Cameroun méridional

Le Cameroun méridional, en anglais Southern Cameroons, est la région anglophone du Cameroun.

Carte du Cameroun avec le Cameroun méridional en bleu.

C'est la partie méridionale de l'ancien Cameroun britannique, un territoire qui fut sous Mandat de la Société des Nations administré par le Royaume-Uni. Il est divisé en deux régions administratives distinctes : la région du Nord-Ouest et la région du Sud-Ouest.

Histoire

Rattachement à la République du Cameroun et division administrative

En 1961, 70,5 % des électeurs du Cameroun méridional optent par référendum pour le rattachement à la « République du Cameroun » (ancien Cameroun français) nouvellement indépendante, au sein d'une république fédérale qui créée le (le Cameroun méridional devient alors le « Cameroun occidental » par opposition à l'ancien Cameroun français qui devient « Cameroun oriental »). Dès lors le territoire est subdivisé en deux régions : celle du Nord-Ouest et celle du Sud-Ouest. En 1972, le fédéralisme est supprimé, et le Cameroun méridional est alors divisé en deux régions administratives distinctes : la région du Nord-Ouest et la région du Sud-Ouest.

Conflit séparatiste

Depuis 1994, des groupes de pression dans le territoire du Cameroun méridional tentent d'obtenir l'indépendance du territoire et de faire sécession du Cameroun. En , la « République d'Ambazonie » a été déclarée par le Southern Cameroons Peoples Organisation (SCAPO).

À partir de 2017, la population anglophone manifeste contre les discriminations dont elle se dit victime.

Le , Sisiku Ayuk déclare symboliquement l'indépendance de la république d'Ambazonie, déclenchant une répression par les forces de l'ordre se soldant par des morts, des blessés, des émeutes, barricades, manifestations, couvre-feu, etc[1]. En , le Nigéria compte entre 7 000 et 30 000 réfugiés liés au conflit et à la répression à la suite de cette déclaration d'indépendance[2].

Le , des membres du gouvernement intérimaire d'Ambazonia, dont le président Sisiku Julius Ayuk Tabe , ont été arrêtés au Nigéria et déportés au Cameroun. Ils ont ensuite été arrêtés et ont passé 10 mois dans un quartier général de gendarmerie avant d’être transférés dans une prison à sécurité maximale de Yaoundé. Un procès a débuté en .

Le , il a été annoncé que M. Samuel Ikome Sako deviendrait le président par intérim de la République fédérale d'Ambazonia, succédant temporairement à Tabé. Sa présidence a vu l'escalade de la guerre et son extension à tout le sud du Cameroun. Le , Ikome Sako a déclaré que 2019 verrait le passage d'une guerre défensive à une guerre offensive et que les séparatistes s'efforceraient d'obtenir une indépendance de facto sur le terrain.

Le au matin le tribunal militaire de Yaoundé condamne Julius Ayuk Tabe et neuf autres de ses partisans à la réclusion criminelle à vie[3].

Les élections législatives et municipales du 9 février 2020 entraînent un regain de violence dans les régions anglophones du Cameroun, autour de la tentative d'indépendance de l'Ambazonie. Les groupes séparatistes promettent des représailles à ceux qui iraient voter, en réaction le gouvernement central du Cameroun augmente ses effectifs militaires dans la zone[4]. Dans les deux semaines précédant les élections, selon Human Rights Watch, les rebelles séparatistes enlèvent plus d'une centaine de personnes dans les deux régions anglophones, tandis que les forces de sécurité commettent de nombreux abus de pouvoir[4]. Le 7 février 2020, c'est depuis sa cellule à la prison centrale de Yaoundé que Sisiku Julius Ayuk Tabe, président du gouvernement intérimaire d’Ambazonia, a déclaré, qu’ils sont plus que jamais engagés dans une indépendance totale ou une résistance à jamais.[5]. Le jour du scrutin, les rebelles séparatistes empêchent l'accès aux urnes[4]. Si le taux de participation aux élections a été faible dans tout le Cameroun, y compris en zone francophone, le taux de participation dans les régions Sud-Ouest et Nord-Ouest a été probablement encore plus faible, à cause des menaces, des violences et des blocages des urnes, bien que le gouvernement central camerounais n'ait pas communiqué officiellement le taux de participation, ni les résultats de ces régions[4].

Les violences se poursuivent après les élections. Ainsi, le 16 février 2020, 22 civils dont 14 enfants et 1 femme enceinte sont massacrés à Ntumbo, un village du Nord-Ouest[4]. l'opposition camerounaise (surtout le Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et les ONG locales accusent l'Armée et le gouvernement francophone d'avoir perpétré le massacre, dans un contexte de répression de la tentative de sécession de l'Ambazonie[4].

Le 21 avril 2020, le régime camerounais admet sa responsabilité, expliquant que l'Armée et un groupe d'autodéfense allié avaient attaqué des indépendantistes, tuant 5 d'entre-eux, puis s'étaient rendus compte que leur assaut avait également tué accidentellement les femmes et les enfants, et avaient alors décidé de déclencher l'incendie pour tenter de masquer leurs faits[6].

Le 2 juillet 2020, Déjà très impliquée lors de la tenue des assises du Grand dialogue national, l'Église catholique a de nouveau joué les facilitateurs lors de la récente prise de contact entre les séparatistes anglophones emprisonnés à Yaoundé et des émissaires du gouvernement. C'est d'ailleurs au centre épiscopal de Mvolyé, dans la capitale camerounaise, que cette rencontre s'est tenue. Pour l'occasion, Julius Ayuk Tabé, le président autoproclamé de l'Ambazonie et quelques-uns de ses partisans avaient été spécialement extraits de leurs cellules pour entamer des discussions avec les autorités du gouvernement. Entre eux, un témoin privilégié : Monseigneur Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda. Cette nouvelle implication de l'Église catholique pour tenter de rapprocher les parties en conflit de la crise dans les régions anglophones a été plutôt bien perçue par nombre d'observateurs, alors que jusqu'ici une sorte de crise de confiance semble installée de part et d'autre entre protagonistes. D'autant que dix mois après la tenue du Grand dialogue national, les résolutions qui en avaient été issues tardent à être mises en application. Notamment le statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest[7].

Le 20 août 2020, Le procès en appel du leader séparatiste anglophone Sisiku Ayuk Tabe et de ses neuf co-accusés a été une nouvelle fois reporté. Une partie des magistrats affectés à ce dossier ayant été récemment mutés, la cause a été renvoyée au 17 septembre 2020[8].

Le 17 septembre 2020, Une Cour d’appel camerounaise a confirmé, la condamnation à la prison à vie prononcée en 2018 contre Sisiku Ayuk Tabe. Sisiku Ayuk Tabe avait été jugé coupable de « sécession » et « terrorisme », en lien avec le conflit dans les régions anglophones du Cameroun. Il s’était autoproclamé président de l’Ambazonie, nom donné par les indépendantistes anglophones à l’ancien Cameroun méridional, non reconnu internationalement. Lors de l’audience la Cour d’appel a estimé que le tribunal militaire qui avait condamné Sisiku Ayuk Tabe et ses coaccusés le 20 août 2019 a bien dit le droit. Elle a donc confirmé la prison à vie pour les accusés, assortie d’une amende de 250 milliards de francs CFA.[9].

Dans les deux régions à majorité anglophones du Cameroun, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, des indépendantistes s’opposent violemment à l’armée depuis 2017 et les deux camps sont régulièrement accusés d’exactions contre des civils par des ONG. Au moins 3 000 personnes ont perdu la vie et plus de 700 000 autres ont dû fuir leur domicile, selon les Nations unies.[4].

Notes et références

  1. « Le Cameroun anglophone, en ébullition, compte ses morts », Le Monde,
  2. Joan Tilouine, « Patrick, Camerounais anglophone réfugié au Nigeria : “Plus que jamais, je suis ambazonien !” », sur Le Monde Afrique,
  3. « Cameroun: le dirigeant des séparatistes anglophones Julius Ayuk Tabe condamné à la prison à vie (avocats) », sur RFI, (consulté le )
  4. « Un village du Cameroun anglophone cible d'une attaque armée, 14 enfants tués », sur france24.com, (consulté le )
  5. « Sisiku Ayuk Tabe, leader de l’Ambazonia emprisonné : « nous restons engagés pour l’indépendance totale ou la résistance pour toujours » », sur Actu Cameroun, (consulté le )
  6. « Le Cameroun admet l'implication de militaires dans le meurtre de 13 civils », sur france24.com, (consulté le )
  7. « Cameroun: l'Église s'active pour un dialogue entre le gouvernement et les séparatistes », sur rfi.fr, (consulté le )
  8. « Cameroun: le procès du leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabe encore reporté », sur rfi, (consulté le )
  9. « Cameroun : Prison à vie confirmée pour le leader séparatiste de l’Ambazonie », sur Sahel Intelligence, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • (en) Martin Ayong Ayim, Former British Southern Cameroons Journey Towards Complete Decolonization, Independence, and Sovereignty.: A Comprehensive Compilation of Efforts, vol. 1, AuthorHouse, 2010, 816 p. (ISBN 9781434365200)
  • (en) Victor Julius Ngoh, Southern Cameroons, 1922-1961: A Constitutional History, Ashgate, Aldershot, Hampshire, England ; Burlington, Vt., 2001, 201 p. (ISBN 0-7546-1401-8)

Articles connexes

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