Château Saint-Ange

Le château Saint-Ange (en italien : Castel Sant'Angelo) est un monument romain, situé sur la rive droite du Tibre, face au pons Ælius (actuel pont Saint-Ange), à Rome, non loin du Vatican.

Château Saint-Ange

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Nom local Castel Sant'Angelo
Période ou style Forteresse
Début construction 123-125
Fin construction 139
Propriétaire initial Hadrien
Destination initiale Mausolée
Destination actuelle Musée national
Site web www.castelsantangelo.beniculturali.it
Coordonnées 41° 54′ 11″ nord, 12° 27′ 59″ est
Pays Italie (Vatican)
Région Latium
Ville Rome
Géolocalisation sur la carte : Italie
Géolocalisation sur la carte : Rome

Sous l'Empire romain

Cour et remparts du château, canons et boulets prêts.

Décidé par l'empereur Hadrien en 125 pour être son mausolée, le bâtiment se veut le pendant du tombeau d'Auguste : celui-ci est situé au nord du Champ de Mars (Rome), sur la rive gauche du Tibre, alors que le mausolée d'Hadrien se place sur la rive droite, en face du Champ de Mars. En outre, l'allure générale des deux édifices est similaire. Il est achevé par Antonin le Pieux en 139. Le château, une rotonde massive en travertin, est surmonté d'un quadrige de bronze mené par l'empereur Hadrien figuré en soleil et d'un bosquet d'arbres funéraires. Les cendres d'Hadrien y sont déposées en 139. Caracalla est le dernier empereur à s'y faire ensevelir.

Très vite, le bâtiment est détourné de ses fins funéraires pour devenir militaire. Il est intégré à la muraille aurélienne en 403, en tant que bastion avancé. Quand le roi ostrogoth Vitigès attaque Rome en 537, les soldats défendant le castellum se servent des statues de bronze qui le décorent comme projectiles. En 546, le roi ostrogoth Totila s'empare de Rome et inclut l'édifice dans une structure fortifiée protégeant la rive droite. Le quartier prend ainsi le nom de Borgo.

Sous la papauté

Vue fantaisie du Château Saint-Ange à Rome
par Francesco Guardi, vers 1785
National Gallery of Art, Washington[1]

Le château tire son nom actuel d'une tradition étayée surtout au IXe siècle, se rapportant à la grande peste de 590. Le pape d'alors, Grégoire Ier, aurait eu une vision de l'archange Michel, apparu au sommet du château, remettant son épée au fourreau, signifiant ainsi la fin de l'épidémie, suite aux pénitences et jeûne qu'avait imposés le pape au peuple romain dans cet objectif. Pour commémorer l'événement, une statue de l'archange vint plus tard coiffer le bâtiment sur sa plus haute terrasse, d'abord un marbre de Raffaello da Montelupo datant de 1544, puis, depuis 1753, un bronze de Peter Anton von Verschaffelt. En fait, un culte de l'archange préexistait là, vu la présence d'une chapelle qui lui y était dédiée par le pape Boniface IV au VIIe siècle.

Au début de l'ère chrétienne, le quartier du Borgo jouit d'une localisation à proximité du Vatican : les pèlerins affluant, des structures se mettent en place pour les accueillir. Cependant, en 846, les Sarrasins font une incursion soudaine dans la ville, pillent la basilique Saint-Pierre et dévastent le Borgo. Pour le protéger, Léon IV le relie par une muraille au château. La zone ainsi délimitée forme la « cité léonine ».

Le château est ensuite transformé en prison, où quatre des papes du IXe siècle trouvent la mort. Marousie, fille de Théophylacte et figure de proue de la pornocratie, en fait sa résidence. Le château passe ensuite à la puissante « famille » des Crescenzi castellum Crescentii »). C'est là qu'en 998, Crescentius Nomentanus se barricade face aux assauts d'Otton III  en vain, car il finit décapité sur la plate-forme de la citadelle. Durant la longue lutte opposant le pape à l'empereur, le château devient un refuge pour les papes. Grégoire VII s'y retranche en 1083 pour résister à Henri IV du Saint-Empire et en 1227, Nicolas III bâtit un couloir suspendu reliant le château au Vatican, offrant ainsi une possibilité de fuite rapide. C'est à cette époque que, pour contrer les Colonna, possesseurs du mausolée d'Auguste, la puissante famille Orsini, dont est issue Nicolas III, s'adjuge le château.

Salle de bains de Clément VII.

Quand Urbain V quitte Avignon pour rentrer à Rome, il se fait remettre non les clefs de la ville mais celles du château, lequel reprend son rôle de forteresse protégeant la Cité léonine (actuellement le Vatican). Son successeur, Grégoire XI, doit cependant subir l'hostilité du peuple romain. En 1378, la foule démantèle une bonne partie de l'édifice. En 1389, Boniface IX restaure le château à demi en ruines. Il y fait percer une large rampe permettant le transport de vivres et de munitions. Des meurtrières sont creusées dans les murailles. Enfin, des logements sont aménagés pour le pape. Nicolas V ajoute à l'édifice des bastions et deux tours. Ces aménagements permettent à Alexandre VI de s'y réfugier lorsque Rome est occupée par le roi de France Charles VIII en 1494 (Première guerre d'Italie) et à Clément VII de résister six mois au siège des lansquenets de Charles Quint lors du terrible sac de Rome de 1527. Il parvient à s'enfuir, sous un déguisement, par la porte dérobée du jardin Saint-Pierre pour rejoindre Orvieto[2].

Son successeur, Paul III, transforme l'austère forteresse en palais. Parallèlement, le château Saint-Ange ne perd pas son statut de prison. Selon la tradition, Benvenuto Cellini y a été ainsi enfermé.

Urbain VIII, dès 1623[3], le fait fortifier et « dérobe » au Panthéon (Ier siècle av. J.-C.) le bronze nécessaire pour confectionner l'artillerie du château[4].

Jusqu'au XIXe siècle, le château servira à la papauté de prison politique (Marco Antonio de Dominis (1624), Niccolò Cosciaen (1733), etc.)[5].

Le 21 juillet 1871, le drapeau pontifical est amené pour la dernière fois par les troupes pontificales, sous les yeux de l'armée italienne, qui prend possession du lieu.

Musée au XXe siècle

Château Saint-Ange, vu depuis la rive opposée du Tibre.

Restauré au début du XXe siècle, le château Saint-Ange est isolé des constructions aux alentours de 1934. Depuis 1925, il est devenu un musée national et abrite une collection de peintures et d'armures.

Dans les arts

Giacomo Puccini place sur les remparts du château les dernières scènes de Tosca : Cavaradossi, après avoir rêvé à son bonheur passé (E lucevan le stelle), est fusillé sur la terrasse par le peloton d'exécution et Floria Tosca, de désespoir, se jette du parapet dans le Tibre.

Le peintre Camille Corot représente le monument à plusieurs reprises.


Lieu de tournage

En 2018, une équipe de l'émission Secrets d'Histoire a tourné plusieurs séquences au château dans le cadre d'un numéro consacré à Lucrèce Borgia, intitulé Lucrèce Borgia, une femme au Vatican, diffusé le sur France 2[8].

L'émission s'attarde notamment sur le passage secret, le Passetto di Borgo, qui relie le château Saint-Ange au Vatican, que le père de Lucrèce aurait emprunté pour rejoindre ses maîtresses incognito[9].

Notes et références

  1. National Gallery of Art
  2. Jacques Bonaparte, Sac de Rome, trad. M.L. Bonaparte, Florence, Imprimerie Granducale, 1830, p. 79.
  3. Charles-François Chevé. Dictionnaire des papes. J. P. Migne, 1857. books.google
  4. Mais aussi pour réaliser le baldaquin de la Basilique Saint-Pierre. Dans Jacques Paul Migne. Encyclopédie théologique: ou, Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse. 1851. books.google
  5. Voir à ce sujet, François Buloz Le Château Saint-Ange, souvenirs d’un prisonnier politique sous le pontificat de Grégoire XVI ». Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858 (pp. 159-189). sur Wikisource.
  6. Musée de la Légion d'Honneur, Corot
  7. Corot, Musée du Louvre
  8. « Lucrèce Borgia, une femme au Vatican », sur Inatheque.fr (consulté le )
  9. Nathalie Chuc, « Secrets d’histoire réhabilite la sulfureuse Lucrèce Borgia », (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-618577) ;
  • (it) M. Borgatti, Castel San Angelo in Roma : storia e descrittione, Rome, 1890.

Articles connexes

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