Calendrier liturgique romain

Le calendrier liturgique du rite romain de l'Église catholique indique les dates des fêtes liturgiques des catholiques : ses fêtes fixes et mobiles . Les fêtes fixes sont liées à des dates déterminées du calendrier grégorien (du pape Grégoire XIII), qui mesure l'année tropique. Les mobiles dépendent de la date de Pâques, fixée selon le comput ecclésiastique au premier dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps. Les temps liturgiques dépendent de ces fêtes mobiles.

« Année liturgique » redirige ici. Pour les autres significations, voir Année liturgique (homonymie).

Selon ce calendrier, le premier dimanche de l'Avent marque le premier jour de l'année liturgique, c'est-à-dire l'année qui « invite les chrétiens à accueillir Dieu dans leur vie et à rester tendus vers la venue du Royaume »[1]. À l'intérieur de ce cycle, Pâques marque alors le commencement de la vie éternelle, c'est-à-dire l'année qui symbolise l'éternité ; « rendant périmée toute notre vie antérieure, le Christ nous donne le commencement d'une autre vie par le bain de la nouvelle naissance, à la ressemblance de sa mort et de sa résurrection »[2].

Ce calendrier a beaucoup évolué durant les siècles de christianisme, s'enrichissant de nouvelles fêtes et solennités, jusqu'à une certaine lourdeur. Le concile de Trente, puis le concile Vatican II, ont chacun mené une réforme du calendrier, dans un but d'allègement et de cohérence. Certaines célébrations sont fêtées le même jour que leurs équivalentes du calendrier liturgique orthodoxe.

Le calendrier des livres liturgiques de 1962

La forme tridentine du rite romain, dont la célébration est régie dans l'Église latine par le motu proprio Summorum Pontificum, garde l'usage du Code des Rubriques de 1960[3].

Temporal

Dans les livres de 1962, le cycle temporal est fondamentalement organisé de la même façon que dans les livres actuels. Quelques expressions changent, et indiquent une « solemnisation » différente des temps liturgiques : on parle ainsi de temps après l'Épiphanie, tempus post Epiphaniam, de l'Épiphanie à la veille du dimanche de la Septuagésime, de temps de la Septuagésime, tempus septuagesima, du dimanche de la Septuagésime au Mardi gras. Du dimanche de la Passion (5e dimanche de Carême) au Samedi saint, c'est le temps de la Passion qui inclut la Semaine sainte et le Triduum pascal. De Pentecôte à la veille du premier dimanche de l'Avent, c'est temps après la Pentecôte, tempus post pentecostem.

Sanctoral

Le cycle sanctoral est plus chargé dans l'édition de 1962 du Missel romain et l'édition de 1961 du Bréviaire romain, qui comptent 306 fêtes de saints au calendrier romain général 1960.

Le calendrier des livres liturgiques après 1969

Par le Motu proprio « Mysterii paschalis » publié le 14 février 1969[4], le pape Paul VI promulgue un nouveau calendrier pour le rite romain. Par ce texte, il met en application les demandes de la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium. Deux idées majeures dirigent cette réforme : la valorisation du dimanche (à la suite de Pie X), comme « fête de la Résurrection », et la réduction du nombre de fêtes de saints.

Principes d'organisation de l'année liturgique

Le calendrier liturgique est constitué de deux calendriers superposés, le temporal, calé sur le cycle lunaire à partir de la fête de Pâques (on parle de fêtes mobiles) et le sanctoral calé sur le cycle solaire, à dates fixes.

Le cycle temporal

Le cycle temporal détermine la succession des temps liturgiques, en particulier les limites de l'année liturgique qui commence le 1er dimanche de l'Avent et se termine le samedi de la 34e semaine du Temps ordinaire. Le cycle temporal est essentiellement mobile, dans la mesure où il est organisé autour de la fête de Pâques.

Le cycle temporal est organisé en différentes périodes, dites temps liturgiques[5] :

Les deux fêtes les plus importantes de l'année sont deux solennités, Noël et Pâques, qui sont rehaussées par la célébration d'une « Octave ».

Quant à la disposition des lectures au cours de la messe du dimanche et des fêtes, le calendrier suit un cycle de trois ans, ce qui permet de parcourir les trois Évangiles dits synoptiques : l'année A est réservée à l'Évangile selon Matthieu, l'année B lit l'Évangile selon Marc et c'est l'Évangile selon Luc qui est lu pendant l'année C. L'Évangile selon Jean est lu principalement pendant certaines fêtes, tous les ans.

Lire pendant une année liturgique un des Évangiles permet de suivre en un an, ce que Jésus a vécu durant sa vie terrestre. La chronologie n'est pas suivie scrupuleusement puisque Jésus naît à Noël et meurt le Vendredi saint, ce qui laisserait une grande partie de l'année vide.

La mobilité de la solennité de Pâques et, plus largement, celle du Carême et du Temps pascal, fait que le cycle des semaines du Temps ordinaire est interrompu à des périodes différentes d'une année sur l'autre. C'est ainsi que certains des dimanches du temps ordinaire peuvent être fêtés soit avant le Carême, soit après la solennité du Saint Sacrement, soit supprimés. Le schéma proposé plus bas ne constitue donc qu'un exemple.

Le cycle sanctoral

Le cycle sanctoral comprend les dates auxquelles on fête les saints et la Vierge Marie.

Les fêtes de saints du calendrier romain général sont répartis en quatre grandes « classes » : les solennités, les fêtes, les mémoires obligatoires et facultatives.

Au sein du calendrier liturgique du rite romain, l'Église distingue les fêtes générales (qui doivent être célébrées dans le monde entier, et qui sont au nombre de 180 environ)[8], et les fêtes particulières, qui ne sont fêtées que par une ville, un diocèse, un pays, une région du monde ou une communauté religieuse.

Les divers pays francophones ont de ce fait des calendriers liturgiques nationaux.

Le calendrier liturgique de France ou "propre de France" comporte certaines fêtes telles que :

  • 3 janvier, Ste Geneviève, mémoire facultative ;
  • 15 janvier, St Remi, mémoire facultative ;
  • 18 février, Ste Bernadette Soubirous, mémoire facultative ;
  • 11 octobre, Saint Jean XXIII, mémoire facultative (communiqué du 9 novembre 2011 de la CEF) ;
  • 22 octobre, Saint Jean-Paul II, mémoire facultative (communiqué du 9 novembre 2011 de la CEF).

Il existe également des "propres du diocèse" pour fêter des saint plus locaux.

Schéma de l’année liturgique

Schéma type d’une année liturgique
TempsSubdivision Couleur
liturgique
Dimanche ou fête
Temps de l’Avent violet 1er dimanche de l’Avent (Levavi), suivant le 34e dimanche du temps ordinaire
2e dimanche de l’Avent (Populus Sion)
blanc Solennité de l'Immaculée conception, le 8 décembre (ou le 9 décembre si le 8 tombe un dimanche)
violet ou rose 3e dimanche de l’Avent (Gaudete)
violet 4e dimanche de l’Avent (Rorate)
Temps de Noël Octave de la Nativité de Jésus blanc
Solennité de Noël, le 25 décembre, solennité de la nativité de Jésus
Fête de la Sainte Famille dernier dimanche de décembre, à moins qu'il ne s'agisse de Noël, auquel cas vendredi 30 décembre
Nouvel an grégorien, le 1er janvier : fête de Marie, mère de Dieu
Solennité de l’Épiphanie, le 6 janvier (ou le premier dimanche strictement après le 1er janvier dans certaines régions, en particulier en France, ayant reçu un indult en ce sens)
Fête du Baptême du Seigneur : célébré à la place du 1er dimanche ordinaire, ou le lendemain de l'Épiphanie si celle-ci est célébrée le 7 ou 8 janvier.
Temps ordinaire vert 1er dimanche du temps ordinaire
2e dimanche du temps ordinaire
3e dimanche du temps ordinaire
4e dimanche du temps ordinaire
2 février : Présentation du Seigneur (au Temple), fête appelée familièrement "Chandeleur"
5e dimanche du temps ordinaire, selon la date de Pâques. Le temps ordinaire avant le carême s'arrête entre le 5e et 9e dimanche.
blanc Solennité de Saint Joseph, époux de la Vierge Marie : 19 mars, reporté au 20 mars si le 19 tombe un dimanche de carême, ou avancé au samedi avant les Rameaux si le 19 tombe pendant la semaine sainte.
  blanc Solennité de l’Annonciation du Seigneur à Marie, le 25 mars. Est décalée au 26, si le 25 est un dimanche (ou le premier lundi qui suit le deuxième dimanche de Pâques si le 25 mars se situe pendant la Semaine Sainte).
Temps du Carême   violet Mercredi des Cendres
1er dimanche de Carême (Invocabit)
2e dimanche de Carême (Reminiscere)
3e dimanche de Carême (Oculi)
violet ou rose 4e dimanche de Carême (Lætare)
violet 5e dimanche de Carême (Judica)
Temps de la Passion rouge Dimanche de la Passion et des Rameaux, début de la Semaine sainte
blanc
Messe chrismale, consécration des Saintes huiles. Normalement le Jeudi saint, mais peut avoir lieu un autre jour de la Semaine sainte, selon les diocèses, pour des motifs pastoraux.
Blanc Jeudi saint, célébration de la Cène du Seigneur le soir : début du triduum pascal et fête des prêtres
rouge Vendredi saint, commémoration de la Passion et de la Mort du Christ
violet Samedi Saint, dernier jour du Carême, milieu du Triduum pascal
Temps de Pâques blanc Dimanche de Pâques, Résurrection de Jésus-Christ
Octave de Pâques, clos par le 2e dimanche du Temps Pascal, (depuis l'an 2000) Fête de la Divine Miséricorde, dit de Quasimodo ou in albis.
3e dimanche du Temps Pascal,
4e dimanche du Temps Pascal
5e dimanche du Temps Pascal
6e dimanche du Temps Pascal
Jeudi, solennité de l’Ascension du Seigneur
7e dimanche du Temps Pascal
rouge Dimanche de la Pentecôte, solennité du Saint-Esprit
Temps ordinaire Temps de la Pentecôte, temps de l'Église
vert Lundi de Pentecôte (et 7e semaine du temps ordinaire)
blanc Dimanche de la Sainte Trinité,
vert 8e semaine du temps ordinaire
blanc Jeudi de la solennité du Saint Sacrement (fête décalée au dimanche dans certaines régions, en particulier en France, ayant reçu un indult en ce sens)
vert 9e semaine du temps ordinaire
blanc Vendredi : solennité du Sacré-Cœur
  vert 10e dimanche du temps ordinaire, selon la date de Pâques et le nombre de dimanches dans l'année, on reprend entre le 9e et le 14e dimanche du temps ordinaire.
11e dimanche du temps ordinaire
12e dimanche du temps ordinaire
blanc Solennité de la Nativité de Saint Jean-Baptiste : 24 juin, reporté au 25 si le 24 juin tombe le jour de la solennité du Saint-Sacrement ou du Sacré-Coeur
vert 13e dimanche du temps ordinaire
blanc Solennité de Saint Pierre et Saint Paul : 29 juin, reporté au 30 si le 29 tombe le jour de la solennité du Sacré-Coeur
vert 14e dimanche du temps ordinaire
15e dimanche du temps ordinaire
16e dimanche du temps ordinaire
17e dimanche du temps ordinaire
18e dimanche du temps ordinaire
blanc Fête de la Transfiguration : 6 août
vert 19e dimanche du temps ordinaire
blanc Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, le 15 août
  vert 20e dimanche du temps ordinaire
21e dimanche du temps ordinaire
22e dimanche du temps ordinaire
23e dimanche du temps ordinaire
24e dimanche du temps ordinaire
rouge Fête de la Croix Glorieuse : 14 septembre
vert 25e dimanche du temps ordinaire
26e dimanche du temps ordinaire
27e dimanche du temps ordinaire
28e dimanche du temps ordinaire
29e dimanche du temps ordinaire
30e dimanche du temps ordinaire
31e dimanche du temps ordinaire
blanc Solennité de la Toussaint, le 1er novembre
violet
ou noir
Commémoration des fidèles défunts, le 2 novembre
vert 32e dimanche du temps ordinaire
blanc Fête de la Dédicace de la basilique St Jean de Latran : 9 novembre
vert 33e dimanche du temps ordinaire
blanc Le Christ Roi de l'univers (34e dimanche du temps ordinaire, dernier dimanche de l'année liturgique)

Les fêtes du temps de Noël

Les fêtes du temps de Noël ont subi de nombreux changements. Lors de la réforme de Paul VI, le dimanche de la Sainte Famille a été ramené dans l'octave de Noël, la fête du « Saint Nom de Jésus » a été supprimée (puis réintroduite en 2000), et le dimanche après l'Épiphanie se célèbre désormais comme fête du « Baptême du Seigneur ».

La précédente version du calendrier, utilisée dans la « forme extraordinaire du rite romain » et présentée ci-dessous, n'est pas très ancienne non plus : la Sainte famille, instaurée par Léon XIII et fixée au 3e dimanche après l’Épiphanie, fut supprimée par Pie X puis réintroduite par Benoît XV cette fois le dimanche après l’Épiphanie ; la fête du Saint Nom de Jésus a été généralisée au XVIIIe siècle sous Innocent XIII et fixée au 2e dimanche après l'Épiphanie, puis ramenée au dimanche avant l'Épiphanie sous Pie X. Jusqu'aux réformes de Pie X, Pie XII et Jean XXIII visant à redonner la priorité au dimanche, le dimanche après Noël on fêtait selon les années Saint Étienne, Saint Jean Apôtre, les Saints Innocents ou la Saint Sylvestre. La messe Dum metium silentium n'était célébrée que le 29 ou le 30 décembre.

Par ailleurs si le 1er janvier s'appelait avant 1960 « Circoncision du Seigneur », puis simplement "Octave de la Nativité", le contenu des offices insistaient déjà sur la maternité divine de Marie. Selon dom Guéranger, on a fusionné deux messes autrefois célébrées le 1er janvier, l'une de l'octave de noël, l'autre honorant la Vierge. Malgré le changement de nom, il y a continuité, d'autant que les actuelles lectures du 1er janvier évoquent la Circoncision de Jésus.

Date Calendrier de 1962 Calendrier actuel
25 décembre Noël Noël
Dimanche dans l'octave de Noël Dimanche dum medium silentium Dimanche de la Sainte Famille (lorsque Noël tombe un dimanche, la sainte-Famille est avancée au vendredi 30 décembre, en omettant l'office de la veille au soir)
1er Janvier (octave de Noël) Octave de la Nativité Sainte Marie Mère de Dieu (Solennité)
Dimanche avant l'Épiphanie (ou le 2 janvier s'il n'y a pas de dimanche avant l'Épiphanie) Saint Nom de Jésus deuxième dimanche après Noël (dimanche dum medium silentium)
6 janvier Épiphanie (dans les pays comme la France où ce jour n'est pas férié, la "solennité extérieure" a lieu le dimanche précédent ou suivant) Épiphanie (là ou le 6 janvier n'est pas chômé, la solennité a lieu le dimanche entre le 2 et le 8 janvier)
Premier dimanche après l'épiphanie (tombant entre le 7 et le 13 janvier) Fête de la sainte Famille Baptême du Seigneur (mais si l'Épiphanie est célébrée le 7 ou 8 janvier, le baptême du Seigneur est célébré le lendemain, et on omet l'office de la veille au soir[9]).
Fin du temps de Noël 13 janvier : Commémoraison du Baptême du Seigneur Le temps ordinaire commence le lendemain du Baptême du Seigneur, avec la première semaine du psautier (et la messe in excelso throno).
Dimanche suivant (entre le 14 et le 20 janvier) 2e dimanche après l’Épiphanie (noces de Cana) Deuxième dimanche per annum

Notes et références

Bibliographie

en cours d'élaboration

  • Odo Casel, La fête de Pâques dans l'Église des Pères (Lex orandi, 37), Paris, Cerf, 1963.
  • Jean Chelini, Le calendrier chrétien: cadre de notre identité culturelle. Paris: Picard, 2007.
  • Hélène Bénichon, Fêtes et calendriers. Les rythmes du temps, Paris 1992.
  • Arnaud Join-Lambert, "Quel sens pour les fêtes chrétiennes ?", in : Études n° 4123 (mars 2010) p. 355-364.
  • Pierre Jounel, Le dimanche. Paris 1990 (L’horizon du croyant 12).
  • Pierre Jounel, Le renouveau du culte des Saints dans la liturgie romaine. Roma 1986 (Bibl. Ephemerides Liturgicae, Collectio Subsidia, 36).
  • Robert Le Gall, "Année liturgique et vie spirituelle", in : La Maison Dieu n° 195 (1993) p. 197-210
  • Thomas J. Talley, Les origines de l’année liturgique. Paris, Cerf, 1990 (Liturgie 1).
  • Jean-Baptiste Lebigue, "Rits et couleurs. Acronymie et chromonomie des calendriers liturgiques au Moyen Âge", in : Le manuscrit enluminé. Études réunies en hommage à Patricia Stirnemann, dir. Claudia Rabel, Paris : Le Léopard d'or, 2014 (Cahiers du Léopard d'or, 16), p. 39-73.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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