Charles Dantzig

Charles Dantzig (de son nom d’état civil Patrick Lefebvre[1]), né le à Tarbes[2], est un écrivain et éditeur français.

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Écrivain et éditeur

Après le baccalauréat, Charles Dantzig suit des études de droit et soutient une thèse sur les « libertés de l'air », une étude sur les droits de trafic que les États accordent aux compagnies aériennes[3].

À 28 ans, il publie son premier essai, Remy de Gourmont, cher vieux daim ! (Le Rocher, 1989), en même temps que son premier recueil de poèmes, Le chauffeur est toujours seul (La Différence, 1990).

Charles Dantzig rejoint la maison d'édition Les Belles Lettres, où il crée et dirige trois collections : « Brique », pour la littérature contemporaine, « Eux & nous », où des écrivains français parlent de leur lien littéraire avec des auteurs de l'Antiquité classique, et « Trésors de la nouvelle ». Il publie la première traduction française du roman irlandais de Flann O'Brien At Swim-Two-Birds ainsi que la première traduction d'un recueil de poésies de F. Scott Fitzgerald, Mille et un navires, ayant lui-même traduit sa pièce de théâtre Un légume et les chroniques d'Oscar Wilde Aristote à l'heure du thé (première édition française). Il publie les œuvres complètes de Marcel Schwob et plusieurs anthologies de poésie, comme l’Anthologie de la poésie symboliste, l’Anthologie de la poésie grecque classique, et la première anthologie des poésies de Voltaire.

Les Belles Lettres publient ses essais, comme Il n'y a pas d'Indochine (1995, rééd. Grasset 2013[4]), et La Guerre du cliché (1998, rééd. dans Les Écrivains et leurs mondes, 2016), ainsi que ses recueils de poésie Que le siècle commence (1996, récompensé par le prix Paul-Verlaine), Ce qui se passe vraiment dans les toiles de Jouy (1999), et A quoi servent les avions ? (2001), dont un poème pressent les événements du 11 septembre. Une première anthologie de ses poèmes est publiée en 2003 sous le titre d'En souvenir des long-courriers. 2003 voit aussi la publication du Bestiaire, un recueil de poèmes animaliers.

Dans Le Monde du 18 mars 2012[5], il publie une tribune intitulée « Du populisme en littérature », où il critique la contamination de la littérature par le souci du sujet, réalisme à son sens dangereux pour sa vocation esthétique. Cette tribune provoque un débat littéraire[6]. Plusieurs écrivains, comme Michel Crépu, le directeur de la Revue des deux Mondes, lui répondent, créant une vive polémique. Elle fait l'objet d'un dossier spécial du magazine Transfuge[7], et est traduite à l'étranger[8]. Elle a été reprise dans Les Écrivains et leurs mondes en 2016.

Charles Dantzig est éditeur chez Grasset, où il dirige la collection des « Cahiers rouges », et où il crée en 2015 une collection et une revue internationale qui portent le même nom : « Le Courage ». La revue rassemble plusieurs auteurs autour d'un thème. Après Littérature 2015, Les Salauds (2016), Age d'or/Age de fer (2017) et Minorités supérieures ? (2018), le numéro 5 de la revue s'intitule Orphée, retourne-toi. « Le Courage » a reçu en 2017 le prix Rive Gauche de la meilleure revue littéraire[9].

« D'une certaine manière, ce projet est la continuation d'une tribune sur et contre le populisme en littérature que j'avais publié dans Le Monde, en avril 2012. Le Courage est une revue qui s'inquiète et s'inquiétera des formes ; parce que, ce que la littérature doit montrer, c'est qu'elle est une proposition de forme, et que la forme est une réponse au pouvoir, qui n'aime rien tant que l'informe[10]. »

Charles Dantzig a longtemps signé le feuilleton du Magazine littéraire, ainsi que celui de L'Express.

Romans

Son premier roman, Confitures de crimes, paraît aux Belles Lettres en 1993. Il relate l'accession d'un poète à la présidence de la République et la guerre qu'il déclenche une fois au pouvoir. Ce roman est la première manifestation dans la fiction de son ironie envers les postures et les comédies. Son deuxième roman, Nos vies hâtives, paraît chez Grasset en 2001 et est récompensé par le prix Jean-Freustié et le prix Roger-Nimier. Un film d'amour, publié en 2003, est un roman « choral » et se présente comme la transcription d'un documentaire télévisé sur un jeune cinéaste disparu, Birbillaz.

Son quatrième roman, Je m'appelle François, paraît en 2007 chez Grasset. Il est inspiré d'un fait divers, la vie de Christophe Rocancourt, qu'il transforme pour lui inventer un destin. En août 2011 paraît Dans un avion pour Caracas, roman qui se déroule entièrement dans un vol entre Paris et Caracas. Le narrateur va chercher un ami disparu dans la capitale du Venezuela, un de ces intellectuels français à la lisière de la philosophie et de la fiction, que l'auteur appelle « frôleurs de littérature ».

En 2015, Charles Dantzig publie chez Grasset Histoire de l'amour et de la haine, son cinquième roman, qui met en scène sept personnages pendant les débats et les manifestations autour du projet de loi pour le mariage entre personnes de même sexe de 2013. L'œuvre est construite non pas autour d'une intrigue mais de thèmes, de concepts et d'objets existentiels autour desquels l'auteur fait varier le point de vue des personnages pour construire le récit.

Essais

En 2005 paraît le Dictionnaire égoïste de la littérature française, notamment récompensé par le prix Décembre et le prix de l'essai de l'Académie française. Charles Dantzig y développe sa vision de la littérature. L'ouvrage rencontre un succès critique et populaire, en France et à l'étranger.

En janvier 2009, Grasset publie l'Encyclopédie capricieuse du tout et du rien, récompensée par le prix Duménil. Cet essai est constitué de 800 pages de listes : « liste des plages à sept heures », « liste des nuages », « liste de la mode à Londres », « liste de livres que j'aurais pu écrire », « liste d'animaux tragiques »…

Charles Dantzig publie en 2010 un essai sur la lecture, Pourquoi lire ?. L'auteur reçoit à cette occasion le grand prix Jean-Giono pour l'ensemble de son œuvre.

En juin 2011, il recrée et préside le Stendhal Club, dont le nombre de membres dans le monde est limité à 12[11]. Le Stendhal Club publie une revue « éventuellement annuelle » (deux numéros à ce jour), et a réédité en 2017 les Romans inachevés de Stendhal dans la collection des « Cahiers rouges », précédés d'une préface-conversation de trois membres du Stendhal Club.

En janvier 2013, Charles Dantzig publie un essai sur la notion de chef-d'œuvre en littérature, À propos des chefs-d'œuvre. Le livre est traduit dans plusieurs pays étrangers, comme l'Italie, l'Allemagne ou la Chine.

Charles Dantzig publie en mai 2013 une traduction de L'Importance d'être Constant d'Oscar Wilde, précédé d'une longue préface, « La première Gay Pride », qui fait écho à sa tribune dans Le Monde, « Non à la collusion de la haine » le 17 novembre 2012, contre l'hostilité suscitée par le projet de loi sur le mariage de personnes de même sexe, où l'ont rejoint des dizaines d'artistes et d'intellectuels, homosexuels ou non[12].

En octobre 2013, il réédite chez Grasset son livre paru en 1995 aux Belles Lettres, Il n'y a pas d'Indochine, revu et augmenté d'une préface inédite. Cette « visite d'idées » propose sous la forme d'un carnet de voyages, un foisonnement de pensées sur des sujets aussi variés que le génie en littérature, le marbre blanc dans la sculpture grecque ou la mafia sicilienne.

En 2016, il publie dans la collection « Bouquins », chez Robert Laffont, un ouvrage intitulé Les Écrivains et leurs mondes, composé du Dictionnaire égoïste de la littérature, de La Guerre du cliché, et d'un essai inédit, Ma République idéale.

En 2017, Charles Dantzig publie dans la collection « Bleue » de Grasset un essai, Traité des gestes. Il s'agit d'une encyclopédie des gestes humains et d'une réflexion sur leur nature, leur sens et leur persistance. Il interroge leur origine et leur signification et dresse l'inventaire de gestes plus ou moins quotidiens, habituels et célèbres, à partir d'observations quotidiennes et de souvenirs, mais aussi de la littérature, des arts et de l'histoire. À l'occasion de cette publication, il reçoit le grand prix de littérature Paul-Morand pour son œuvre.

En septembre 2019, il publie le Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale chez Grasset. Après le Dictionnaire égoïste de la littérature française, ce second dictionnaire est consacré à la littérature « mondiale », et non « étrangère », l’auteur expliquant dans une entrée (« Étranger ») qu’il ne croit pas à la notion d’étranger en littérature.

Poésie

En 2010 sont publiés simultanément deux recueils de poèmes : une collection de ses nouveaux poèmes dans la collection « Bleue » de Grasset, Les Nageurs, ode au corps et à la sensualité masculine, ainsi qu'une anthologie de ses poèmes accompagnée de nouveaux écrits et d'essais critiques, La Diva aux longs cils, rassemblés par l'écrivain britannique Patrick McGuinness. En même temps, ses traductions d'Oscar Wilde et de F. Scott Fitzgerald sont rééditées dans les « Cahiers rouges ». Il revient à la poésie en 2018 avec Démocratie de bord de mer, dédiée « aux faons, aux lions ».

Arts

Il collabore à des revues d'art et d'esthétique, avec des peintres comme Philippe Cognée ou Antonio Seguí. Il a ouvert la série du « Petit pan de mur jaune » du musée du Louvre, en 2007, en parlant devant le tableau de Van Dyck, « Les princes Charles-Louis et Rupert du Palatinat ».

En 2010, commissaire associé de l'exposition d'ouverture du Centre Pompidou-Metz, « Chefs-d'œuvre ? », il interroge la notion de chef-d'œuvre en littérature[13].

En 2013, il écrit une étude, « Le grand absent », sur le nu masculin en littérature pour le catalogue de l'exposition « Masculin/masculin »[14] au musée d'Orsay.

En 2016, il préface le catalogue de l'exposition « Wilde, l'impertinent absolu »[15], au musée du Petit Palais, et, en 2018, celui de l’exposition Pierre et Gilles/« Le Temps imaginaire » à Paris[16].

Théâtre

En 2012, il est un des écrivains intervenants dans la pièce de Christophe Honoré, Nouveau roman[17].

Radio

De 2011 à 2017, Charles Dantzig a produit et présenté sur France Culture l'émission Le Secret professionnel. Chaque samedi soir de 20h à 20h30, un invité révélait les « chemins cahoteux de la création, œuvre de l'esprit qui doit toujours s'affronter à la matière »[18].

À partir de la rentrée 2017, tous les dimanches, il produit sur France Culture l'émission Personnage en personne, portrait hebdomadaire d'un personnage de tout type de fiction, de l’Hélène d’Euripide au Ziggy Stardust de David Bowie en passant par l’Arturo Ui de Bertolt Brecht[19].

Prix littéraires et distinctions

Œuvres

Essais

Poèmes

  • Le chauffeur est toujours seul (La Différence, 1990)
  • Que le siècle commence (Les Belles Lettres, 1996, prix Paul-Verlaine 1997)
  • Ce qui se passe vraiment dans les toiles de Jouy (Les Belles Lettres, 1999)
  • À quoi servent les avions ? (Les Belles Lettres, 2001); livre dans lequel il imagine la destruction des tours jumelles avant les attentats du 11 septembre. À ce sujet il écrira : « Quelques personnes m'ont dit : telle est la puissance mystérieuse de la poésie qu'elle pressent les événements. Je n'en suis pas sûr. […] La poésie raisonne plutôt qu'elle ne pressent. Son résultat, comme celui de toute littérature et même de toute œuvre d'art, est de la pensée. Seulement, au lieu de l'obtenir par l'enclenchement des spéculations, elle le fait par celui des images, sous l'exigence du rythme, et, éventuellement, de la prosodie.
  • En souvenir des long-courriers (Les Belles Lettres, 2003)
  • Bestiaire, avec des encres de Mino (Les Belles Lettres, 2003)
  • La Diva aux longs cils, anthologie réalisée par Patrick McGuinness, professeur au St. Anne’s College, Oxford (Grasset, 2010)
  • Les Nageurs, (Grasset, 2010)
  • Démocratie de bord de mer, (Grasset, 2018)

Romans

Traductions

  • Francis Scott Fitzgerald, Un légume (Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2010)
  • Oscar Wilde, Aristote à l'heure du thé (Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2010)
  • Oscar Wilde, L'Importance d'être Constant (Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2013)
  • James Joyce, Les chats de Copenhague (Grasset, 2013)

Notes et références

  1. « Du côté de chez Charles Dantzig », sur FIGARO, (consulté le )
  2. Voir sur Culturebox.
  3. Thèse : "Les droits de trafic et la cinquième liberté", soutenue en juillet 1986, université de sciences sociales de Toulouse, sous la direction du Pr. Vellas. Publication partielle ultérieure : "La cinquième liberté - Droit, stratégies et pratiques (1944-1986) / "The Fifth Freedom - Legal aspects, Strategies and Practices (1944-1986)", ITA études et documents - studies and reports, 1987
  4. « Mais au fond, le titre l'indique, il n'y a qu'un imaginaire se déployant. Le voyage déclenche rêverie, circonvolutions, digressions hasardeuses. La réalité du voyage est sans cesse voilée par une pensée libre qui la rend caduque. Cette dernière crée du chaos, miroir d'un cerveau en ébullition... La structure tournoyante perd le lecteur, pour son plus grand plaisir. La phrase dantzigienne ? Tressautante, souvent vive, staccato. Chez les heureux du monde. »
  5. Numéro du 18 mars 2012.
  6. Antoine Guillot, « Réalisme, populisme, puritanisme et dandysme », France Culture, (lire en ligne).
  7. Transfuge, no 57 : « La littérature française est-elle plus rétrograde que jamais ? »
  8. Corriere della Sera du dimanche 15 avril 2012
  9. « Jérôme Leroy reçoit le prix Rive gauche à Paris 2017 ».
  10. « Revues littéraires : « L’essentiel, c’est la force des textes » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  11. Magazine littéraire, 4 juillet 2011.
  12. « Mariage gay : non à la collusion de la haine », Le Monde, 17 novembre 2012.
  13. « Qu'est-ce qu'un chef-d'œuvre en littérature ? » par Charles Dantzig.
  14. Collectif, Masculin/masculin : L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours, Flammarion, 2013 (ISBN 2081310090).
  15. Collectif, Oscar Wilde - L'impertinent absolu, Paris Musées, 2016 (ISBN 9782759603275).
  16. « Galerie Templon - Artist - Pierre et Gilles », sur templon.com (consulté le ).
  17. Voir sur charles-dantzig.fr.
  18. « Secret Professionnel ».
  19. « Personnages en personne », sur franceculture.fr.
  20. « Dantzig et Harang, prix Giono 2010 », Livre-Hebdo, 2010.
  21. Grand prix de littérature Paul-Morand, Académie française, consulté le 26 décembre 2019.
  22. Site de Grasset
  23. id. cit.

Voir aussi

Liens externes

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