Chapelle Sainte-Radegonde de Chinon

La chapelle Sainte-Radegonde est un édifice semi-troglodytique, sur le coteau Sainte-Radegonde, à l'est du centre-ville historique de Chinon.

Chapelle Sainte-Radegonde
Présentation
Début de la construction Antiquité
Protection  Classé MH (1967)
Géographie
Pays France
Région Centre-Val de Loire
Département Indre-et-Loire
Commune Chinon
Coordonnées 47° 10′ 06″ nord, 0° 15′ 13″ est
Géolocalisation sur la carte : Indre-et-Loire
Géolocalisation sur la carte : France

Historique

Culte antique païen

Puits creusé dans le roc à l'arrière de la chapelle Sainte-Radegonde.

Durant l'Antiquité, le site est un lieu de culte païen autour d'un puits creusé dans le roc à l'arrière de la chapelle actuelle : des vertus curatives pour les yeux sont alors attribuées à l'eau puisée lors de la nuit de la Saint-Jean (solstice d'été).

Ermitage chrétien

Le site est christianisé au VIe siècle lorsque Jean le Reclus, un saint ermite, vient s'y installer à l'écart du monde. Il émane de sa personne une grande réputation de sagesse, et il est même consulté par sainte Radegonde lors de la création de son monastère à Poitiers, ce qui explique la dédicace de la chapelle[1].

Aménagement de la chapelle

L'édifice prend sa forme actuelle au XIIe ou au début du XIIIe siècle. Une nef est creusée directement dans le roc, et consolidée par deux colonnes monolithes. Elle est précédée d'une deuxième nef, construite, qui était couverte d'un toit à une seule pente, disparu à l'époque révolutionnaire : cet espace est aujourd'hui transformé en jardin.

A l'ouest de la nef se trouve un tombeau avec la mention « Il s'est endormi dans le Seigneur ».

Au centre, une pierre indique le lieu de dépôt de cendres de chrétiens.

A l'est, il y a un autel avec un plafond en quart de sphère.

Pour rentrer dans la partie troglodytique, il faut emprunter un passage voûté avec un ciel étoilé.

Des pressoirs à huile de noix du XVIIIe siècle sont disposés dans la partie habitée de la chapelle, partie dans laquelle existe également un four.

Peintures murales

Chasse royale, fresque de la chapelle Sainte-Radegonde

La nef troglodytique a reçu à différentes époques des décors peints. L'une des campagnes les plus anciennes remonterait à la fin du XIIe siècle, au moment où les Plantagenêt étaient les souverains de Chinon.

Vestige le plus important de cette campagne, une fresque située en haut de la paroi nord, découverte au début des années 1960, montre une « Chasse royale », représentant cinq cavaliers. Le premier et le troisième sont couronnés, tandis que le quatrième porte sur son poing ganté un oiseau de proie, sans doute un faucon. De nombreux auteurs se sont penchés sur l'identification des personnages de la fresque, supposant que les cavaliers sont des représentations de la famille Plantagenêt : les personnages couronnés pourraient alors être Henri II Plantagenêt et Aliénor d'Aquitaine, ou leur fils aîné Henri le Jeune, couronné du vivant de son père en 1170[2],[3],[4],[5].

La question du sujet ne doit pas faire oublier la qualité artistique de la fresque, remarquable par l'élégance de son dessin, l'abondance de ses détails et la variété, exceptionnelle pour l'époque, des couleurs employées.

Pillage, restaurations, protection

La chapelle est pillée lors des guerres de religion, les reliques de saint Jean sont alors détruites. Elle est restaurée au XVIIe siècle : du temps du curé Breton, qui habite le presbytère troglodytique aménagé près de la chapelle, un nouveau cycle de peinture racontant l'histoire de sainte Radegonde est créé. Ce cycle, restauré au XIXe siècle, est aujourd'hui très endommagé.

La chapelle est vendue comme bien national à la Révolution et transformée alors en habitation pendant près d'un siècle. Le site est racheté en 1878 par Élisabeth Charre, une riche Chinonaise, qui a pour but de rendre les lieux au culte. De cette époque datent le gisant de l'ermite Jean, le mobilier (autels et statues), les peintures de l'abside représentant le Christ en gloire accompagné des symboles des évangélistes.

En 1957, le site est racheté par la ville de Chinon qui en confie la gestion à la société savante locale, les Amis du Vieux Chinon. Au cours des travaux qu'ils accomplissent, ils redécouvrent le puits (qui avait été comblé par des déchets au XIXe siècle) et la fresque de la « Chasse royale ».

La chapelle et l'ensemble de ses peintures murales sont classées « monument historique » en 1967[6]. La fresque de la « Chasse royale » a fait l'objet d'une première restauration en 1969, puis d'un nettoyage et de consolidations en 2006.

Notes et références

  1. Gustave de Cougny, Chinon et ses environs, p. 124 et suivantes.
  2. « Découverte de peintures murales à la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon », in Bulletin des Amis du Vieux Chinon, tome VI, no 9, 1965, p. 481 et suivantes.
  3. « Remarques sur la facture des peintures murales de la chapelle Sainte-Radegonde à Chinon », in Bulletin des Amis du Vieux Chinon, tome VI, no 10, 1966, p. 542 et suivantes.
  4. « À propos du Cortège royal de Sainte-Radegonde », Bulletin des Amis du Vieux Chinon, 2004, p. 863 et suivantes.
  5. Les Plantagenêts et la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon : une image en débat, Revue 303, n°81, hors série 2004 sur Aliénor d'Aquitaine.
  6. « Chapelle Sainte-Radegonde », notice no PA00097660, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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