Cécile Dreesmann

Cécile Dreesmann, née le à Amsterdam et morte le à Soest[1], est une artiste textile néerlandaise connue pour ses broderies innovantes. Elle affectionne particulièrement la soie, ajoutant au travail du fil, des pierres précieuses ou semi-précieuses, créant des volumes, voire des sculptures de fil. Elle a toujours défendu la broderie comme une forme d'art personnel, dans lequel chacun doit trouver sa propre voie. Elle a également publié un nombre de livres sur l'art textile.

Biographie

Cecilia Antonia Maria Wilhelmina (Cécile) Dreesmann est la cinquième des sept enfants[2] de Willem Dreesmann, l'héritier du groupe de grands magasins Vroom & Dreesmann et de Anna Maria Alphonsa Peek[3]. Elle grandit dans une grande famille catholique aisée mais, dit-elle, peu chaleureuse[4].

Cécile Dreesmann est une sportive accomplie, championne d'équitation[2], elle participe aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964 pour les Pays-Bas mais un grave accident de ski met fin à sa carrière sportive[5],[6].

Cécile Dreesmann a trois enfants avec son premier mari Frits ten Bos[2], elle se remariera encore deux fois[7],[8].

On lui prête également une relation avec le Prince Bernhard des Pays-Bas, époux de la reine Juliana[9].

Willem Dreesmann, le père, a assemblé une large collection d'art en relation avec la ville d'Amsterdam, et fait de la maison familiale de la rue Johannes Vermeer un musée qu'il ouvre au public en 1950. Il a l'intention de léguer cette collection à la ville d'Amsterdam mais décède inopinément avant d'avoir pris des dispositions en ce sens[10]. À la mort de Willem Dreesmann, la famille est divisée, certains membres, dont Cécile s'opposent à la vente de la collection. Faute d'accord, elle sera mise aux enchères. Les Archives de la ville d'Amsterdam ont acquis la plupart des dessins et gravures, le Musée d'Amsterdam a obtenu la bibliothèque presque complète sur Amsterdam[11].

Cécile Dreesmann, est décédée le samedi 23 avril 1994, à l'âge de 74 ans dans son logement au-dessus de la maison Anna Paulowna à Soest, qui abrite le musée Cécile Dreesmann[12].

Formation

Cécile Dreesmann prend ses premières leçons de broderie auprès de Madame Haver, une couturière à domicile[13]. Elle fréquente d'abord le lycée, puis, sur les conseils de son père, change pour la Hogereburgerschool (HBS, école secondaire) mais, lorsque son père lui conseille ensuite une formation de sténodactylographe[2], elle se rebelle. Cécile Dreesmann a de l'ambition et aurait pu s'impliquer dans la gestion des magasins familiaux. Mais il n'est pas question de laisser ces responsabilités à une femme et ce sont ses frères qui hériteront des grands magasins de la famille[14].

Cécile Dreesmann est un élément atypique de la famille. En plus de ses livres sur la broderie, elle publie en 1979, De Mandersens, un roman à clés sur la dynastie des grands magasins. (Mandersens est une anagramme de Dreesmann.) Le livre a provoqué une certaine agitation au sein de la famille lors de sa publication et n'a pas été vendu dans les grands magasins V&D pendant longtemps

Elle est envoyée par ses parents à la pension de famille du Sacré-Cœur à Paris, dans l'espoir d'en faire une femme obéissante. Elle n'y reste cependant pas longtemps[4].

Après son accident de ski, elle se rend en Angleterre où elle apprend toutes les techniques, les styles et l'histoire de la broderie au niveau international ainsi que le dessin à la Royal School of Needlework (École royale des travaux d'aiguille) de Londres mais doit interrompre son cursus en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Elle suit encore une formation à l'Institut für Edelsteinforschung à Idar-Oberstein. Elle prend de plus des cours de dentelle avec Madame Van der Meulen-Nulle.

Œuvre artistique

Dix ans plus tard, elle fait de la broderie son activité professionnelle, l'enseigne, donne des conférences, écrit des livres et publie des articles dans des revues comme le très exclusif magazine anglais Embroidery. Elle crée des projets pour des maisons de mode et apparaît dans des émissions de radio et de télévision aux Pays-Bas et en Angleterre[6] notamment dans le programme télévisé De Stoel [15].

Par la suite, elle retourne aux Pays-Bas et habite dans une ferme à Laren, entourée d'animaux, de champs et de tranquillité. Mais elle bouge beaucoup, voyage à travers le monde pour ses recherches sur l'histoire de la broderie traditionnelle et sa pratique actuelle, vit et travaille dans divers endroits des Pays-Bas et à l'étranger, principalement à Amsterdam[6] où elle a un studio dans la rue Anna van den Vondel et à Laren[16], mais a aussi un appartement à New York[17]. À la fin de sa vie, elle vit à Soest.

Son nom est étroitement lié à la broderie. Après des recherches sur l'histoire de cet art et les pratiques dans différents pays, elle développe son propre style. Elle travaille beaucoup la soie, sa matière de prédilection[16] ajoutant des pierres précieuses, des pierres semi-précieuses et d'autres matériaux comme des plumes[14]. Elle travaille les volumes jusqu'à en faire des sculptures. Elle a toujours défendu la broderie comme une forme d'art personnel, dans lequel chacun doit trouver sa propre voie[17].

Dans son atelier de la rue Anna van den Vondel à Amsterdam, elle réalise ses projets et, avec ses collaborateurs, enseigne l'art de la broderie, écrit et gère ses publications sur le sujet. Elle est en effet, l'auteur de huit livres sur l'histoire et les techniques de broderie, dont l'un est également paru aux États-Unis et qui traite des échantillonneurs d'aujourd'hui.

Ses premières expositions (1961) recueillent des critiques paternalistes, voire sexistes. Son travail artistique est considéré comme un loisir féminin. « ... nous avons regardé avec incrédulité le petit espace d'exposition élégant, mais les chapeaux de thé avec des points étoilés, les lingettes, les serviettes, les bavoirs avec des fleurs et des oiseaux ... »[18]. Elle les accueille avec le sourire et déclare au journaliste :

« L'histoire de la broderie montre que c'est en fait un travail d'homme. Et, dans de nombreux pays orientaux et dans les Balkans, elle est aujourd'hui encore pratiquée par les hommes. Les femmes n'y ont pas leur place, tout au plus peuvent-elles couper les petits fils.  »

et, parfois les opinions évoluent un peu « Ensuite, nous avons su que nous avions découvert quelque chose. Quelque chose à voir avec une civilisation raffinée, un esprit gracieux, une main rêveuse et un sentiment subtil de petites belles choses. ... Les compositions libres, la matière la plus ensoleillée et les pierres précieuses raffinées contribuent à rendre ses rêves élégants tangibles. Une femme au charme Renaissance, qui n'oublie cependant pas qu'elle vit aujourd'hui. »[18].

Divers

Elle a inspiré de grands photographes comme Lord Snowdon[19] et Paul Huf (nl) qui a fait un portrait d'elle, conservé aux Archives d'Amsterdam[20].

Expositions (sélection)

Au cours de sa vie, elle a exposé son travail à divers endroits [6] y compris aux États-Unis[21],[17].

  • 1961 : Borduren met Cécile Dreesmann, exposition dans l'atelier de l'orfèvre Nico Huisman[18].
  • 1964 : Te Vuur en te naald. Calendriers, papiers, cartes ... de Cécile Dreesmann, exposition vente, librairie Paul Brinkman[22].
  • 1967 : New York[23]
  • 1973 : Exposition de sculptures à l'aiguille de Cécile Dreesmann, Laren[24].
  • 1979 : Stenen Festijn, (cent des dernières œuvres de l'artiste à l'aiguille) Musée Singer, Laren[25].
  • 1990 : sculptures à l'aiguille de Cécile Dreesmann, Château De Hooge Vuursche, Baarn[26]

Bibliographie

  • (nl)Steekspel, Wereldvenster, 1964
  • (nl)De gestroomlijnde naald (Baedeker voor de vrouw deel 16); geïllustreerd door Cecile Dreesmann), Nederlandse Boekenclub, La Haye, 1965,
  • (nl)Merklappen oud en nieuw, Wageningen, Zomer & Keuning, 1967, ASIN: B003C7J3EC
  • (nl)Avonturen van een naald, Groningen, Wolters-Noordhoff, 1973
  • (nl)Cécile: Cécile Dreesmann vertelt over haar levenswerk, Zuid-Hollandsche U.M, 1974, (ISBN 9789023580928)
  • (nl)De stamboom van Oranje, Mingus, 1982, (ISBN 9789065640291)
  • (nl)Het huis van Harlekijn, Thieme, 1986, (ISBN 9789003901101)
  • (nl)Het erfgoed, roman sur une dynastie de magasins, De Boekerij, 1989, (ISBN 9789022509913)
  • (nl)Rob Kerstens,, Sprookjes onder de wingerd ( illustré de sculptures de fils de Cecile Dreesmann), Skarabee, 1977, (ISBN 9789060712030)
  • (nl)Mandersens, un roman sur une dynastie de grands magasins. (Mandersens est une anagramme de Dreesmann), Amsterdam, De Boekerij, 1988
  • (nl)Borduurkunst (Art de la broderie), Amsterdam, Strengholt, 1066
  • (nl)Borduurkunst II, Dagboek van een borduurster, (Broderie II, Journal d'une femme brodeuse), Amsterdam, Strengholt, 1967
  • (en+nl)Dreams, 3 volumes; (Rêves, le titre signifie également DREesmann / AMSterdam) , Mingus, 1982, (ISBN 978-9065640284)[2]
  • (nl)De vorstinnen van Thorn, Ef & Ef / Hub Tonnaer, 1988 (Histoire des huit cents ans durant lesquels l'ancien État souverain de Thorn a été dirigé par les abbesses, des femmes émancipées qui ont vécu à une époque antérieure à l'utilisation de ce mot.).
  • (nl)Borduren met Cécile Dreesmann (Broderie avec Cécile Dreesmann), (réimpression sous un autre titre), Amsterdam, Strengholt, 1979, (ISBN 9789060104484). Aperçu en ligne
  • (nl)De gestroomlijnde naald (L'aiguille profilée), La Haye, NBC
  • (nl)Varia van het borduren (Divers de la broderie)
  • (nl)Als naalden dromen [27](Quand les aiguilles rêvent, histoire de la broderie et modèles. Dans ce livre , illustré de nombreuses photos, elle retrace l'histoire de la broderie depuis les premiers points décoratifs jusqu'à la broderie contemporaine. Le livre est conçu comme une source d'inspiration et un point de départ pour un travail personnel) (ISBN 9065903658)
  • (nl)Door het oog van duizend naalden[28] (A travers le chas d'un millier d'aiguilles), Stok Publisher (ISBN 9023580907)
  • (nl)Cécile Dreesmann vertelt over haar levenswerk (Cécile Dreesmann parle de sa vie de travail), Zuid-Hollandsche U.M, 1974 (ISBN 9789023580928)
  • (en)Embroidery, MacMillan, 1969, (ISBN 9780025334700)
  • (nl)Borduurkunst Praktische handleiding voor beginners en gevorderden, Amsterdam, Strengholt, 1966. Manuel de broderie, très moderne, destiné aux débutants comme aux étudiants avancés. Avec 175 dessins réalisés par l'écrivain et 217 photos.
  • (en)Samplers for today, Van Nostrand Reinhold, 1972, (ISBN 9780442221782)

Références

  1. Biografisch Portaal, Cécile Dreesmann
  2. (nl) « Radio-uitzending NOS met en over Cécile Dreesmann », Woord.nl (consulté le )
  3. « Cécile Dreesmann b. 1920 d. 23 Apr 1994: Geneagraphie - Families all over the world », sur www.geneagraphie.com (consulté le )
  4. (nl) « Een leven lang », Woord.nl (consulté le )
  5. « Cecilia Antonia Maria Wilhelmina Dreesmann », sur geni_family_tree (consulté le )
  6. Rijckheyt, Persoonsdocumentatie Cécile Dreesmann (krantenknipsels) (lire en ligne)
  7. (nl) Pauselijk eerbetoon: een inleiding over pauselijke onderscheidingen, ridderorden, pauselijke adel en Nederlanders aan het pauselijk hof, Uitgeverij Verloren, (ISBN 9087041764, lire en ligne)
  8. (nl) Marc van der Linden, de vrouwen van Prins Bernhard, Overamstel Uitgevers, (ISBN 9789048812035, lire en ligne)
  9. (nl) Eleanor Herman, Seks met de koning, Manteau, (ISBN 9789022321669)
  10. (nl) Marike van Roon, « De erfenis van Dreesmann », sur Blogs UvA Erfgoed (consulté le )
  11. « Collection: Collectie Jacob Visser | Allard Pierson - The Collections of the University of Amsterdam », sur archives.uba.uva.nl (consulté le )
  12. (nl) « Overleden », sur Trouw, (consulté le )
  13. Cécile Dreesmann, Borduurkunst II, dagboek van een borduurster, A.J.G. Strengholt N.V.,
  14. « De Amsterdamse familie Dreesmann », Ons Amsterdam (consulté le )
  15. « zoeken.beeldengeluid.nl », zoeken.beeldengeluid.nl (consulté le )
  16. (nl) « Cecile Dreesmann », sur Galerie Wijdemeren (consulté le )
  17. (nl) Mieke De Haas, « De on-nederlandse Flair van Cécile Dressmann », De Tijd,
  18. (nl) L.M., « Artistieke ontwerpen van Cécile Deersmann. Smaakvolle en leerijke expositie van borduurwerk in Heerlen », Limburgs dagblad,
  19. « Cecile Dreesmann », sur www.librarything.com (consulté le )
  20. (en) « Portret van Cecile Dreesman, zij maakt sculpturen met naald en draad, Paul Huf, 1972 », sur Rijksmuseum (consulté le )
  21. « www.geheugenvannederland.nl », www.geheugenvannederland.nl (consulté le )
  22. (nl) non signé, « sans », De Bel, , p. 3-4
  23. (nl) sans, « sans », Nieuwe Leidsche Courant, , p. 5-18
  24. (nl) sans, « sans », De Bel, (1-6)
  25. (nl) Kampioen, , 984 p., p. 935
  26. (nl) sans, « sans », De Bel, , p. 27/48
  27. (nl) « 1989 | Boeken | Borduren | Naaldkunst | Als naalden dromen | Cecile Dreesmann (V&D) - 1989 », sur pearlsandroses (consulté le )
  28. (nl) eva verbruggen, « Door het oog van duizend naalden », sur hetateliervanevav, (consulté le )

Liens externes

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