Dromadaire australien

Les dromadaires australiens proviennent de l'introduction par les Européens en Australie au XIXe siècle de dromadaires qui ont été par la suite relâchés dans la nature. Leur population, selon des estimations officielles, s'élève à environ un million de dromadaires sauvages en 2010, qui vivent surtout dans les zones à climat aride. 50 % d’entre eux vivent dans l'Australie-Occidentale, 25 % dans le Territoire du Nord et 25 % dans le Queensland et la partie nord de l'Australie-Méridionale ; ils occupent ainsi un secteur de 3,33 millions de kilomètres carrés[1].

Un dromadaire sauvage dans l'Outback australien, près de Silverton, en Nouvelle-Galles du Sud.
Territoire (en marron) des dromadaires en Australie.

Histoire

Les premiers animaux ont été amenés par les Britanniques dans les années 1840 comme animaux de bât pour l'exploration de l’intérieur de l'Australie ; par la suite, s’y sont ajoutés également des chameliers venus surtout d'Inde et d'Afghanistan. Pour le développement de l'intérieur australien aride, les dromadaires étaient tout indiqués, grâce à leur capacité à s'adapter à des espaces aux conditions de vie extrêmes[2].

Avant ce moment-là, les dromadaires étaient inconnus en Australie. Après que, dans les années 1920, wagons et camions les eurent remplacés pour les transports[3], ces animaux furent relâchés dans la nature. Faute de prédateurs naturels, ils purent se reproduire en toute tranquillité. Leur population est revenue à l'état sauvage (phénomène de marronnage) et augmente de façon exponentielle (doublement en 8 à 12 ans) pour dépasser sans doute un million de têtes actuellement[4]. Elle représente désormais une menace pour la faune et les paysages d'Australie, et est considérée comme nuisible. C’est ainsi que pendant la saison sèche de 2009, environ 6 000 dromadaires à la recherche d'eau vinrent assiéger la petite localité de Kaltukatjara (appelée en anglais Docker River).

Les chameliers musulmans

Certains aborigènes se rappellent encore les premières fois où ils ont aperçu des dromadaires. Un homme de Pitjantjatjara, Andy Tjilari, raconte qu'enfant il était en train de camper avec sa famille lorsqu'est arrivé un homme qui voyageait avec des dromadaires et était à la recherche de scalps de dingo. Il a décrit comment, une fois dissipé la surprise initiale, il a suivi les dromadaires avec sa famille, en les imitant et en leur parlant. La découverte l'a amené à croire que « ce cheval ne sait rien »[5].

À mesure que les chameliers musulmans s’aventuraient davantage à l'intérieur du pays, ils rencontraient une grande diversité de groupes indigènes. Rapidement s’est développé un échange de compétences, de savoirs et de biens. Certains chameliers ont aidé les aborigènes en leur apportant des marchandises d'échange traditionnelles dont l'ocre rouge ou le pituri, une plante narcotique, le long des routes commerciales anciennes comme la piste de Birdsville. Les chameliers ont également apporté aux groupes aborigènes éloignés des marchandises nouvelles comme du sucre, du thé, du tabac, des vêtements et des outils en métal. Les Autochtones ont incorporé le poil de dromadaire dans leurs fabrications traditionnelles et ont donné des informations sur les points d’eau dans le désert et les ressources végétales. Certains chameliers ont employé des hommes et des femmes autochtones pour les aider sur leurs longues randonnées dans le désert. Il s’est ensuivi des associations durables voire quelques mariages[6].

De 1928 à 1933, un missionnaire, Ernest Kramer, a entrepris en Australie centrale des safaris à dos de dromadaires dans le but de propager l'évangile. Pour la plupart de ses expéditions, il employait un homme d'Arrernte, Mickey Dow Dow, qui lui servait de chamelier, de guide et de traducteur, et parfois un nommé Barney. Le premier voyage de Kramer a été à Musgrave Ranges et Mann Ranges, et il était financé par l'Aborigines Friends Association, qui souhaitait obtenir un rapport sur les conditions de vie des autochtones. D'après la biographie de Kramer, à mesure que les hommes parcouraient le désert et rencontraient des populations locales, ils leur tendaient des boiled lollies, du thé et du sucre et jouaient Jesus Loves Me sur leur gramophone. La nuit, à l'aide d'une lanterne magique, Kramer montrait des diapositives sur Noël et la vie du Christ. Pour beaucoup de ces gens, c'était leur première rencontre avec Noël et cet événement établissait de façon pittoresque « entre chameaux, cadeaux et christianisme une association qui n'était pas seulement symbolique mais possédait une réalité matérielle »[7].

Au cours des années 1930, alors que le transport motorisé évinçait peu à peu les chameliers, une occasion s'est présentée aux autochtones. Ils ont appris à utiliser les dromadaires et ont acquis leurs propres bêtes, ce qui a accru leur mobilité et leur indépendance dans une société aux frontières qui évoluaient rapidement.

Limitation du cheptel

Dans le but de réduire les émissions de CO2, l'État australien a lancé une campagne d’éradication des dromadaires. Un dromadaire émet 45 kg de méthane par an, soit une tonne de CO2 en termes d'impact sur le climat. À titre de comparaison, le million de dromadaires australiens émet autant de CO2 que 300 000 voitures. L'État australien propose donc 75 dollars australien (équivalent à 56 euros) pour un dromadaire abattu[8].

Viande de dromadaire

Des dizaines de milliers de dromadaires sont exportés chaque année pour la viande, au Moyen-Orient. Cela représente environ 1,52 million de dollars américains[9].

Notes et références

  1. independentweekly.com.au, The Independent Weekly, Larine Statham: Row simmers over camel cull, 26 février 2010
  2. Plage und Attraktion. Wilde Kamele in Australien auf n-tv.de, accédé le 12 février 2010
  3. gov.au sur les chameaux
  4. http://www.nretas.nt.gov.au/plants-and-animals/animals/feral/camel
  5. Caddie Brain, « White man's emu », Australian Broadcasting Corporation, (lire en ligne, consulté le )
  6. « Cameleers and Aboriginal people », sur Australia's Muslim Cameleers, South Australian Museum (consulté le )
  7. Petronella Vaarzon-Morel, Indigenous Participation in Australian Economies II : Historical Engagements and Current Enterprises, ANU Press, , 195 p. (ISBN 978-1-921862-83-0, lire en ligne)
  8. « L'Australie veut tuer les dromadaires pour sauver le climat », sur www.20minutes.fr
  9. http://cameldes.cirad.fr/fr/curieux/export.html

Voir aussi

Articles connexes

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