Cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Varsovie

La cathédrale Saint-Alexandre Nevsky (polonais : Sobór św. Aleksandra Newskiego, ) était une cathédrale russe orthodoxe située sur la place de Saxe[1] de Varsovierusse : Александро-Невский собор в Варшаве en Pologne, appartenant alors à l'Empire russe. Elle a été conçue par l'architecte Leon Benois et construite entre 1894 et 1912. Achevée, la cathédrale atteignait 70 m de haut, à l'époque le plus haut bâtiment de la ville.

Cette cathédrale ne doit pas être confondue avec une autre cathédrale de Varsovie.
 D’autres cathédrales portent le nom de cathédrale Saint-Alexandre-Nevski.

Cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Varsovie

La cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky peu après son inauguration en 1912.
Présentation
Culte Église orthodoxe russe
Type Cathédrale
Début de la construction 1894
Fin des travaux 1912
Architecte Leon Benois
Date de démolition 1924/1926
Géographie
Pays Pologne
Ville Varsovie
Coordonnées 52° 14′ 28″ nord, 21° 00′ 46″ est
Géolocalisation sur la carte : Pologne
Géolocalisation sur la carte : Varsovie

Moins de quinze ans après sa construction, la cathédrale est détruite par les autorités polonaises. Associée à la politique impérialiste russe, elle était perçue comme un symbole d'humiliation par les Polonais[2].

Contexte

Vue aérienne de la place de Saxe en 1919.
Intérieur de la cathédrale en 1915, après la retraite russe. La présence de chaises indiquent la conversion de la cathédrale en église luthérienne par l'armée allemande. En effet, dans une église orthodoxe, les croyants ne s'assoient pas.

À la suite des modifications territoriales décidées lors du Congrès de Vienne en 1815, Varsovie est rattachée à l'Empire russe. L'ancienne capitale polonaise devient alors un centre administratif majeur de l'Empire, et l'une de ses villes les plus importantes. Après l'échec des deux insurrections, Varsovie se voit imposer une importante garnison militaire par l'Empire. De nombreux officiels et soldats russes s'installent en ville, la plupart de confession orthodoxe.

En 1890, vingt églises orthodoxes existent à Varsovie, principalement pour les besoins des militaires[3]. Le projet de création d'une nouvelle cathédrale est exprimé dans une lettre par Iosif Gourko au tsar Alexandre III. Il y indique que les églises orthodoxes de Varsovie ne peuvent accueillir qu’un dixième des 42 000 résidents orthodoxes de la ville, et que la construction d'un nouveau lieu de culte est primordial.

Construction

Le 28 août 1893, un comité spécifique pour la construction d’une nouvelle cathédrale se réunit, dirigé par le gouverneur Gourko. Le comité sélectionne le projet de Léon Benois et la construction débute en 1894. Le site choisi pour la cathédrale est celui d’un monument érigé par les autorités russes à la mémoire des généraux polonais ayant refusé de trahir l'Empire lors de l’insurrection de Novembre[2].

Le tsar Alexandre III donne son accord pour la construction de la cathédrale le jour anniversaire du partage du pays, célébré comme étant le jour où la Pologne a rejoint la partie occidentale de l'Empire tsariste[2].

Une part importante des fonds nécessaires viennent des quatre coins de l’empire. Dans un appel aux Moscovites, la chancellerie de Gourko écrit "par sa présence...l'église orthodoxe russe déclare au monde que sur les terres occidentales le long de la Vistule, le règne orthodoxe a l'apparence d'une nouvelle église à Varsovie comme frontière et pilier de la Russie orthodoxe, et animera les espoirs des Slaves orthodoxes pour l'union sous la croix orthodoxe"[4].

Les autres fonds viennent d'impôts réclamés aux municipalités placées sous la juridiction de Iosif Gourko. Une grande partie des habitants catholiques se sentent contraints de participer, alimentant la controverse autour de la construction du bâtiment.

Le 9 novembre 1900, la construction de la cathédrale est presque achevée et la croix latine est placée sur la coupole principale. Le clocher de 70 m de haut fait de la cathédrale le plus haut bâtiment de Varsovie. Les douze années suivantes, Nikolay Pokrovsky travaille sur l’intérieur de la cathédrale. Les fresques sont peintes par Viktor Vasnetsov. La cathédrale fut décorée de seize mosaïques dessinées par Vasnetsov et Andrei.

Démolition

Pendant la Première Guerre mondiale, les Russes évacuent Varsovie en août 1915. La plupart des habitants russes et du clergé orthodoxe quittent alors la ville avec les troupes, ainsi qu'avec de nombreuses œuvres d’art de la cathédrale. Pendant l’occupation allemande de 1915 – 1918, la cathédrale est utilisée comme église de garnison et rebaptisée au nom de Saint-Henri..

En 1918, à la suite du recouvrement de l'indépendance de la Pologne, la cathédrale fait l'objet d’importants débats. Elle est perçue par les Varsoviens comme un symbole de la domination russe et est, par conséquent, très impopulaire. Le département des arts de l’université de Vilnius évalue par ailleurs sa valeur artistique comme minime[5].

Plusieurs propositions pour transformer la cathédrale orthodoxe en église catholique sont avancées. L’écrivain Stefan Żeromski a affirmé que l’emplacement était idéal pour le musée de martyrologie du peuple polonais. D’autres personnes ont avancé qu’une église construite aussi récemment présentait peu d’utilité, sachant qu’elle occupait un espace conséquent sur la plus grande place de Varsovie et que la plupart des croyants orthodoxes avaient quitté la ville.

Malgré quelques protestations, l’église est démolie entre 1924 et 1926, seules deux églises orthodoxes de la ville ne subiront pas le même sort. En plus du symbole politique et national que représente la destruction de la cathédrale, le premier magistrat de Varsovie distribue des bons pour « donner à chaque Polonais l’occasion d'y prendre part ». La valeur des bonds est assurée par la valeur des matériaux récupérés pendant la destruction[3].

Plusieurs tentatives de sauvetage de la cathédrale eurent cependant lieu, même pendant la démolition. Pendant l’été 1924, Wiaczesław Bogdanowicz, membre du Sénat et de confession orthodoxe a prononcé un discours passionné[6]. Cependant, les défenseurs de la cathédrale se comptaient sur les doigts d’une main.

Les partisans de son maintien étaient appelés les "cathédralistes", qualification condescendante, les accusant implicitement d'un manque de patriotisme. La démolition elle-même était complexe et a requis presque 15 000 explosions contrôlées. La plupart des morceaux de marbre, de grande qualité, ont été réutilisés pour de nombreux autres bâtiments de Varsovie. Les mosaïques ont été soigneusement assemblées et certaines d'entre elles emmenées à la cathédrale orthodoxe de Baranavitchy. Après de nombreuses année de stockage au musée national de Varsovie, d’autres fragments[7] ont été installés à la cathédrale Saint-Marie Madeleine dans la banlieue de Praga.

Notes et références

  1. Satellite photo of the place where the cathedral stood, from Google Maps
  2. « Sobór św. Aleksandra Newskiego na placu Saskim w Warszawie »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ) « https://web.archive.org/web/20070312074757/http://www.sztuka.net.pl/palio/html.run?_Instance=www.sztuka.net.pl&_PageID=445&newsId=1600&_CheckSum=910386614 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Paweł Giergoń
  3. (en) Richard S. Wortman, Scenarios of Power : Myth and Ceremony in Russian Monarchy. Volume Two : From Alexander II to the Abdication of Nicholas II, Princeton University Press, , 580 p. (ISBN 978-0-691-02947-4, lire en ligne), p. 254–255
  4. Quoted in Richard S. Wortman. Op. cit., p. 256.
  5. (en) « Archived copy » [archive du ] (consulté le )
  6. "Il suffit de venir sur la place de Saxe et de regarder les coupoles détruites d'une cathédrale à moitié démolie. Ne me dites pas, messieurs, qu'elle doit être détruite comme symbole d'oppression ! Je voudrais dire que, tant qu'elle est debout, elle est le plus beau symbole pour les générations futures, qu'elle permettra d'apprendre à respecter notre terre ; démolie, elle serait un symbole, un symbole honteux d'intolérance et de chauvinisme ! Nous devrions nous rappeler que cette cathédrale contient des oeuvres artistiques remarquables that had so much spiritual effort invested into them by the best sons of our neighboring people et que les créateurs de ces chefs-d'oeuvre n'avaient pas de projet politique. Le peuple polonais sait que, as well as the threatening significance of this action, ont déjà crée leur propre légende concernant la destruction de cette cathédrale… mais nos responsables politiques ne se soucient pas de ça. Cependant, des étrangers viennent - Américains, Britanniques — and gaze surprisingly, and take pictures and distribute these pictures all over the world, naturally with an opinion about the Polish culture and civilization..." Cited from Radonezh (above and (en) Aleksandr Malakhov, « Russians in interwar Poland »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  7. Fragments of the mosaics
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