Caserne des Tourelles

La caserne des Tourelles est une ancienne caserne militaire située 133-161 boulevard Mortier dans le 20e arrondissement de Paris, qui fut un camp d'internement pendant la Seconde Guerre mondiale, puis le siège, appelé officiellement Centre administratif des Tourelles (CAT), de la Direction générale de la Sécurité extérieure, le service de renseignement extérieur de la France. En 1997, la DGSE reçoit la caserne de l'autre côté du boulevard, la caserne Mortier, pour étendre son siège.

Caserne des Tourelles

Caserne des Tourelles en 2014, siège de la DGSE.

Construction 1878 - 1881
Coordonnées 48° 52′ 28″ nord, 2° 24′ 25″ est
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : France

Origine du nom

Sa dénomination vient de la rue des Tourelles.

Description

La caserne est composée de trois bâtiments. Elle est sise 133-161, boulevard Mortier - 30-42, rue des Tourelles.

Histoire

Construction

Plan de la caserne, Archives nationales.

La construction de la caserne des Tourelles a été décidée par la loi du , pour remplacer les casernes de la Courtille, de Popincourt et de Penthièvre, qui étaient délabrées.

Elle a été inaugurée le [1] pour accueillir trois bataillons du 104e régiment d'infanterie de ligne venant du Mans[2].

En 1910, la dégradation militaire de Georges Graby et Henri Michel, les meurtriers de Madame Goüin dans l'affaire du wagon sanglant, a lieu dans la cour de la caserne des Tourelles.

Seconde Guerre mondiale

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la caserne des Tourelles abrite des régiments d'infanterie coloniale.

Au début de l'Occupation, elle est partagée entre les autorités françaises et l'armée d'occupation, et sert à interner les « indésirables étrangers » (réfugiés, Juifs, apatrides...). En , elle devient, sur décision de la préfecture de police, un camp d'internement. Des Français y sont internés à partir de début , avec l'ouverture d'une section pour les communistes[3].

Un bâtiment est affecté aux hommes, un autre aux femmes, le troisième étant réservé d'abord au recrutement du travail en Allemagne, puis au service des œuvres pour les prisonniers de guerre (fin 1941).

Le camp des Tourelles est l'un des principaux lieux de détentions parisiens des femmes juives[4], le camp de Drancy étant réservé aux hommes jusqu'à la rafle du Vél'd'Hiv (mi-)[3].

Aux Tourelles, le , sont internées des personnes qui manifestent leur sympathie pour les Juifs. Les « Aryens » ainsi internés sont soumis au port de l'étoile jaune avec l'inscription « Amis des Juifs ».

En , un seul bâtiment est affecté à l'internement, visant non plus les Juifs (qui sont envoyés directement à Drancy), mais toujours les étrangers, comme les républicains espagnols, et des politiques, puis des réfractaires au STO. Le bâtiment central devient une annexe des prisons de Fresnes et de la Santé[3].

Le camp est libéré le . Près de 8 000 personnes y ont été enfermées entre et [3].

Après guerre

Après 1945, la caserne abrite le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) qui devient la direction générale de la Sécurité extérieure en 1982.

La DGSE y collecte des milliards de milliards de données provenant du renseignement d'origine électromagnétique, compressées et stockées sur trois niveaux de sous-sols de la caserne[5].

Elle reçoit le surnom de « la Piscine » du fait de la proximité de la piscine des Tourelles.

En 1997, la DGSE étend son siège grâce à la caserne Mortier, située de l'autre côté du boulevard, qui lui est affectée[6].

Littérature

Hommages

Plaque commémorative.

Le , à l'occasion du 77e anniversaire de la rafle du billet vert, la Ville de Paris a dévoilé une plaque commémorative à la mémoire des populations internées dans l'ancienne caserne des Tourelles entre 1940 et 1944. La plaque mémorielle est apposée au 163, boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement.

Notes et références

  1. Michel Dansel et Alexandra d'Arnoux, Paris 20, Paris, Jean-Claude Simoën, coll. « Histoire des arrondissements de Paris », , 213 p. (notice BnF no FRBNF34606161), p. 16.
  2. Henri Gourdon de Genouillac, Paris à travers les siècles : Histoire nationale de Paris et des Parisiens, depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, vol. 5, Paris, Roy, , p. 458 [lire en ligne].
  3. Louis Poulhès, « , ouverture du camp des Tourelles », L'Humanité Dimanche, no 689, 2-8 janvier 2020, p. 77-81.
  4. Siefridt 2009.
  5. Jacques Follorou et Franck Johannès, « Révélations sur le Big Brother français », Le Monde, .
  6. Projet d'extension des locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), senat.fr

Pour approfondir

Bibliographie

  • Henry Bulawko, « Les premiers internements juifs à la caserne des Tourelles », Le Monde juif, no 97, , p. 36–37 (lire en ligne).
  • Louis Poulhès, Un camp d'internement en plein Paris : les Tourelles, Neuilly-sur-Seine, Atlande, coll. « Témoignage », , 307 p. (ISBN 978-2-35030-569-1).
  • Françoise Siefridt (préf. Jacques Duquesne, postface Cédric Gruat), J'ai voulu porter l'étoile jaune : Journal de Françoise Siefridt, chrétienne et résistante, Paris, Robert Laffont, , 212 p. (ISBN 978-2-221-11348-6).
  • Yvette Sémard (préf. Gilles Perrault), En souvenir de l'avenir. Au jour le jour dans les camps de Vichy 1942-1944. La Petite Roquette, les camps des Tourelles, d'Aincourt, de Gaillon, de La Lande et de Mérignac, Montreuil, L'Arbre verdoyant, , 197 p. (ISBN 2-86718-023-3 (édité erroné)).
  • France Hamelin, Femmes dans la nuit : L'internement à la Petite Roquette et au camp des Tourelles, 1939-1944, Paris, Renaudot, , 387 p. (ISBN 2-87742-003-5).

Liens internes

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