Charles Hippolyte Aubry

Charles Hippolyte Aubry, né à Paris le où il est mort le , est un dessinateur de motifs décoratifs industriels qui se lança sur le tard dans la photographie de compositions végétales ; ces photographies étaient destinés à être utilisées comme modèles dans la création industrielle.

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Il n’obtint pas le succès escompté, mais après sa faillite, il continua à commercialiser ses tirages.

Biographie

Charles Aubry est né à Paris le 3 juin 1811. Il est issu d’une famille parisienne d’artisans modestes. Il existe peu d’archives[1] sur son activité en tant que dessinateur de motifs reproduits sur des tapis, papiers peints ou tissus. En 1857, il s’installe rue de la Reine blanche à Paris, afin de se rapprocher de la manufacture des Gobelins, quartier qui concentre alors une partie importante de sa clientèle. Au début des années 1860, il décide de se lancer dans la photographie, avec le projet de procurer des modèles photographiques en alternative aux modèles gravés ou lithographiés. Son projet est moins innovant qu’on pourrait penser, car une dizaine d’années auparavant, Adolphe Braun, également dessinateur de modèles d’industrie, avait tracé la voie avec une série de photographies de fleurs destinées à la création industriels.

Auguste Rodin photographié par Charles Aubry en 1862

En 1864, Charles Aubry fonde sa société de moulages et de photographies . Ses premiers tirages sont des portraits, et c’est au cours de ces essais qu’il a photographié un élève de son ami le sculpteur Carrier-Belleuse, Auguste Rodin. Il réalisait ainsi un des premiers portraits de celui qui deviendrait un maître de la sculpture. L’essentiel de son travail se concentre ensuite sur la photographie de compositions végétales.

Au cours de cette année 1864, il réalise un ensemble de photographies qu’il légende et qu’il regroupe dans un album luxueux. L’album est offert au Prince impérial avec cette dédicace présentant son projet. « Prince, Pour faciliter l'étude de la nature, je l'ai prise sur le fait et j'apporte aux ouvriers des modèles qui doivent faire grandir l'art industriel un peu compromis par le portefeuille insuffisant des écoles de dessin ». Ce cadeau est apprécié par la famille impériale, Charles Aubry reçoit une médaille, mais aucune commande de la part d’institutions françaises ne fait suite.

Environ cent quarante photographies réalisées en 1864 sont répertoriées.

L’entreprise de Charles Aubry tourne court très rapidement : par son manque de familiarité avec le commerce de photographies, et à cause d’une offre non adaptée, il est en faillite dès 1865. Il n’arrête cependant pas son activité de photographe, et dans les années qui suivent il réalise quelques épreuves à destinations d’ établissements comme les usines textiles de Mulhouse, les Gobelins, ou le musée des arts décoratifs. Il est remarqué par un américain travaillant pour Tiffany et des photographies partent de son vivant aux États-Unis pour la section Argenterie de la firme américaine.

En 1867 il expose des photographies d’œuvres d’art à l’exposition universelle de Paris

C'est également en 1867 qu'il est exproprié. Il s'installe alors quelque temps Boulevard Saint Marcel, puis part s'installer à Mandres-les-Roses. Il revient à Paris en 1872, ou il vit jusque sa mort le 22 mars 1877.

Le contexte

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Sous le Second Empire (1852 -1870), la mode est aux tissus d’habillement et d’ameublement ornés, aux papiers peints, aux tapis chargés de motifs végétaux[2]. L’usage est encore de travailler d’après des modèles gravés ou lithographiés, ce qui a aussi l’avantage de pouvoir représenter des plantes exotiques ou hors saison sans dépenses excessives.

Le début des années 1860 est marqué par l’inquiétude concernant l’enseignement des arts et la crainte de la concurrence étrangère, l’Allemagne et surtout l’Angleterre sont beaucoup plus en avance en matière d’arts appliqués ; de nombreuses écoles de dessins s’y sont développées et leurs créations sont remarquées lors des expositions universelles. En 1863 Napoléon III impose une grande refonte de l’école des Beaux Arts visant à briser la séparation entre les Arts Appliqués et les Beaux Arts.

Le renouvellement de l’offre de modèles proposés par Charles Aubry n'a pas profité aux besoins de l’industrie du textile ou de l’ameublement; le photographe n’a pas rencontré son marché pour plusieurs raisons[1]. Parmi celles-ci, un manque d’homogénéité de son catalogue, des photographies de grandes tailles souvent riches en détails et difficilement utilisables, en particulier pour le tissu d’habillement, enfin une hostilité à l’association de la photographie et de la création artistique. C’est également dans ces années que le dessin industriel commença à se développer à partir de l’observation directe.

Les œuvres

L’essentiel des photos de Charles Aubry représentent des végétaux ; les compositions peuvent être très variées, par exemple une simple feuille (Coccolobe à feuille poilue), un arrangement raffiné de feuilles sur un tissu (Groupe de feuille sur fond tulle), une composition avec des fruits (Branches de pêcher), un bouquet très sophistiqué (Pivoines et anémones dans un seau de table), ou encore une composition allégorique autour d’une plante (Allégorie de la digitaline).

Charles Aubry cherche à donner le plus de réalisme et de détail possible. Pour ce faire il peut être amené à tremper dans du plâtre la feuille ou la fronde de fougère ; ceci donne des surfaces plus rigides et rend le végétal plus facilement enregistrable le négatif[1]; en effet la technique utilisée est celle du négatif sur verre au collodion, avec ensuite tirage sur papier albuminé, et le collodion était peu sensible à la couleur verte. Les temps d’exposition étaient très longs (jusque ¾ d’heure). Charles Aubry passait également beaucoup de temps à construire ses compositions, mettant parfois en scène ses végétaux sur des étoffes. Ces compositions sophistiquées étaient d'un moindre intérêt pour des dessinateurs qui voulaient se servir de ses œuvres : le travail était tout fait et il ne restait plus de place pour des modifications ou variations créatrices.

Il aura réalisé environ deux cents clichés.

Galerie

Bibliographie

  • Pierre Gascar, Botanica. Photographies de végétaux aux XIXe et XXe siècles, Paris, 1987

Notes et références

  1. Elisabeth Ann MacAuley, Charles Aubry Photographe (1864-1866) - Cahier d'une exposition N°11, Bibliothèque Nationale de France,
  2. « Des fleurs pour l'industrie », sur bnf.fr (consulté le )

Liens externes

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