Championnat de France de football 1894

Le championnat de France de football 1894 est la 1re édition du championnat de France organisé par l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA).

Championnat de France 1894
Généralités
Sport football
Organisateur(s) USFSA
Édition 1er
Lieu(x) France
Date au
Participants 6 clubs
Matchs joués 5
Hiérarchie
Hiérarchie 1er échelon
Palmarès
Vainqueur Standard AC
Deuxième White Rovers
Buts 25

Navigation

Elle a lieu entre le et le et oppose en phase à élimination directe six clubs de Paris et de sa proche banlieue.

Le Standard AC devient champion de France en s'imposant en finale contre les White Rovers.

Préparation de l'événement

Participants

Liste des clubs participants
Club Ville Participation
Standard Athletic ClubParis1er
International Athletic ClubParis1er
White Rovers Football ClubParis1er
Cercle athlétique de NeuillyNeuilly-sur-Seine1er
Club françaisParis1er
Cercle pédestre d'AsnièresAsnières-sur-Seine1er
Tenues des clubs
CP Asnières
Club français
Internat. AC
CA Neuilly
Standard AC
White Rovers

Formule

La compétition se déroule en phase à élimination directe. Quatre clubs, le Standard AC, l'International AC, les White Rovers et le CA Neuilly prennent part à un tour préliminaire, tandis que le Club français et le Cercle pédestre d'Asnières sont exemptés et commencent la compétition en demi-finale. En cas de match nul, celui-ci est à rejouer. Aucun changement n'est autorisé en cours de match. Un riche homme d'affaires américain amateur de sport, James Gordon Bennett, fait don d'un trophée pour le vainqueur de la compétition[1].

Le tirage au sort a lieu le mercredi 4 avril 1894. Il est prévu que les matchs aient lieu sur le terrain du Racing Club de France à Levallois place Collanges et rue Baudin[2].

Compétition

Tableau

Premier tour Demi-finales Finale
Dimanche 15 avril 1894, Bécon les Bruyères   Dimanche 22 avril 1894, Bécon les Bruyères   Dimanches 29 avril et 5 mai 1894, Bécon les Bruyères
Standard AC
International AC forfait  
Standard AC 5
    CP Asnières 0  
Dimanche 22 avril 1894, Bécon les Bruyères
Standard AC 2 2
Dimanche 15 avril 1894, Bécon les Bruyères
    White Rovers 2 0
White Rovers 13  
CA Neuilly 0  
White Rovers 1
    Club français 0

Premier tour

Les deux matchs du premier tour sont prévus pour le dimanche 15 avril 1894 sur le terrain du Racing Club de France à Levallois-Perret, entre le Standard AC et l'International AC, et entre le CA Neuilly et les White Rovers. L'issue des matchs ne fait pas de doute, les clubs s'étant déjà rencontrés plus tôt dans la saison, avec une victoire 16-0 du Standard face à l'International AC, et une victoire 8-0 des White Rovers face au CA Neuilly[3].

Au dernier moment, l'International AC déclare forfait, sans que la raison ne soit connue[3].

Le match entre les White Rovers et le CA Neuilly a finalement lieu sur le terrain de Bécon à Bécon les Bruyères. Le match est encore annoncé à Levallois-Perret sur le terrain du Racing Club dans le Galignani's Messenger le jour du match[4], mais les équipes n'y trouvent pas les poteaux et les drapeaux à leur arrivée, et s'accordent pour aller jouer à Bécon[5]. Georges Caizac, dans Les Sports athlétiques, livre un résumé du match qu'il a lui-même joué, étant capitaine du CA Neuilly. Il y retranscrit les compositions des équipes. Le match a lieu devant une assistance « fort peu nombreuse ». Le CA Neuilly n'aligne pas tous ses titulaires, car plusieurs membres de l'équipe première ne daignent pas se déplacer à cause de la pluie. Ils sont remplacés par des membres de l'équipe seconde. Les White Rovers marquent en moins de cinq minutes, et, très supérieurs à leurs adversaires, mènent déjà 6-0 à la mi-temps. La plupart des joueurs du CA Neuilly cesse de réellement jouer en deuxième mi-temps. Par trois fois, le gardien du CA Neuilly laisse passer le ballon sans même essayer de l'arrêter. L'arbitre arrête le match sur le score de 13-0[6]. Le Galignani's Messenger qualifie le match d'« absurdement inégal »[5].

À la demande des clubs engagés, les matchs suivants auront aussi lieu sur le terrain de Bécon[6].

Le même jour, le Standard AC, qui n'a pas pu jouer face à l'International AC, joue un match d'entrainement face au Club français, exempt et considéré comme l'outsider du championnat. Le Club français l'emporte deux buts à un et se place en candidat au titre face aux White Rovers et au Standard AC[6].

Feuilles de match
Premier tour Standard AC forfait International AC Bécon les Bruyères
Dimanche 15 avril 1894

Premier tour White Rovers 13 – 0 CA Neuilly Terrain de Bécon, Bécon les Bruyères
Dimanche 15 avril 1894
16 h 30
buteurs inconnus (6 – 0) Arbitrage : S. Neek (touche : M. Queen et S. Wood)
[6]
Thomas - Cotton, Cox - Mac Bain, Exxell, Pullar - Rocques, J. Wood , Pares, Welton, Young[6] Équipes Faucher - Duhamel, Barret - Février, L. Houdoux, Ed. Houdoux - Caizac , Meslin, Beauchamp, Joliet, Carle[6]

Demi-finales

Les demi-finales ont lieu à Bécon les Bruyères le dimanche 22 avril 1894 l'une à la suite de l'autre, devant un public « assez nombreux »[7].

Le premier match oppose les White Rovers au Club français. Les Rovers sont favoris[8], mais les deux équipes s'avèrent être du même niveau[7]. Le Club français « se défend avec une rare énergie », les White Rovers « ne s'attendant pas à tant de résistance ». Les Rovers finissent par marquer à quinze minutes de la fin du match par Mac Bain, sur un corner tiré par J. Wood, légèrement aidé par le vent[7]. Les meilleurs joueurs côté Club français furent Bernat, Bielby et Sanders, contre McBain, Wood et Cotton côté Rovers[9],[note 1].

Le deuxième match entre le Standard AC et le CP Asnières démarre dans la foulée. Contre toute attente, le CP Asnières tient tête au Standard pendant un quart d'heure avant de prendre un but par N. Tunmer. Le score n'est que de 1-0 à la mi-temps, sachant que le CP Asnières ne joue au football que depuis un mois et demi et avait pris 9-0 lors d'un premier match d'entrainement face au Standard. Le Standard AC l'emporte finalement par 5-0, mais ce résultat ne les place pas en position de favori pour la finale[7],[note 2]. Le Galignani's Messenger prédit même une « victoire facile » pour les White Rovers en finale[9].

Feuilles de match
Demi-finale White Rovers 1 – 0 Club français Terrain de Bécon, Bécon les Bruyères
Dimanche 22 avril 1894
14 h 55
Mac Bain 75e Arbitrage : Georges Caizac (touche : Mac Queen et G. Pelletier)
[7]
Thomas - Cotton, Cox - Mac Bain, Exell, Pullar - Roques, J. Wood , Pares, Welton, Young[7] Équipes L. Huteau - Bielby, Strittmater - C. Bernat, Daumy, Imbertis - Fraysse , André, Sanders, Bruno, Garnier[7]

Demi-finale Standard AC 5 – 0 CP Asnières Terrain de Bécon, Bécon les Bruyères
Dimanche 22 avril 1894
16 h 45
N. Tunmer 15e  ?  ?
A. Tunmer  ?  ?
(1 – 0) Arbitrage : M. Sleator
[7]
H. Wynn - E. Wynn, W. Attrill - T. Evans, J. Roscoe, E. Leguillard - Vines, Hicles, Hunter, A. Tunmer, N. Tunmer[7],[note 3] Équipes P. Boissaux - Ducatez, E. Mestre - C. Ortollant, H. Delhumeau, H. Mornet - A. Jardin , R. Canac, G. Langrand, Daniel, G. Maillard[7]

Finale

La finale entre le Standard AC et les White Rovers a lieu le dimanche 29 avril 1894 au terrain de Bécon[10]. Au dernier moment, Georges Caizac, du CA Neuilly, désigné pour arbitrer, se récuse. Il est remplacé par Daumay, du Club français[11].

Les White Rovers gagnent le toss et décident de jouer la première mi-temps avec le soleil dans le dos. Un coup dur touche rapidement les White Rovers. Mac Bain, pris de crampes violentes, doit quitter le terrain après quelques minutes de jeu. En l'absence de changements autorisés, les Rovers jouent tout le match à dix. Malgré cela, ils ouvrent le score par Wood, mais N. Tunmer égalise dans la foulée. Les deux équipes sont à égalité un but partout à la mi-temps. Les Rovers reprennent l'avantage grâce à Roscoe et se dirigent vers le titre malgré leur infériorité numérique, mais le Standard égalise peu avant la fin du match par A. Tunmer[11].

Alfred Tunmer, inter gauche du Standard AC.

Le capitaine du Standard propose de continuer le match pendant dix minutes, ce à quoi celui des Rovers s'oppose, ayant un joueur en moins. Ne connaissant pas le règlement de l'USFSA en cas d'égalité, l'arbitre proclame le match nul et décide de s'en référer au Comité de football, qui décidera lors sa séance suivante de faire rejouer le match le dimanche suivant, toujours au terrain de Bécon[11].

La finale est rejouée le dimanche 6 mai 1894, toujours au terrain de Bécon, devant « de nombreux spectateurs » et par beau temps. Le Standard AC a profité du jeudi 3 mai, jour férié (Ascension), pour entrainer son attaque et essayer de nouvelles tactiques. Le Standard débute face au soleil et au vent, ce qui ne les empêchent pas de dominer la partie. La ligne des demis des Rovers est de plus affaiblie par l'absence de Mac Bain, non remis de sa blessure de la semaine précédente, remplacé sans beaucoup de succès par Gamon. Dix minutes avant la mi-temps, le Standard est proche de marquer sur une tête de N. Tunmer, mais Thomas, le gardien des Rovers, repousse le ballon sur A. Tunmer, qui tire mais bute une nouvelle fois sur le gardien, sous les applaudissement du public ; le Standard récupère de nouveau le ballon et marque enfin par Hunter sur la troisième tentative, sous la « joie la plus bruyante et la plus excentrique » des supporters du Standard[12].

Les Whites Rovers poussent en deuxième mi-temps mais butent sur la « forme splendide » de H. Wynn, le gardien adverse. La défense des Rovers finie par fatiguer face à la rapidité des ailiers du Standard AC , aidés par la pente du terrain qui leur est favorable. À deux minutes de la fin du match, Vines, l'ailier droit du Standard, dribble la défense des Rovers et marque un deuxième but pour son équipe, permettant au Standard AC de remporter le premier titre de champion de France[12].

Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis notent que la victoire du Standard doit beaucoup à Vines, qui prit en main l'entrainement de l'attaque du Standard AC un mois auparavant, ce qui améliora nettement le jeu de l'ensemble de l'équipe. Le point faible du Standard fût sa ligne de demi, dirigée au centre par J. Roscoe, joueur de rugby qui ne jouait au football que depuis trois semaines et qui eut du mal à se faire comprendre de son demi aile Leguillard, seul français de cette finale. L'arrière E. Wynn joua « remarquablement bien, sa manière de charger faisant mordre la poussière même aux plus lourds de ses adversaires »[note 4] tandis que Leguillard fût le meilleur demi du match. Selon le journal, les meilleurs joueurs côté White Rovers furent Thomas, Cox, Cotton, Exell, Pares et Wood[12].

Finale Standard AC 2 – 2 White Rovers Terrain de Bécon, Bécon les Bruyères
Dimanche 29 avril 1894
17 h 15
N. Tunmer
A. Tunmer
(1 – 1) Wood
Roscoe
Arbitrage : Daumay (Club français)
[11]
H. Wynn - Attrill , E. Wynn - Hill, Roscoe, Le Guillard - Vines, Hicks, Hunter, A. Tunmer, N. Tunmer[11] Équipes Thomas - Cotton, Cox - Exell, Pullar, Mac Bain - Wood , Roscoe[note 5], Pares, Young, Welton[11]

Finale rejouée Standard AC 2 – 0 White Rovers Terrain de Bécon, Bécon les Bruyères
Dimanche 6 mai 1894
17 h 30
Hunter 35e
Vines 88e
(1 – 0) Arbitrage : Daumay (Club français)[note 6]
[12]
H. Wynn - Attrill , E. Wynn - Hill, J. Roscoe, E. Leguillard - S. Vines, O. Hicks, A. Hunter, A. Tunmer, N. Tunmer,[note 7] Équipes Thomas - Cotton, Cox - Pullar, Exell, Gamon - Wilson, Pares, J. Wood , Young, F. Roques

Notes et références

  • Notes
  1. Cotton est mal orthographié Catton dans le Galignani's Messenger.
  2. Le Galignani's Messenger indique un score de six à zéro[9].
  3. Leguillard est annoncé sous le nom de Laguillard le jour du match dans le Galignani's Messenger.
  4. Cette anecdote montre plus le football pratiqué à l'époque était assez physique, les charges épaule contre épaule étant autorisées.
  5. S'agit-il de Roques avec une erreur avec le joueur du Standard ?
  6. Son nom est incertain. Il est mal orthographié Daamy dans Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis. Il est orthographié Daumy lors de la demi-finale (numéro 213) ainsi dans le numéro 212.
  7. La ligne d'attaque semble être donnée à l'envers dans Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, comparativement aux deux compositions d'équipe précédentes du Standard AC dans le journal. De plus, le journal attribue la capitanat par erreur à E. Wynn à la place d'Attrill. Le journal corrige son erreur dans son numéro suivant.
  • Références
  1. (en)Frédéric Pauron, « France 1892-1919 », sur rsssf.com, Rec.Sport.Soccer Statistics Foundation
  2. « Football », Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, no 210, , p. 277 (lire en ligne)
  3. « Football », Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, no 211, , p. 297 (lire en ligne)
  4. (en) « Sports », Galignani's Messenger, no 25054, , p. 2 (lire en ligne)
  5. (en) « Sports », Galignani's Messenger, no 25056, , p. 2 (lire en ligne)
  6. « Football », Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, no 212, , p. 318 (lire en ligne)
  7. « Football », Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, no 213, , p. 337 (lire en ligne)
  8. (en) « Sports », Galignani's Messenger, no 25061, , p. 2 (lire en ligne)
  9. (en) « Sports », Galignani's Messenger, no 25064, , p. 2 (lire en ligne)
  10. (en) « Sports », Galignani's Messenger, no 25068, , p. 3 (lire en ligne)
  11. « Football », Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, no 214, , p. 356 (lire en ligne)
  12. « Football », Les Sports athlétiques et la Revue athlétique réunis, no 215, , p. 376 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Géo Duhamel, Le football français : ses débuts, Paris, éditions F.L., 1931, p. 41-51 (éd. 1959)

Articles connexes

  • Portail du football
  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail des années 1890
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.