Camille du Gast

Marie Marthe Camille Desinge du Gast, épouse Crespin, née le et morte le à Paris, dite « l'Amazone aux yeux verts », ou « la Walkyrie de la Mécanique », est une sportwoman et aventurière française du début du XXe siècle : première pilote automobile, pionnière en la matière, pilote de canot à moteur, excellant également au tir au pistolet, à la carabine, en ski et dans la pratique du toboggan. Elle fut notamment entraîneur de chevaux. Elle dirigera aussi plusieurs expéditions scientifiques au Maroc et sera durant plusieurs années, et jusqu'à sa mort, présidente de la société protectrice des animaux (SPA).

Biographie

Camille du Gast est issue d'une riche famille bourgeoise propriétaire d'une manufacture de vêtements pour hommes, et qui possède plusieurs terrains et immeubles dans Paris. En 1888, elle rencontre Jules Crespin, fils de Jacques François Crespin, créateur du grand magasin "Le palais de la nouveauté", connu ensuite sous le nom de Grands Magasins Dufayel[1]. Ils vivent en union libre et ont une fille, Diane, puis se marient en 1894. Elle est veuve en 1895.

Musicienne (elle participe à des concerts comme pianiste), chanteuse, férue de sports, aéronaute participant à quelques démonstrations vers 1895 (Aéroclub féminin la Stella), elle est une des premières femmes en France à oser sauter en parachute (aux « balbutiements » de cette discipline alors que Jeanne Labrosse et Élisa Garnerin furent les premières femmes à sauter en parachute), ainsi que la première avec la duchesse d'Uzès à obtenir l'équivalent du permis de conduire d'alors, en 1897.

En 1895, elle fait plusieurs excursions en ballon avec Louis Capazza, aéronaute semi-professionnel, et saute ainsi dans le vide d'une hauteur de 610 mètres. En 1901, elle possède deux véhicules en son nom propre, une Peugeot et une Panhard et Levassor.

Sport automobile

Camille du Gast au Paris-Berlin 1901 sur Panhard & Levassor.
Camille du Gast au Maroc en 1909.

Elle devient la première française à participer à une course automobile, le Paris-Berlin de 1901 (terminant trente-troisième, sur Panhard-Levassor 20CV), et la seconde au monde à participer à une compétition mécanique (après la baronne Hélène de Zuylen, la troisième étant vraisemblablement la championne britannique Dorothy Levitt). Son intérêt provient de sa vision du départ de la Coupe Gordon Bennett en 1900 (de Paris à Lyon).

En 1902, elle participe à la course Paris-Vienne. La même année, elle est au centre de l'affaire judiciaire dite de « La femme au masque » (confondue de façon malintentionnée avec le modèle du peintre Henri Gervex en 1885 pour le tableau du même nom, l'affaire ayant un retentissement international, jusqu'en Australie (dans la West Gippsland Gazette) et en Nouvelle-Zélande).

En 1903, un temps huitième avec sa de Dietrich, elle se classe finalement soixante-dix-septième au Paris-Madrid après s'être arrêtée pour porter secours à un concurrent accidenté, (vainqueur le Français Fernand Gabriel sur une Mors Z). La compétition est stoppée prématurément à Bordeaux à cause de trop nombreux accidents de course. Par la suite, le constructeur Benz lui propose de courir sous ses couleurs dans la Coupe automobile Gordon Bennett en 1904, mais le gouvernement français le lui interdit, de même qu'il interdit à toute femme de participer à des compétitions automobiles.

Elle fait partie du cercle restreint des pilotes de course, et est officiellement la seule femme de l'époque licenciée à l'Automobile Club de France (ACF)[2]. Lorsque le , l'ACF décide d'exclure les femmes, elle réagit dans une lettre au journal l'Auto pour protester contre cette mise à l'écart : "Ai-je écrasé quelqu'un ? Ai-je commis une incorrection pendant le parcours ? Quelqu'un a-t-il élevé la moindre critique contre ma façon de conduire ? Pas le moins du monde". Henri Desgrange, directeur du journal et porte-parole de l'ACF, précise que l'éviction ne vise pas Camille du Gast, mais reste ferme sur l'exclusion des femmes afin "d'éviter la présence d'autres femmes, mois expérimentées, moins adroites et moins prudentes qu'elle"[2].

Sports nautiques

Elle se tourne alors vers les courses de canots automobiles. En , elle pilote le Marsouin à propulsion Darracq sur la Seine à Juvisy-sur-Orge.

En , elle est sur La Turquoise, bateau construit par « Tellier fils & Gérard » à propulsion Panhard de 150CV, en course au meeting de Monaco, devenant la seconde femme à participer à une compétition de motonautisme.

En mai 1905, elle remporte (officiellement deux mois après la fin de l'épreuve) la course nautique de 500 milles Alger-Toulon (compétition à laquelle participent également le Duc Decazes et Paul Chauchard), avec son Camille, embarcation de 13 mètres pour 43 tonneaux, coque propulsée par un moteur C.G.V de 90 CV, à l'arrière d'une coque parisienne Pitre. À la suite de cet exploit, hommage lui est rendu en baptisant également Camille l'embarcation de Émile Thubron (aussi à coque Pitre), unique champion olympique de motonautisme, pour la France en 1908 à Londres grâce à elle. Deux mois après (malgré son naufrage en rade de Toulon) elle participe à la course « Brighton Speed Trials ».

À compter de 1910, son mode de vie, tant sportive que mondaine, change volontairement de façon radicale[précision nécessaire] à la suite d'un violent choc émotionnel.

Elle devient vice-présidente de la Ligue française du droit des femmes après la Première Guerre mondiale.

En 1927, elle modernise et agrandit le refuge animalier de Gennevilliers, avec ses propres fonds, alors qu'elle préside la Société protectrice des animaux (ce jusqu'à sa mort). Elle organise des manifestations retentissantes contre les corridas dans la capitale en 1930.

Elle s'occupe également d'œuvres caritatives durant la Seconde Guerre mondiale à Paris, pour orphelins et filles-mères.

Elle est enterrée auprès de son époux dans le caveau de la famille Crespin au cimetière du Père-Lachaise , à Paris.

Écrits

  • « Ma course Paris-Madrid », La Vie au grand air, , p. 358 et 360
  • « À deux doigts de la mort », Je sais tout, (à propos de sa course nautique Alger-Toulon)
  • « Pourquoi je suis allée au Maroc », La Vie heureuse,
  • Ce que m'a dit le Rogui (le prétendant au trône du Maroc), dans Je sais tout en 1909 (à la suite d'un séjour marocain à dos de cheval ; elle retourna au Maroc en mission officielle en 1910 pour le ministère des affaires étrangères, alors qu'elle avait déjà antérieurement participé à la conférence d'Algésiras en 1906 et pour celui de l'agriculture en 1912)
  • Plusieurs autres chroniques dans La Vie heureuse (actuellement publié sous le nom de Femina), sur sa vie « d'exploratrice »
  • Préface à l'ouvrage Contes pour mon chien de Gustave Dumaine, publié en 1933.

Bibliographie

  • « Mme du Gast au Maroc », La Vie Heureuse,
  • (en) « Mme Camille du Gast to visit United States », L'Abeille de la Nouvelle-Orléans,
  • (en) Jean-François Bouzanquet, Fast Ladies : Female Racing Drivers 1888-1970, Dorchester (Angleterre), Veloce Publishing,
  • Elisabeth Jaeger-Wolff, La dernière amazone : Biographie romancée de Camille Crespin du Gast (1868-1942), éditions du Batsberg, (présentation en ligne)

Notes et références

  1. Bard, Christine (1965-....). et Chaperon, Sylvie (1961-....)., Dictionnaire des féministes : France, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, PUF, 1700 p. (ISBN 978-2-13-078720-4 et 2130787207, OCLC 972902161, lire en ligne)
  2. Alexandre Buisseret, « Les femmes et l'automobile a la Belle Epoque », Le Mouvement social, no 192, , p. 41 (DOI 10.2307/3779746, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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