Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux

La centrale nucléaire de Saint-Laurent se situe sur la commune de Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cher en bord de Loire, entre Orléans (30 km en amont) et Blois (28 km en aval).

Présentation

Cette centrale nucléaire comprend deux réacteurs à eau pressurisée (REP), B1 et B2, qui sont en fonctionnement commercial depuis 1983. Ils ont une puissance unitaire de 915 MW. Les deux tours de refroidissement en font partie[4].

Le site contient également deux anciens réacteurs nucléaires A1 et A2 de la filière uranium naturel graphite gaz (UNGG) en phase de démantèlement et les deux silos d'entreposage associés. Ces deux réacteurs avaient été respectivement mis en service en 1969 et 1971[5], ils ont été arrêtés en avril 1990[6] et mai 1992[7],[8].

En avril 2014, 754 salariés EDF auquel s'ajoutent 250 salariés permanents d'entreprises prestataires[9] travaillent à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux.

Caractéristiques des réacteurs

Les caractéristiques des réacteurs en service, construits par l'entreprise française Framatome et exploités par EDF, sont les suivantes :

Nom du réacteurModèlePuissance [MW]Début constr.Raccord. au réseauMise en service comm.
ThermiquebruteNette
St-Laurent-B-1[2] CP22785 MWt956 MWe915 MWemai 1976janvier 1981août 1983
St-Laurent-B-2[3] CP22785 MWt956 MWe880 MWejuillet 1976juin 1981août 1983

Rejets chimiques

Le 18 mai 2010, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a adopté deux décisions relatives aux prélèvements d’eau et aux rejets d’effluents du site. Ces décisions encadrent les rejets chimiques et gazeux du site ainsi que la surveillance de l'environnement devant être réalisée par l'exploitant[10].

Déchets nucléaires

Les tranches A1 et A2 en 2003 (en phase de démantèlement).

Le site comprend deux silos dans lesquels ont été stockées près de 2 000 tonnes de chemises graphites hautement radioactives issues du cœur des deux réacteurs en cours de démantèlement. Dans son rapport de février 2005, l'Association nationale des comités et commissions locales d'information (ANCCLI) estimait que ce stockage ne répond pas aux critères actuels de sûreté[11].

Accidents nucléaires

1969 : Fusion du cœur du réacteur A1

Le 17 octobre 1969, une mauvaise manipulation lors du chargement du cœur sur le réacteur graphite-gaz no 1 entraîne la fusion de 50 kg de dioxyde d'uranium[12]. À l'époque, aucune information n'a été révélée à la population, cet accident nucléaire étant qualifié d'incident par EDF car il n'a pas entraîné de dommages vis-à-vis des personnes, des biens ou de l’environnement extérieurs au site. Cet accident est classé au niveau 4 de l’échelle INES[13],[14].

1980 : Fusion du cœur du réacteur A2

Vue de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (réacteurs graphite-gaz A1 et A2) avant démantèlement.

Le 13 mars 1980, un accident conduisit à la fusion de 20 kg de dioxyde d'uranium du réacteur graphite-gaz no 2. Gravement endommagé, le réacteur fut indisponible pendant trois ans et demi environ. Cet accident nucléaire, porté au niveau 4 de l'échelle INES[15],[16], est le plus grave jamais répertorié sur un réacteur en France[12].

Traces de plutonium dans la Loire

Par la suite, une campagne de prélèvements de sédiments en Loire conduite par un laboratoire universitaire a établi la présence de traces de plutonium depuis Saint-Laurent jusqu’à l’estuaire, dont l’origine serait à imputer soit à l’accident de 1980, soit à celui de 1969[17].

Pour l'IRSN, cependant, cet incident est indépendant de l’accident du 13 mars 1980 décrit ci-dessus. Ces rejets radioactifs sous forme d’effluents liquides significatifs en Loire sont associés au traitement des eaux de la piscine du réacteur SLA2, contaminées lors de l’éclatement d’un conteneur renfermant un élément combustible non étanche, survenu en avril 1980. Les rejets correspondants ont été estimés à GBq de radio-éléments émetteurs alpha[14].

Le déversement de plutonium issu de Saint-Laurent serait de l'ordre de 700 millions de becquerels (0,7 GBq), soit l'équivalent de 0,3 grammes de plutonium-239[18]. Compte tenu de la radiotoxicité du plutonium-239 (qui est de 10 Sv/mg) et de l'extrême dilution d'un rejet dans la Loire, dont le débit moyen est de l'ordre de 1 000 m3/s, un rejet de ce niveau ne peut pas avoir de conséquence sanitaire observable (les quelques milliers de Sievert potentiel ont été dilués dans des millions de mètres cubes). Lors d'une interview, Marcel Boiteux, dirigeant d'EdF à l'époque, a indiqué que « Oui, bien sûr, ce n'est pas bien, mais ce n'est pas grave. [...] »[19].

Incidents

1987 : gel de la Loire

Le matin du 12 janvier 1987, vers 9 h 30, par suite du gel exceptionnel de la Loire, la glace obstrue les prises d'eau de la centrale A1 (UNGG) et entraîne la perte du refroidissement normal de celle-ci, ce qui provoque l'arrêt automatique du réacteur graphite-gaz. Le système de refroidissement à l'arrêt, nécessaire pour évacuer la puissance résiduelle, est alors alimenté par le réseau électrique de l'Ouest de la France car les diesels qui auraient dû alimenter ce système ne fonctionnent pas. Ils ont pu être remis en service avant l'effondrement du réseau qui a eu lieu vers midi à la suite d'une panne de la centrale thermique de Cordemais[20]. La glace qui obstruait les prises d'eau a ensuite été brisée par des explosifs mis en place par l'armée française[21].

2004 : barres de contrôle bloquées

Le 12 mai 2004, du sodium radioactif a été rejeté dans l'atmosphère lors d'un test d'étanchéité de nouveaux générateurs de vapeur d'un des réacteurs de la centrale B. L'incident, qui a entraîné l'arrêt automatique du réacteur, est sans conséquence pour l'environnement selon la direction EDF de la centrale, cet événement a été classé au niveau 1 de l'échelle INES[22]. Le Réseau Sortir du nucléaire a cependant précisé que lors de l'arrêt automatique du réacteur, des barres de contrôle « sont restées bloquées pour une raison encore inconnue »[23].

Risques

Le rapport TSN de 2017 précise que la sûreté des installations reste maîtrisée quoique légèrement en retrait par rapport à 2016[24].

Risque sismique

La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux est située dans une des zones sismiques les plus faibles de France. Selon un rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire datant d'octobre 2002, certaines fonctions de sauvegarde assurant le refroidissement du réacteur pourraient ne plus être assurées en cas de séisme[25]. Cette même année, un programme de modifications permettant de restaurer la tenue au séisme de très forte intensité de ces réservoirs a été mis en place. L'évaluation complémentaire de la sûreté de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux remise le 15 septembre 2011 à l'Autorité de Sûreté Nucléaire montre que « pour les ouvrages du site, la réévaluation du SMS a mis en évidence un léger dépassement du spectre de dimensionnement de site (EDF 0,1 g) pour des fréquences supérieures à 7 Hz. Les analyses menées ont permis de vérifier l’absence d'impact de ce dépassement sur le dimensionnement du génie civil et des matériels des ouvrages du site »[26]. La nouvelle évaluation du niveau sismique a été réalisée pour le prochain réexamen de sûreté de la 3e visite décennale de Saint-Laurent-des-Eaux. Cette évaluation est conforme à la RFS 2001-01[27] et s'appuie sur des données sismo-tectoniques plus récentes.

Risque d'inondation

L'emplacement du site a été surélevé de 3,5 mètres.

« Le niveau d’inondation pour lequel le site est dimensionné est adéquat et conforme au référentiel en vigueur ». La côte majorée de sécurité (CMS) du site correspond au niveau atteint en cas de crue millénale majorée (CMM)[28].

En 2010, l’ASN a rendu un rapport d’observation qui estime que « la mise en place en 2010 d’une enceinte géotechnique autour des silos d’entreposage de chemises graphite irradiées renforce la sûreté de cette installation face au risque d’inondation par la Loire. »

Risques liés à la proximité d'une école

En 2012, les communes de Lestiou et Avaray déposent un permis de construire un groupe scolaire à km de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux[29]. Après avoir ajourné le projet et demandé un rapport d’étude complémentaire, le préfet du Loir-et-Cher a autorisé la construction en février 2013[30].

Particularités

Lors de la conception, la hauteur des réfrigérants a été limitée à 120 m afin de réduire leur visibilité depuis Chambord[31].

Sur les tours de Saint Laurent A nichent des faucons pèlerins en vue de faire fuir les pigeons.

Notes et références

  1. Un nouveau directeur à la centrale de Saint-Laurent, lanouvellerepublique, 26 juin 2019, consulté le 19 juillet 2021
  2. (en) « Nuclear Power Reactor Details - ST-LAURENT-B-1 », sur pris.iaea.org, Agence internationale de l'énergie atomique (consulté le ).
  3. (en) « Nuclear Power Reactor Details - ST-LAURENT-B-2 », sur pris.iaea.org, Agence internationale de l'énergie atomique (consulté le ).
  4. Collectif, « Saint-Laurent », Électricité de France (consulté le ).
  5. Collectif, « La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux », Autorité de sûreté nucléaire (consulté le ).
  6. (en) Collectif, « WNA Reactor Database - St. Laurent-A1, France Shutdown 18 April 1990 », sur world-nuclear.org.
  7. (en) Collectif, « WNA Reactor Database - St. Laurent-A2, France Shutdown 27 May 1992 », sur world-nuclear.org.
  8. Jordan Pouille, « A Saint-Laurent, la centrale nucléaire, « j’en verrai jamais le bout » », sur www.lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  9. « La centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux : Une production d’électricité au cœur de la région de Centre » [PDF], sur edf.com, (consulté le )
  10. « EDF devra réduire les rejets de Saint-Laurent-des-Eaux », sur www.enviro2b.com, Enviro2b.com, (consulté le ).
  11. Collectif, « Avis sur la sûreté des silos de stockage de graphite de Saint Laurent des Eaux », sur www.anccli.org, Association nationale des comités et commissions locales d'information (consulté le ).
  12. « Le jour où la France a frôlé le pire », sur Le Point.fr, (consulté le )
  13. Accidents en France dans les anciens réacteurs A1 et A2 de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) site de l’ASN, 4 décembre 2018
  14. « Note d’information sur les accidents ayant affecté les réacteurs nucléaires du site de Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 et en 1980 » [PDF], sur IRSN, (consulté le ).
  15. « LES ÉCHELLES DE CLASSEMENTS » [PDF], sur ASN (consulté le ).
  16. « Évènements significatifs classés au niveau 4 sur l'échelle INES », sur ASN, (consulté le ).
  17. « CONTROLE : Les rejets des installations nucléaires » [PDF], sur ASN, (consulté le ), p. 77-78 sur « Contrôle n°137 : Les rejets des installations nucléaires », sur ASN, (consulté le ).
  18. Plutonium dans la Loire : des rejets jusqu'en 1985, La nouvelle république du Loir-et-Cher, 12/05/2015.
  19. Olivier Pirot, « Plutonium déversé dans la Loire : les aveux toxiques d'EDF », sur La Nouvelle République du Loir-et-Cher, (consulté le ).
  20. Les jeux de l'atome et du hasard, Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, Éditions Calmann-Lévy, 1988.
  21. Le canard enchainé, 23/03/2011 : Petits pépins deviendront grands
  22. Rejet radioactif gazeux incontrôlé sans conséquence pour l'environnement ASN, 14 mai 2004
  23. Rejet radioactif à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, AFP du 13 mai 2004
  24. [PDF]cf CONCLUSION page 54, consulté le 30 mai 2019, edf.fr
  25. Erreur de conception affectant la résistance au séisme de réservoirs d'eau de plusieurs réacteurs de 900 MWe - Autorité de sûreté nucléaire
  26. Non trouvé le 30 mai 2019, edf.com
  27. RFS 2001-01, consultée le 30 mai 2019, asn.fr
  28. HCTISN Site de Saint-Laurent des eaux - Informations actualisées au 01/08/2014, consulté le 30 mai 2019
  29. [PDF]Non trouvé le 30 mai 2019, ccbl.fr
  30. Feu vert pour le groupe scolaire de Lestiou-Avaray, lanouvellerepublique.fr du 2 février 2013, consulté le 30 mai 2019
  31. 2. Une réflexion poussée en matière d’architecture et d’insertion dans le paysage - Des choix innovants en matière de réfrigération atmosphérique, loire-france.com

Voir aussi

Articles connexes

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