Camp de concentration de Montreuil-Bellay

Du au , la France fit du site de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani ». A l'origine il y a le décret-loi du qui interdit la circulation des nomades sur le territoire français pendant toute la durée de la guerre car suspectés d'être ou devenir des espions[1].

Camp de concentration de Montreuil-Bellay

Vestiges d’un baraquement du camp.
Présentation
Type Camp de concentration
Superficie 5 ha
Gestion
Utilisation originelle poudrerie
Date de création
Créé par Régime de Vichy
Géré par Gendarmerie française
Date de fermeture
Fermé par Gouvernement provisoire de la République française
Victimes
Type de détenus Roms, Clochards
Nombre de détenus 3 000
Géographie
Pays France
Région Maine-et-Loire
Localité Montreuil-Bellay
Coordonnées 47° 06′ 54″ nord, 0° 07′ 27″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Maine-et-Loire

Protection  Inscrit MH (2010)
 Classé MH (2012, 2013)

Localisation et choix du site

Poudrière française située en Maine-et-Loire à une quinzaine de kilomètres de Saumur, transformée en stalag par les Allemands le , ce terrain de 5 hectares fut ensuite transformé par le régime de Vichy en un « camp de concentration à vocation régionale » spécifique pour les roms[2]. En effet, les Allemands réorganisent les camps pour éviter la cohabitation dans un même lieu d'internés d'origines différentes (Tsiganes et Juifs par exemple) et aussi pour réduire les effectifs de garde[3]. Le , le "camp de concentration de nomades de Montreuil-Bellay" est officiellement créé pour accueillir les 258 internés du camp de la Morellerie (Indre-et-Loire) qui a été fermé à la demande des autorités allemandes. Le , ce sont les 213 internés du camp de Coray (Finistère) qui sont transférés à Montreuil[3].

Camp de concentration pour nomades

Tampon du « camp de concentration de nomades » de Montreuil-Bellay, 23 janvier 1943

Les premiers roms raflés arrivent au camp le . Les derniers le quittent en pour le camp de Jargeau et le camp des Alliers[4] d'où ils ne sont libérés qu'en [5]. Des clochards de Nantes sont également internés en 1942. 3 000 personnes passèrent par ce camp qui compta jusqu'à 1 096 internés en [5].

Le , les derniers nomades sont transférés vers le Camp des Alliers (50 personnes[4]) à Angoulême et vers le camp de Jargeau (285 personnes)[6].

Camp d'internement de civils allemands

Après le transfert des « nomades », en , le camp sert à l'internement de civils allemands[6].

Mémoire

En , les ruines de ce camp ont été inscrites monument historique afin d'empêcher leur disparition totale et d'en faire un lieu de mémoire[7]. L'ensemble du site a été classé par arrêté du [8],[9]. Une autre parcelle est également classée par arrêté du [9].

En , un projet de valorisation des lieux en mémorial a été annoncé par la préfète Béatrice Abollivier[10].

Le , une cérémonie d'hommage national des 70 ans de la fermeture des derniers camps français d'internement de nomades est tenue et une stèle commémorative est inaugurée en présence du président de la république François Hollande, lequel reconnaît à cette occasion la responsabilité de la France dans ces internements[11].

Notes et références

  1. les tsiganes sous l'occupation l'enquête sur www.lexpress.fr (consulté le 2 novembre 2018)
  2. Camp d'Internement pour les Tsiganes, Montreuil-Bellay sur le site Chemins de mémoire
  3. Marie-Christine Hubert, Une mémoire française, l'internement des nomades en France 1940-1946, dihal - Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement, , 23 p., p. 10
  4. Marie-Christine Hubert, Une mémoire française, l'internement des nomades en France 1940 - 1946, dihal - Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement, , 23 p., p. 11
  5. Élodie Berthaud, « Montreuil-Bellay: ce camp où Vichy a interné les Tsiganes », Mediapart, (lire en ligne)
  6. Jacques Sigot, « Les Camps 14 août 2009, www.memoires-tsiganes1939-1946.fr, (version courte de l'article original paru dans la revue Études tsiganes no 2/1995, vol. 6), p. 27
  7. « Un ancien camp de tziganes inscrit comme monument historique », L'Express.fr, (lire en ligne)
  8. Source : Liste des immeubles protégés au titre des monuments historiques en 2012.
  9. « Ancien camp d'internement de tsiganes », notice no PA49000079, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. « Montreuil-Bellay. L'ancien camp de Tsiganes aura bientôt son mémorial », sur Ouest-France (ouest-france.fr), .
  11. « La France admet sa responsabilité dans l’internement de Tsiganes de 1940 à 1946 », sur Le Monde (lemonde.fr), .

Annexes

Bibliographie

  • Sylvain Brient Jargeau, « camp d’internement de Tsiganes et autres parias », Orléans.mag, no 35, . Consultable en ligne : [Lien 1] [Lien 2]
  • Denis Peschanski, La France des camps - L'internement (1938-1946), Gallimard, 2002
  • Jacques Sigot, Des barbelés que découvre l'Histoire : Un camp pour les Tsiganes… et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1946, Wallada, coll. « Cages (L'enfermement social) », , 4e éd., 416 p. (ISBN 978-2-904201-58-5)
  • Kkrist Mirror (préf. Serge Klarsfeld, postface Francis Groux), Tsiganes 1940-1945 le camp de concentration de Montreuil-Bellay, Paris, E. Proust éditions, coll. « Atmosphères », , 96 p. (ISBN 978-2-84810-184-2, OCLC 494414881)
  • Donald Kenrick et Grattan Puxton (trad. Jean Sendy), Destins gitans : des origines à la solution finale, Paris, Gallimard, coll. « Tel, » (no 254), , 289 p. (ISBN 978-2-07-073550-1, OCLC 33157720)

Articles connexes

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