Celâl Bayar

Celâl Bayar, né le à Umurbey dans le district de Gemlik et mort le à Istanbul, est un homme d'État turc, troisième président de la Turquie et chef du Parti démocrate (Demokrat Parti) ou DP.

Celâl Bayar
Fonctions
Président de la République de Turquie

(10 ans et 5 jours)
Élection
Réélection
Premier ministre Adnan Menderes
Prédécesseur İsmet İnönü
Successeur Cemal Gürsel (indirectement)
Premier ministre de Turquie

(1 an et 3 mois)
Président Mustafa Kemal Atatürk
İsmet İnönü
Groupe politique CHP
Prédécesseur İsmet İnönü
Successeur Refik Saydam
Ministre de l'Économie

(5 ans)
Président Mustafa Kemal Atatürk
Premier ministre İsmet İnönü
Groupe politique Parti républicain du peuple
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Umurbey dans le district de Gemlik, Empire ottoman
Date de décès
Lieu de décès Istanbul, Turquie
Nationalité turc
Parti politique CHP (1923-1945)
DP (1946-1961)
Profession banquier
Religion islam


Premiers ministres de Turquie
Présidents de la République de Turquie

Il a joué un rôle important pour la politique de son pays à 3 reprises : entre 1902 et 1922, dans les organismes du Comité Union et Progrès et dans la résistance à l'occupation grecque ; entre 1924 et 1938, dans les milieux dirigeants de la Turquie; et entre 1946 et 1960 comme fondateur du Parti démocrate, et comme président.

Biographie

Celâl Bayar (à droite) en 1937 avec Kemal Atatürk.

Enfance et resistance à l'occupation grecque

Né à Umurbey,près de Bursa, dans une famille originaire de Bulgarie émigrée en 1877, Celâl Bayar entre à la Banque Agricole de Bursa, puis à la Deutsche Bank.

En 1908, Bayar commence sa vie politique en devenant membre du Comité Union et Progrès, et deviendra le secrétaire général, avant d'être muté à Izmir (Smyrne), pour y occuper le même poste de responsabilité avant la dissolution du Comité fin 1918.

Pendant cette décénnie, il sera membre de son organisation secrète, la Teskilat-i Mahsusa. Il fut particulièrement impliqué dans le processus de création d’une bourgeoisie turque musulmane destinée à remplacer celle existante et cosmopolite des Chrétiens ottomans et ceci l’amena à prendre des positions hostiles aux minorités chrétiennes de l’Empire. En 1911, la première action clandestine significative de Bayar fut de menacer et de propager l’effroi parmi les Grecs ottomans vivant en Anatolie occidentale, en employant des forces informelles qui les incitèrent à émigrer pour la Crète ou pour d’autres régions de Grèce, c’est-à-dire loin de l’Asie mineure que les dirigeants de Comité Union et Progrès commençaient à considérer, après les guerres balkaniques, comme « le foyer national turc »[réf. nécessaire]. Le succès qu’il rencontra dans cette entreprise lui permit de gravir rapidement les rangs du parti mais provoqua également son emprisonnement par les Britanniques après la Première Guerre mondiale.

Après sa libération, Bayar rejoint l’Assemblée nationale turque pour devenir l’un de ses membres les plus indéboulonnables. En 1919, il s'inscrit au parti de la Rénovation, novuellement fondé, et à l'Association pour la défense des droits ottomans, à la suite de l'occupation d'Izmir par les Grecs le 15 mai 1919. Il entre dans un groupe de résistance et est élu député de Manisa au dernier Parlement ottoman, où il intervient en faveur de la lutte nationale.

Banquier et Ministre des Financiers

Passé du côté des nationaliste en 1920, il représente la région de Bursa à la première Grande Assemblée nationale.

Fin 1920, il devint ministre par intérim de l'Économie dans le gouvernement kémaliste, avant de devenir titulaire du poste en février 1921, et participe en tant que conseiller de la délégation turque à la conférence de la rédaction du Traité de Lausanne. Entre 1923 et 1924, il travailla dans le secteur privé et est élu député d'Izmir à la deuxième Grande Assemblée nationale

En mars 1924, il est nommé ministre du Commerce, du Développement et de l'Habitat dans le cabinet constitué par Ismet Pacha en mars 1924. Jouissant d'une solide réputation d'économiste et de spécialiste des problèmes financiers, il abandonne ses fonctions ministériels à la demande de Mustafa Kemal, et fonde İşbankası, la plus grande banque privée de Turquie, dont il sera le directeur général de 1924 à 1932. Sa banque travaillera avec beaucoup de capitaux privés, favorable à un type d'économie mixte mi-privé, mi-public, dans un contexte où le communisme prends de l'ampleur. Il se heurte alors au ministre de l'économie, Mustafa Seref, partisan d'une économie étatique.

En 1932, il revint dans la vie politique comme ministre des Finances jusqu'en octobre 1937[1]. Durant cette période, ilmet surpied lepremier plan quiquennal industriel, organise l'Institut de développement agricole et l'Office des produits de la terre fonde la Sumerbank et l'Etibank, destinées à faciliter le développement des industries d'extraction et de production industrielle.

Celâl Bayar défendit et pratiqua l'étatisme, mais, à la différence d'Ismet Inönü, il y voyait une politique provisoire, adaptée aux nécessités particulières de la Turquie dans les années 1920 et surtout 1930[1].

Premier ministre puis présidence

À la suite de la démission d'İnönü de son poste, il fut nommé Premier ministre par Atatürk le . Il garda ce poste jusqu'à la mort d'Atatürk le , et décide de démissionner, mais à la demande du nouveau président İnönü, il constitue un nouveau cabinet jusqu'en . L'entente entre les deux homme, qui n'a jamais été très grande, ne dure pas. Celâl s'en va au bout de 2 mois et démi.

Il est élu député d'Izmir (1939-1943 et 1943-1946). A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la Turquie change de régime politique et passe du monopartisme au pluripartisme.

Le , il créa le Demokrat Parti (DP) avec 3 autres députes, Adnan Menderes, Refix Koraltan et Fuad Koprülü[2]. Ce parti est créé parce qu'ils avaient exprimé leur désaccord avec le Parti républicain du peuple. L'idéologie se veut libéral en martière économique, et ouvert au niveau des religions.

Aux élections de 1946, ils réussissent à avoir 61 députés, et grace à un campagne de propagande qui touche les milieux paysans et religieux, le DP remporté les élections législatives du de manière éclatante, avec 393 députés. Le 22 mai 1950, Bayar devint alors président de la République. Son mandat fut renouvelé en 1954 et 1957.

Sa politique libérale est immédiatement mise en application. Des avantages multiples sont accordés aux aggriculteurs, les sociétés étrangères sont invitées à investir en Turquie, les règles strictes de laïcités sont adoucies, au point qu'une réaction religieuse apparait.

Au niveau de la politique étrangère, Il est favorables à une intégration plus large dans l'Europe et le monde occidental. En Septembre 1951, la Turquie est admise dans l'OTAN grâce à lui.

La Turquie signe le pacte balkanique avec la Grèce et la Yougoslavie, pacte qui ne resistera pas à la crise de Chypre et au neutralisme de la Yougoslavie. En février 1955, La Turquie participe au pacte de Bagdad.

Mais le libéralisme de Adnan Menderes ne conduit pas aux résultats escomptés et sa mégalomanie le conduit à promulguer des lois anti-démocratiques pour conserver le pouvoir. Il sera ultérieurement reproché à Celâl Bayar de ne pas s'être opposé à la promulgation de ces lois, et d'être intervenu de facon partisane lors des campagnes électorales de 1954 et 1958.

Coup d'état et procès

Il fut renversé le par un coup d'État militaire mené par le général Cemal Gürsel et envoyé, le , avec Adnan Menderes et d'autres membres du gouvernement et de son parti devant une cour militaire sur la petite île de Yassıada dans la mer de Marmara.

Lui et 15 autres membres du parti furent accusés de violer la constitution et furent condamnés à mort, le , par la Haute cour de justice. Le gouvernement militaire confirma la peine pour Menderes et ses ministres Fatin Rüştü Zorlu et Hasan Polatkan, mais la peine de Bayar fut commuée en emprisonnement à vie en raison de son âge avancé. Bayar fut écroué, mais libéré le du fait de sa mauvaise santé. Il fut amnistié en 1966, mais il préféra rester en dehors de la vie politique, se consacrant à la rédaction de ses volumineuses mémoires.

Il mourut à l'âge de 103 ans et fut enterré dans son village natal, Umurbey, dans la province de Bursa. A sa mort, il était le seul président de Turquie à ne pas être issu de la classe militaire.

Ouvrages de Celâl Bayar

  • Ben de Yazdım Moi aussi j'ai écrit »), Istanbul, huit volumes, 1965-1972, rééd. 1997.

Distinctions

Notes

  1. (en) Dilek Barlas, Etatism and Diplomacy in Turkey. Economic and Foreign Strategies in an Uncertain World, 1929-1939, Leiden/New York/Köln, Éditions Brill, , 223 p. (ISBN 90-04-10855-6, lire en ligne), p. 67-69
  2. Bernard Lewis, Islam et Laïcité. L'émergence de la Turquie moderne, Paris, Fayard, 1988, pp. 267-269.

Liens externes

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