Byssus

Le byssus (du grec bussos, lin fin) est un ensemble de fibres sécrétées par certains mollusques bivalves et qui leur permet d'adhérer au substrat. Ces fibres sont produites par une glande dite glande byssogène (caractéristique de certaines espèces de Mytilidae, Arcidae, Anomiidae, Pinnidae, Pectinidae, Dreissenidae et Unionidae).

Une moule et son byssus (Ocean Beach, San Francisco, en Californie)
Byssus de la moule zébrée (Dreissena polymorpha)

Pour les mollusques comestibles (comme les moules), ce byssus est appelé barbe et est enlevé (ébarbé) avant la cuisson : en technique culinaire, on parle d'ébarbage.

Byssogénèse

Quand une moule rencontre une crevasse, elle y crée une chambre à vide, à la manière d'un plombier avec sa ventouse. Le byssus est déversé dans cette chambre sous la forme d'une mousse liquide collante. Le pied du mollusque pompe alors cette mousse, ce qui produit des filaments de la taille d'un cheveu humain[1].

Ces fibres, à base de protéines quinone et de kératine ont une cuticule extérieure riche en tyrosine, un acide aminé particulier très adhésif même sous l'eau, vont s'associer avec des ions ferriques, ce qui donne un complexe très résistant à l'usure et une grande capacité d'extension[2]. Des chercheurs ont, en 2007, synthétisé un polymère de dopamine (dit polydopamine[3],[4]) qui pourrait servir de colle biologique fine en chirurgie et sur certaines prothèses délivrant des médicaments encapsulés dans des nanostructures.

Ces propriétés remarquables ont donné l'idée à des chercheurs en génie génétique d'insérer de l'ADN de moule dans des cellules de levure[réf. nécessaire].

Tissu

Certaines moules produisent un byssus très fin, apte à être cardé puis tissé
Gant tricoté en soie marine, golfe de Tarente, Italie

En Méditerranée, un mollusque bivalve du nom de Pinna nobilis produit un byssus bien connu, appelé soie marine ou laine de poisson. Cette matière, sorte de soie brune aux reflets dorés pouvant dépasser cm, était connue de certains peuples antiques du bassin méditerranéen. De nombreux textes grecs anciens tels que la version grecque du texte de la pierre de Rosette, mentionnent un textile fort onéreux sous le terme de byssus mais on sait aujourd'hui qu'il s'agissait non pas du byssus de mollusque mais de tissu de lin[5]. La Toison d'or de la mythologie aurait été selon certains historiens une référence au véritable byssus de la grande nacre[6].

Cette matière était récoltée jusqu'au milieu du XXe siècle dans le golfe de Tarente et en Sardaigne. Chaque coquillage donne moins de deux grammes de fibres[6]. Le byssus est alors lavé, éclairci par un procédé chimique, puis cardé.

On utilise notamment le byssus pour confectionner des gants, des bonnets, mais toujours des objets luxueux.

Elle n'est plus produite qu'en Sardaigne et uniquement par quelques rares femmes de Sant'Antioco qui en maîtrisent l'art[7],[8], sinon le prélèvement de byssus n'a cours que pour réparer d'anciens habits[6].

Attestation archéologique

  • Bonnet du XIVe siècle découvert à Saint-Denis.
  • Le voile de Manoppello - le visage de Jésus, au moment de la mise au tombeau, aurait été imprimé sur ce byssus, relique arrivée à Manoppello en 1506.

Notes

  1. Jose Babarro, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom , 2008, vol. 88, n°4, pp. 783-791
  2. Harrington et al, Iron-clad fibers: a metal-based biological strategy for hard flexible coatings, Revue Science, mars 2010
  3. Mussel-Inspired Surface Chemistry for Multifunctional Coatings Haeshin Lee, Shara M. Dellatore, William M. Miller, Phillip B. Messersmith Science 19 October 2007: vol. 318 no 5849 p. 426–430 DOI:10.1126/science.1147241
  4. Perspectives on poly(dopamine) Daniel R. Dreyer, Daniel J. Miller, Benny D. Freeman, Donald R. Paul et Christopher W. Bielawski Chem" Sci 2013, Advance Article DOI:10.1039/C3SC51501J
  5. La version égyptienne du texte, quant à elle, parle simplement de "fin tissu" (fine linen), cf. http://www.reshafim.org.il/ad/egypt/texts/rosettastone1.htm.
  6. Louise Marquez, « De la soie de mer aux tissus d'or », Pour la Science, no 393, (lire en ligne)
  7. « Due tessitrici di Sant’Antioco hanno realizzato, in bisso marino, un arazzo per il Papa ed una tovaglia per la Basilica. », sur La Provincia del Sulcis Iglesiente (consulté le ).
  8. Projet de Soie Marine du musée d'Histoire Naturelle de Bâle (Suisse) http://www.muschelseide.ch/en/geschichte/20--Jahrhundert.html

Illustrations complémentaires

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Portail des mollusques et de la malacologie
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