Châtel-Censoir

Châtel-Censoir est une commune française riveraine de l'Yonne, située dans le département de l'Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté.

Pour les articles homonymes, voir Chatel.

Châtel-Censoir

Le village, depuis le port de plaisance.
Administration
Pays France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Yonne
Arrondissement Avallon
Intercommunalité Communauté de communes Avallon - Vézelay - Morvan
Maire
Mandat
Olivier Maguet
2020-2026
Code postal 89660
Code commune 89091
Démographie
Gentilé Castelcensoriens
Population
municipale
622 hab. (2018 )
Densité 25 hab./km2
Géographie
Coordonnées 47° 31′ 57″ nord, 3° 38′ 05″ est
Altitude Min. 127 m
Max. 283 m
Superficie 24,62 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Commune hors attraction des villes
Élections
Départementales Canton de Joux-la-Ville
Législatives Deuxième circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
Châtel-Censoir
Géolocalisation sur la carte : Yonne
Châtel-Censoir
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Châtel-Censoir
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Châtel-Censoir
Liens
Site web chatel-censoir.fr

    Géographie

    Châtel-Censoir se situe au bord de l'Yonne et du canal du Nivernais, à 38 km au sud et en amont d'Auxerre[1].

    Communes limitrophes

    Urbanisme

    Typologie

    Ratel-Censoir est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[2],[3],[4]. La commune est en outre hors attraction des villes[5],[6].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (56,2 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (56,4 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (51,7 %), terres arables (33,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (4,5 %), zones agricoles hétérogènes (4,1 %), prairies (3,5 %), zones urbanisées (2,3 %)[7].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[8].

    Toponymie

    Le nom de la ville vient de saint Censure ou Censoire, évêque d'Auxerre de 472 à 502[9],[10].

    Le nom de Châtel-sans-Souef, utilisé au XVIe siècle, serait dû à ce que le château de cette ville ne possédait pas de point d'eau et qu'il fallait être « sans souef » (sans soif) pour y habiter[11]. Châtel-sans-Souef est le nom donné dans le procès-verbal du 21 avril 1547 écrit pour l'arrivée à Paris le 20 avril 1547 du premier train de bois flotté, mené depuis Châtel-Censoir par Charles Lecomte[11]. Le nom et cette explication sont encore mentionnés dans l'annuaire de la Nièvre de 1825[12].

    Histoire

    Il semble que saint Censure (mort en 502) ait fait construire un château sur le site, puis ait fait don de sa châtellenie de Censoir au chapitre d'Auxerre. Le seigneur du lieu serait donc l'évêque d'Auxerre à partir du début du VIe siècle[9].

    Un château fortifié existait au sommet de la butte avant que le premier lieu de culte chrétien ne soit construit, à côté du château et probablement sur l'emplacement d'un ancien lieu de culte païen[10].
    Durant le Moyen Âge ce château devient l'une des sept châtellenies de Donzy[12]. Au IXe siècle un chapitre de chanoines sous l’autorité de l’évêque d'Auxerre est fondé dans l'église ; il sera dissout à la Révolution. L'église devient une collégiale à leur arrivée.

    Le château est détruit au XIIe siècle par Guillaume III, comte de Nevers (1148-1161); il semble qu'il n'ait pas été rebâti[13]. Une église romane est construite, probablement dans la deuxième moitié du XIIe siècle. L'établissement collégial comprend les demeures des chanoines, un dortoir, un réfectoire et un cellier[10].

    Des vestiges de l'ancien château de saint Censure ou « château d’en bas », subsistent dans la rue Campion : une maison privée abrite une cave remontant probablement au XIIe siècle[10].

    Châtel-Sans-Souef a l'honneur d'être le point de départ du premier train de bois (de chauffage, de construction...) ayant flotté en aval sur l'Yonne et la Seine jusqu'à Paris[11],[14], où il est arrivé le 20 avril 1547[12] mené par Charles Leconte, charpentier[15] nivernais travaillant à Paris comme maître d’œuvre de l'hôtel de ville[14]. La palme de précurseur du flottage du bois a malgré cela été donnée par Clamecy[12] (qui se trouve en bord d'Yonne) en 1828[16] à Jean Rouvet, riche marchand de bois de Paris, pour avoir le premier fait flotter du bois sur la Cure jusqu'à Paris en 1549. Il est vrai que la Cure est nettement moins navigable que l'Yonne, qui est commercialement navigable jusqu'à Clamecy (en amont de Châtel-Censoir) ; mais Rouvet n'est pas le premier à avoir flotté du bois sur la Cure : il a repris le travail de Gille Deffroissez, maître de forges du Nivernais qui s'est ruiné dans sa tentative pourtant réussie de flotter du bois sur la Cure en 1546[14]. Le commerce de bois, flotté depuis le Morvan jusqu'à Paris via l'Yonne et la Cure, a duré jusqu'au XIXe siècle.

    Abbaye de Châtel-Censoir et source de Saint-Potentien

    Une abbaye bénédictine est fondée dans l'enceinte du château[13],[17] avant la fin du XIIe siècle.

    Étienne évêque d'Autun (1171-1189), souhaite prendre la succession de l'abbé de Châtel-Censoir, à l'encontre des souhaits du pape Alexandre III qui veut y voir un nommé Seguin, chanoine de Château-Censoir et neveu de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés. Alexandre III écrit à Guillaume de Toucy et à Matthieu, évêque de Troyes de 1169 à 1180, pour leur demander d'"éclaircir le fait", ce qui signifie probablement un rappel que la volonté du pape passe avant celle d'un évêque car il ajoute que si l'élection d'Etienne a déjà été faite elle est "contraire aux saints canons". Toujours pour cette affaire mais après l'élection de Seguin à la charge convoitée, le cardinal diacre Jacques écrit lui aussi à Guillaume de Toucy en lui demandant de maintenir Seguin en place "contre les poursuites de l'évêque d'Autun qui devrait être content de l'évêché qu'il a"[18].

    L'église abbatiale est si endommagée en 1448 et 1490 qu'elle doit être entièrement reconstruite[13],[19].

    La source Saint-Potentien se trouve à environ 1 km au nord du village, entre le canal et la rivière Yonne. Fin XIXe ce n'est plus qu'une flaque d'eau sous des saules, alimentée par le canal. Elle a pris le nom de saint Potentien après que, selon la légende, celui-ci s'en soit abreuvé. Sa renommée médicinale s'est étendue jusqu'au Morvan pendant des siècles et le pèlerinage de la fête patronale était très fréquenté[20].

    Héraldique

    Blason
    Inconnu.
    Détails
    Le statut officiel du blason reste à déterminer.

    Politique et administration

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    Les données manquantes sont à compléter.
    mars 2001 mars 2014 Jean-Claude Bohain    
    mars 2014 En cours Bertrand Massias Jurien de La Gravière DVD Industriel

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[21]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[22].

    En 2018, la commune comptait 622 habitants[Note 2], en diminution de 3,86 % par rapport à 2013 (Yonne : −1,17 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    1 0161 0671 1411 2111 2071 3101 3321 4231 422
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    1 3461 3441 3461 3121 2351 1921 1481 1351 012
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    983891934826823787748756662
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005 2010 2015
    708805713677602657674663641
    2018 - - - - - - - -
    622--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[23] puis Insee à partir de 2006[24].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Culture locale et patrimoine

    Lieux et monuments notables

    Personnalités liées à la commune

    • Potentien : évangéliste du IIIe siècle, devenu saint patron de la paroisse[29].
    • Censure : neuvième évêque d'Auxerre ; il a fait construire un château sur le site (castrum Censurii, puis castrum censorium), d'où le nom actuel de Châtel-Censoir[29].
    • Achille Tenaille de Vaulabelle : né à Châtel-Censoir le 28 octobre 1799, représentant de l’Yonne à l’Assemblée constituante (1848), il est ministre de l'Instruction publique et des Cultes du 5 juillet au 13 octobre 1848.
    • Éléonore Tenaille de Vaulabelle : né à Châtel-Censoir le 12 octobre 1801, frère du précédent, écrivain et dramaturge français.
    • Pierre-François Viart, 1750-1832, tient secrètement le diocèse lors de la Révolution française, vicaire général sous la Restauration, il refuse sa nomination comme évêque pour pouvoir rester à Auxerre où un médaillon de marbre blanc à son effigie est visible dans la cathédrale Saint-Étienne [26]
    • Edmé Champion, « Le Petit Manteau bleu », 1766-1852, philanthrope [26]
    • Claude Berthier de Grandry, 1776-1860, chevalier de Saint-Louis et chevalier de la Légion d'honneur, rescapé de la désastreuse expédition de Quiberon en 1795 [26]
    • François-Alexandre Berthier de Grandry, 1776-1870, maréchal de camp, grand-officier de la Légion d'honneur, médaillé de Sainte-Hélène, rescapé de l'épopée napoléonienne[26].
    • Pierre Hervé (1913-1993) résistant, journaliste et ancien député.
    • Henri Sellier (1849-1899), chanteur lyrique.

    Pour approfondir

    Bibliographie

    • Annie Hervé, La Vie de Châtel-Censoir à la fin du XIXe siècle, conférence de Mme Annie Hervé, Châtel-Censoir (la mairie) : Association Châtel-Censoir d'hier et d'aujourd'hui, 1987
    • Frédéric de Berthier de Grandry, La Famille d’Achille Tenaille de Vaulabelle (1799-1879), un ministre pionnier de l’Éducation nationale, préface de Jean-Pierre Soisson, Paris, 1998-2004 (ISBN 978-2-9513699-2-4)
    • Guy Demanche, Chatel-Censoir a la découverte d'un patrimoine méconnu, 2008 (auto-édition)
    • Guy Demanche, Châtel-Censoir : mélanges castelcensoriens, Châtel-Censoir : Châtel-Censoir d'hier et d'aujourd'hui, impr. 2010
    • Théophile Ébray, Étude des modifications de l'étage callovien et preuve de l'existence de cet étage aux environs de Châtel-Censoir, Paris : impr. de L. Martinet, extrait du "Bulletin de la Société géologique de France". 2e série. T. XVII, p. 161. Séance du 16 janvier 1860
    • Maëlle Hamma, « Edme Champion, natif de Châtel-Censoir : un grand homme avec sa part d’ombre », L'Yonne républicaine, (lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Pallier, Recherches sur l'histoire de Chatel-Censoir, réédité par Laffitte (1981)
    • Émile Pallier, Étude sur la crypte et le chœur de l'église de Châtel-Censoir, 1897
    • Émile Pallier, Recherches sur la préhistoire de Châtel-Censoir et des territoires voisins, 1900
    • Michèle Mathieu, Le voyage de Bergamote jusqu'à Châtel-Censoir-sur-Orchidées : 23 sortes d'orchidées sauvages sur le territoire de la commune ainsi que 8 circuits pour les découvrir. N° (ISBN 978-2-9538702-0-6) (2011), prix festilivres-Jeunesse de Monéteau en 2011.
    • Michèle Mathieu, Bergamote's journey to Châtel-Censoir and its orchids : traduction en anglais du livre précédent. N° (ISBN 978-2-9538702-1-3) (2011).
    • Abbé Jean Lebeuf, Mémoire concernant l’histoire ecclésiastique et civile d’Auxerre, vol. 1, Auxerre, Perriquet, , 886 p. (lire en ligne)
    • Charles Chauvelot, Notice historique sur le flottage des bois en trains, ou Solution du point ..., Paris, Ledoyen, , 62 p. (lire en ligne).
    • Gustave Cotteau et Victor Petit, Description de la vallée de l'Yonne : voyage neuvième, Auxerre, Annuaire de l'Yonne, , 23 p. (lire en ligne), p. 263-291.

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.

    Références

    1. Châtel-Censoir sur google.fr – cartes IGN.
    2. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    3. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    4. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    5. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
    6. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    7. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    8. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    9. Lebeuf 1743, vol. 1, p. 106.
    10. « Châtel-Censoir », sur bourgogneromane.com.
    11. Chauvelot 1845, p. 45.
    12. Cotteau 1851, p. 282 (page 14 de l'article). Pour la citation de l'annuaire de la Nièvre de 1825, voir note en bas de page.
    13. Cotteau 1851, p. 283 (page 15 de l'article).
    14. Flotteurs - Un peu d'histoire sur lemorvandiaupat.free.fr.
    15. Chauvelot 1845, p. 55.
    16. Chauvelot 1845, p. 48.
    17. Ernest Petit, Description des villes et campagnes du dept. de l'Yvonne, Auxerre, Charles Gallot, (lire en ligne), p. 287-288.
    18. Lebeuf 1743, vol. 1, p. 309-310.
    19. Petit 1870, p. 287.
    20. Petit 1870, p. 289.
    21. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    22. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    23. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    24. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
    25. Site du Conseil Général de l'Yonne, consulté le 9 février 2012
    26. Frédéric de Berthier de Grandry (préf. Jacques de Bourbon Busset), Les Berthier, une famille de la noblesse d’épée, Clamecy (Nièvre), Nouvelle Imprimerie Laballery, , 640 p. (ISBN 2-9513699-0-5), p. 16.
    27. Frédéric de Berthier de Grandry (préf. Jean-Pierre Soisson), La Famille d’Achille Tenaille de Vaulabelle (1799 - 1879), un ministre pionnier de l’Éducation nationale, Clamecy (Nièvre), Nouvelle Imprimerie Laballery, , 448 p. (ISBN 2-9513699-2-1), p. 444-446.
    28. Frédéric de Berthier de Grandry, La Famille de la dernière duchesse de Fitz-James, Les Gand’Oward de Magny, Clamecy (Nièvre), Nouvelle Imprimerie Laballery, , p. 5-30, CSGY n°XIV, SGY.
    29. source : Émile Pallier.
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