Château de Coucy

Le château de Coucy est un ancien château fort, construit à partir du XIIIe siècle[1], aujourd'hui ruiné, dont les vestiges se dressent sur la commune française de Coucy-le-Château-Auffrique dans le département de l'Aisne en région Hauts-de-France. Le château fut le siège de la puissante famille éponyme jusqu'à la mort en 1397, d'Enguerrand VII de Coucy.

Avant 1917, le château de Coucy était connu pour son imposant donjon, le plus haut jamais bâti en Occident (53 mètres de hauteur)[réf. nécessaire]. Ce donjon a été détruit sans aucune nécessité militaire par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale, lors de leur retraite sur la ligne Hindenburg ou Siegfried en 1917.

Les ruines du château font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[2].

Localisation

Les vestiges du château de Coucy sont situés dans le département français de l'Aisne, sur la commune de Coucy-le-Château-Auffrique, à la limite du Laonnois et du Soissonnais, dominant les vallées de l'Oise et de l'Ailette, à l'extrémité d'un éperon rocheux où s'est établie la ville, dont il est séparé par un fossé large d'environ 50 mètres.

Historique

Vue générale du château avant 1917.

La première mention d'un château à Coucy date de 920 ; il s'agit d'une simple motte castrale édifiée par Hervé, évêque de Reims.

En 1079, Albéric (ou Aubry) s'empare de ce premier château.

La ville de Coucy est affranchie du pouvoir seigneurial en 1197.

Vers 1220-1240[3], Enguerrand III de Coucy, reconstruit le château dont les ruines sont encore visibles actuellement. Voulant rivaliser avec les rois de France, il dépense une fortune dans la construction de ce château au donjon colossal dont Viollet-le-Duc dira : « Auprès de ce géant, les plus grosses tours connues, soit en France, soit en Italie ou en Allemagne, ne sont que des fuseaux. »

Vers 1380, Enguerrand VII, grand diplomate, embellit et transforme la forteresse en aménageant de vastes salles et en la dotant d'un palais d'architecture gothique. Il meurt sans descendant mâle en 1397.

En 1400[1], Louis d'Orléans, fils du roi Charles V le Sage, acquiert de la fille d'Enguerrand VII, pour 400 000 livres tournois, la baronnie de Coucy pour compléter la défense de son duché de Valois qui avait été érigé en comté-pairie en 1344.

Au cours de la guerre de Cent Ans, durant l'hiver 1411, pendant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, le château est assiégé pendant trois mois par 600 hommes d’armes sous la conduite de Waléran de Luxembourg, comte de Saint-Pol aux ordres du duc Jean Ier de Bourgogne. Robert d'Esnes (dit « Mansart »), défenseur, se rendra faute de vivres.

Il est rattaché à la couronne royale en 1498, sous le règne de Louis XII.

Pendant la Fronde (1648-1653), le château occupé refuse de se soumettre à Louis XIV. Ce dernier ordonne son démantèlement et son abandon, ce qui est fait en 1652[1] sous le contrôle de Mazarin.

Le , un tremblement de terre fend le donjon de haut en bas.

À la Révolution, le château démantelé est vendu comme bien national et devient une carrière de pierres.

Louis-Philippe Ier achète le site en 1829 puis l'État le rachète en 1848. Les ruines du château furent alors consolidées par plusieurs architectes dont Viollet-le-Duc au XIXe siècle qui rajoute une armature métallique tout autour de la grosse tour afin de rendre plus sûres les visites de ce monument très visité à l'époque.

Pendant la Première Guerre mondiale, la ville de Coucy-le-Château est occupée pendant trois ans par les armées allemandes. En 1917, lors de son repli sur la ligne Hindenburg et bien que cela ne se justifiât pas tant d'un point de vue stratégique, mais plutôt en application d'une décision prise en amont appelant à détruire les lieux culturels occupés lors du repli[réf. nécessaire], elles décidèrent de détruire le site fortifié. Ainsi, vingt-huit tonnes de cheddite furent placées dans le donjon et plus de dix tonnes dans les tours du château. Pour les trois portes d'entrée de la ville, de plus petites charges furent utilisées. L’explosion eut lieu le . Au même moment, la ville de Coucy-le-Château est bombardée et dévastée par des tirs d’artillerie.

Quelques jours avant, le , le château de Ham avait subi le même sort.

Les ruines du château font aujourd'hui l'objet de travaux de restauration et des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour les soubassements d'une chapelle. Le site est ouvert à la visite.

Le , la poste française a émis un timbre représentant le château de Coucy[4].

De 2018 à 2020, une fouille archéologique a été conduite au château de Coucy. Elles ont permis de mettre à jour les cuisines[note 1] ducales du début du XVe siècle, commanditées par le duc d'Orléans, frère du roi Charles VI[5].

Description

Construit sur un éperon rocheux calcaire, la place forte bâti au début du XIIIe siècle par Enguerrand III, est composé de trois enceintes successives : une première enceinte, la plus vaste, abritait le bourg ; la basse-cour ou enceinte intermédiaire dépendait directement du pouvoir seigneurial, et enfin le château dominé par son donjon, le plus haut de la chrétienté, à l'extrémité de l'éperon. Avec ses 14 hectares de superficie, Coucy était une place forte de premier plan à la fin du Moyen Âge[6].

Après avoir traversé le bourg de Coucy et franchi la « porte de maître Odon », on accède au château par une vaste basse-cour flanquée de tours rondes, dans laquelle s'élève la chapelle castrale, placée en travers du chemin, entre ville et château.

Le château proprement dit se présente sous la forme d'une enceinte flanquée de quatre tours circulaires aux angles, dessinant ainsi un trapèze irrégulier. Les tours mesuraient 20 mètres de diamètre et se dressaient à plus de 40 mètres de hauteur ; elles étaient divisées à l'intérieur en trois étages voûtés sur sous-sol, percées d'archères, et couronnées de hourds. Pourvues de cheminées et de latrines, elles constituaient chacune à elles seules de véritables « donjons ». Elles étaient reliées entre elles par une courtine, pratiquement aussi haute que les tours et épaisse d'environ 3 mètres, que des contreforts réunis par des arcs en tiers-point étayaient à l'intérieur. Les logis s'appuyaient sur cette courtine, autour d'une cour intérieure.

Le château et son enceinte comprennent :

  • la tour Jacquet (qui n'existe plus) ;
  • la tour de l'Avoine ;
  • la tour de l'ouest ;
  • la tour de l'artillerie ;
  • les restes d'une église ;
  • les ruines du donjon ;
  • les ruines du logis seigneurial ;
  • les ruines de la chapelle seigneuriale ;
  • la grande salle également appelée salle des Preux ;
  • les cuisines de Louis Ier d'Orléans, construites à partir de 1402 ex nihilo contre la courtine de la basse-cour ;
  • les caves.
Le donjon de Coucy en 1910.

Son donjon cylindrique, dressé du côté de l'attaque en saillie, mesurait 31 mètres de diamètre pour 54 mètres de haut, ce qui faisait de lui, jusqu'en 1917, le plus important d'Europe. Il dépassait de 20 mètres celui du château du Louvre. Un profond fossé l'isolait entièrement de la chemise (fortification) et on y accédait par un pont-levis.

Le donjon et une grande partie du château furent détruits par l'armée allemande le . Les pierres du donjon forment aujourd'hui un tas compact parmi lesquelles on peut voir les grandes barres de fer qui cerclaient le donjon.

La salle des Preux fut entièrement couverte sous Enguerrand III : son plafond était alors constitué exclusivement de lambris ; puis il fut enrichi sous Enguerrand VII. Elle tire son nom des neuf statues de Preux qui l'ornent et qui représentent des combattants célèbres : David, Judas Macchabée, Josué, César, Alexandre le Grand, Hector, Charlemagne, le roi Arthur et Godefroi de Bouillon.

Les remparts des flancs nord et sud étaient encore en cours de restauration en 2007.

Les deux tours du flanc ouest de la basse-cour, entre la tour d'angle et le château lui-même, sont effondrées. Actuellement, une promenade qui longe l'extérieur des remparts permet d'en deviner l'architecture, de type ogival.

Ce chemin, au pied des murailles, est bien mis en valeur : l'herbe y est fauchée et un garde-fou (constitué par une clôture basse de branches tressées) permet de signaler tout autour, d'une manière concentrique, le danger de la pente très raide vers la vallée.

Cette mise en valeur du site est axée par ailleurs sur :

  • la présence en de nombreux endroits du village fortifié de drapeaux et oriflammes ;
  • les costumes médiévaux portés par les guides, en particulier lors des nombreuses animations ;
  • des spectacles son et lumière, reconstitutions diverses ;
  • des chantiers de bénévoles (taille de pierre, maçonnerie traditionnelle, forge, sculpture), organisés chaque année sur le monument par l'Association de Mise en Valeur du Château de Coucy.

Notes et références

Notes

  1. Ces cuisines appartiennent à la famille dites « à cheminée de plan centré ». On connait celles de Montreuil-Bellay, celles du château d'Angers détruites au début du XIXe siècle, celles de Saumur représentées dans les Très Riches Heures du duc de Berry, celles de Château-Thierry et les cuisines ducales de Dijon, édifiées en 1433.

Références

  1. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Éditions Publitotal, , 1304 p. (OCLC 1078727877), p. 372.
  2. « Château de Coucy », notice no PA00115617, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Denis Hayot, « L'architecture fortifiée capétienne : L'émergence d'un modèle commun », Dossiers d'archéologie, no 404, , p. 31 (ISSN 1141-7137).
  4. phil-ouest.com.
  5. Étienne Lallau, « Les fastueuses cuisines ducales de Coucy au XVe siècle », Dossiers d'archéologie, no 404, , p. 38 à 41 (ISSN 1141-7137).
  6. Lallau 2021, p. 41.

Voir aussi

Bibliographie

Par ordre chronologique de publication :

  • Maximilien Melleville, Histoire de la ville et des sires de Coucy-le-Château, Fleury et A. Chevergny, 1848 (en ligne).
  • Eugène Viollet-le-Duc, Description du château de Coucy, Bance éditeur, 1861 (en ligne).
  • [Vallet de Viriville 1863] Auguste Vallet de Viriville, « Siège et prise du château de Coucy en 1487 au nom du roi Charles VIII », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 24, , p. 80-82 (lire en ligne)
  • [Caron 1889] Abbé Jules Caron, Antonio Artesano et Jean Jovet, Notice historique sur le château-fort de Coucy, augmentée de la Description du château au XVe siècle. et de la Notice sur les sires de Coucy, Chauny, Imprimerie Edmond Trouvé, (lire en ligne)
  • [Lefèvre-Pontalis 1913] Eugène Lefèvre-Pontalis, Le Château de Coucy, Éditions Henri Laurens, coll. « Petites Monographies des Grands Édifices de France », .
  • [Deshoulières 1928] François Deshoulières, « Travaux exécutés par Philibert de Lorme à Coucy », Bulletin Monumental, t. 87, , p. 169-170 (lire en ligne)
  • [Mesqui 1988] Jean Mesqui, Île-de-France Gothique 2 : Les demeures seigneuriales, Paris, Picard, , 404 p. (ISBN 2-7084-0374-5), p. 134-159.
  • [Mesqui 1994] Jean Mesqui, « Les programmes résidentiels du château de Coucy du XIIIe au XVIe siècle », dans Congrès archéologique de France. 148e session. Aisne méridionale. 1990, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 207-247.
  • [Laurent 2001] Jean-Marc Laurent, Le château féodal de Coucy, Woignarue, Vague verte, coll. « Souvenance », , 123 p. (ISBN 978-2-913-92418-5).
  • [Quenehen 2005] Didier Quenehen, « Le premier château de Coucy (Xe - XIIe siècle) », Revue archéologique de Picardie, nos 1-2, , p. 155-159 (lire en ligne)
  • [Corvisier 2009] Christian Corvisier, Le château de Coucy et l'enceinte de la ville, Paris, Éd. du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, coll. « Itinéraires », , 71 p. (ISBN 978-2-858-22882-9).
  • A-M. Cocula et M. Combet (dir), Châteaux, cuisines, et dépendances, Éditions Ausonius, 2014.
  • Étienne Lallau, « À Coucy-le-Château, les cuisines princières de Louis d'Orléans », Archéologia, avril 2020, no 586, pp. 54-61.

Articles connexes

Liens externes

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