Cascabela thevetia

Cascabela thevetia est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Apocynaceae, sous-famille des Rauvolfioideae, originaire d'Amérique tropicale. C'est un arbuste ou un petit arbre tropical à feuilles persistantes, souvent cultivée comme plante ornementale. Cette plante est toxique dans toutes ses parties, particulièrement les graines et le latex, du fait de la présence de toxines de la famille des cardénolides.

Cascabela thevetia
Spécimen en fleurs à Hawaï.
Classification selon Tropicos
Règne Plantae
Classe Equisetopsida
Sous-classe Magnoliidae
Super-ordre Asteranae
Ordre Gentianales
Famille Apocynaceae
Sous-famille Rauvolfioideae
Tribu Plumerieae
Sous-tribu Thevetiinae
Genre Cascabela

Espèce

Cascabela thevetia
(L.) Lippold, 1980[1]

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

Dénominations

Étymologie

« Cascabel », « cascavel » ou « cascabela » est le mot espagnol pour "petite cloche", "hochet de serpent" ou même "serpent à sonnette"[2]. L'allusion peut aussi être directement liée à la toxicité de la plante, comparable au venin d'un serpent à sonnette. Le nom spécifique « thevetia » commémore André Thevet (1516-1590), un prêtre et explorateur franciscain français, qui a exploré le Brésil (où la plante est connue sous le nom de "chapéu-de-napoleão" («  chapeau de Napoléon »).

Noms vernaculaires

Un grand nombre de noms vernaculaires sont ou ont été donnés à la plante : ahouaï, arbre à lait, bois à lait, laurier jaune, laurier-rose jaune, laurier jaune des Indes, laurier à fleurs jaunes, noyer de serpent[3], chapeau de Napoléon[4],[5].

Taxinomie

L'espèce a été décrite en premier par Linné sous le nom de Cerbera thevetia et publiée en 1753 dans son Species plantarum 1: 209[6]. En 1980, dans un travail de redéfinition de la circonscription des genres proches, Cerbera, Thevetia et Cascabela, le botaniste allemand Hans Lippold a reclassé cette espèce dans le genre Cascabela sous le nom de Cascabela thevetia. Cependant la définition de ce genre reste controversée, certains auteurs considérant Cascabela comme un synonyme de Thevetia[7].

Synonymes

Selon BioLib (4 novembre 2020)[8] :

  • Cascabela peruviana (Pers.) Raf.[1]
  • Cascabela thevetia (L.) Lippoid
  • Cerbera linearifolia Stokes[1]
  • Cerbera peruviana Pers.[1]
  • Cerbera thevetia L. (basionyme)
  • Thevetia linearis Raf.[1]
  • Thevetia neriifolia A. L. Juss. ex Steudel
  • Thevetia neriifolia Juss. ex A.DC.[1]
  • Thevetia nerriifolia
  • Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum. (préféré par BioLib)
  • Thevetia thevetia (L.) H.Karst.[1]

Description

Thévétia du Pérou fleurs et bourgeons

Cascabela thevetia est un arbre ou un arbuste pouvant atteindre 2 à 8 mètres de haut. Les feuilles, pétiolées, ont un limbe lancéolé à elliptique de 8 à 16 cm de long sur 0,5 à 1,4 cm de large. De consistance membraneuse, glabres, elles présentent une nervation secondaire discrète[3].

L'inflorescence regroupe de 6 à 8 fleurs. Celles-ci présentent des sépales glabres, ovales à lancéolés de 0,5 à 1,3 cm de long, une corolle jaune ou orange formant un tube de 1,2 à 1,7 cm de long sur 3 à 5 mm de diamètre, pubescent à l'intérieur, avec des lobes oblongs de 2,5 à 3,5 cm de long[3].

Le fruit est une drupe de 2,5 à 3,5 cm de long sur 2,1 à 4,5 cm de diamètre, parfois lenticellée. Les graines, gris clair, lenticulaires, mesurent environ 1 à 2 cm de long[3].

Composition

Le laurier jaune contient plusieurs glycosides cardiotoniques du groupe des cardénolides, dont les suivants : thévétine A, thévétine B (cerbéroside), nériifoline, péruvoside (cannogénine-thévioside), thévétoxine, ruvoside (cannogénol-thévioside), cerbérine (2’-O-acétylnériifoline) et acide péruvosidique (pérusitine). Le plus important est la thévétine, constituée d'un mélange de cerbéroside (thévétine B) et de thévétine A dans la proportion 2/1[5].

Les graines et la sève contiennent notamment de la nériifoline et les thévétines A et B, qui sont hautement toxiques pour le système nerveux autonome (SNA) et le muscle cardiaque[9].

Constituants chimiques[10]
Glycoside Aglycone Sucres
Thévétine A Cannogénine L-thévétose + 2 mol. D-glucose
Thévétine B (cérbéroside) Digitoxigénine L-thévétose + 2 mol. D-glucose
Péruvoside Cannogénol L-thévétose
Nériifoline Digitoxigénine L-thévétose
Thévénérine Cannogénol L-thévétose
Acide péruvosidique Acide cannogénique L-thévétose

On a isolé de cette plante, outre les glycosides cardiaques, des iridoïdes, terpénoïdes, alcaloïdes, flavonoïdes, saponines et tanins[11].

Toxicité

Thevetia peruviana - Muséum de Toulouse
Fruits.

Cascabela thevetia contient dans tous ses organes des composés toxiques, concentrés surtout dans les noyaux des graines, puis dans les feuilles, les fruits et la sève. Ces composés chimiques sont des hétérosides cardiotoniques, principalement la thévétine A et la thévétine B, des péruvosides, ainsi que la thévétoxine, la nériifoline et des ruvosides[12]. Le principal signe est la survenue d'une bradycardie (cœur lent) par bloc sino-atrial ou atrio-ventriculaire. Les formes graves comportent des troubles du rythme ventriculaire[13], une baisse de la tension artérielle[14].

Le traitement comporte la prise de charbon activé. En cas d'intoxication grave, l'administration d'anticorps ani-digoxine est efficace[15].

Distribution et habitat

L'aire de répartition originelle de Cascabela thevetia s'étend dans les régions tropicales d'Amérique, du nord du Mexique au nord-est de l'Argentine. L'espèce a été introduite dans d'autres régions tropicales : sous-continent indien, Chine (Fujian, Guangdong, Guangxi, Hainan, Taïwan, Yunnan[16]), Afrique (Sénégal, Tchad), Antilles, Fidji[17].

Cascabela thevetia croît dans des zones chaudes, avec des températures comprises entre 17 et 37 °C et à des altitudes allant de 50 à 200 mètres. La plante préfère les sols fertiles et bien drainés, mais peut pousser sur des sols variés, du limon sableux aux sols argileux. Elle est tolérante à la sécheresse et moyennement tolérant au sel[3].

L'espèce se rencontre dans les sites perturbés ouverts, le long des cours d'eau, des bords de routes, dans les terrains vagues, dans les bois ouverts, broussailles, vieux jardins, pâturages et dans les zones côtières. L'espèce est également cultivée comme plante ornementale dans les parcs et jardins[3].

Notes et références

  1. The Plant List, consulté le 4 novembre 2020
  2. (en) Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Plant Names : Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology, CRC Press, , 728 p. (ISBN 978-0-8493-2673-8, lire en ligne)
  3. (en) « Thevetia peruviana (exile tree) », sur Invasive Species Compendium (ISC), CABI, (consulté le )
  4. « Laurier jaune, beau mais dangereux », sur Tahiti Heritage (consulté le )
  5. (en) Schmelzer, G.H., « Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum. », sur PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), (consulté le )
  6. (en) « Cascabela thevetia (L.) Lippold, Feddes Repert. 91: 52 (1980) », sur International Plant Names Index (IPNI) (consulté le ).
  7. (en) Leonardo O. Alvarado-Cardenas & José Carmen Soto Núñez, « A new species of Cascabela (Apocynaceae; Rauvolfioideae, Plumerieae) from Michoacán, Mexico », Phytotaxa, vol. 177, no 3, , p. 163–170 (DOI 10.11646/phytotaxa.177.3.4, lire en ligne).
  8. BioLib, consulté le 4 novembre 2020
  9. (en) Amrita Prasad, Krishnaveni K., Neha K.A., Neethu T.D., Shanmugasundaram R., Sambathkumar R., « A review on management of common oleander and yellow oleander poisonning », World Journal of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences (WJPPS), vol. 5, no 12, , p. 493-503 (lire en ligne).
  10. (en) Singh Kishan, Agrawal Krishn Kumar, Mishra Vimlesh, Uddin Sheik Mubeen, Shukla Alok, « A review on : Thevetia peruviana », International Research Journal of Pharmacy (IRJP), vol. 3, no 4, (lire en ligne).
  11. (en) José Luis Balderas-López, Simone Barbonetti, Erika Lizbeth Pineda-Rosas, José Carlos Tavares-Carvalho, Andrés Navarrete, « Cardiac glycosides from Cascabela thevetioides by HPLC-MS analysis », Revista Brasileira de Farmacognosia, vol. 29, no 4 Curitiba, (DOI 10.1016/j.bjp.2019.04.008, lire en ligne).
  12. Cécile Creyx, « Intoxications aux plantes digitaliques-like pouvant être traitées par anticorps anti-digitaliques, illustrées de cas issus du centre anti-poison de Touluse (thèse) », Faculté des Sciences Pharmaceutiques, Toulouse III, .
  13. Eddleston M, Ariaratnam CA, Sjöström L et al. Acute yellow oleander (Thevetia peruviana) poisoning: cardiac arrhythmias, electrolyte disturbances, and serum cardiac glycoside concentrations on presentation to hospital, Heart, 2000; 83:301–306
  14. Anandhi D, Pandit VR, Kadhiravan T et al. Cardiac arrhythmias, electrolyte abnormalities and serum cardiac glycoside concentrations in yellow oleander (Cascabela thevetia) poisoning - a prospective study, Clin Toxicol (Phila), 2019;57:104–111
  15. Bandara V, Weinstein SA, White J, Eddleston M, A review of the natural history, toxinology, diagnosis and clinical management of Nerium oleander (common oleander) and Thevetia peruviana (yellow oleander) poisoning, Toxicon, 2010;56:273–281.
  16. (en) « 2. Thevetia peruviana (Persoon) K. Schumann in Engler & Prantl, Nat. Pflanzenfam. 4(2): 159. 1895 », sur Flora of China (consulté le ).
  17. (en) « Cascabela thevetia (L.) Lippold. », sur Plants of the World Online (POWO) (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

Références taxinomiques

Autres

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