Cícero Dias

Cícero Dias, né en 1907 à Recife et décédé à Paris en 2003, est un peintre brésilien ayant passé l'essentiel de sa vie en France (1937-2003). Il repose au cimetière du Montparnasse à Paris.

Figure éminente de la peinture brésilienne, Cícero Dias, est marqué par sa double appartenance au Modernisme brésilien et à l’École de Paris, au carrefour de deux continents et de deux époques. Pour beaucoup, il était le dernier grand nom du modernisme pictural brésilien.

Biographie

Jeunesse : formation et premières œuvres 1918-1929

Cícero Dias, est né le 5 mars 1907 près de Récife, dans la région de Pernambouc au Brésil. Il passe son enfance à Jundiá dans une plantation de canne à sucre, un « engenho », du Nordeste Brésilien.

Jundiá était un «engenho» historique, très connu à Pernambuco... Dans mon enfance à Pernambuco, j’ai vécu une époque magique. Un événement qui m’a touché fut le passage de cette grande comète, celle d’Halley, en 1910... Il n’y avait pas d’électricité dans les «engenhos» et la nuit la comète éclairait les champs de canne à sucre... Je n’ai jamais vécu à Recife. J’ai habité Jundiá jusqu’à mon départ pour Rio de Janeiro... Il y avait à cette époque ce monde fantastique, imaginaire qui a peuplé toute mon enfance à Jundiá. Rien de plus riche que le folklore du Nord-est : les fêtes religieuses, les mythologies indiennes et africaines se mélangeaient au Christianisme[1].

Il s'installe à Rio de Janeiro alors qu'il est encore très jeune. Vers 1920, je suis allé à Rio de Janeiro pour étudier...Je suis sorti directement de l’«engenho» pour l’internat du Collège Saint-Benoît. Les moines de Saint-Benoît écrivaient à ma mère, lui disant que j’étudiais peu, mais que je dessinais beaucoup...[2].

En 1925, il entre à l'école des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, section architecture. Il est proche de l’architecte et urbaniste Lucio Costa (qui créera Brasilia avec Oscar Niemeyer). L’une des raisons qui m’a fait venir à Rio était l’École d’Architecture...Dans la classe avant la mienne, étudiait Lucio Costa. Dans celle d’après, étudiait Oscar Niemeyer. Dans ma classe, étudiait Carlos Leão, qui deviendrait bientôt mon meilleur ami...[3].

Cícero Dias fréquente les groupes d'intellectuels et d'artistes de l'époque : A Rio, il est aux côtés de la jeune intelligentsia carioca, dont l'architecte Carlos Leão, les poètes Manuel Bandeira et Murilo Mendes et les peintres Di Cavalcanti et Ismael Nery. Il côtoie aussi le mouvement moderniste lancée lors de la Semana de Arte Moderna en 1922 à São Paulo, par Oswald de Andrade et Tarsila do Amaral. Oswald de Andrade a posé les principes de ce mouvement dans Le Manifeste anthropophagique, publié en mai 1928.

A Recife, Cícero Dias est très proche du mouvement régionaliste, fondé par le sociologue Gilberto Freyre en 1926 et de l'écrivain José Lins do Rego, dont le nationalisme régionaliste célèbre le nord-est du Brésil. Gilberto Freyre étudie les valeurs profondes du peuple brésilien, lance le fameux « Manifeste régionaliste du nordeste » (publié sous sa forme définitive seulement en 1952) et organise le premier Congrès Afro-Brésilien en 1934, dont Cícero Dias illustrera l’affiche.

Cícero Dias réalisera aussi la couverture de Casa-Grande & Senzala, de Gilberto Freyre publié en 1933. « Il y avait une grande différence entre le modernisme de São Paulo et le régionalisme de Pernambuco… les régionalistes, eux, étaient des ethnographes, des sociologues, des historiens – ils étaient de véritables scientifiques sociaux. Cependant que les modernistes étaient tous des artistes. C’était ça la grande différence et c’est peut-être à cause de ça qu’il y a eux tellement de querelles entre eux »[4].

Cícero Dias rencontre l'écrivain français Blaise Cendrars, grand amoureux de la culture brésilienne, qui séjourna au Brésil entre 1926 et 1927. Cícero Dias devint ainsi, à travers lui, familier de la France.

Il rapporte aussi les avis portés sur sa peinture par d’autres français : « Benjamin Peret, Benjamin Crémieux, Blaise Cendrars, Paul Morand des écrivains français qui étaient au Brésil et voyaient ma peinture, ont commencé à en discuter… tout en étant brésilienne, ma peinture était naturellement moderne, comme celle qui se faisait en Europe »[5].

Lorsque Di Cavalcanti revint d'Europe en 1926, lui et Dias devinrent inséparables. Il est possible que Di Cavalcanti ait été l'un des premiers à visiter mon atelier sur Correia Dutra, se souvient Dias[6].

Cícero Dias abandonne définitivement l’École des Beaux-Arts et l’architecture en 1928, pour se dédier complètement à la peinture.

Cette année-là, âgé de 21 ans, il présente sa première exposition, lors du premier Congrès de Psychanalyse en Amérique latine, à la Policlínica de Rio, avec le soutien enthousiaste de Di Cavalcanti, qui revendiquait Dias comme son protégé, et celui de l'écrivain Graça Aranha, Cette exposition provoqua un scandale auprès de certains visiteurs et l’enthousiasme des Modernistes. Dans le cadre de cette exposition le poète moderniste Murilo Mendes a écrit « Gloire de Cícero Dias »[7].

En 1928, à l’âge de vingt et un ans, j’ai fait ma première exposition à Rio de Janeiro..… Quand j’ai peint ces aquarelles des années 20…j’ai amené chaque fois plus le Brésil dans ma peinture. Je participais…du Mouvement Anthropophagique avec des gens tels que : Anita Malfatti, Raoul Bopp, Pedro Nava, Tarsila do Amaral... Mario de Andrade et Gilberto Freyre parlaient beaucoup du vert de mes tableaux. Je leur disais que ce vert venait de la mer, la mer verte de Pernambuco, et ce vert a envahi l’intérieur des terres, les champs de canne à sucre[8].

L’écrivain José Lins do Rego en parla en ces termes : « Cícero Dias vient de nous révéler un nouveau monde avec sa peinture de passion et de rêve, le secret profond de l'inconscient. C'est une explosion volcanique. L'apparition de Cícero Dias est tellement extraordinaire, face à toutes les théories artistiques établies par les nouveaux artistes et écrivains, que le jeune peintre de Pernambuco a donné à la vie artistique de Rio de Janeiro l'impression de quelqu'un arrivant dune "saison en enfer" »[9].

Les œuvres de la décade de 20, d’une grande poésie révèlent un univers singulier. Ces aquarelles au dessin d’une grande délicatesse et d’une gamme chromatique très riche, mêlent le rêve à l’imaginaire fantastique de la région du nord-est brésilien.

Les années au Brésil 1930-1937

En 1930, il participe à “l’Exposition d’art moderne brésilien” au Nicholas Roerich Museum à New-York, exposition collective d’artistes brésiliens contemporains dont Anita Malfatti, Tarsila do Amaral, Alberto Guignard, Di Cavalcanti et Ismaël Nery.

Cícero Dias a vingt-trois ans, au Salon National de 1931, organisé par Lucio Costa, à l’Ecole des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, lorsque son immense panneau (15 m x 2,5m) "Eu vi o mundo… ele começava no Recife" provoque un scandale retentissant, par son ampleur, l’audace de ses représentations : scènes typiques du Nordeste, rêveries érotiques, où l’imagination, la fantaisie et la crudité se donnent libre cours. Ce fut un véritable coup de force dans l'art brésilien, où rien de semblable n'avait été fait jusqu'alors. Mario de Andrade dans une lettre adressée à Tarsila do Amaral qui se trouvait en Europe, dit que l'œuvre de ce jeune pernamboucain faisait « craquer les murs » de l'École Nationale des Beaux-Arts qui abritait l'exposition[10]. Malheureusement, des vandales coupèrent 3m du côté gauche du panneau où apparaissaient les « nus scandaleux ».

Cícero Dias réalisera les décors et les costumes du ballet Jurupari, de Serge Lifar sur une musique de Villa-Lobos, présenté à Rio de Janeiro en 1934 et à São Paulo. J’ai très bien connu Villa-Lobos. J’ai travaillé avec lui dans des montages de ballets au « Teatro Municipal » de Rio de Janeiro. Mes grands tableaux ont été utilisés comme décor en 1934[11].

A cette époque, la peinture de Cícero Dias était très différente de celle de ses pairs. Il a créé son propre monde, lyrique, inclassable, épique, prolifique, déroutant, onirique, à la fois réel et irréel. Son travail perturba ses contemporains, ce qui l’incitera entre autres à rejoindre la France. Philippe Dagen en parle en ses termes « Dias aime se référer dans ses propos à une sorte de préhistoire de l’art, commune à tous, où tous puiseraient, lac souterrain des origines, réservoir enfoui du mythe, d’obsessions, de fantômes et de visions. Aux artistes de découvrir les résurgences que ce Léthé nourrit, à eux de se faire sourciers et explorateurs »[12].

L’arrivée à Paris et le début de la guerre : 1937-1942

En 1937, fuyant la dictature Vargas, il choisit de s'installer à Paris et y rejoint les peintres brésiliens Di Cavalcanti, Noemia Mourão et l’écrivain Paulo Prado. En 37, Di Cavalcanti m'a écrit pour que j'aille à Paris. Il y avait déjà trouvé un atelier pour moi. Alors, j'ai décidé de partir[13].

A Paris, il est proche de l’avant-garde française, européenne et du mouvement surréaliste, il fréquente Calder, Picasso, Fernand Léger et l'écrivain Paul Éluard entre autres.

Dès 1938, sa première exposition particulière à la Galerie Jeanne Castel à Paris, lui apporte succès et reconnaissance de ses pairs. Figurent parmi les invités : l’ambassadeur du Brésil Souza Dantas, Blaise Cendrars, Benjamin Crémieux, Raymond Cogniat (directeur de la galerie des Beaux-Arts), Paul Éluard, Jean Cassou, Paul Fort, Jean Cocteau, Francis Carco, Abel Bonnard, Picasso, Paul Valéry.

Cícero Dias, maître d'une palette plus nuancée encore qu'abondante, anxieux d'une féérie de couleurs, veut aussi exprimer en poète la nature de son pays natal. Il demande aux éléments de le confirmer dans tout ce que le folklore national a éveillé en lui. Est-ce sauvage ? Peut-être. Mais alors on sera, si on l’admet, forcé d’évoquer ce "sauvage splendidement civilisé" dont Rimbaud nous parle quelque part. Cícero Dias ne décevra pas les rêveurs soucieux de ne pas lâcher la terre. Les surréalistes trouveront à qui parler [14].

A l’époque, une exposition pouvait suffire à ouvrir les portes de Paris. Cendrars, Supervielle, Fargue, Péret, Lhote font la connaissance du nouveau venu et Picasso déclare que Dias est « un grand poète et un grand peintre ». Connaître Picasso revient à entrer dans le monde le plus exigeant de l’art et de la poésie. Paul Éluard écrira un poème sur sa peinture et témoignera : « J’ai rencontré Cícero Dias le Brésilien chez Pablo Picasso l’Espagnol. C’est Paris qui leur conservait leur lumière, leur raison d’être : la lumière du Brésil, la lumière de l’Espagne, l’exubérance, la rigueur »[15].

En 1939, il participe à l'exposition latino-américaine, au Riverside Museum à New York avec entre autres Tarsila do Amaral et Di Cavalcanti…

Au début de la guerre, Cícero Dias fréquente assidument l’atelier de Picasso, rue des Grands Augustins. En 1941, il fait la connaissance chez des amis communs, de Raymonde Voraz qu’il épousera en 1943.

Peu de temps après l’entrée en guerre du Brésil aux côtés des alliés, en février 1942, Cícero Dias et une soixantaine de diplomates brésiliens sont emmenés à Baden-Baden en Allemagne. Par une soirée glaciale de février 42, après avoir dîné avec Picasso et Dora Maar, nous remontons à son atelier et il m'y fait cadeau d'une très belle gravure. Ce geste amical me réconforte en cette veille de mon départ pour l'inconnu[16]. Durant sa captivité, il reçoit des lettres de Paul Éluard et de Jaime Sabartés, le secrétaire de Picasso, ce dernier et sa fiancée Raymonde lui envoient aussi des vivres et des livres[17].

En mai 1942, à la suite de négociations entre l'Itamaraty (Ministère des Affaires Étrangères du Brésil) et la chancellerie nazie, de nombreux brésiliens sont échangés à Lisbonne contre des allemands détenus au Brésil. De Baden-Baden, je devais ensuite me rendre au Portugal où s'effectuait un échange de Brésiliens déportés en Allemagne avec des Allemands qui étaient au Brésil. J'étais de cette fournée[18]. J’ai passé 3 mois en Allemagne…je suis parti de Baden-Baden le 24 mai 1942, 2 jours à Biarritz, le 30 à Lisbonne…[19].

Il revient clandestinement en France et s’installe à Vichy. Intimement lié à Paul Éluard, Cícero Dias reçoit à l’ambassade du Brésil, le poème Liberté. Ce poème publié dans le recueil « Poésie et Vérité », lui a été envoyé de Clermont-Ferrand par Louis Parrot. Dans l’attente de pouvoir quitter la France avec ce poème, Cícero Dias vit et peint dans une petite chambre d’hôtel à Vichy, un minuscule atelier dans un coin de la chambre[20]. Raymonde l’y rejoint, fin aout 1942.

Le 11 novembre 1942, jour de l’invasion de la zone libre par les allemands, ils franchissent la frontière, le poème dissimulé dans la poche de Cícero Dias. Ils atteignent Lisbonne le 17 novembre 1942. Le 15 mars 1943, Cícero Dias fait parvenir le poème, par la valise diplomatique, à Roland Penrose à Londres. Ce dernier en accuse réception le 15 avril 1943. Ce cri de Liberté put être lancé en avril 1943 par milliers, depuis des avions de la Royal Air Force sur le territoire français occupé par les nazis[21],[22],[23].

Pour cet acte de bravoure, Cícero Dias recevra à Paris le 27 mai 1998, les insignes de Commandeur de l’ordre National du Mérite, des mains d’Édouard Balladur.

Comment, pendant la guerre, avez-vous participé à la diffusion du poème de Paul Éluard "Liberté" ? Racontez-nous cet épisode. D'Allemagne et du Portugal, je corresponds avec Éluard et décide de revenir en France, non seulement pour y prendre son poème, mais également pour des raisons personnelles. Ah, quelles aventures ! Éluard me confie la mission de faire parvenir son cri "Liberté" à Londres. C'est loin d'être facile. Les alliés viennent de débarquer en Afrique et les Allemands s'apprêtent à occuper toute la France. Dans ma poche, le poème me pousse à lutter. Il me faut le faire parvenir à Londres Mon combat fut silencieux mais couronné de succès. A maintes reprises, je rencontre Louis Parrot à Clermont-Ferrand, me cachant entretemps à Marseille ou à Cassis. Louis Parrot me donne des nouvelles d'amis engagés dans la Résistance et me remet le poème. En novembre 1942, Raymonde et moi (sans nous en douter) prenons le dernier train pour l'Espagne. Ce train s'arrête à Pau où nous apprenons que les Allemands sont déjà à la frontière. Conscient du risque couru, je me débarrasse de tout ce qui pourrait être compromettant et arrive à camoufler le poème ! Juste avant la frontière, la Gestapo contrôle le train. Miraculeusement, nous échappons au danger. Mais voici que de l'autre côté à Canfranc en Espagne, les autorités nous retiennent puisque je suis citoyen d'un pays en guerre contre l'Allemagne. Par téléphone, je réussis à prendre contact avec l'Ambassade du Brésil à Madrid qui finit par nous obtenir l'autorisation de poursuivre notre voyage jusqu'à cette ville. Notre but n'est pas Madrid, mais Lisbonne, ville dont il fallait se garder de parler…trop dangereux...Cependant, nous y arrivons. Mon premier soin est de me diriger à l'Ambassade d'Angleterre où je retrouve un ami, Marshall, ancien Consul de ce pays au Brésil dans ses nouvelles fonctions de Conseiller. Ceci lui a permis de m'aider. Néanmoins, j'initie une correspondance directe avec Penrose à Londres et lui fait parvenir le poème de Paul Éluard. Je lui donne aussi des nouvelles de nos amis avec certaines consignes. Roland Penrose ne tarde pas alors à divulguer le poème en en faisant parachuter des milliers d'exemplaires sur le sol français par les avions de la R.A.F. Mission accomplie, succès absolu ![23].

Malgré des lettres d’introduction d’Éluard et de Picasso pour Alfred Barr, premier directeur du MOMA à New York, Cícero Dias reste à Lisbonne où il s’installe et peint[24].

La période de la guerre et Lisbonne 1942-1945 - « le passage de la ligne »

Le 10 décembre 1942, Cícero Dias répondant à une invitation du gouvernement portugais, inaugure sa première exposition à la Salão Silva de Lisbonne. Il avait préparé cette exposition alors qu’il était encore à Vichy. L’exposition présente les œuvres des trois dernières années, le catalogue est préfacé par un poème de Paul Éluard, envoyé à Cícero Dias le 31 octobre 1942. Ce poème sera renommé A sa place et publié en juin 1943 dans la revue Confluences[25].

A Lisbonne, il fréquente et se lie d’amitié avec des artistes et écrivains portugais, parmi lesquels Mericia de Lemos, Almada Negreiros, Sara Afonso, Rui Cinatti, Antônio Dacosta, Carlos Queiroz, Adriano de Gusmão, Antônio Pedro, Gastão de Bettencourt, Casais Monteiro, Carlos Botelho et Luis Trigueiros.

Pendant son séjour dans la capitale lusitanienne, dans son atelier Rua das Praças, le style de Dias amorce un changement radical. D’une part le traitement de la figure est stylisée, fragmentée et s’éloigne ainsi du réel, d’autre part sa palette change et devient plus audacieuse. Les sujets même de ses peintures ont un coté plus ludique, particulièrement lorsqu’il associe un coq et un ananas, une femme et une noix de cajou, penchant presque jusqu’à l’irrévérence.

Pour reprendre les mots du critique Mario Hélio Gomes de Lima : "Ces peintures sont considérées comme les plus ludiques de la production déjà ludique de l'artiste. Ce sont des tableaux de transition ; et cela peut être dit sans risque d'erreur. Les titres eux-mêmes, avec leurs associations alternatives, en témoignent. Bien sûr, il y a une ironie enfantine, sans méchanceté, d'un artiste qui n'a jamais été connu pour être fidèle à la réalité[26].

À partir des peintures des années 40, ces éléments ressortent : la couleur et la lumière. La palette s'épaissit, le contour devient plus généreux. Il y a moins d'autoportraits et plus de portraits de la femme bien-aimée. La femme et la peinture ne font qu'un. Et la peinture était en pleine transition. Dans les images qu’il a peintes à cette époque, les résultats de sa « recherche », des études de ses moyens (il a pensé à établir un dictionnaire de couleur à ce moment-là, qui laissé inachevé)[27].

En février 1943, la ville de Porto accueille la deuxième exposition personnelle de Cícero Dias au Portugal. Le catalogue reproduit le poème d’Eluard « A sa place ». La même année, il décroche le premier prix du Salon d'Art Moderne à Lisbonne. 1943 s’achève par son mariage le 23 décembre, avec Raymonde Voraz.

En 1944, il participe à l'exposition « Peinture Brésilienne Moderne » à l'Académie Royale des Arts, à Londres, avec deux peintures et deux aquarelles. Cette exposition-vente est organisée au profit du fonds de bienfaisance de la Royal Air Force.

En 1945, Picasso lance un appel à Cícero Dias pour que celui-ci revienne à Paris. En dédicace sur un exemplaire de sa pièce de théâtre « Le Plaisir Attrapé par la queue » : Picasso écrit : Pour Dias, dont la présence à Paris est nécessaire. Et Dias rentre à Paris.

Le retour à Paris 1946 et les années 50 : série végétale et passage à l’abstraction

De retour en France, il s’installe à Paris dans un atelier Villa d’Alesia.

Déjà au Portugal et encore à son retour à Paris, il s’engage vers une peinture abstraite à travers une phase de transition : la période végétale, où les souvenirs de la luxuriance tropicale du Nordeste sont toujours prégnants, tant dans la schématisation des formes végétales, que par l’utilisation d’une palette où se déclinent les verts intenses et profonds.

Le langage plastique de Cícero Dias est fait de géométrie. C'est un jeu précis, lyrique, droit, courbe, avec ellipses, triangles, rectangles et trapèzes ... Le but est toujours le même : au-delà de tout exotisme, au-delà des pièges immédiats de l'imagination, retrouver l'essence de la vie tropicale brésilienne, cristalliser le délire végétal qui est la loi et la forme de cette vie. L'originalité de Cícero Dias est la recherche de cette essence, d'une certaine essence : la forme végétale[28].

Son dessin se simplifie, la prédominance du vert laisse la place aux couleurs primaires, complémentaires ou opposées, des bleus et des jaunes, des verts et des rouges qui évoquent toujours les paysages lumineux de sa jeunesse. Peu à peu les peintures aux courbes et aux couleurs douces côtoient des peintures plus géométriques à la palette d’intensité plus radicale, et sa production tend ainsi vers l’abstraction.

Dias a opté pour des angles qui ne sont jamais vraiment des angles droits, et pour des couleurs de grande subtilité[29].

Cette transition intérieure n'est pas sans rappeler l'évolution vers l'abstraction du grand aîné Kandinsky. Pour Pierre Restany les toiles de la fin des années 40 relèvent d'un "paysagisme abstrait, schématique et structuré à partir de formes libres, spontanées dans leur géométrie et dont les couleurs vives baignent dans la chaleur de la lumière" En effet, Cícero Dias a opéré ce dépouillement de l'anecdotique pour construire des espaces aux vibrations chromatiques proches de la musique[30].

Il finit cependant par surprendre ses amis en se tournant vers le soi-disant art abstrait. Lui, qui a déjà déconstruit et déformé depuis les aquarelles, va à la rencontre d'un chromatisme intense. Son tropicalisme ne parle plus pour les scènes, mais pour l'ambiance picturale qu'il parvient à transmettre avec ses nouvelles couleurs et formes. C'est comme si le «dibujo» était désormais «design». La ligne gratuite laisse place au projet. Littéralement son art est moins explicite[31].

Il se lie à l’École de Paris, groupe d’artistes abstraits. Avec certains d’entre eux, il expose à la galerie Denise René dès 1946, puis régulièrement, notamment en 1948 lors de l’exposition « Tendances de l’art abstrait » avec Arp, Delaunay, Hartung, Kandinsky, Kupka, Mondrian, Poliakoff, Vasarely… entre autres.

Au Brésil, le mouvement constructiviste n’a commencé qu’à la fin des années 40. Le véritable pionnier en est Cícero Dias, qui en 1946, dans la capitale française, commence à peindre des toiles rigoureusement géométriques. C’est avec justice que ce peintre occupe cette position. Et bien que faisant partie de l’École de Paris, il n’a jamais rompu ni renié ses racines brésiliennes[32].

En 1948, Cícero Dias retourne au Brésil.

Il exécute un ensemble de grandes fresques murales abstraites les premières d’Amérique Latine, sur les murs d’un immeuble moderniste, siège du Secrétariat des Finances de l’État de Pernambuco, à Recife. Ces fresques sont les réminiscences abstraites des paysages, des souvenirs que Cícero Dias gardaient en mémoire.

Michel Seuphor dans un article sur 'le Mur' du premier numéro d'Art d'aujourd'hui en juin 1949, prend-il comme exemples de l'art mural moderne des oeuvres de Kandinsky, Le Corbusier et de Cícero Dias qui exposent aussi dans le cadre de "l'Art mural" en Avignon. L'ouvrage « Témoignages pour l'Art abstrait » (1952) consacre une large place à Cícero Dias dont "le système mural" sera analysé quelque temps après par Roger Bordier dans Art d'aujourd'hui[33].

Ce changement ne serait pas facilement accepté par certains de ses admirateurs, comme Manuel Bandeira, bien qu'il fût compris par d'autres, tels que Gilberto Freyre.

Deux expositions rétrospectives sont aussi organisées : en juillet à Récife, à la faculté de Droit. Dans le catalogue sont publiés deux poèmes d’Eluard, réunis sous le titre Palmiers, l’autre à l’École des Beaux-Arts de Rio, où Gilberto Freyre rédige le texte de présentation.

En France, il participe à l’exposition « l’Art Mural » au Palais des Papes, en Avignon.

Leur fille Sylvia, nait en octobre de cette même année, Picasso sera son parrain.

En 1949, il participe à l'inauguration du Musée d'art moderne de São Paulo, dont le directeur est Léon Degand, avec Arp, Calder, Delaunay, Kandinsky, Léger, Magnelli, Miró, Picabia, Poliakoff, Soulages et Vasarely.

Il prend part à l'exposition "Les grands courants de la peinture contemporaine" au Musée de Lyon, France.

En 1950, il participe à la 25ème Biennale internationale de Venise, où il était exposé dans le « Pavillon du Brésil » avec Roberto Burle Marx, Milton Dacosta, Emiliano Di Cavalcanti, Flavio de Carvalho, Candido Portinari, José Pancetti, Bruno Giorgi, Victor Brecheret, Livio Abramo, Oswaldo Goeldi. Durant l’été 1950, il voyage en Italie, entre Rome et Taormina, et réalise une série de gouaches singulières et colorées.

Du 20 au 26 septembre 1950, Cícero Dias se rend avec Willi Baumeister et Miró entre autres, à la deuxième Semana de Arte à Santillana del Mar, Santander, Espagne, réunion d’artistes, d’écrivains et d’architectes, rattachés à l’École Altamira[34](créée en 1948).

L’année 1951 est marquée par l’incendie de l’atelier de Cícero Dias, à Montparnasse, Paris[35]. Une partie de sa production est détruite.

Dias participe à la première Biennale Internationale de São Paulo et au Salon de mai au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.

1951-1952 La galerie Denise René organise l’exposition Klar Form, à Copenhague, au Danemark, puis itinérante en Scandinavie, qui présente les pionniers de l’art abstrait, dont Cícero Dias.

En 1952, les musées d'art moderne de São Paulo et de Rio de Janeiro, organisent des expositions rétrospectives de Cícero Dias."Cícero Dias vient d'avoir son exposition à São Paulo. J'étais ravi. Je le vois comme le plus grand peintre de tous les temps. Oui, je le répéterai encore et encore…Cícero Dias est arrivé à la synthèse de ma philosophie anthropophagique"[36]. Il participe à la 26e édition de la Biennale internationale de Venise. L’ouvrage "Témoignages pour l'Art Abstrait" est publié aux éditions « d’Art d'Aujourd'hui » à Paris. Le critique Léon Degand y consacre un chapitre à Cícero Dias, en compagnie des artistes abstraits internationaux de premier ordre.

En 1953, Cícero Dias grâce à ses liens d’amitié avec Picasso obtient le prêt de Guernica pour la IIe Biennale de São Paulo.

Le Groupe Espace est créé en 1951, Cícero Dias fait partie des fondateurs avec André Bloc, Felix Delmarle, Sonia Delaunay et Fernand Léger…

En 1954, le groupe expose à Biot, Cícero Dias y présente une Maquette pour l’équipement d’un musée moderne, avec la complicité de l’architecte Claude Parent. Ce projet repense l’expérience muséale des visiteurs en mettant à leur disposition les œuvres choisies, qui viennent à eux grâce à une rampe de présentation. Cícero Dias a pu compter sur le concours d’artistes amis, qui ont réalisé pour ce Musée des œuvres en miniature.

En 1955, il participe à l’Exposition Internationale de peinture contemporaine, au Modern Art Museum de Pittsburgh, aux États-Unis.

En 1958, une salle spéciale est consacrée à Cícero Dias à l’Exposition Universelle et Internationale, Pavillon Brésilien, à Bruxelles. En 1959, Cícero Dias expose au Salon de mai, à Paris, au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, au Brasilianischer Künstles, Haus der Kunst, Munich, Allemagne, ainsi qu’au Musée d’Art Moderne de Bahia, Salvador, pour une Exposition rétrospective 1926-1959.

Les années 1960 : les entropies et le retour à la figuration

A la fin des années 1950, Cícero Dias expérimente un nouveau champ pictural : les Entropies, une parenthèse dans son œuvre. Les Entropies naissent d’une dynamique du mouvement, de formes libérées des contraintes géométriques où des cascades de couleurs viennent saturer la surface. La peinture est travaillée dans le sens vertical, sans lignes droites, sans lignes marquées, ni schéma à suivre - c'est la fascination de la liberté, du lâcher prise.

Ces tableaux ont fait l’objet de deux expositions individuelles, en 1966 au Musée d’lxelles, Belgique et en 1978 au Musée des Beaux-Arts André Malraux, au Havre en France. .... Les Entropies se présentent comme des lavis tachistes aux tons assourdis, du dripping informel aux coulées insondables qui évoquent un long rêve baroque. C’est sans doute Charles Estienne, dans sa préface à l’exposition Dias au Musée d’lxelles (1966) qui a une fois de plus cerné le poétique mystère de l’image, le tropisme du peintre : “ce qui pourrait bien être derrière le miroir polychrome de ses tableaux : le reflet, sur la paroi de la caverne platonicienne, de quelque forme fondamentale de l’eau de la terre et du feu” ; ou encore l’eau des rêves filtre et se fait agate, stalactite, moiré boréale, fleur de souffle”[37].

En 1960, lors de l’exposition l’art moderne brésilien, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris consacre une salle à Cícero Dias.

En 1965, le panneau Visão Carioca, polyptyque de 8 mètres de long, commandés à Cícero Dias par Carlos Lacerda pour le 400ème anniversaire de Rio et l’inauguration du siège de la Banque Banerj, allie la liberté des entropies à l'exubérance des paysages de Rio de Janeiro.

En 1965, une salle spéciale à la Biennale Internationale de São Paulo est consacrée à une rétrospective de son œuvre.

Au cours des années 60, il revient à une figuration qui combine certains aspects de ses premières peintures, le passage par l'abstraction et quelques éléments du répertoire visuel du nord-est brésilien. Cette peinture lyrique est imprégnée de souvenirs et de références à son enfance, retour nostalgique à sa jeunesse et aux souvenirs de Recife. Cette peinture figurative luxuriante, introduit des images folkloriques et rurales tirées de scènes costumbristes de la vie quotidienne.

Parallèlement et jusqu’à la fin de sa vie, il poursuit son travail sur l’abstraction.

Les années 1970-1990

Pendant cette période, Cícero Dias mêle de façon plus marquée le figuratif et l’abstrait. Les thèmes sont les mêmes qu'auparavant, mais les scènes s’insèrent désormais dans un canevas, comme des fenêtres individuelles et indépendantes. Le paysage autant que les figures se font plus géométriques. La végétation omniprésente tout au long de son œuvre, est désormais plus stylisée et schématisée. Une atmosphère paisible, langoureuse se dégage de ses œuvres des années 1980. Dans ses peintures abstraites, la composition est marquée par un plus grand dynamisme et un accent est mis sur la symétrie.

Au début des années 1980, Cícero Dias réalise deux grands panneaux (6 m x 4,5 m) pour la Casa da Cultura de Recife, Pernambuco, ayant pour thème la vie du leader religieux Frei Caneca, lors des Révolutions de 1817 et 1824. Il peint les différents éléments dans son atelier rue de Longchamp à Paris, ces derniers seront transportés et assemblés au Brésil. Cícero Dias a fait de très nombreuses recherches historiques sur ce héros de l’histoire de Pernambuco. Les deux panneaux dont la composition est similaire, présentent une succession de scènes compartimentées entourant le sujet principal. Des phylactères ponctuent le tableau d’annotations.

En 1982, il participe à l’exposition « Paul Éluard et ses amis peintres » au centre Pompidou à Paris. Il édite « La suite Pernambucana » à l’atelier Pierre Baday à Paris, composée de 25 lithographies, à partir des aquarelles des années 1920.

En 1987, la galerie Denise René, Paris, expose ses peintures de 1950 à 1965. Il participe à l’exposition “Modernidade, art brésilien du XXème siècle”, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Les années 1990-2003

Cícero Dias, Cores e Formas, station de métro Brigadeiro à São Paulo

En 1991, il réalise une peinture murale pour la station de métro Brigadeiro à São Paulo (20 x 3m), large fresque abstraite colorée en céramique.

En 1996 le panneau "Eu vi o mundo… ele começava no Recife" est exposé à la maison de l'Unesco, à Paris, à l’occasion de la parution de la monographie Cícero Dias, par Antonio Bento e Mário Carelli, édité par Banco Icatu S.A, Rio de Janeiro, 1997.

Cícero Dias, Rose des vents, Place Marco Zero, Recife

En décembre 1999 est inaugurée à Recife la dernière œuvre de l’artiste : Praça do Marco Zero, œuvre d’art monumentale, une « Rose des Vents » gigantesque qui sera peinte sur le sol de la Place Marco Zero. Il s’agit d’une représentation du ciel, une cosmogonie inspirée de la lecture de la Divine Comédie de Dante.

Cícero Dias décède à Paris le 28 janvier 2003 à 95 ans. Il repose au cimetière du Montparnasse à Paris.

Cícero Dias et les mouvements artistiques du début du XXe

Liens avec les mouvements artistiques

Cícero Dias a été proche des milieux intellectuels, tant littéraires (poètes, écrivains, sociologues, anthropologues) qu’artistiques (peintres, architectes, chorégraphes, musiciens). Cependant son œuvre exprime une singularité rarement influencée par les différents courants artistiques de son époque et qui a interrogé critiques et historiens de l’art. Dias aime se référer dans ses propos à une sorte de préhistoire de l’art, commune à tous, où tous puiseraient, lac souterrain des origines, réservoir enfoui du mythe, d’obsessions, de fantômes et de visions[38]. Quand le modernisme brésilien a commencé avec la semaine d´art moderne de São Paulo en 1922, Cícero Dias avait une dizaine d´années et vivait à Pernambuco. En 1929, étudiant en architecture à Rio, il émerveilla, lors de sa première exposition, tous les grands noms du modernisme brésilien : Di Cavalcanti, Tarsila do Amaral, Lasar Segall. Des peintres comme Guignard et Ismael Nery étaient ses admirateurs. Il était considéré surréaliste par certains, primitiviste par d´autres ou carrément fou : Cícero Dias défiait toute loi d´anatomie et de perspective. Il a tenu une place unique pour sa fantaisie débordante, sa poésie du rêve et son lyrisme émouvant toujours lié à sa terre natale, aux racines du Nordeste brésilien[39].

Dès son arrivée à Rio, Cícero Dias s’est lié aux grands intellectuels et artistes de l’époque, il était proche des mouvements avant-gardistes des années 20-30 : Modernisme, Mouvement Anthropophage et Mouvement Régionaliste, bien qu’il n’ait jamais adhérer réellement à ces mouvements. De ses fréquentations il garda des amitiés durables, entre autres parmi les artistes : Di Cavalcanti, Noêmia Mourão, Ismael Nery, Tarsila do Amaral, Anita Malfatti, Lasar Segall, parmi Les architectes Carlos Leão, Lucio Costa, Oscar Niemeyer, et parmi les poétes et écrivains Graça Aranha, Rachel de Queiroz, Manuel Bandeira, José Lins do Rego, Rubem Braga, Mário Pedrosa, les poètes Mario de Andrade et Murilo Mendes et enfin le sociologue Giberto Freyre et le compositeur brésilien Villa Lobos.

A son arrivée en France, en 1937, il retrouve les intellectuels qu’il avait connu au Brésil : Blaise Cendrars, Paul Morand et Jules Supervielle. En 1938, son exposition à la Galerie Jeanne Castel à Paris, lui ouvre les portes du monde intellectuel et artistique parisien, dont les surréalistes. En découlera des amitiés fortes avec entre autres les artistes : Picasso, Dora Maar, Alexander Calder, Llorens Artigas, Max Bill, Henri Laurens, Alberto Magnelli, Miro, les poètes Paul Éluard, René Char et Jaime Sabartés, les architectes Claude Parent et Le Corbusier et le chorégraphe Serge Lifar.

Lors de son passage à l’abstraction, il participe activement au groupe Espace et se lie à l’École de Paris, que la Galerie Denise René a soutenu : Hans Arp, André Bloc, Silvano Bozzolini, Jean Deyrolle, César Domela, Alexander Calder, Robert Jacobsen, Fernand Léger, Albert Magnelli, Richard Mortensen, Edgar Pillet, Michel Seuphor et Victor Vasarely.

Affinité avec les poètes et écrivains

L'affinité de Cícero Dias avec les poètes est l'un des traits frappants de sa biographie…Paul Éluard le comprit, il fut séduit par le monde "végétal" dont le graphisme de plus en plus rigoureux renforçait la richesse chromatique tropicale. Cícero Dias lui inspira des poèmes tels que « Palmiers » qu’il fera en référence au tableau « La sieste »[40].

Son œuvre d’illustrateur est importante, au Brésil et au Portugal, Cícero Dias collabora avec des poètes tels que : Raul Bopp en 1931 pour Cobra Norato, nheengatu da margem esquerda do Amazonas publié à São Paulo, Editions Irmãos Ferraz. Le premier recueil et probablement l’œuvre la plus importante du mouvement anthropophagique. Il dessina la couverture du roman brésilien Menino de Engenho de José Lins do Rego publié en 1932 au Brésil. Cícero Dias réalisa la couverture de Casa-Grande & Senzala (Maîtres et esclaves) de Gilberto Freyre publié en 1933 avec l’œuvre « Casa Grande do Engenho Noruega »

En 1934, Cícero Dias conçut l’affiche du premier Congrès afro-brésilien.

En 1934, il dessina les décors et costumes du ballet Jurupari, de Serge Lifar sur une musique de Villa-Lobos, présenté à Rio de Janeiro.

Cícero Dias propose une nouvelle interprétation d'un épisode des Lusíadas de Luís Vaz de Camões, Ilha dos Amores, publié en juillet 1944 à Lisbonne.

Il collabora à la revue Atlantico Revista Luso Brasileiran n.º 5 en 1944, en illustrant : Enéas Ferraz, Beco sem saída da lua et le poème Suma d’Augusto Frederico Schmidt.

Il illustra deux poèmes : ]anaina et Pela fé de Zambi de Jorge de lima publiés dans la revue Atlantico Revista Luso Brasileiran, n°6 en 1945.

L’édition posthume des poèmes Ciclo da Moura d’Augusto Frederico Schmidt publiée en 1967 fut enrichie de dessins Cícero Dias.

En 1990 est publié 12 poemas de Merícia de Lemos, avec les illustrations de Cícero Dias, Imprensa Nacional, Casa Da Moeda.

Un médiateur entre deux cultures

L’œuvre de Cícero Dias est caractérisée par la fusion entre la tradition du Nordeste brésilien et la vie intellectuelle de Rio ou de Paris. Sa peinture est marquée par sa double appartenance au Modernisme brésilien et à l’École de Paris, au carrefour de deux continents et de deux époques. Son œuvre fait le lien entre la culture populaire et la culture intellectuelle (sa curiosité pour les cultures anciennes, le quattrocento italien, l’histoire de son pays, les modernistes brésiliens…)

Cícero Dias fit d'abondantes recherches sur les relations historiques franco-brésiliennes. Il a rédigé en 1972, le Catalogue du fonds Ferdinand Denis, conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, Institut Français des Hautes Études Brésiliennes, à Paris.

Principales expositions

De son vivant

  • 1928 : Première exposition de Cícero Dias, Salão da Politécnica Rio de Janeiro, Brésil. Aux murs, à côté d’une cinquantaine de ses
oeuvres, son portrait par Ismaël Nery et un poème de Murilo Mendes.
Première exposition à Escada (Pernambuco), Brésil. Préface de Gilberto Freyre.
São Paulo, Brésil aquarelas, na casa de Dona Olívia Guedes Penteado.
  • 1929 : Deuxième exposition de Cícero Dias à Escada (Pernambuco), Brésil.
  • 1930 : Cícero Dias expose au Nicholas Roerich Museum à New York avec d’autres artistes contemporains brésiliens (Anita Malfatti,
Tarsila do Amaral, Guignard, Di Cavalcanti, Ismaël Nery et Gomide): “Exposition d’art moderne brésilien”.
  • 1931 : Exposition au Salon de 1931 à l’Ecole des Beaux-Arts de Rio de Janeiro : “J’ai vu le monde…il commençait à Recife”.
  • 1937 : Cícero Dias participe au premier Salon de Mai à São Paulo.
Cícero Dias participe à l’exposition de l’Art moderne brésilien à New York.
  • 1938 : Première exposition Cícero Dias à la Galerie Jeanne Castel, Paris, France.
Expose à la Galerie Billiet à Paris, France.
  • 1942 : Expose à Lisbonne à la Salão Silva Porto.
  • 1943 : Expose à Porto au Teatro Coliseu. Catalogue préfacé par un poème envoyé par Paul Eluard ainsi que par Alberto Serpa.
  • 1944 : Exposition : Modern Brazilian Painting, Royal Academy of Arts, Londres - Vente au bénéfice de la Royal Air Force.
  • 1946 : Exposition chez Denise René, Paris, France.
  • 1947 : Exposition à la Galerie René Drouin, Paris, France.
  • 1948 : Sur les murs du Ministère des Finances de l’état de Pernambuco à Recife, Brésil. Cícero Dias exécute une série de peintures
murales abstraites, les premières en Amérique du Sud.
Exposition à la Faculte de droit de Recife, Brésil.
Exposition à l’Ecole des Beaux-Arts à Rio de Janeiro, Brésil.
Troisième exposition à Escada (Pernambuco), Brésil. Préface de Gilberto Freyre. Catalogue comportant des textes du roman autobiographique de Cícero Dias “Jundia”.
Participation à l’exposition “l’Art Mural” au Palais des Papes d’Avignon.
Exposition chez Denise René, Paris, France.
  • 1949 : Exposition de peintures de Cícero Dias au Museu de Arte Moderna de São Paulo, Brésil, organisée par Léon Degand. Préface
de Gilberto Freyre et Maria Eugenia Franco.
Les grands courants de la peinture contemporaine, au Musée de Lyon, France.
  • 1950 : Exposition de Cícero Dias à la XXVème Biennale de Venise.
  • 1951 : Cícero Dias expose aux Cahiers d’Art, Paris, France.
Exposition Klar Form, organisée par Denise René, présentée à Copenhague, Helsinki, Stockholm, Oslo, Liège.
  • 1952 : Exposition Cícero Dias pinturas, desenhos e cerâmicas au Musée d’Art Moderne de São Paulo, Brésil.
Préface de Sergio Millet.
Exposition Cícero Dias au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro, Brésil. Préface de José Lins Do Rego.
  • 1954 : Exposition du Groupe Espace à Biot. Cícero Dias présente une maquette pour l’équipement d’un musée moderne.
  • 1957 : Cícero Dias participe à l’exposition “Arte Moderno en Brasil”. Museu Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires.
  • 1958 : Salle réservée aux oeuvres de Cícero Dias dans le pavillon du Brésil, à l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles,
Belgique.
  • 1960 : Cícero Dias participe à l’exposition “Art in Latin America today: Brasil”, Washington, D.C.
  • 1959 : Exposition rétrospective (1926-1959) des oeuvres de Cícero Dias au Musée de Arte Moderna à Bahia, Salvador, Brésil,
préface de Odorico Tavares.
  • 1962 : Exposition d’art latino-américain, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
  • 1965 : Salle spéciale à la Biennale de São Paulo, Brésil : Hommage à Cícero Dias, préface de Géraldo Ferraz.
  • 1966 : Exposition Cícero Dias au Musée d’Ixelles, Belgique. Préface de Charles Estienne.
  • 1967 : Exposition rétrospective des oeuvres de Cícero Dias, Recife, Brésil, préface de Gilberto Freyre.
Exposition des oeuvres de Cícero Dias au São Paulo, Brésil Club, organisée par les amis du peintre.
Exposition Cícero Dias au musée “Manchette”, Rio de Janeiro, Brésil.
  • 1970 : Exposition à la Galerie Ranulpho, Recife, Brésil.
Exposition à la Galerie Portal, São Paulo, Brésil.
  • 1973 : Exposition Cícero Dias, Galerie San Mamede, Lisbonne, Portugal, préface d’Adriano de Gusmao.
  • 1975 : Cícero Dias participe à l’exposition “O Modernistas”, Museu Lazar Segall, São Paulo.
  • 1976 : Exposition à la Galerie Ranulpho, Recife, Brésil.
  • 1978 : Exposition Cícero Dias au Musée André Malraux, Le Havre, France, préface de Pierre Restany.
Exposition à la Galerie Ranulpho, São Paulo et Recife, Brésil.
  • 1981 : Cícero Dias participe à l’Ecole d’Altamira, Fundaçion Santillana.
  • 1982 : Exposition à la Galerie Bellechasse, Paris, France.
  • 1984 : Participe à l’exposition Electra, l’électricité et l’électronique dans l’art au XXème siècle” au Musée d’Art Moderne
de la Ville de Paris.
  • 1987 : Exposition personnelle, Peintures 1950-1965, Galerie Denise René, Paris, France.
Exposition “Modernidade”, art brésilien du XXème siècle, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
  • 1988 : Exposition Synthèse de son œuvre, Rio Design Center, Rio de Janeiro, Brésil.
  • 1991 : Exposition Galerie Waldir Simoes Filho, Curitiba, Brésil.
Inauguration d’une “Salle Cícero Dias” au Musée National de Bellas Artes à Rio de Janeiro, Brésil avec l’exposition du grand panneau “Eu vio mundo, ele começava no Recife” (15 x 3 m).
  • 1992 : Participe à l’exposition “Art d’Amérique Latine”, Centre Georges Pompidou, Paris.
  • 1993 : Exposition Cícero Dias : les années 20, Espace Copacabana, Palace Hôtel, Rio de Janeiro, Brésil.
Participe à l’exposition “Art d’Amérique Latine”, The Museum of Modern Art, New York.
  • 1994 : Exposition Cícero Dias : les années 20, Galerie Marwan Hoss, Paris, France.
  • 1995 : Exposition Cícero Dias, “Peintures et Dessins”, Galeria Multiarte, Fortaleza, Brésil.
  • 1996 : Exposition du panneau « J’ai vu le monde...il commence à Recife », et lancement du livre Cícero Dias, édition Banco Icatu,
au siège de l’Unesco à Paris, France.
  • 1997 : Rétrospective à la Maison France-Brésil, à Rio de Janeiro, Brésil.
  • 2000 : Lisboa (Portugal) - Século 20: arte do Brasil, na Fundação Calouste Gulbenkian. Centro de Arte Moderna José de Azeredo
Perdigão.
De la Antropofagia a Brasilía: Brasil 1920-1950, no IVAM. Centre Julio Gonzáles, Valencia (Espagne).

Posthumes

  • 2003 : Hommage à Cícero Dias, œuvres de 1920 à 1980, Simões de Assis Art Gallery, Curitiba, Brésil.
  • 2004 : Cícero Dias, exposition rétrospective, œuvres des décades de 1920 et 1930, Musée d'Art Brésilien, FAAP, São Paulo, Brésil.
  • 2005 : Cícero Dias, Les Années 20, Les Années brésiliennes, Exposition d’ouverture de «l’Année du Brésil en France», à la Maison
de l’Amérique Latine, Paris, France.
Territoires Transitoires, salle spéciale Cícero Dias. Palais de la Porte Dorée, Paris.
  • 2006 : Cícero Dias, huit décennies de peinture, exposition rétrospective, 1920 - 1990, Musée Oscar Niemeyer, Curitiba, Brésil.
Cícero Dias, étincelles de rêve, oeuvres sur papier 1925-1944, Fiac 2006, Galerie Marwan Hoss, Paris.
Cícero Dias, Oito Décadas de Pintura, Instituto Tomie Ohtake, São Paulo, SP.
  • 2008 : Latin American Art in 20th Century, National Museum of Modern and Contemporary Art, Deoksugung, Séoul.
  • 2011 : ArtRio 2011, Aquarelles et peintures des années 20 à 80, Simões de Assis, Galeria de Arte, Rio de Janeiro.
Brazil Brasil exposition du panneau Eu Vio Mundo... Ele Começava no Recife, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, Belgique.
  • 2017 : Cícero Dias, Um percuso poético 1907-2003, Centro Cutural Banco do Brasil, 2017. Exposition rétrospective itinérante :
Brasilia, 7 février - 3 avril 2017 - São Paulo, 21 avril - 3 juillet 2017 - Rio de Janeiro, 2 août - 25 septembre 2017.
Art Basel Miami Beach, décembre 2017, Simões de Assis Galeria de Arte Cícero Dias : Le pionnier de l'art abstrait au Brésil, Peintures de 1940 à 1950.
Cícero Dias 1907-2003, mars-mai 2017, Galerie Multiarte.
  • 2018 : Cícero Dias, Aquarelas e Pinturas, Décadas de 1920 – 1960, Simões de Assis Galeria de Arte, São Paulo.

Collections publiques

Brésil
  • Fundação Gilberto Freyre, Recife
  • Fundação Joaquim Nabuco, Recife
  • Fundação do Patrimônio Histórico e Artístico de Pernambuco, Recife
  • Museu de Arte Moderna Aluisio Magalhães, Recife
  • Museu do Estado do Pernambuco, Recife
  • Palácio do Governo do Estado de Pernambuco, Recife
  • Prefeitura Municipal de Recife, Praça Marco Zero, Recife
  • Secretaria de Estado da Fazenda de Pernambuco, Recife
  • Coleção Banco Bozano, Simonsen, Rio de Janeiro
  • Coleção Banco do Estado Rio de Janeiro, Museu do Ingá, Coleção BANERJ
  • Coleção Luis Antonio Nabuco de Almeida Braga, Rio de Janeiro
  • Coleção Roberto Marinho, Rio de Janeiro
  • Coleção Sergio Fadel, Rio de Janeiro
  • Museu Chácara do Céu, Rio de Janeiro
  • Coleção Gilberto Chateaubriand, Rio de Janeiro MAM
  • Museu de Arte Moderna do Rio de Janeiro
  • Museu Nacional de Belas Artes, Rio de Janeiro
  • Museu de Arte Contemporânea da Bahia, Salvador
  • Coleção Adolpho Leirner, São Paulo
  • Coleção Banco ABN AMRO Real, São Paulo
  • Fundação José e Paulina Nemirovsky, São Paulo
  • Metrô de São Paulo, Estação Brigadeiro, São Paulo
  • Museu de Arte Brasileira, FAAP, São Paulo
  • Museu de Arte Contemporânea de São Paulo, São Paulo
  • Museu de Arte Moderna de São Paulo, São Paulo
  • Palácio do Governo do Estado de São Paulo
  • Pinacoteca do Estado de São Paulo
  • Museu Lasar Segall, São Paulo
  • Coleção Mario de Andrade, Instituto de Estudos Brasileiros da USP, São Paulo
Argentine
  • Coleção Eduardo Constantini, Buenos Aires
  • Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires
Venezuela
  • Fundação Cisneros, Caracas
États-Unis
  • MFAH: Museum of Fine Arts, Houston
  • MFA: Museum of Fine Arts, Boston
France
  • Centre Georges Pompidou, Paris
  • Collection Claude Picasso, Paris
  • Musée Eugène Leroy, Tourcoing
Espagne
  • Museo Nacional, Centro Nacional de Arte Reina Sofia, Madrid
Portugal
  • Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne

Notes et références

  1. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p.10.
  2. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p.14 et 16.
  3. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p.18.
  4. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p. 42.
  5. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p. 62.
  6. Cícero Dias in: Eu vi o mundo, São Paulo, Cosac Naify, 2011, p. 44.
  7. In: Antonio Bento et Mário Carelli, Cícero Dias, Banco Icatu S.A, Río de Janeiro, 1997, p.34.
  8. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p.28-48.
  9. Cícero Dias in: Entrevue avec un artiste français, Interview de Cícero Dias par Mario Carelli, (janvier- mars 1992) non publié.
  10. Mário de Andrade, in: Gouvêa, Lúcia. Salão 31. Rio de Janeiro: Funarte; 1984. p. 86/87.
  11. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p.76.
  12. Philippe Dagen, Images au centre d'un songe, catalogue Galerie Marwan Hoss, 1994, Paris.
  13. Cícero Dias in: Cícero Dias: anos 20/ les années 20. Rio de Janeiro: Editora Index, 1993, p.84.
  14. André Salmon article in : Aux Écoutes, 28 mai 1938.
  15. Pierre Descargues, in catalogue de l’exposition Cícero Dias, Peintures 1950-1965, galerie Denise René, 1987, Paris.
  16. Cícero Dias in: Entrevue avec un artiste français, Interview de Cícero Dias par Mario Carelli, (janvier-mars 1992) non publié et in : Jean-Charles Gateau, Eluard, Picasso, et la peinture : 1936-1952, Genève, Droz, 1983, p.120.
  17. In : Lettre de Cícero Dias à Gilberto Freyre, Baden-Baden 18 mai 1942 et Antonio Bento et Mário Carelli, Cícero Dias, Banco Icatu S.A, Río de Janeiro, 1997, p.78.
  18. Cícero Dias in: Entrevue avec un artiste français, Interview de Cícero Dias par Mario Carelli, (janvier-mars 1992) non publié et in : Jean-Charles Gateau, Eluard, Picasso, et la peinture : 1936-1952, Genève, Droz, 1983, p.120.
  19. Extrait de l’article de presse, Associated Press, interview de Dias, Lisbonne 30 mai 1942.
  20. Extrait de l’article de presse « Le plus grand peintre du Brésil, ou le soleil des tropiques dans une chambre d’hôtel », Armand Guibert, TAM, Alger octobre 1942.
  21. Lucile Chastre in Paul Eluard, Poésie, Amour et Liberté, Palais Lumière, Évian, mai 2013, p.130.
  22. Pierre Descargues, in catalogue de l’exposition Cícero Dias, Peintures 1950-1965, galerie Denise René, 1987, Paris. Ensuite, la guerre. Comme en 1914, le Brésil s’engagera aux côtés des Alliés, contre l’Allemagne. Cícero Dias, fait prisonnier en 1942, sera échangé contre des Allemands retenus au Brésil. Il parviendra à gagner la zone dite libre en France occupée. Il y recevra, à l’automne, la plaquette de Paul Eluard « Poésie et Vérité ». Peut-être ce titre goethéen a-t-il égaré la censure : l’ouvrage a été publié ouvertement à Paris, mais de Paris il n’est pas possible de l’envoyer en Angleterre et c’est donc Dias qui aura mission de le faire parvenir à Londres, à l’ami Penrose. A Marseille, Dias attend de pouvoir franchir la frontière et de gagner le Portugal d’où il pourra enfin le poster. C’est par ce détour que le poème « Liberté » deviendra un tract et sera lancé à des milliers d’exemplaires, par les aviateurs anglais, sur la France occupée. Ainsi circule la poésie.
  23. Angela Grando, Cícero Dias e Paul Éluard, Universidade Federal do Espírito Santo, Brésil, 2012.
  24. Lettre manuscrite d’Éluard à Alfred Barr en 1942, Archives Cícero Dias.
  25. in : Jean-Charles Gateau, Éluard, Picasso, et la peinture : 1936-1952, Genève, Droz, 1983, p.120.
  26. Mário Hélio Gomes de Lima, in catalogue de l’exposition, Cícero Dias, Oito décadas de pintura, Museu Oscar Niemeyer, Curitiba, 2006, p. 126.
  27. Mário Hélio Gomes de Lima, in catalogue de l’exposition, Cícero Dias, Oito décadas de pintura, Museu Oscar Niemeyer, Curitiba, 2006, p. 130.
  28. in: Cahiers d’Art, article sur Cícero Dias, Un peintre de la forme végétale, par Charles Estienne, Paris, 1949.
  29. Pierre Descargues, in catalogue de l’exposition Cícero Dias, Peintures 1950-1965, galerie Denise René, 1987, Paris. Comme l'a bien vu Charles Estienne, Cícero Dias accède à la peinture abstraite, "dans la mesure où elle est basée sur la répartition et le mouvement des formes sur une surface donnée. Mais elle est vivante par l'étrange, organique, et comme naturelle aptitude de ses formes, pour géométriques qu'elles soient, à nous livrer en une sorte de cristallisation parfaite l'essentiel de la vie végétale. In Cahiers d’Art, article sur Cícero Dias, Un peintre de la forme végétale, par Charles Estienne, Paris, 1949, p.102 à 104.
  30. in: Antonio Bento et Mário Carelli, Cícero Dias, Banco Icatu S.A, Río de Janeiro, 1997, p.144.
  31. Mário Hélio Gomes de Lima, in catalogue de l’exposition, Cícero Dias, Oito décadas de pintura, Museu Oscar Niemeyer, Curitiba, 2006, p. 132.
  32. in: catalogue de l’exposition, Cícero Dias, Oito décadas de pintura, Museu Oscar Niemeyer, Curitiba, 2006, p. 300.
  33. in: Antonio Bento e Mário Carelli, Cícero Dias, Banco Icatu S.A, Rio de Janeiro, 1997, p.150. Au Brésil, les habitudes devaient être moins pesantes et, malgré la puissance proche des muralistes mexicains qui couvraient d’héroïsme les murs de leur ville, malgré, au Brésil même, les fresques sociales de Candido Portinari, Cícero Dias pourra, dans un Ministère de Récife, peindre des murs abstraits (1948). Léon Degand, le héraut de l’abstraction pure et dure, ira voir sur place... in : Pierre Descargues, catalogue exposition Denise René, 1987.
  34. Mathias Goeritz a fondé l’École Altamira en 1948, à Santillana del Mar, basé sur la nécessité d'exiger l'ouverture du panorama artistique de l'époque à la contemporanéité, par opposition à l'académisme de l'art officiel. Pour les membres du groupe, les peintures rupestres des grottes d'Altamira étaient un symbole de «L'art hors du temps historique » et ont été une référence dans la recherche d'un art du présent qui a plongé ses racines dans l'art de la péninsule ibérique.
  35. in article, journal, O Globo, Rio de Janeiro, daté 14-4-1951.
  36. Oswald de Andrade, Jornal das Letras, Rio de Janeiro, décembre 1952.
  37. Pierre Restany, Cícero Dias, catalogue de l’exposition au Musée des Beaux-Arts André Malraux, le Havre, mai 1978.
  38. in: Dagen, Philippe, Images au centre d'un songe, in catalogue Galerie Marwan Hoss, 1994, Paris;
  39. In: Jean Boghici, galeriste et collectionneur d’art moderne brésilien, interview 6-04-2005, lors de l’exposition Cícero Dias, Les Années 20, Les Années brésiliennes, à la Maison de l’Amérique Latine, Paris, France.
  40. in: Antonio Bento e Mário Carelli, Cícero Dias, Banco Icatu S.A, Rio de Janeiro, 1997, p.136.

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de la Résistance française
  • Portail du Brésil
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.