Caodaïsme

Le caodaïsme est une religion syncrétiste fondée en 1921 et instituée en 1925 en Cochinchine (sud du Viêt Nam actuel) par Ngô Van Chiêu, fonctionnaire vietnamien, qui disait être entré en contact, lors d'une séance de spiritisme, avec un « esprit »[1]. Cet esprit se donna d'abord pour nom « AĂ », les trois premières lettres de l'alphabet vietnamien, puis « Cao Dai Tien Ong » (Cao Dai signifie « Être suprême ») et ordonna à Ngô Van Chiêu de créer le caodaïsme. Ngô Van Chiêu souhaitant se concentrer sur une vie spirituelle plutôt que sur des activités politiques, le premier « pape » du caodaïsme fut Lê Văn Trung. Cette religion fut reconnue en 1926 par les autorités coloniales de l'Indochine française et regrouperait au début du XXIe siècle plus de cinq millions d'adeptes[2].

Temple Cao Dai au Viet Nam

Historique

Temple caodaïste de Tây Ninh.

De nombreuses religions se fixent comme but, parmi d'autres, l'amélioration de l'être humain. C'est aussi l'objectif du caodaïsme, mais la pratique change suivant la culture et l'environnement. Le caodaïsme s'appuie principalement sur trois religions qui ont imprégné l'Asie orientale qui sont le confucianisme (comportement moral dans la vie en société), le taoïsme (recherche de la plénitude et de la sérénité par le détachement et par un certain comportement intérieur et extérieur) et le bouddhisme (qui donne une réponse à la question de l'existence et du devenir de l'homme). Mais il s'inspire aussi fortement du christianisme : la statue de Jésus est d'ailleurs représentée dans le « Grand Temple » de Tây Ninh et la structure du clergé est calquée sur le modèle de l'Église catholique. Ce temple est soutenu par dix-huit piliers-dragons qui sont un chef-d'œuvre de l'architecture éclectique de la période coloniale. Le caodaïsme était assez populaire dans certaines[Lesquelles ?] troupes coloniales.

Le siège de cette religion s'est installé à Tây Ninh, puis la religion s'est scindée en plusieurs branches du fait de la volonté de la branche de Tây Ninh de s'impliquer dans la politique du pays (création d'une armée, d'un parti politique). Elle s'est rangée du côté du Sud-Viêtnam et des Américains pendant la guerre.

Guides spirituels

Trois saints caodaïstes (Sun Yat-Sen, Victor Hugo et Nguyên Binh Khiêm) signant un accord entre Dieu et l'humanité.

Le caodaïsme possède la notion de guide spirituel, dont il puise les figures dans toutes les cultures. Voisinent ainsi dans son panthéon Moïse, Jésus, Mahomet, William Shakespeare, Louis Pasteur, Sun Yat-sen et Lénine[3],[4]. Jeanne d'Arc[3] est particulièrement vénérée pour avoir guidé la réception de la foi et promu l'égalité des sexes par l'intermédiaire de séances de spiritisme[5]. Victor Hugo[3] est probablement le personnage européen qui tient le plus grand rôle dans le caodaïsme, qui en a tiré de nombreux enseignements ainsi que le texte de plusieurs prières importantes. Lui-même a pratiqué le spiritisme à Jersey de 1852 à 1855 et prédit qu'il deviendrait le prophète d'une nouvelle religion, faite selon Patrick Boivin d'un « christianisme élargi par la métempsycose »[6], ce que Hoskins traduit en un courant religieux où fusionneraient les mysticismes européens et asiatiques[7].

Études

L'histoire et la philosophie du caodaïsme ont été écrites par un Français, Gabriel Gobron, dit « Frère Gago » qui est l'auteur d'un livre sur le sujet paru après sa mort en .

Issu d'une thèse soutenue le , l'ouvrage de Jérémy Jammes[8], docteur en ethnologie (Paris X-Nanterre) est le fruit d'une quinzaine d'années d'études de terrain.

Dans la littérature

Le caodaïsme est présent en toile de fond dans le roman de Graham Greene : Un Américain bien tranquille paru en 1955, adapté par deux fois au cinéma : par Joseph Mankiewicz en 1958 et par Christopher Hampton en 2002.

Le roman Le Mal Jaune de Jean Lartéguy (Presses de la Cité 1962) contient une note historique sur le commencement du caodaïsme (p. 208-209) et une note sur celui du Hòa Hảo (p. 214-215).

Le caodaïsme (caricaturé) est au centre de la série télévisée française Tang, réalisée par André Michel sur un scénario de Jacques Armand, et diffusée sur la deuxième chaîne de l'ORTF à partir de juin 1971.

Notes et références

  1. La tradition religieuse, spirituelle et sociale au Vietnam par Joseph Huy Lai Nguyen, éditions Beauchesne.
  2. Collectif, Guide Le Petit Futé Viêt Nam, édition 2008 pp. 79-80.
  3. (en-US) Patricia Ward Biederman, « Cao Dai Fuses Great Faiths of the World », Los Angeles Times, (ISSN 0458-3035, lire en ligne, consulté le ).
  4. Hoskins 2015, p. 83-85.
  5. Hoskins 2015, p. 10, 16-17, 83-85, 135, 241.
  6. Victor Hugo et Patrick Boivin (dir.), Le livre des Tables : Les séances spirites de Jersey, Gallimard, coll. « Folio Classique », , 768 p. (ISBN 978-2-07-249270-9, lire en ligne).
  7. Hoskins 2015, p. 99-110.
  8. Jammes, Jérémy., Les oracles du Cao Dài : étude d'un mouvement religieux vietnamien et ses réseaux, Paris, les Indes savantes, 613 p. (ISBN 978-2-84654-351-4, OCLC 880935340, lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

  • Collectif, « Le caodaïsme », in: Sciences et voyages, no 61,
  • Gabriel Gobron, Histoire et philosophie du caodaïsme, Dervy, Paris, 1949
  • Phap-Chanh-Truyen, La construction religieuse du caodaïsme, Dervy, Paris, 1953
  • Philippe de Baleine, Une étrange religion, in Paris-Match, 1953
  • Guy Breton et Louis Pauwels, Victor Hugo devenu Dieu in Histoires magiques de l'histoire de France - Etranges faits divers, Robert Laffont, 1982 p. 181-195 (ISBN 2221503554)
  • Erik Orsenna, L'exposition coloniale, Points, 2014, p. 607 et suivantes (ISBN 978-2-7578-4127-3)
  • (en) Janet Alison Hoskins, The Divine Eye and the Diaspora : Vietnamese Syncretism Becomes Transpacific Caodaism, Honolulu, Presses de l'université d'Hawaï, (ISBN 978-0-8248-5140-8)

Liens externes

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