Chapelle Saint-Roch de Braine-le-Comte

La chapelle Saint-Roch de Braine-le-Comte, en Belgique, est un édifice rappelant l’ancien cimetière des victimes de la peste qui était établi à cet endroit au XVIe siècle. Depuis 1928, le terrain est occupé par l’Institut Technique Saint-Gabriel.

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La chapelle Saint-Roch, vue d'ensemble.

Le cimetière des pestiférés

Plan de l'enclos Saint-Roch et des environs au milieu du XVIIIe siècle.

Lorsqu’une épidémie de peste frappa Braine-le-Comte pendant l’année 1572, les autorités de la ville cherchèrent rapidement un lieu bien éloigné des remparts pouvant contenir les victimes. Cette décision est un réflexe établi depuis le XIVe siècle pour permettre de contrer l’épidémie.

Le lieu choisi est situé au faubourg de Mons, proche du point de jonction des routes de Mons et d’Écaussinnes. Il jouxtait un moulin à vent dénommé plus tard de Saint-Roch qui a disparu depuis la fin du XVIIIe siècle.

Le terrain consistait en un enclos s’étendant sur 27,3 ares. Il fut béni par l’archevêque de Chalcédoine, auxiliaire de Cambrai le 22 avril 1572. Désormais consacré, le site abrita immédiatement les victimes de la peste. Pendant les mois suivants, les décès furent nombreux. Les autorités de la ville décidèrent même, le 11 novembre 1572, d’engager un nouveau « fossetier » afin de procéder aux inhumations. Nommé Quentin Marc, il enterra avec l’aide de son épouse, tous les corps pendant vingt-sept jours. Son labeur fut récompensé de 70 livres et 8 sols. Tous ces défunts ont été inhumés dans des fosses de six pieds de profondeur toujours creusées à l’avance.

Un lieu de culte

Après l’épidémie de peste, le cimetière reçoit des aménagements. Une église dédiée à saint Roch, protecteur contre la peste et le choléra, est édifiée en 1591. Et en 1670, un grand calvaire en pierre est placé dans la perspective de l’entrée du champ de sépultures. Ces deux constructions apparaissent dans un plan du XVIIIe siècle qui est reproduit dans l’ouvrage sur la paroisse de Braine-le-Comte (voir l’image ci-contre). Cependant, elles subissent au cours du XIXe siècle des évolutions différentes. L’état de l’église se détériore au point d’obliger le clergé à l’abandonner au profit de l’église paroissiale Saint-Géry[1]. Quasiment en état ruine, sa démolition est finalement décidée en 1865. En revanche, le calvaire a été déplacé à la fin du XIXe siècle dans le cimetière actuel de la ville de Braine-le-Comte. Il orne toujours le sommet de l’ossuaire.

Plusieurs cérémonies religieuses se déroulaient dans la chapelle. Mais c’est le culte autour de saint Roch qui était le plus important[2]. Celui-ci, malgré son interruption pendant la période française, reprit dès le début du XIXe siècle. Notamment, trois importants pèlerinages s’y sont déroulés en 1832, 1849 et 1866. Ce sont les années pendant lesquelles Braine-le-Comte a subi de plein fouet les épidémies de choléra.

L’enclos de Saint-Roch

En août 1784, cet enclos dit de Saint-Roch ou des pestiférés a été pensé pour devenir le prochain lieu d’inhumation principal de la ville de Braine-le-Comte. Cette année-là, l’édit de l’empereur Joseph II ordonnait de déplacer les lieux d’inhumations en dehors des villes. Il s’agissait ainsi de pouvoir améliorer l’hygiène publique. En réponse à cette ordonnance, les magistrats de Braine-le-Comte dressèrent le plan du cimetière des pestiférés. Ils espéraient ainsi limiter les dépenses en proposant d’utiliser un lieu d’inhumation déjà existant. Cette idée est cependant rapidement abandonnée. La situation sanitaire et géographique du cimetière paroissial de l’église Saint-Géry permet de déroger à l’édit de l’empereur. Même au XIXe siècle, lorsque le besoin d’un nouveau cimetière devient urgent, le conseil communal ne cite plus l’enclos des « pestiférés » comme une solution. Depuis les années 1850, le site est déjà entouré de plusieurs habitations, empêchant ainsi tout agrandissement. Et l’augmentation de la population brainoise nécessite un lieu funéraire pouvant être extensible. Finalement, la commune décide de continuer à utiliser l’enclos de Saint-Roch comme un terrain en location. Cela lui permet même de percevoir un revenu non négligeable pour les finances de la ville. La délibération du conseil communal du 28 décembre 1855 en atteste ; « la location (…) au profit du sieur Casimir Garitte pour le terme de neuf ans (…) [à partir du] premier octobre 1856, moyennant le fermage annuel de soixante-cinq francs (…). Ce prix est très avantageux aux intérêts de la commune et il surpasse même les prévisions de l’administration »[3].

Le site aujourd’hui

La chapelle Saint-Roch au début du XXe siècle.

La petite chapelle actuelle date de 1854. Elle comporte une large ouverture néogothique surmontée d’une niche et, dominant tout l’édifice, d’une croix en fer.

L’intérieur contient un calvaire composé d’un Christ en croix avec à ses pieds les statues de la sainte Vierge et de saint Jean[4]. Cet ensemble en plâtre remplace le calvaire original qui se trouve actuellement au-dessus de l’ambon de l’église paroissiale Saint-Géry de Braine-le-Comte[5].

À l’extérieur de la chapelle est apposé un monument funéraire du XVIIe siècle. C’est la seule trace restante de l’église Saint-Roch. Son inscription relate le décès de deux demoiselles au XVIIe siècle :

Pour mémoire de jeunes Damoiselles Anne Marie et Prudente Maxellende, Filles du sieur Lancelot Anthoin escuyer et de noble Damoiselle Jacqueline d’Auxy, décédées de contagion le 6e et 7e Août 1629. Requiescat in pace[6].

Au-dessus de cette inscription, un relief représente ces deux personnes en prière de part et d’autre d’un Christ en croix. Cette œuvre en pierre est encadrée par deux pilastres ioniques sur lesquels figurent huit blasons. Ces pilastres soutiennent un fronton circulaire orné d’un blason avec une couronne de laurier.

Depuis 1928, La chapelle fait partie de l’ensemble scolaire que forme actuellement l’Institut Technique Saint-Gabriel.

Bibliographie

  • CHIURDOGLU Monique, BRUAUX Jacques, BRUX Alfred, Nouveau visage de Braine-le-Comte au cours du 18e siècle, t. 2 : les moulins et leurs meuniers, Braine-le-Comte, Syndicat d’initiative : centre culturel, 1997, p. 7-8. (Lorsque Braine m’est conté…n°14).
  • CROQUET J., Notice historique sur l’église paroissiale et sur les institutions religieuses de Braine-le-Comte, dans Annales du Cercle Archéologique d’Enghien, t. 3, 1887, p. 470-487.
  • DUJARDIN C., CROQUET J.-B.-J., BOURDEAU P., La paroisse de Braine-le-Comte, Souvenirs historiques et religieux, Braine-le-Comte, Imprimerie Lelong successeurs Zech & Fils, 1889.
  • DUYM Alexandre, « Les lieux d’inhumation de la ville de Braine-le-Comte (XVIIIe-XIXe siècle) », dans Annales du Cercle royal d’histoire et d’archéologie du Canton de Soignies, t. XLII, 2018, p. 99-132.
  • RENIER O., Braine-le-Comte et son histoire, Braine-le-Comte, 1967, p. 18.
  • RUSTIN Edmond, Braine-le-Comte en cartes postales anciennes, Braine-le-Comte, Librairie Anne Lembourg-Yves Fierain (anciennement Patria), 1987, n°43.
  • Souvenirs de l’église Saint-Roch et du cimetière des pestiférés à Braine-le-Comte, dans Calvaires et Chapelles en Hainaut. Revue trimestrielle, n°2, 1949, p. 11-12.

Références

  1. La chapelle a subi une restauration en 1807. Mais le bâtiment s’était dégradé à la suite d’un vandalisme cité le 12 août 1810 dans le Semainier paroissial.
  2. Pour plus d’informations : Confrérie de Saint-Roch, dans DESMETTE Philippe, Les confréries religieuses dans le nord du diocèse de Cambrai (1555-1802). Répertoire, Mons, Hannonia, 2011, p.160 (Annalectes d’histoire du Hainaut, 11).
  3. Séance du 28 décembre 1855, dans Archives de l’état à Mons, Ville de Braine-le-Comte, Conseil communal et Collège échevinal : délibérations et procès-verbaux des séances, 1836-1866, (3 registres), n°1-3.
  4. La statue de saint Jean a aujourd'hui disparue.
  5. « Calvaire », sur BALaT KIK-IRPA (consulté le ).
  6. (en-US) « Monument funéraire de Anne-Marie et Pudente Anthoin », sur BALaT KIK-IRPA (consulté le )
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