d'invasion du territoire », Revue générale d'administration, no 2, , p. 168 (lire en ligne, consulté le ). Recension de Edgar Hepp, Wissembourg au début de l'invasion de 1870. Récit d'un sous-préfet.

Il est aussi l'auteur ou l'éditeur d'ouvrages bibliophiliques :

  • Vivant Denon, Point de lendemain : conte, Strasbourg, , précédé d'une notice par Charles Mehl éd., [4]-XXIV-[2]-47 p. D'après une note manuscrite portée sur l'exemplaire de dépôt légal le 3 février 1862, le tirage serait de 80 exemplaires, dont 10 sur papier de Chine et 5 sur papier velin rose.
  • Charles Mehl, Bibliothèque de la Ville de Strasbourg, Strasbourg, .
  • Charles Mehl, La Bibliothèque de Richard Brunck, vol. 1870, Strasbourg.
  • Henry Cohen et Charles Mehl, Guide de l'amateur de livres à figures et à vignettes du XVIIIe siècle, Paris, P. Rouquette, , 3e édition entièrement refondue et considérablement augmentée éd., XIX p., 608 col. et 7 p.

Liens externes

Notes et références

  1. Lorédan (1831-1902) Larchey, Charles Mehl : 1831-1896 / (Signé : Lorédan Larchey), (lire en ligne)
  2. Sitzmann, Édouard (1836-1918), « Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Tome 2 / par Fr. Édouard Sitzmann,... », sur Gallica (consulté le )
  3. « Brève nécrologique », L'Est républicain, , p. 3 (lire en ligne)
  4. E. Grucker, « Charles Mehl », Annales de l'Est, no XI, , p. 302 (lire en ligne)
  5. « Le Bibliographe alsacien : gazette littéraire, historique, artistique », sur Gallica, (consulté le )
  6. « Revue alsacienne. Littérature, histoire, sciences, poésie, beaux-arts - 13 années disponibles - Gallica », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  7. « Revue biblio-iconographique », sur Gallica, (consulté le ), p. 90
  8. « Brève », L'Est républicain, , p. 2 (lire en ligne)
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