Capital risque

Le capital-risque ( "Venture Capital" en anglais) , est une branche du capital-investissement,  spécialisée dans le financement de jeunes entreprises innovantes ("start-ups") avec haut potentiel de croissance. Ces entreprises naissantes présentent toutefois toujours un risque important de défaillance (demande insuffisante, technologie inadaptée, manque de trésorerie, etc.), risque que des financeurs acceptent de supporter, en échange d’un espoir de haute rentabilité.

Typiquement, la start-up aura démontré une adéquation produit-marché au potentiel très important. La firme se situe désormais à une étape où elle nécessiterait des fonds importants pour accélérer son développement. Parmi différentes options de financement, elle pourrait rechercher le soutient d’un capital-risqueur ("Venture Capitalist" en anglais), financeur expert de ce genre de situation couplant haut-risque et haute rentabilité attendue.

Après analyse et négociation, le capital-risqueur intervient sous forme d’un apport monétaire en échange d’une participation minoritaire au capital de l’entreprise. Il a pour seul objectif l’augmentation de la valeur de sa participation, et obtenir une plus-value lors de sa cession à un tiers dans un horizon de 5 à 10 ans.

Compte tenu du risque, le métier de Venture Capitalist (VC) requiert une gestion spécialisée, s’équipant d’outils juridiques, de techniques financières et d’une large expérience de terrain. En particulier, le capital-risqueur se structure en tant que gestionnaire de fonds d’investissements. Ces fonds sont établis pour une durée limitée, et permettent de rassembler les capitaux de partenaires financiers, en limitant notamment leur responsabilité. Tous s’accordent ensuite sur une politique d’investissement et de rémunération. De ce fait, il existe une grande variété de capital-risqueurs avec chacun des objectifs propres.    

L’exigence de rendement du capital-risqueur incite à une gestion très dynamique de la société investie, nécessitant une totale adhésion de l’équipe dirigeante sur les objectifs élevés de rentabilité à atteindre. Dans ce cadre, le VC mettra à disposition en plus de ses capitaux, son réseau et son expérience. Par ailleurs, un ensemble de sociétés sont exclues, par nature, de ce mode de financement, car ne présentant pas un potentiel de retour sur investissement suffisant.


À la fin 2015, en comptant les dix années précédentes, les 196 fonds de capital risque français ont dégagé une plus-value annuelle moyenne nette de 2,6 %[1].

Terminologie

Le terme « risque » n'a pas toujours d'équivalent dans les autres pays, où l'on emploie souvent venture capital (abrégé en VC). On note tout de même l'allemand « risikokapital », l'espagnol « capital riesgo » le portugais « capital de risco ». Au Canada, on utilise l'expression « capital de risque » plutôt que « capital-risque ».

Des professionnels français ont souvent cherché d'autres termes, plus proches de l'expression américaine : « capital aventure », « capital croissance », « capital innovation ».

Histoire

Le capital risque a longtemps existé sous des formes diverses : monarques, investisseurs, riches industriels ont financé de nombreux projets à l'issue incertaine. C'est après la seconde guerre mondiale, que le capital risque s'est formalisé comme une industrie à part entière. Les débuts sont attribués à Georges Doriot, un Français émigré aux États-Unis, professeur à Harvard et fondateur de l'INSEAD[2].[source insuffisante]

L'activité a connu sa plus forte période de croissance au cours des années 1990 aux États-Unis, grâce au succès de la bourse de croissance, le Nasdaq américain, lorsqu'il a bénéficié de la préférence boursière pour les jeunes sociétés, qui a offert des capitalisations boursières sans équivalent dans l'histoire à de nombreux sites Internet (AOL, Amazon, Yahoo et EBay), mais aussi des nouvelles sociétés de biotechnologies (Amgen, Genentech, Decode Genetics, 23andMe, Genset, et Transgene). Il a ainsi financé pour 11,8 milliards de dollars, soit 44 % de plus que le record atteint en 1995, la moitié des 692 introductions en Bourse réalisées aux États-Unis en 1996.

En France, après un pic en 2008, suivi d'un creux en 2012, l'activité est à la hausse avec 758 millions d'euros investis dans 499 sociétés en 2015[3]. Aux États-Unis, ce sont près de 60 milliards de dollars qui ont été investis en 2015 dans plus de 5 000 sociétés[4].

Impératifs d'investissement

Un fonds de capital risque doit investir dans des sociétés offrant une espérance de rentabilité élevée et donc des perspectives de croissance forte. Son portefeuille se compose de projets qui échouent ainsi que de projets qui réussissent et doivent compenser les pertes réalisées sur les premiers. C'est par la revente des sociétés financées (appelées en France sociétés affiliées) à d'autres sociétés ou par leur introduction en bourse, par exemple sur Alternext, ou l'Eurolist à Paris que les fonds réalisent leurs plus-values.

La sélection[5] des projets (financer les meilleurs et écarter ceux aux perspectives moins prometteuses) est essentielle dans ce secteur d'activité. Cette étape passe inévitablement par l'analyse du plan de développement de l'entreprise (business plan) et du modèle d'entreprise (business model). Les investisseurs sont souvent prêts à partager les caractéristiques qu'ils utilisent pour évaluer des projets financiers[6].

Les investisseurs apportent souvent plus que du capital et un véritable accompagnement des entrepreneurs qu'ils financent[7].

La définition française du capital risque inclut parfois à tort les LBO (leveraged buy out), qui sont des opérations très différentes de rachat avec effet de levier (autrement dit avec une forte part d'endettement par rapport à la mise en capitaux propres).[C'est-à-dire ?] La lisière avec le capital développement (investissements minoritaires au capital de PME) est plus floue.[C'est-à-dire ?] Ce dernier relève d'entreprises ayant déjà atteint un point d'équilibre mais nécessitant d'accélérer encore leur croissance.

Le capital risque se distingue par une plus forte composante technologique et une plus grande capacité à financer les pertes initiales pour favoriser le développement d'une technologie. Ses domaines de prédilection ont été, jusqu'à présent, les technologies de l'information et de la communication (TIC) et les biotechnologies. Depuis quelques années (2004 en Californie, 2007 en France), les capital-risqueurs s'ouvrent de plus en plus aux technologies du développement durable (Cleantech ou Greentech), en misant notamment sur les énergies renouvelables.

Acteurs

Une soixantaine de sociétés d'investissement sont actives en France[8]. La plupart se sont créées à partir de 1997, sous l'effet conjoint de la création de fonds communs de placement à l'innovation (FCPI) et de l'engouement pour les startups Internet. On peut les classer en quatre familles.

Sociétés historiques

Le plus ancien capital-risqueur français est Sopromec Participation - créé en 1964.[réf. nécessaire] En 1972, Sofinnova Partners fut créé, c'est le plus actif, avec 134 millions d'euros investis en 2007. Un petit peloton peut également se vanter de compter parmi les pionniers : Innovacom (spécialisé dans les fonds corporate technologiques), Iris Capital (l'ancien Part'Com de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui a changé de nom en devenant indépendante) et Partech International (à l'origine la contraction de « Paribas Technologie » mais depuis longtemps sans relation avec la banque). De tous ces fonds, Partech International est le seul à s'être véritablement internationalisé avec des bureaux dans la Silicon Valley (Sofinnova Partners a aussi une entité aux États-Unis mais les deux entités sont largement indépendantes).

Investisseurs internationaux actifs en France

Avec 31,5 millions d'euros investis en 2007, le britannique 3i Group Plc est le capital-risqueur non français le plus présent dans l'Hexagone.[réf. nécessaire] Les principaux VCs européens sont toutefois tous directement présents, comme le flamand Gimv (nl), ou susceptibles d'investir dans des entreprises françaises: on peut par exemple citer Atlas Venture et Intel Capital. Les capital-risqueurs américains les plus notables, comme Sequoia Capital ou Benchmark, n'ont pas investi récemment sur le Vieux Continent.

Capital-risqueurs créés à partir de 1996 : le plus important est CDC Innovation, en train de négocier son indépendance[Quand ?] avec la Caisse des Dépôts et Consignations. De nombreuses autres sociétés se sont créées, certaines affiliées à des groupes comme Ventech (intégrée à Natixis Private Equity) et le plus souvent indépendantes comme Newfund.

Sociétés créées à l'occasion du lancement des FCPI

On retrouve ici les départements et filiales de capital risque de la plupart des grandes banques françaises : BNP Paribas (BNP PE), Viveris Management (ancienne filiale de Caisse d'épargne), Omnes capital, Crédit mutuel (CM-CIC Capital Privé), Seventure Partners, filiale de Natixis, la Banque de financement, d'investissement et de services du groupe BPCE (Banque populaire et Caisse d'épargne)… On trouve, de même, de grandes compagnies d'assurance comme Axa. De grands réseaux sont en effet nécessaires pour commercialiser ces produits d'épargne défiscalisés. De nombreuses sociétés indépendantes se sont cependant créées, s'appuyant sur des banques privées ou des conseillers en gestion de patrimoine. Parmi celles-ci, on peut citer Idinvest Partners, l'ancienne équipe de Private Equity du groupe Allianz qui a pris son indépendance en 2010, et est devenu avec plus de 4 milliards d'actifs sous gestion un des leaders du financement de PME, et est classé parmi les acteurs les plus actifs du marché par Chausson Finance depuis plus de 5 années de suite.[réf. nécessaire]. Citons aussi La Banque Postale, qui confie la plupart des FCPI qu'elle lève à une société reliée à La Poste, XAnge Private Equity.

Autres sociétés

Un nouveau type d'acteurs de micro-capital-risque se développe également depuis la crise financière de 2008 et le durcissement de l'accès aux crédit bancaires. Ces acteurs concentrent leurs actions sur des investissements minoritaires de petite taille, généralement inférieurs à 50 000 euros. Ce type de financement, similaire à l'action des business angels, s'illustre dans le capital risque de proximité, essentiellement organisé par régions (Alsace Création, IDF Capital, Midi-Pyrénées Création…) et est aujourd'hui complété par une offre professionnelle et présente sur l'ensemble du territoire français.

Notes et références

  1. illisite, « Performance - AFIC | Association Française des Investisseurs pour la Croissance », sur www.afic.asso.fr (consulté le )
  2. (en) Spencer E. Ante, Creative Capital - George Doriot and the Birth of Venture Capital, Boston, Harvard Business Press, (ISBN 978-1-4221-0122-3).
  3. illisite, « Activité - AFIC | Association Française des Investisseurs pour la Croissance », sur www.afic.asso.fr (consulté le )
  4. (en-US) « $58.8 Billion in Venture Capital Invested Across U.S. in 2015, According to the MoneyTree Report - NVCA », sur NVCA (consulté le )
  5. « Cinq phrases à éviter pour convaincre un investisseur », sur Les Echos Business, (consulté le )
  6. Que cherchent les investisseurs dans une jeune entreprise RFID ?, Radio RFID
  7. « Accompagner les startups (vraiment) technologiques - Les Echos », sur www.lesechos.fr (consulté le )
  8. « L'annuaire des fonds d'investissement et du capital-risque - JDN Web & Tech », sur www.journaldunet.com (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Gladstone David, Gladstone Laura,Venture Capital Handbook: An Entrepreneur's Guide to Raising Venture Capital, FT Press, 2001, Modèle:ISBN-10: 0-13-065493-0
  • Quiry P., Le Fur Y. , Finance d'Entreprise, le Vernimmen,17e éd., Paris : Dalloz, DL 2018, (ISBN 978-2-247-17825-4)
  • Dubocage E., Rivaud-Danset D., 2006, Le Capital-risque, n°445, La Découverte
  • Hervé Lebret, Start-Up : ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley CreateSpace 2007, (ISBN 1-4348-1733-4)
  • Vanina Paoli-Gagin et Véronique de Lalande, Le Capital-Risque, Acteurs, Pratiques et Outils, 2e éd., Gualino 2003
  • François-Denis Poitrinal, Guide juridique et fiscal du capital-investissement, Revue Banque édition, (ISBN 978-2-86325-406-6)
  • Christophe Bavière et Benoist Grossmann, Tribulations financières au pays des entrepreneurs, éditions du Cherche Midi, (ISBN 978-2-7491-4869-4)

Presse professionnelle

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