Camps d'Aurigny

Les camps d'Aurigny désignent quatre camps de travail, dont deux de concentration, qui ont été mis en place par l'Allemagne nazie à la suite de l'Occupation des îles Anglo-Normandes. Les camps s'appelaient Borkum, Helgoland, Norderney et Sylt, du nom des îles de la Frise.

Plaque commémorative.

À l'origine les quatre camps sont des camps de travail, destinés à construire le mur de l'Atlantique. Les camps sont construits au début de l'année 1942, des prisonniers politiques allemands et des Juifs doivent travailler aux ports et à construire une route. Les premiers Russes arrivent en juin/juillet de la même année, certains sont des volontaires, d'autres des prisonniers de guerre, d'autres encore ont été recrutés par la propagande. À la fin de l'année 1942, une organisation d'aide aux prisonniers dirigée par des Russes blancs est présente sur l'île et tente de convaincre les prisonniers de se battre pour l'armée allemande[1].

À la suite d'un rapport sur la mort de malnutrition d'un prisonnier russe à Helgoland, la Wehrmacht inspecte les camps de Heligoland et Norderney à fin 1942/début 1943. 68 prisonniers sont envoyés à Cherbourg pour des traitements médicaux en décembre 1942. En mai et juin 1943, la commission médicale conclut que sur 16 000 hommes envoyés sur Aurigny, seuls 800 sont encore vivants. les survivants sont envoyés à Cherbourg pour être soignés ou se voir donner des tâches moins difficiles[1].

En mars 1943 le camp Sylt devient un camp de concentration. Il est alors largement étendu, avec l'ajout de tours de garde et de clôtures[2],[3]. Le camp de Norderney devient également un camp de concentration, destiné aux Juifs[4]. Tous deux dépendent de celui de Neuengamme[5].

Les prisonniers y travaillent douze à treize heures par jour, en présence de nombreux rats[6].

La plupart des prisonniers étaient originaires d'Europe de l'Est : Pologne, Russie ou Ukraine, mais il y avait également des Juifs français[3]. Le reste était constitué de Nord-africains, d'Indochinois, de prisonniers politiques allemands et de Républicains espagnols[7]. Les Juifs envoyés à Aurigny étaient ceux dont la femme était considérée comme « aryenne », c'est-à-dire dont les quatre grand-parents n'étaient pas Juifs. Considérés comme non déportables à l'Est, ils sont envoyés depuis le camp de Drancy vers Cherbourg le , puis vers Aurigny en deux voyages, le et [4].

À la fin de la guerre, les SS ont détruit la majeure partie des camps pour couvrir leurs traces[5].

Les responsables du camp de Norderney, Adler et Evens sont jugés en France en pour les mauvais traitements et les travaux exigés de prisonniers. Ils sont condamnés à dix et sept ans de prison[1].

Le bilan estimé après-guerre est de 400 morts sur les 3000 prisonniers qui y ont travaillé, mais des travaux de John Weigold et Richard Kemp conduisent à un bilan d'au moins 40 000 victimes[7].

Mémoire

Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'armée britannique enquête sur les camps en partie démolis, mais par la suite l'existence de ces camps est peu évoquée[3]. La présence de camps de concentration nazis sur des terres britanniques est longtemps restée un tabou[5].

Une plaque commémorative a été installée à Sylt en 2008[3].

Un documentaire, L'île Adolf, est tourné en 2011 par Patrick Viret[6].

En 2020, l'archéologue Caroline Sturdy Colls publie le résultat de dix ans de recherches, menées notamment grâce au LIDAR, qui permettent de reconstituer le fonctionnement du camp Sylt[3].

Voir aussi

Notes et références

  1. (en) Marcus Roberts, « Alderney Holocaust and Slave Labour Trail », sur jtrails.org, (consulté le ).
  2. Sacha Martinez, « On en sait plus sur le seul camp de concentration nazi de Grande-Bretagne », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  3. Megan Gannon, « Un camp de concentration nazi redécouvert dans les Îles Anglo-Normandes », sur nationalgeographic.fr, (consulté le ).
  4. David Trat, « Sur Aurigny-Alderney (Îles Anglo-Normandes) », Revue d’Histoire de la Shoah, no 170, , p. 205-210 (lire en ligne).
  5. ROBERT PHILPOT, « La cruauté d’un camp SS sur le sol britannique », Times of Israel, (consulté le ).
  6. Marie-Françoise Masson, « En mémoire des camps d’Aurigny », sur la-croix.com, (consulté le ).
  7. Robert Philpot, « Il y a bien eu des camps nazis au Royaume-Uni, affirment des chercheurs », sur fr.timesofisrael.com, (consulté le ).
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