Camille Gutton

Camille Gutton est un physicien français, né le à Nancy et mort le à Saint-Nom-la-Bretèche (Yvelines). Il consacra toute sa vie à la science, alors nouvelle, de la radioélectricité et compta, dans la période 1920-1940, parmi la quinzaine de personnes qui constituèrent le « groupe central » de la Physique française.

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Formation

Après des études au Lycée de Nancy, Camille Gutton reçu en 1892 à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm où il est particulièrement distingué par ses aînés Perrin et Langevin. Agrégé de physique en 1896, il soutient sa thèse de Doctorat en 1899 à la Faculté des Sciences de Paris.

Carrière professionnelle et travaux scientifiques

Travaux scientifiques

Trois parties distinctes correspondent à trois périodes de sa vie.

Nancy, de 1896 à 1914

Dès 1896, Camille Gutton entre au Laboratoire du Professeur Blondlot où il exécute d’importantes et minutieuses expériences sur la propagation des ondes hertziennes et sur l’application de ces propriétés à la résolution de problèmes d’intérêt purement scientifique  dont les résultats firent l’objet de sa thèse de Doctorat intitulée «  Recherches expérimentales sur le passage des ondes électriques d’un conducteur à l’autre » et qu’il mettra fort à profit au cours de sa carrière.

Nommé à la chaire de Physique, il est Maître de Conférence à la Faculté des Sciences de Nancy en 1902 et enseigne également à l’Institut d’Electrotechnique récemment créé qui l’oriente vers les applications et lui fait acquérir à côté des qualités d’un savant celles aussi d’un ingénieur. De 1909 à 1914, il reprend ses travaux de laboratoire et fait notamment la comparaison directe de la vitesse de la lumière et des ondes hertziennes utilisant à cet effet la biréfringence des cellules de Kerr.

 1914 à 1919

Mobilisé à 42 ans comme simple « sapeur mineur » à Toul où, heureusement, il est découvert quelques mois plus tard, ès qualités « physicien »… Dès 1915, le Général Ferrié le fait venir à Paris et affecter à l’établissement Central de la Télégraphie Militaire qu’il dirige et le charge de d’étudier les possibilités de la lampe à trois électrodes. Très rapidement, Camille Gutton conçoit et met au point des postes émetteurs récepteurs utilisables aux armées pour les transmissions terrestres et les liaisons aériennes. On lui doit ainsi d’avoir pu établir en 1917 ce, pour la première fois dans le monde, des liaisons téléphoniques entre deux avions et entre un avion et le sol.

La réussite de ces transmissions déclencha le lancement en série dans l’industrie du matériel expérimental. Camille Gutton fut chargé de suivre ce lancement et accomplit  ainsi un travail d’ingénieur en contact direct avec les ateliers de fabrication. Ces postes furent immédiatement adoptés par les armées alliées, Anglaises et Américaines.

À cette époque, Camille Gutton donne également des cours aux officiers des armées Alliées chargés des transmissions. Ces cours prononcés devant l’élite mondiale des radiotélégraphistes contribuèrent grandement à sa réputation et furent publiés après la guerre et avec les remaniements nécessaires dans un livre sous le titre « Télégraphie et Téléphonie sans fil » qui eut un très grand succès.

Cette période est marquée par la très grande amitié qui le lia au Général Ferrié et développa une collaboration féconde de deux savants dont les qualités se complétaient heureusement.

 1919 à 1938

Démobilisé, Camille Gutton reprend ses fonctions à la Faculté des Sciences de Nancy qui devint  l’un des centres mondiaux d’étude et de recherche sur toutes les applications des ondes hertziennes et devient avec Pierret, alors assistant à la Faculté des Sciences de Nancy, le précurseur de « la course vers les hyperfréquences » assurant la voie aux extraordinaires réalisations qu’accomplit, dans les décennies suivantes, la technique des hyperfréquences…

En 1930, Camille Gutton, rappelé par le Général Ferrié, quitte Nancy pour prendre la direction du Laboratoire  National de Radioélectricité, organisme, dès lors civil et rattaché au Ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones, qui se substitue à l’Etablissement Central de la Téléphonie Militaire.

Dans le nouveau genre de travail que Camille Gutton accomplit à cette époque, les méthodes précises de mesure jouaient un grand rôle : il met au point celles des fréquences, des inductances des capacités et des résistances. Il perfectionne aussi la vérification des récepteurs, l’étude des parasites, des tubes électroniques, l’essai des isolants à hautes fréquences…et dirige en outre d’autres recherches  parmi lesquelles les plus importantes sont celles qui se rapportent à la propagation des ondes hertziennes dans les hautes couches de l’atmosphère…

Durant cette période, Camille Gutton, devenu grand spécialiste des lampes triodes et des communications radioélectriques, assure également sur ces sujets d’importants enseignements à l’Ecole supérieure d’Electricité, à l’Ecole Supérieure des PTT et à l’Ecole Supérieure d’Aéronautique.

Les ondes "ultra courtes"

Camille Gutton et son élève et assistant E. Pierret entreprennent également en 1927 des études et expérimentations sur les conditions de propagation d’ondes totalement inusitées qualifiées d’ « ultra courtes », c’est-à-dire le domaine encore largement inconnu des ondes décimétriques dont ils purent au moins en déduire qu’un obstacle recevant de telles ondes en réfléchissait une part suffisante pour que sa présence puisse être détectée ! Ces observations seraient sans doute restées inexploitées si Henri Gutton, le fils de Camille et physicien comme son père, ne les avait pas gardées en mémoire. Il les fit valoir plus tard.

En 1933, Henri Gutton, Directeur du Département de Recherche Physique de la CSF, faisant référence aux observations de son père à la Faculté de Nancy, propose à Maurice Ponte, Directeur des Recherches Générales de la CSF, d’entreprendre des expériences  nouvelles et originales de réflexion en ondes « ultra courtes » dans le but d’évaluer la faisabilité d’un système de « détection des obstacles », soit le futur « radar »…

Maurice Ponte approuvant ce projet en confie le programme de travaux à Henri Gutton. Six ans plus tard, en mars 1939, les résultats des recherches d’Henri Gutton, qui donnent alors lieu à une journée officielle de démonstration sont un succès complet concrétisé, notamment, par les deux innovations majeures de l’introduction, dans l’émetteur, du magnétron M-16 et le fonctionnement en impulsions.

Ces avancées déterminantes, communiquées aux Alliés anglo-américains en mai 1940, sont immédiatement adoptés par eux, leur conférant très vite une supériorité incontestable sur l’adversaire dans les airs, sur terre et sur mer.

Enseignement

Camille Gutton a été professeur à l’École supérieure des postes et télégraphes, et à l’École d’aéronautique, directeur du laboratoire national de radioélectricité.

Son fils Henri

Une expérience réalisée en 1927 avec un certain Pierret est à l'origine de l'introduction quelques années plus tard des radars au laboratoire général de la Compagnie générale de la télégraphie sans fil dans lequel travaillait son fils Henri[1] qui sera plus tard également un grand scientifique français, lauréat en 1950 de la médaille Blondel décernée par la Société de l'électricité, de l'électronique et des technologies de l'information et de la communication[2]

Distinctions

  • L’Académie des Sciences attribue à Camille Gutton : en 1918, le Prix Henri Becquerel ; en 1922 le Prix Kastner-Boursault.
  • En 1928, « Correspondant de l’Institut ». Section de Physique et «  Correspondant de la Société Royale de Bohème ».
  • En 1932, Membre du Conseil de l’Observatoire de Paris.
  • En 1933, « Correspondant du Bureau des Longitudes ».
  • En 1937, « Membre de l’Académie des Sciences ».
  • Camille Gutton était Commandeur de la Légion d’Honneur.

Principaux ouvrages

  • Génératrices de courant et moteurs électriques. Dunod, éditeur
  •  Télégraphie et Téléphonie sans fil. Armand Colin, éditeur
  •   La lampe à trois électrodes. Presses universitaires, éditeur
  •   Traité de Radioélectricité Générale. Baillière, éditeur
  •   Leçons de Radioélectricité. Eyrolles, éditeur
  •   Les lignes téléphoniques. Mémorial des Sciences Physiques, Gauthier Villars,éditeur

Sources consultées

  • Louis de Broglie (Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences) : Notice sur la vie et l’œuvre de Camille Gutton (13 décembre 1965).
  • Notice sur les travaux scientifiques de Camille Gutton (Etienne Chiron Editeur), 1934.
  • Jubilé Scientifique de Camille Gutton célébré dans la Salle des Congrès du Ministère des P.T.T. (10 juin 1944).
  • Notice nécrologique sur Camille Gutton par Maurice Ponte (Séance du 28 octobre 1963).
  • Le Radar, 1904-2004, (histoire d’un siècle d’innovations techniques et opérationnelles) par Yves Blanchard (THALES – Ellipses).

Notes et références

Liens externes

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