César Franck

César Auguste Jean Guillaume Hubert Franck, né le à Liège, et mort le à Paris, est un professeur, organiste et compositeur belge, naturalisé français en 1870[1].

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César Franck est l'une des grandes figures de la vie musicale française de la seconde partie du XIXe siècle.

Biographie

L'hôtel de Grady (à gauche sur la photo), maison natale de César-Auguste Franck, construite de 1780 à 1785, située au no 13 de la rue Saint-Pierre à Liège.
Plaque apposée au no 95 du boulevard Saint-Michel, où est mort César Franck.

Fils de Nicolas-Joseph, un employé de banque né à Gemmenich près de l'actuelle frontière germano-néerlandaise et de Marie-Catherine-Barbe Frings, née à Aix-la-Chapelle, César Franck naît en plein centre de la ville de Liège à l'hôtel de Grady situé rue Saint-Pierre. Il est inscrit en par son père au Conservatoire de Liège où il remporte, en 1834, les grands prix de solfège et de piano. La même année il se produit à Bruxelles au Palais royal devant Léopold Ier au cours d'une tournée organisée par son père en Allemagne et en Belgique. De à , il fait des études d'harmonie chez Joseph Daussoigne-Méhul, un neveu d'Étienne Nicolas Méhul, qui a enseigné au Conservatoire de Paris. Encouragé par ses succès musicaux, son père organise, au printemps , une série de concerts à Liège, à Bruxelles et à Aix-la-Chapelle.

La même année, la famille quitte le Royaume uni des Pays-Bas pour s’installer à Paris. Franck devient, à cette occasion, l’élève d’Antoine Reicha, qui avait été notamment le professeur de Berlioz, Liszt et Gounod. Entré au Conservatoire de Paris en , il remporte d’abord, en , le premier prix de piano de manière extraordinaire, comme le relate la presse de l’époque : « Après avoir décerné tout d’une voix le premier prix à M. Franck, le jury est de nouveau entré en délibération, et M. Cherubini est venu dire : « Le jury ayant décidé que M. Franck était hors ligne, personne ne devant partager avec lui, on donnera un second premier prix à ceux qui auront mérité le prix ordinaire. [...] Ce qui a motivé l’espèce de grand prix d’honneur, qu’on a accordé à M. Franck, concourant pour la première fois, c’est, outre sa brillante exécution, la manière ferme et sûre dont il a déchiffré et transposé le morceau que les exécutants sont obligés de jouer à première vue. Le jeune artiste qui a ainsi doublé les difficultés du concours, méritait à juste titre d’être distingué…[2] » César Franck avait superbement joué le difficile concerto en si mineur de Hummel, mais avait surtout transposé à vue le morceau imposé de si bémol à do[3].

Élève d'Aimé Leborne pour la fugue (1840), le jeune César obtient le premier prix de contrepoint () et le second prix d'orgue () dans la classe de François Benoist. Son père étant désireux de le voir embrasser une carrière de pianiste virtuose, il doit quitter contre son gré le conservatoire en , sans avoir eu l'occasion de participer au prestigieux prix de Rome.

Franck se consacre alors à la composition : il publie ses trios op. 1 en , commence la rédaction de son oratorio Ruth et entreprend sous la pression de son père, qui fait également office d’impresario, une série de concerts en Belgique, en Allemagne et en France.

En , le jeune homme décide de rompre avec son père et retourne à Paris, où il passera le reste de sa vie. Il compose un poème symphonique, Ce qu'on entend sur la montagne, et travaille à un opéra, Le Valet de la ferme.

De à , il participe à tous les concerts de l'Institut musical d'Orléans en tant que pianiste accompagnateur. Cela est indiqué sur une plaque posée dans le hall de la salle de l'Institut, au bas du Conservatoire à rayonnement départemental d'Orléans.

En , après un passage à l'église Notre-Dame-de-Lorette, il devient organiste à l’église Saint-Jean-Saint-François du Marais. Ayant été inspiré par le jeu de Jacques-Nicolas Lemmens, il est encouragé à perfectionner son jeu de pédales et à développer ses techniques d'improvisation.

César Franck devient l'organiste de la nouvelle église Sainte-Clotilde, où il inaugure en décembre un des plus beaux instruments du facteur d'orgues Aristide Cavaillé-Coll. Il en restera le titulaire jusqu'à sa mort.

En , il est nommé professeur d'orgue au Conservatoire de Paris en remplacement de François Benoist. Pour obtenir ce poste, il doit devenir citoyen français. Il prend officiellement possession de sa classe en . Il comptera parmi ses nombreux élèves[4] Vincent d'Indy, son futur biographe, ou encore la compositrice Marie Renaud-Maury, première femme lauréate du premier prix des classes de composition du Conservatoire de Paris en 1876.

La période allant de jusqu'à sa mort est celle d'une intense créativité : oratorios, œuvres pour piano, Quatuor à cordes, Sonate pour violon, ballet, poèmes et Variations symphoniques, pièces diverses pour orgue.

En 1881, il est lauréat du prix Chartier de l'Institut pour sa production de musique de chambre[5].

En , Ernest Chausson organise deux concerts pour honorer César Franck, qui se voit récompensé par les Palmes académiques, ce qui déçoit Gabriel Fauré[6].

En , il est décoré de la Légion d’honneur[7], et devient l'année suivante président de la Société nationale de musique.

Au début du mois de , César Franck est victime d'un accident de fiacre à Paris. Alors qu'il se rend chez un ami pianiste, son fiacre est heurté par un omnibus, ce qui occasionne au musicien une blessure au côté droit. On lui diagnostique une pleurésie. Si le musicien semble se remettre, la progression de l’emphysème du poumon, dont il est atteint, ne manque pas d'inquiéter son médecin. Un nouveau traitement est tenté, mais l'état de santé du patient ne cesse de s'aggraver. A-t-il pu se rendre à son orgue de Sainte-Clotilde pour y jouer ses trois Chorals ? La question reste entière.

Franck s’éteint au milieu des siens au petit matin du , au no 95 du boulevard Saint-Michel, où il résidait depuis . Il repose maintenant au cimetière du Montparnasse, sa seconde sépulture, due à Émile Bois, le médaillon de sa tombe ayant été réalisé par Auguste Rodin[8].

Un monument à sa gloire fut inauguré, le , dans le square de Sainte-Clotilde à Paris par des discours de Vincent d'Indy et de Justin Germain Casimir de Selves, préfet de la Seine, qui les remirent à la ville de Paris[9].

Plusieurs établissements portent son nom en France ainsi qu'en Belgique, dont une rue à Liège, sa ville natale.

Domiciles de César Franck à Paris

En 1835, lorsque Nicolas Franck s'installe à Paris avec ses fils César et Joseph, ils logent 22, rue Montholon. Les logements suivants sont situés 6, rue Trévise et 13, rue Laffitte. Lors du retour à Paris, en 1844, la famille Franck s'installe au 15, rue La Bruyère[10]. Le dernier domicile de César Franck est, à partir de 1865 et jusqu'à sa mort en 1890, un rez-de-chaussée au 95, boulevard Saint-Michel[11].

Influence

L'influence de Franck a été déterminante dans le domaine de la musique de chambre tout d'abord, dont il a été le rénovateur en introduisant le principe de la forme cyclique qui, par la résurgence des thèmes d'un mouvement à l'autre et leur superposition dans le volet final, assure une grande cohérence à la structure compositionnelle.

Œuvres

César Franck jouant de l’orgue. Reproduction photographique d’un tableau de Jeanne Rongier.

César Franck laisse 97 œuvres musicales.

Numérotation selon le catalogue de Wilhelm Mohr (FWV = Franck Werke Verzeichnis) publié en 1969.

Musique orchestrale

Musique de chambre

Musique pour piano

  • Églogue op. 3 (FWV 11)
  • Premier Grand Caprice op. 5 (FWV 13)
  • Prélude, Choral et Fugue (1884) (FWV 21)
  • Prélude, Aria et Final (1887) (FWV 23)

Musique religieuse

Oratorio
Messes
  • Messe solennelle (FWV 59)
  • Messe à trois voix (FWV 61, avec Panis Angelicus)
Motets
Autres
  • Les Sept Paroles du Christ en croix. Longtemps inconnue, cette œuvre non cataloguée, dont le manuscrit autographe a fait l'objet d'une acquisition par la Bibliothèque de l'Université de Liège en 1955, faisait partie d'une collection privée. Selon une indication autographe de César Franck, la composition en fut achevée le , à l'époque où, après avoir assuré la charge de maître de chapelle, il était devenu le premier organiste titulaire de l'église Sainte-Clotilde à Paris. Pourtant la chronique de cette paroisse ne fait aucune mention d'une exécution de cette œuvre. Les indications manuscrites ne laissent cependant aucun doute sur l'intention de l'auteur, de faire donner son œuvre dans un cadre liturgique durant la Semaine Sainte, entrecoupée de lectures, prières ou méditations. (Enregistrement Rejoyce production - Ensemble Jubilate de Versailles Dir Michel Lefèvre)
  • Fugues Vocales, un recueil manuscrit de 309 pages de la main de l'auteur, Boston Public Library, collection Allen A, Brown. Voir : Cesar Franck's "Fugues Vocales", une thèse de Frances Ray Dunlevy, Boston University, 1943

Musique pour orgue

Monument à César Franck érigé en 1891, au square Samuel-Rousseau par Alfred-Charles Lenoir.

Les pièces majeures, au nombre de douze, ont été écrites entre 1860 et 1890 :

  • Six Pièces pour grand orgue (1860-1862)
    • Op. 16 (FWV 28) Fantaisie en do majeur (Poco lento) - 1860
    • Op. 17 (FWV 29) Grande Pièce Symphonique en fa dièse mineur (Andantino serioso) - 1860/62
    • Op. 18 (FWV 30) Prélude, Fugue et Variation en si mineur (Andantino) - 1862
    • Op. 19 (FWV 31) Pastorale en mi majeur (Andantino) - 1863
    • Op. 20 (FWV 32) Prière en do dièse mineur (Andantino sostenuto) - 1860
    • Op. 21 (FWV 33) Final en si bémol majeur (Allegro maestoso) - 1862
  • Trois Pièces pour grand orgue (1878)
    • FWV 35 – Fantaisie en la majeur (Andantino)
    • FWV 36 – Cantabile en si majeur (Non troppo lento)
    • FWV 37 – Pièce Héroïque en si mineur (Allegro maestoso)
  • Trois Chorals pour grand orgue (1890)
    • FWV 38 – Choral n° 1 en mi majeur (Moderato)
    • FWV 39 – Choral n° 2 en si mineur (Maestoso)
    • FWV 40 – Choral n° 3 en la mineur (Quasi allegro)

Les Trois Chorals constituent la dernière œuvre achevée de Franck.

Opéras

  • 1841 : Stradella, opéra (CFF 229)
  • 1851-1853 : Le Valet de ferme, opéra (CFF 230)
  • 1879-1885 : Hulda, légende scandinave (FWV 49)
  • 1888-1890 : Ghiselle, drame lyrique (FWV 50) (seul le premier acte a été orchestré par César Franck).

Notes et références

  1. Louis Aguettant, La musique de piano : des origines à Ravel, Paris, L’Harmattan, , 452 p. (ISBN 978-2-296-39367-7, lire en ligne), p. 315.
  2. Université de Paris IV : Paris-Sorbonne. Faculté de musique et musicologie, « César Franck : 1822-1890 », Revue européenne d'études musicales, Le Léopard d’Or, no 1, , p. 21 (ISBN 978-2-86377-105-1, lire en ligne, consulté le ).
  3. Jean Gallois, Franck, Paris, Seuil, coll. « Microcosme/Solfèges », , 189 p. (ISBN 978-2-02-000247-9, lire en ligne), p. 27.
  4. « Famille artistique de César Franck »
  5. « La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts », sur Gallica, (consulté le )
  6. Jean Gallois, Ernest Chausson, Paris, Fayard, , 2e éd., 606 p. (ISBN 978-2-213-03199-6, lire en ligne), p. 179.
  7. « Cote LH/1025/33 », base Léonore, ministère français de la Culture
  8. « Sur les traces de Rodin dans la capitale », Le Figaroscope, semaine du 22 au 28 mars 2018, p. 14.
  9. La Tribune de Saint-Gervais : bulletin mensuel de la Schola cantorum / directeur Charles Bordes. Auteur : Schola cantorum. Édité en 1904.
  10. Emile Poumon, « Les artistes liégeois à Paris », André Mers, 1950, p. 20.
  11. Maurice Kunel, « La vie de César Franck : l'homme et l'œuvre », Grasset.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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