Office central pour l'émigration juive

L'Office central pour l'émigration juive (Zentralstelle für jüdische Auswanderung) est l'organe central chapeautant des institutions nazies qui visent à expulser les Juifs dans les zones sous contrôle du IIIe Reich. Il existait trois agences : à Vienne (en), à Prague et à Amsterdam, ainsi que le Reich Central Office for Jewish Emigration, c'est-à-dire le siège, à Berlin. Ces organismes sont créés par le régime nazi pour accélérer l'émigration des Juifs d'Autriche, puis d'Allemagne et du protectorat de Bohême-Moravie, en les dépouillant de l'essentiel de leurs biens.

Histoire

L'Office central pour l'émigration juive à Vienne (en), situé Prinz Eugen Strasse 22, est ouvert en automne 1938[1] par Adolf Eichmann. Il voyait dans ces bureaux un moyen de simplifier les procédures administratives fastidieuses qui attendaient les Juifs d'Autriche quand ils essayaient de quitter le pays[2].

L'objectif de ses activités, correspondant à l'horizon fixé par Hermann Göring est de rendre Vienne Judenfrei (libre de Juifs ou sans Juifs) en 1942. La politique d'émigration nolens volens connaît une accélération après la nuit de cristal de novembre 1938. Eichmann, désireux d'accélérer le départ des juifs présents dans les territoires contrôlés par les nazis, instaure un dispositif efficace pour augmenter la cadence. L'idée est non seulement de « faciliter » l'émigration des Juifs aisés, mais aussi de faire financer par ceux-ci, via des taxes confiscatoires, le départ de tous les Juifs d'Autriche.

J'ai dit immédiatement : c'est comme une fabrique automatique, disons comme un moulin à blé relié à une boulangerie. À l'entrée, vous envoyez un Juif qui possède encore des biens ainsi que, disons, une usine ou un magasin ou un compte bancaire ; il traverse le bâtiment entier, de comptoir en comptoir, de bureau en bureau - et à sa sortie, il n'a plus d'argent, il n'a plus de droits, il n'a plus qu'un passeport où il est écrit : Vous devez quitter le pays sous deux semaines et, si vous restez malgré tout, vous finirez dans un camp de concentration[1].

Tous les organismes (publics ou privés) liés à l'émigration devaient compter un représentant à l'Office central[1], qui rendait compte à l'Office des Services de Sécurité à Berlin.

L'Office central finançait cette émigration en prenant l'argent des Juifs fortunés pour expulser les autres[3].

Le « modèle de Vienne » permet de rationaliser l'ensemble des politiques de spoliation et de contrôle de l'émigration. Son succès débouche le à la création à Berlin de l'Office central du Reich pour l'émigration juive (Reichszentrale für Jüdische Auswanderung , sous l'autorité de Reinhard Heydrich, d'une centrale pour l'émigration pour l'ensemble du Reich à Berlin. . L'Office était chargé d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour pousser les Juifs à émigrer et il devait aussi se coordonner avec les systèmes d'émigration existant chez les Juifs. Un autre bureau ouvre à Prague compétent pour le protectorat de Bohême-Moravie, puis à Amsterdam, ce dernier n'ayant toutefois joué qu'un rôle marginal, faute de porte de sortie pour les Juifs des Pays-Bas.

En la moitié des Juifs d'Autriche a quitté le Reich, les deux-tiers en septembre de la même année. Lors de la conférence de Wannsee, Heydrich qui a supervisé les activités des centrale d'émigration « se prévalut d'avoir présidé à l'émigration forcée de 537 000 personnes entre janvier 1933 et octobre 1941, date officielle de la fermeture des frontières de l'Europe nazie à l'émigration des Juifs[4]. »

Références

  1. « Testimony of Wilhelm Hoettl at the trial of Adolf Eichmann » [archive du ] (consulté le )
  2. "Establishment of the Central Office For Jewish Emigration in Vienna", published 20 August 1938, Introduction. Found at https://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Holocaust/imoffice.html. Retrieved 23 February 2010.
  3. Judgment in the Trial of Adolf Eichmann, part 8. Retrieved 23 February 2010 from « Archived copy » [archive du ] (consulté le )
  4. Dictionnaire de la Shoah, p. 158.

Bibliographie

  • Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.), Joël Kotek (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », , 638 p. (ISBN 978-2-03-583781-3). .
  • David Cesarani (trad. de l'anglais), Adolf Eichmann, Paris, Tallandier, , 556 p. (ISBN 978-2-84734-484-4).
  • Saul Friedländer, L'allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, Paris, Seuil, (ISBN 9782020970280)
  • Raul Hilberg (trad. de l'anglais), La destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, , 2400 p. (ISBN 2-07-030983-5)

Liens externes

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