Charles Le Picq

Charles Felix Richard Auguste Le Picq (ou Le Pic, Lepic, Le Pich, Lepicq, Le Picqué, Pic, Pick, Picq, Pik; en russe Шарль Ле Пик) est un danseur, maître de ballet et chorégraphe français né à Strasbourg le [1] et mort à Saint-Pétersbourg le [2].

Charles Le PicqШарль Ле Пик
Nom de naissance Charles Felix Richard Auguste
Naissance
Strasbourg
Décès (à 61 ans)
Saint-Pétersbourg
Activité principale danseur, maître de ballet, chorégraphe
Lieux d'activité Stuttgart, Vienne, Innsbruck, Varsovie, Padoue, Venise, Milan, Florence, Naples, Paris, Londres, Saint-Pétersbourg
Années d'activité 1760-1806
Maîtres Jean-Baptiste Dehesse
Jean-Georges Noverre
Ascendants Jean Felix Charles Le Picq
Marie Magdaleine Kugler
Conjoint Gertrude Ablöscher-Rossi
Descendants Carlo Rossi (beau-père)
Caroline Martin y Soler (fille)
Henriette Wilhelmine Bartels (fille)
Marie Gertrude Poireau (fille)
Charles Le Picq (fils)

Œuvres principales

Orfeo e Euridice (1770)
La Belle Arsène (1779)
Mackbet (1785)
Robin Gray (1785)
Natchalnoïe oupravleniye Olega (1790)
Tancrède (1799)

Ses ancêtres

Il venait d'une famille liée à la danse depuis deux générations. Le petit-fils du maître de danse français Antoine Le Picq[3] (1673-1759), né à La Neuville-Roy (Picardie), et Charlotte Caroline Coudu[4], son épouse, fille du maître de danse André Coudu. Le fils du danseur et maître de danse français Jean Felix Charles Le Picq[5], né à Strasbourg le 1713, et Marie Magdaleine Kugler[6] (1720-1775), son épouse. Ses trois oncles: Antoine Christophe Le Picq (né en 1704)[7], Claude Joseph Le Picq (né en 1716)[8] et Martin Charles Le Picq (né en 1719)[9], frères de son père, étaient également des maîtres de la danse.

Danseur et chorégraphe

Il étudie la danse avec Jean-Baptiste-François Dehesse (Deshayes)[2] à Paris avant 1760 et avec Jean-Georges Noverre à Stuttgart et Ludwigsbourg de 1760 à 1764, puis danse à Vienna et Innsbruck (1764/65), à Varsovie (1765 à 1767)[10], à Vienna (1767 à 1769), Padoue (1769), Venise (1769 à 1772 et 1776/77)[11], Milan (1770 à 1773), Florence (1772) et Naples (1772 à 1776 et 1777 à 1782). En 1766-1777, Le Picq était associé à la célèbre danseuse et courtisane italienne Anna Binettii, née Ramón, mais ils n'étaient pas mariés. Lorsqu'elles ont dansé à Varsovie, elle a abandonné son mari, Georges Binet (Binetti), danseur et maître de ballet français[12], mais elle n'a jamais divorcé (son mari résidait toujours au Portugal en 1780). En Italie, il a également créé des chorégraphies.

Apollon de la danse

À l’automne de 1776, il est invité par Jean-Georges Noverre au Ballet de l’Opéra de Paris, où il danse dans Les Caprices de Galathée avec Marie-Madeleine Guimard comme partenaire. À Paris, il a été salué comme une "Apollon de la danse".

Des souvenirs de Noverre: "Le Picq quitta Naples un instant pour venir me voir à Paris où je le fis débuter. Les belles proportions de sa taille, la noblesse de sa figure, l'harmonie enchanteresse de ses mouvemens, et le fini précieux d'une exécution d'autant plus étonnante qu'elle étoit toujours facile, et que les éfforts du corps étoient sans cesse dérobés par les graces; tant de perfections réunies lui obtinrent le plus brillant succès tant à la cour qu'a la ville. Je composai pour la Dlle. Guimard et Le Picq Les Caprices de Galathêe, ballet anacréontique. Il fut réprésenté à Brunoy, et faisoit partie d'une fête de jour, que Monsieur, donnoit à la Reine. Cette heureuse bagatelle eut un succès complet. Les talens de Le Picq et; de la Dlle. Guimard, réunis à ceux de Dauberval et de la Dlle. Allard, l'embélirent singulièrement. Je la donnai ensuite à Paris et à Fontainebleau. Le Picq fut fêté; on le nomma l'Apollon de la danse; mais la cabale intérieure de l'opéra que j'appelle la Boite de Pandore, se joignit aux motifs qui le firent renoncer aux propositions brillantes qui lui furent faites. Il retourna à Naples, de là il vint me trouver à Londres où il fut fixé par des appointemens considérables. Je le fis débuter par Apollon et les Muses. Au bout de quelques années il quitta l'Angleterre pour s'attacher au service de la cour de Russie. Ses talens pour la danse et la composition, joints à sa bonne conduite, lui méritèrent les bien faits de la cour et l'estime des grands"[13].

En 1782, il connut l'invitation de Noverre à Londres où Noverre créa pour lui le ballet Apollon et les Muses, puis lui permit de présenter ses propres compositions. Il dance à Londres (1782 à 1785), puis à Varsovie (automne 1785). Il a également créé de nombreux ballets à Londres et à Varsovie[14].

En Russie

En 1786, il se rend à Saint-Pétersbourg où il est engagé comme premier danseur, ainsi que comme chorégraphe principal de 1792 à 1799. Très imprégné de l'œuvre de son maître, il remonte plusieurs ballets de Noverre et présente également ses compositions, toujours proches du style noverrien. Bien en cour, il chorégraphie la plupart des grandes fêtes données par Catherine II de Russie à la fin de sa vie. Grâce à lui, les Lettres sur la danse de Noverre sont publiées en Russie (en français) en 1803[13].

Les circonstances de sa mort le ont été décrites dix ans plus tard par Antonio Francesco Spada dans le livre Ephémérides russes politiques, littéraires, historiques et nécrologiques: "Frappé d'un coup d'apoplexie, au sortir presque d'une leçon de danse qu'il venait de donner à LL. AA. II. [Leurs Altesses Impériales] Mesdames les Grandes-Duchesses, il survécut trente-six heures à cet accident, et termina sa carrière dans la 62me année de son âge. Les Arts regrettèrent amèrement la perle de cet Artiste habile, dont le talent avait servi de guide et de modèle pendant près de quarante ans à tous ceux qui professent cet art. Sa famille perdit en lui son plus sûr appui, et ses élèves un maître éclairé et juste. M. Lepicq honora les Arts par son savoir, et la société par les vertus domestiques, qui contribuent plus que toute autre chose au bonheur réel de la vie"[2].

Poursuivant l'impulsion donnée par Jean-Baptiste Landé sous le règne d'Anne de Russie, Le Picq a grandement contribué à l'établissement de la danse française en Russie et a préparé la voie aux innovations de Charles-Louis Didelot et des autres chorégraphes qui le suivront au cours du XIXe siècle.

Sa famille

À partir de 1782, il est associé à la célèbre danseuse allemande Gertrude Rossi, née Ablöscher (1756-1799). Elle était auparavant l'épouse d'un danseur et chorégraphe italien Domenico (Giovanni Domenico, ou Giandomenico) Rossi[15] à Naples, qu'elle a quitté avec son jeune fils Carlo Rossi dont il était le beau-père. Ils ont dansé ensemble à Londres, Varsovie et Saint-Pétersbourg, où ils se sont mariés en 1789. Ils ont eu trois filles : Caroline[16] (deuxième épouse du compositeur espagnol Vincente Martín y Soler), Henriette Wilhelmine[17] (épouse de l'apothicaire allemand Johann Moritz Bartels) et Marie Gertrude[18] (épouse du danseur et maître de ballet français Auguste Antoine Poireau), ainsi que le fils de Charles.

Principaux ballets

Teatro San Carlo à Naples, où Charles Le Picq a travaillé comme soliste et maître de ballet en 1772-1776 et 1777-1782
King's Theatre à Londres, où Charles Le Picq a travaillé comme soliste et maître de ballet en 1782-1785
Théâtre sur la place Krasińskich à Varsovie, où Charles Le Picq a travaillé comme soliste et maître de ballet à l'automne 1785
Théâtre Bolchoï Kamenny à Saint-Pétersbourg, où Charles Le Picq a travaillé comme soliste et maître de ballet à partir de 1786

Références

  1. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  2. Antonio Francesco Spada, Ephémérides russes politiques, littéraires, historiques et nécrologiques, vol. 4, St. Pétersbourg, 1816, p. 186-187.
  3. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  4. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  5. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  6. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  7. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  8. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  9. « Ancestry - Sign In », sur www.ancestry.com (consulté le )
  10. Mieczysław Klimowicz: Początki teatru stanisławowskiego, 1765–1773. Warszawa: Państwowy Instytut Wydawniczy, 1965.
  11. Taddeo Wiel: I Teatri Musicali Veneziani del Settecento (reprint). Leipzig: Edition Peters, 1979
  12. Karyna Wierzbicka-Michalska: Aktorzy cudzoziemscy w Warszawie w XVIII wieku. Wrocław: Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1975
  13. Jean-Georges Noverre: Lettres sur la danse, sur les ballets et les arts. St. Petersbourg, 1803.
  14. Ludwik Bernacki: Teatr, dramat i muzyka za Stanisława Augusta, v. I et II. Lwów, Wydawnictwo Zakładu Narodowego im. Ossolińskich, 1925.
  15. Claudia Celi, Andrea Toschi: Signor Rossi's riddles. An Annotated Chronology of Domenico Rossi (ca. 1745-pos 1821). Cairon, 2, 1996: https://ebuah.uah.es/dspace/bitstream/handle/10017/20020/Signor_Celi_CAIRON_1996_N2.pdf?sequence=1&isAllowed=y
  16. Vera Fouter: La estancia en Rusia del compositor Vicente Martín y Soler (1754-1806): nuevas aportaciones musicológicas. Oviedo: Universidad de Oviedo, 2014.
  17. « Erik-Amburger-Datenbank - Datensatz anzeigen », sur dokumente.ios-regensburg.de (consulté le )
  18. « Erik-Amburger-Datenbank - Datensatz anzeigen », sur dokumente.ios-regensburg.de (consulté le )

Liens externes

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