Ceija Stojka

Ceija Stojka, née le à Kraubath an der Mur (Autriche) et morte le à Vienne (Autriche), est une écrivaine et artiste peintre autrichienne d'origine rom, rescapée du génocide rom durant la Seconde Guerre mondiale[1],[2].

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Biographie

D'abord connue pour ses témoignages sur la déportation des roms et sinti d'Autriche, elle-même étant rescapée du camp de concentration d'Auschwitz, de Ravensbrück et de Bergen-Belsen, elle s'est lancée de manière discrète dans la peinture dans les années 1990. L'essentiel de son œuvre est découvert de manière posthume[3].

Ceija Stojka est née en Autriche en 1933, cinquième d'une fratrie de six enfants dans une famille de marchands de chevaux rom d'Europe Centrale, issue des Lovara. Sa famille est contrainte de se sédentariser à la suite de l'Anschluss en 1938. Déportée à l'âge de dix ans avec sa mère Sidonie et d'autres membres de sa famille, elle survit à trois camps de concentration, Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Après la capitulation de l'Allemagne, Ceija et sa mère rejoignent Vienne. Elle y vend des tapis et des tissus en porte-à-porte ou sur les marchés jusqu'en 1984. Elle a trois enfants.

C'est seulement quarante ans plus tard, en 1988, à l’âge de 55 ans, qu'elle ressent le besoin et la nécessité d'en parler ; elle se lance dans un important travail de mémoire et, bien que considérée comme analphabète, écrit plusieurs ouvrages poignants, dans un style poétique et très personnel, qui font d'elle la première femme rom rescapée des camps de la mort à témoigner de son expérience concentrationnaire, contre l'oubli et le déni, contre le racisme ambiant. 

Son témoignage ne s'arrête pas aux textes qu'elle publie (quatre livres entre 1988 et 2005), et qui très vite lui attribuent un rôle de militante, activiste pro-rom dans la société autrichienne. À partir des années 1990, elle se met à peindre et à dessiner, alors qu'elle est également autodidacte dans ce domaine. Elle s’y consacre dès lors corps et âme, jusqu’à peu de temps avant sa disparition en 2013.

Son œuvre peinte ou dessinée, réalisée en une vingtaine d'années entre 1988 et 2012, sur papier, carton fin ou toile, compte plus d'un millier de pièces. Ceija peignait tous les jours, dans son appartement de la Kaiserstrasse à Vienne.

On note deux axes dans son travail pictural :

  • la représentation, sans omettre les détails, des années terribles de guerre et de captivité endurées par sa famille et par son peuple. Près de 500 000 Roms ont été assassinés sous le régime nazi[4] ;
  • en parallèle, elle peint des paysages colorés idylliques, évocations des années d'avant-guerre, quand la famille Stojka, avec d'autres Roms, vivait heureuse et libre en roulotte dans la campagne autrichienne.

Publications

Écrits

  • Wir leben im Verborgenen. Erinnerungen einer Rom-Zigeunerin, 1988. Paru en français sous le titre Nous vivons cachés. Récits d’une Romni à travers le siècle, traduction Sabine Macher, Éditions Isabelle Sauvage, 2018.
  • Reisende auf dieser Welt, Picus Verlag, 1992.
  • Ceija Stojka : Bilder & Texte 1989-1995, Éd. Patricia Meier-Rogan, 1995.
  • Träume ich, dass ich lebe? Befreit aus Bergen-Belsen, Picus Verlag, 2005. Paru en français sous le titre Je rêve que je vis, traduction Sabine Macher, Éditions Isabelle Sauvage, 2016.
  • Auschwitz ist mein Mantel, éditions Exil, Vienne 2008. Paru en édition bilingue français/allemand sous le titre Auschwitz est mon manteau, et autres chants tsiganes, traduction François Mathieu, préface de Murielle Szac, éditions Bruno Doucey, 2018[5].
  • Le tournesol est la fleur du Rom, illustrations d'Olivia Paroldi, éditions Bruno Doucey, 2020

Peinture

  • Meine Wahl zu schreiben - ich kann es nicht (Ceija et Nuna Stojka), 2003.
  • Lith Bahlmann et Mathias Reichelt, Ceija Stojka : Sogar der Tod hat Angst vor Auschwitz, 2014.
  • TOT, Le Dernier Cri, 2017.
  • Ceija Stojka, collection Paroles d'artiste, Fage Éditions, 2017.

Musique

  • Me Diklem Suno, 2000. Albums de chants romani de dialecte lovari interprétés par Ceija Stojka.[6]

Exposition

En 2018, La Friche La belle de Mai-Marseille et La Maison rouge- Paris présentent[7] pour la première fois en France une exposition monographique de cette artiste. Les commissaires en sont Antoine de Galbert et Xavier Marchand. Un catalogue est édité à l'occasion de l’exposition[8].

Notes et références

  1. « À la rencontre de Ceija Stojka, écrivain, peintre », Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, (lire en ligne, consulté le )
  2. STANDARD Verlagsgesellschaft m.b.H., « Autorin und Malerin Ceija Stojka gestorben », derStandard.at, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Florence Aubenas, « Ceija Stojka : à la découverte d’une artiste rom et déportée », lemonde.fr, (consulté le ).
  4. Le nombre exact de victimes n’a jamais été déterminé.
  5. editions-brunodoucey.com.
  6. « Me Diklem Suno (Ich Hatte Eine...) », Amazon (consulté le )
  7. Du 23 février au 20 mai 2018.
  8. Ceija Stojka. Une artiste rom dans le siècle, Fage Éditions, 2018 (ISBN 978-2-84975-496-2).

Voir aussi

Bibliographie

  • Ceija Stojka. Une artiste rom dans le siècle, Fage Éditions, 2018 (ISBN 978-2-84975-496-2)
  • Ceija Stojka. Esta ha pasado, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, 2019 (ISBN 978-848026-606-2)
  • Ceija Stojka. The Paper is Patient, Paraguay Press, 2021 (ISBN 978-2-918252-70-2)

Filmographie

  • Mémoires tsiganes, l'autre génocide - Les Tsiganes dans l'Europe de la Seconde Guerre mondiale, documentaire écrit par Henriette Asséo et réalisé par Juliette Jourdan et Idit Bloch, Production Kuiv - Mémoire Magnétique Productions Ceija Stojka figure parmi les témoins du génocide présentés dans le film.

Liens externes


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