Budget de l'État français

Le budget de l'État français est une prévision des dépenses et des recettes de l'État français, voté chaque année par le parlement dans une loi de finances.

C'est un dispositif essentiel de structuration et de pilotage des finances publiques et un élément structurant de la démocratie représentative. En effet, il permet aux représentants élus par la population de peser et d'en contrôler les recettes (par le vote de l'impôt qui est de sa compétence exclusive) ainsi que les dépenses (pertinence et orientation des sommes disponibles à ce titre). Il est un instrument financier au service du gouvernement permettant la réalisation de projets.

En 2017, les ressources nettes des remboursements et dégrèvements s'élèvent à 253,4 milliards d'euros pour le budget général, pour des dépenses nettes de 326,8 milliards d'euros. En prenant en compte également les budgets annexes et les comptes spéciaux, le déficit budgétaire de l'État est de 67,7 milliards d'euros[1].

Panorama et ordres de grandeur

Le tableau ci-dessous présente de manière très simplifiée le budget de l’État au sein des finances publiques françaises.

Présentation des finances publiques françaises
État Finances publiques hors État
Dépenses principales ministères, préfectures, forces armées, Police nationale, enseignement, recherche publique, justice, représentations diplomatiques, retraites des fonctionnaires … Sécurité sociale : assurance maladie (qui elle-même finance les établissements de santé), retraites

Collectivités territoriales : Personnel non enseignant des écoles, collèges et lycées, formation professionnelle, aménagement, transports en commun …

Une partie des dépenses n’est pas mise en œuvre directement par l’État mais par des « opérateurs »[n 1], majoritairement financés par des subventions de l’État ou des taxes affectées, ou porteurs d’enjeux importants pour l’État. Au budget 2020, sont inscrits 483 opérateurs de l’État rémunérant 402 032 emplois (en équivalents temps plein travaillés) et bénéficiant de 56,5 milliards d’euros de financement public. Par exemple, le Centre national de la recherche scientifique a un budget de recettes en 2019 de 3374 millions d’euros, dont 2629 de subventions de l’État pour charges de services public[2].

Selon la comptabilité nationale, les dépenses des administrations publiques centrales (qui correspondent approximativement au budget de l’État et des opérateurs) représentent 40 % des dépenses publiques dans leur ensemble, qui elles-mêmes représentent 56 % du PIB[3].

Historique

Sous l'Ancien Régime

Sous le règne d'Henri IV, le budget est équilibré à hauteur d'une vingtaine de millions de livres tournois. En 1661, il est de 22,8 millions de recettes et 32 de dépenses et, à la mort de Louis XIV en 1715, les rentrées fiscales sont de 69 millions pour 146 millions de charges. La dette publique est alors de 2,3 à 2,4 milliards de livres tournois, dont 1,2 milliard de rentes constituées, plus importante qu'au déclenchement de la Révolution française en 1789 bien que l'ensemble du XVIIIe siècle ait vu des budgets déficitaires[4].

Total du budget en 1683115,1 millions de livres[5]
Armée de terre39,4 %
Marine et galères9,5 %
Fortifications7,75 %
Fonds du roi (affaires secrètes)3,8 %
Service de la dette8 %
Dépense de la Cour de France10,6 %
Remboursement à la Caisse des emprunts7,4 %
Bâtiments6,3 %
Administration (gages des offices)3,1 %
Pensions1,2 %
Commerce0,3 %
Ponts et chaussées0,08 %
Canal des deux mers0,03 %
Divers2,54 %

Structure du budget

Un budget public doit obéir à plusieurs principes comme l’annualité, l’unité ou la sincérité[6].

Toutefois, les « Remboursements et dégrèvements », les dépenses sur fonts de concours et les prélèvements sur recettes rendent le budget difficilement intelligible[7].

Budget général

Le budget est voté par le Parlement pour une année, et ne crée aucun droit pour les années suivantes[8].

Recettes

Les ressources budgétaires de l’État comprennent :

  1. des impositions de toute nature ;
  2. les revenus courants de ses activités industrielles et commerciales, de son domaine, de ses participations financières ainsi que de ses autres actifs et droits, les rémunérations des services rendus par lui, les retenues et cotisations sociales établies à son profit, le produit des amendes, les versements d’organismes publics et privés autres que ceux relevant des opérations de trésorerie, et les produits résultant des opérations de trésorerie autres que les primes à l’émission d’emprunts de l’État ;
  3. les fonds de concours, ainsi que les dons et legs consentis à son profit ;
  4. les revenus courants divers ;
  5. les remboursements des prêts et avances ;
  6. les produits de cession de son domaine, de ses participations financières ainsi que de ses autres actifs et droits ;
  7. les produits exceptionnels divers[8].
Recettes du budget général de l'État en 2021 en euros[9]
Évaluation
Impôt sur le revenu 92 835 138 856
Impôt sur les sociétés 62 984 885 027
Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques 19 194 042 064
Taxe sur la valeur ajoutée 145 493 491 163
Autres contributions fiscales 66 696 386 886
Recettes fiscales 387 203 943 996
Dividendes et recettes assimilées 4 788 421 455
Produits de la vente de biens et services 1 983 646 736
Amendes, sanctions pénalités et frais de poursuites 1 729 818 493
Divers 16 806 526 710
Recettes non fiscales 25 308 413 394
Prélèvements sur les recettes de l'État au profit des collectivités territoriales 43 400 026 109
Prélèvement sur les recettes de l'État au profit de l'Union européenne 27 200 000 000
Prélèvements sur les recettes de l'État 70 600 026 109
Fonds de concours 5 673 785 095

Dépenses fiscales

Les dépenses fiscales (ou « niches fiscales ») sont en grande partie une minoration de recettes qui n’apparaît pas dans le budget[n 2]. Elles sont chiffrées et évaluées et rattachées à titre indicatif à des missions du budget général (par exemple, le crédit d'impôt recherche est une dépense de la mission « Recherche et enseignement supérieur », le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi de la mission « Économie »…) ; mais la Cour des comptes regrette régulièrement la hausse de ces dépenses, et relève depuis plusieurs années que la cohérence entre les dépenses fiscales et les objectifs des programmes auxquels elles sont rattachées n’est pas toujours assurée[10].

Le montant des 468 niches est estimé à 90 milliards d’euros pour 2020[11].

Dépenses

Les charges budgétaires de l'État sont regroupées sous les titres suivants :

  1. les dotations des pouvoirs publics ;
  2. les dépenses de personnel ;
  3. les dépenses de fonctionnement ;
  4. les charges de la dette de l'État ;
  5. les dépenses d'investissement ;
  6. les dépenses d'intervention ;
  7. les dépenses d'opérations financières[12].

Les crédits ouverts par les lois de finances pour couvrir chacune des charges budgétaires de l’État sont regroupés par mission concourant à une politique publique définie et relevant d’un ou plusieurs services d’un ou plusieurs ministères[13].

Les crédits ouverts aux ministres par la loi de finances initiale pour 2021 au titre du budget général sont répartis conformément au tableau suivant[14].

Mission Montant en euros du crédit de paiement Ministre disposant des crédits Les missions sont décomposées de plusieurs programmes. Lorsque plusieurs ministres sont indiqués, chacun est responsable d'un programme, au sein de la mission.[15]
Action et transformation publique +00 000 000 0000,
Action extérieure de l'État +002 926 810 966, Ministre de l'Europe et des affaires étrangères
Administration générale et territoriale de l'État +004 202 936 383, Ministre de l'Intérieur
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales +003 039 256 128, Ministre l'Agriculture et de l'alimentation
Aide publique au développement +005 394 292 343, Ministre de l'Économie et des finances et de la relance, Ministre de l'Europe et des affaires étrangères
Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation +002 089 348 081, Ministre des Armées, Premier ministre
Cohésion des territoires +015 945 986 482, Ministre de la Transition écologique, Ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Premier Ministre
Conseil et contrôle de l’État +000718 332 692, Premier ministre
Crédits non répartis +000322 500 000, Ministre de l'économie, des finances et de la relance
Culture +003 201 179 486, Ministre de la Culture
Défense +047 695 367 396, Ministre des Armées
Direction de l'action du Gouvernement +000857 259 400, Premier ministre
Écologie, développement et mobilité durable +020 729 398 015, Ministre de la Transition écologique, Ministre de la Mer, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance
Économie +002 689 645 138, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance
Engagements financiers de l’État +038 907 914 058, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance
Enseignement scolaire +075 904 933 210, Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, ministre de l'Agriculture et de l'alimentation
Gestion des finances publiques et des ressources humaines +00 000 000 0000,
Gestion des finances publiques +010 095 257 208, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance
Immigration, asile et intégration +001 841 895 327, Ministre de l'Intérieur
Investissements d'avenir +003 976 500 000, Premier ministre
Justice +010 058 186 288, Garde des sceaux, ministre de la Justice
Médias, livre et industries culturelles +000604 289 591, Ministre de la Culture
Outre-mer +002 436 489 929, Ministre des outre-mer
Plan de relance +021 839 951 290, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance
Plan d’urgence face à la crise sanitaire +006 030 000 000, Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance
Pouvoirs publics +000993 954 491, (non géré par le Gouvernement)
Recherche et enseignement supérieur +028 475 676 950, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, ministre de la Transition écologique, ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, ministre des Armées, ministre de l'agriculture et de l'alimentation
Régimes sociaux et de retraite +006 153 300 766, Ministre de la Transition écologique, ministre de la mer, ministre de l'économie, des finances et de la relance
Relations avec les collectivités territoriales +003 919 158 695, Ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales
Remboursements et dégrèvements +129 333 691 289, Ministre de l'économie, des finances et de la relance
Santé +001 320 482 751, Ministre des Solidarités et de la santé
Sécurités +020 718 903 379, Ministre de l'Intérieur
Solidarité, insertion et égalité des chances +026 253 098 837, Ministre des solidarités et de la santé, Premier ministre
Sports, jeunesse et vie associative +001 359 554 394, Ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports
Transformation et fonction publiques +000691 476 698, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques
Travail et emploi +013 542 589 919, Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion
Total +514 269 617 580,

La mission « Engagements financiers de l’État » est essentiellement consacrée à la charge de la dette de l’État[16].

La mission « Remboursements et dégrèvements », dont les crédits ont un caractère évaluatif[17], et qui sont soustraits aux recettes fiscales brutes pour obtenir les recettes fiscales nettes dans le solde budgétaire, est constituée de la manière suivante[18] :

  • programme : « Remboursements et dégrèvements d'impôts d'État » (avec par exemple les remboursements de trop-versés ou la part de dépenses fiscales donnant lieu à un décaissement au profit de contribuables[n 2]) ;
  • programme « Remboursements et dégrèvements d'impôts locaux ».

Au sein de chaque mission, un programme regroupe les crédits destinés à mettre en oeuvre une action ou un ensemble cohérent d’actions relevant d’un même ministère et auquel sont associés des objectifs précis, définis en fonction de finalités d'intérêt général, ainsi que des résultats attendus et faisant l’objet d'une évaluation.

Les crédits sont spécialisés par dotation (pour les missions « Crédits non répartis » et « pouvoirs publics ») ou par programme. Les crédits d'un programme ou d'une dotation sont présentés selon les titres mentionnés ci-dessus. La présentation des crédits par titre est indicative. Toutefois, les crédits ouverts sur le titre des dépenses de personnel de chaque programme constituent le plafond des dépenses de cette nature (principe de fongibilité asymétrique)[13]. Les crédits ouverts sont constitués d’autorisations d'engagement et de crédits de paiement[19].

Ci-dessous, pour exemple, les crédits ouverts du programme Protection judiciaire de la jeunesse, de la mission justice.

Autorisations d’engagement du programme Protection judiciaire de la jeunesse selon la LFI 2018[20]
Intitulé de l’action Titre 2 : dépenses de personnel Titre 3 : dépenses de fonctionnement Titre 4 : dépenses d’investissement Titre 6 : dépenses d’intervention Total
01 – Mise en oeuvre des décisions judiciaires 412 842 777  57 444 734  19 029 849  238 289 216  727 606 576 
03 – Soutien 78 710 926  20 279 154  1 200 000  100 190 080 
04 – Formation 25 581 843  15 825 500  41 407 343 
Total 517 135 546  93 549 388  20 229 849  238 289 216  869 203 999 
Crédits de paiement du programme Protection judiciaire de la jeunesse selon la LFI 2018[20]
Intitulé de l’action Titre 2 : dépenses de personnel Titre 3 : dépenses de fonctionnement Titre 4 : dépenses d’investissement Titre 6 : dépenses d’intervention Total
01 – Mise en oeuvre des décisions judiciaires 412 842 777  53 228 960  13 299 843  238 289 216  717 660 796 
03 – Soutien 78 710 926  17 899 027  1 261 184  97 871 137 
04 – Formation 25 581 843  9 975 500  35 557 343 
Total 517 135 546  81 103 487  14 561 027  238 289 216  851 089 276 

Affectation de recettes

Certaines recettes peuvent être directement affectées à certaines dépenses. Ces affectations prennent la forme de[21]

  • budgets annexes : ils retracent les seules opérations des services de l’État non dotés de la personnalité morale résultant de leur activité de production de biens ou de prestation de services donnant lieu au paiement de redevances, lorsqu’elles sont effectuées à titre principal par lesdits services[22] ;
  • comptes spéciaux ;
    • les comptes d'affectation spéciale (dont celui des participations de l’État et celui des pensions des fonctionnaires[23]) ;
    • les comptes de commerce[24] ;
    • les comptes d'opérations monétaires[25] ;
    • les comptes de concours financiers[26].
  • procédures comptables particulières au sein du budget général, d’un budget annexe ou d’un compte spécial[27] :
    • fonds de concours : constitués d’une part, par des fonds à caractère non fiscal versés par des personnes morales ou physiques pour concourir à des dépenses d’intérêt public et, d’autre part, par les produits de legs et donations attribués à l’État,
    • procédure d’attribution de produits,
    • procédure de rétablissement de crédits.

Collectivités locales

Les collectivités territoriales sont financées par des impôts locaux.

En complément, les transferts financiers de l’État aux collectivités territoriales se composent de trois ensembles

  • Les concours financiers de l’État aux collectivités, rassemblent les transferts financiers spécifiquement destinés aux collectivités et à leurs groupements. Il s’agit
    • des prélèvements sur recettes de l’État au profit des collectivités territoriales,
    • de la TVA affectée aux régions en substitution de la DGF depuis 2018,
    • des crédits de la mission « Relations avec les collectivités territoriales».
  • Les transferts divers de l’État hors fiscalité transférée et hors apprentissage comprennent
    • les subventions aux collectivités territoriales des ministères autres que le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales (MCTRCT),
    • les contreparties de dégrèvements d’impositions locales décidés par voie législative
    • le produit des amendes de police de la circulation et des radars.
  • La fiscalité transférée et le financement de la formation professionnelle, qui visent essentiellement à compenser les mesures de décentralisation et les transferts de compétences vers les collectivités territoriales[29].

Protection sociale

La protection sociale est financée par des cotisations sociales et par la contribution sociale généralisée.

En complément, les relations financières entre l’État et la protection sociale recouvrent des formes diverses,

  • il auto assure certains risques sociaux aux fonctionnaires et il verse en tant qu’employeur des cotisations sociales (54 G€ en 2018) ;
  • il compense, aux régimes obligatoires de base de sécurité sociale et aux régimes complémentaires,des exonérations de cotisations sociales (G€) ;
  • il finance les prestations versées par les organismes obligatoires de base de sécurité sociale pour le compte de l’État (34 G€) ;
  • il verse des subventions à certains régimes obligatoires de base de sécurité sociale pour en assurer l’équilibre financier (G€) ;
  • il garantit financièrement à certains régimes de protection sociale ;
  • il affecte aux organismes de sécurité sociale le produit de certains impôts et taxes (217 G€)[30].

Union européenne

Le montant de la contribution française au profit de l’Union européenne, constituée du prélèvement sur recettes et des ressources propres traditionnelles nettes des frais d’assiette et de perception s’est élevé à 20 G€ en 2018.

La même année, les dépenses européennes réalisées en France se sont élevées à 14 G€, ce qui représente 11,3% du total des dépenses réparties de l’Union (dépenses administratives incluses). La France était ainsi le deuxième bénéficiaire en volume des dépenses de l’Union européenne derrière la Pologne. Les dépenses provenant de la politique agricole commune ont représenté 64% du total des retours français[31].

Solde

Tableau de l'équilibre budgétaire de l’État en 2021 en millions d’euros[32]
Ressources Charges Soldes
Recettes fiscales brutes/dépenses brutes (a) 387 204 514 270
Remboursements et dégrèvements (-b) −129 334 −129 334
Recettes fiscales nettes/dépenses nettes (c=a-b) 257 870 384 936
Recettes non fiscales (d) 25 308
Recettes totales nettes/dépenses nettes (e=c+d) 283 179 384 936
Prélèvements sur recettes au profit des collectivités territoriales et de l'Union européenne (-f) −70 600
Budget général (g=e-f) 212 579 384 936 −172 357
Évaluation des fonds de concours et crédits correspondants (h) 5 674 5 674
Budget général y compris fonds de concours (i=g+h) 218 252 390 610
Budgets annexes (j) 2 409 2 446
Comptes spéciaux (k) −943
Solde général (=g+j+k) −173 337

Depuis 1974, le budget de l'État est chaque année déficitaire.

Selon les accords européens, le déficit public, (dont celui de l’État), doit rester sous le seuil des 3 % du PIB. En 2018, le déficit de l’État, qui atteint 76 milliards d’euros soit 3 % du PIB, est désormais nettement supérieur au déficit de l’ensemble des administrations publiques (59,6 milliards d’euros, soit 2,5 % du PIB)[33].

En 2018, la dette de l’État atteint 78,33 % du PIB, soit la majorité de la dette de l’ensemble des administrations publiques qui atteint 98,4 % du PIB[34].

Calendrier

Élaboration du projet de loi de finances initial

Siège des ministres de l'Économie et des Finances et des directions générales.

Avant la loi de finance, les crédits font l’objet de trajectoires pluriannuelles dans les loi de programmation (lois de programmation des finances publiques[35], militaire[36], de la justice[37]).

Côté recettes, c'est la direction générale des Finances publiques du ministère de l'Économie et des Finances qui a la haute main. Il y a bien quelques mesures politiques issues des autres ministères (type : crédit d'impôts pour telle ou telle dépense des particuliers), mais c'est marginal et de toute façon validé (parfois avec des modifications qui peuvent en réduire la portée) par l'administration fiscale. Il fixe les recettes supposées de l'appareil étatique, dont le montant effectif dépendra de la conjoncture économique : bénéfices des sociétés, consommation, croissance, etc[réf. nécessaire].

L’élaboration du budget de l’année N démarre en novembre de l’année N-2 quand chaque ministère définit sa stratégie budgétaire, en analysant notamment l’exécution antérieure des programmes, et déterminant les évolutions tendancielles des dépenses. Au cours du premier trimestre de l’année N-1, le Premier ministre adresse une lettre de « cadrage » à chaque membre du Gouvernement. Des négociations ont lieu entre chaque ministre et le ministre chargé du budget (représenté par la direction du Budget dans les premières discussions) jusqu’à aboutir à une « lettre plafond », qui arrête le montant maximum des crédits et des autorisations d’emplois par mission pour l’année N ainsi que les principales réformes à engager. Chaque ministère répartit ensuite les crédits dans les différents programmes[38].

Vote de la loi de finances initiale par le Parlement

Hémicycle de l’Assemblée nationale .

Le projet de loi de finance est déposé fin septembre[39] ; la discussion parlementaire de ces textes est limitée en durée[40], et prioritaire par rapport aux autres textes législatifs [41].

La première partie de la loi de finances autorise, pour l’année, la perception des ressources de l’État. La seconde partie fixe notamment, pour le budget général, par mission, le montant des autorisations d'engagement et des crédits de paiement[42].

Au cours de la discussion sur la seconde partie, les parlementaires ne peuvent que déplacer des crédits au sein d’une mission[43].

Les mesures réglementaires

Des virements peuvent modifier la répartition des crédits entre programmes d’un même ministère. Le montant cumulé, au cours d’une même année, des crédits ayant fait l’objet de virements, ne peut excéder 2 % des crédits ouverts par la loi de finances de l’année pour chacun des programmes concernés.

Des transferts peuvent modifier la répartition des crédits entre programmes de ministères distincts, dans la mesure où l’emploi des crédits ainsi transférés, pour un objet déterminé, correspond à des actions du programme d’origine[44].

En cas d’urgence, des décrets d’avance pris sur avis du Conseil d’État et après avis des commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat chargées des finances peuvent ouvrir des crédits supplémentaires sans affecter l’équilibre budgétaire défini par la dernière loi de finances. À cette fin, les décrets d’avance procèdent à l’annulation de crédits ou constatent des recettes supplémentaires. Le montant cumulé des crédits ainsi ouverts ne peut excéder 1 % des crédits ouverts par la loi de finances de l’année[45].

Inversement, afin de prévenir une détérioration de l’équilibre budgétaire défini par la dernière loi de finances afférente à l’année concernée, un crédit peut être annulé par décret pris sur le rapport du ministre chargé des finances. Un crédit devenu sans objet peut être annulé par un décret pris dans les mêmes conditions. Avant sa publication, tout décret d’annulation est transmis pour information aux commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat chargées des finances et aux autres commissions concernées. Le montant cumulé des crédits annulés par décret d’annulation et d’avance ne peut dépasser 1,5 % des crédits ouverts par les lois de finances afférentes à l'année en cours[46].

Exécution

Selon le décret relatif à la gestion budgétaire et comptable publique, les ministres sont seuls ordonnateurs principaux des recettes et des dépenses. Par délégation, les ordonnateurs secondaires sont par exemple les préfets ou les ambassadeurs[47].

Sous l’autorité du ministre chargé du budget, les comptables publics exécutent toutes opérations de recettes et de dépenses du budget de l’État. Le comptable public s’assure, par ses contrôles sur les biens, droits et obligations qui doivent être enregistrés dans le compte général de l’État, de la qualité du contrôle interne comptable et du respect des principes et des règles[48].

La loi de règlement

La loi de règlement arrête le montant définitif des recettes et des dépenses du budget auquel elle se rapporte, ainsi que le résultat budgétaire qui en découle. Le cas échéant, elle ratifie les modifications apportées par décret d’avance aux crédits ouverts par la dernière loi de finances afférente à cette année et ouvre, pour chaque programme ou dotation concerné, les crédits nécessaires pour régulariser les dépassements constatés résultant de circonstances de force majeure dûment justifiées et procède à l'annulation des crédits n'ayant été ni consommés ni reportés[49].

Contrôle

Siège de la Cour des Comptes .

La Cour des comptes assiste le Parlement et le Gouvernement dans le contrôle de l'exécution des lois de finances[50].

Notes et références

Notes

  1. Dans leur grande majorité, les opérateurs de l’État appartiennent à la notion comptable d’Organisme divers d'administration centrale.
  2. Le montant des dépenses fiscales = part estimée en minoration de recettes + part en décaissement

Références

  1. « Loi no 2018-652 du 25 juillet 2018 de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2017, article premier », sur Légifrance.
  2. Annexe au projet de loi de finances pour 2020, Opérateurs de l’État (lire en ligne)
  3. « Dépenses et recettes des administrations publiques en 2018 », sur www.insee.fr,
  4. Robert Villers, Cours d'histoire des faits économiques, , 329 p., p. 47.
  5. Arthur Arthur de Boislisle, Correspondance des Contrôleurs généraux des Finances avec les Intendants de Provinces, vol. 1, Collection de documents sur l'histoire de France, , p. 598.
  6. LOLF, article 32.
  7. Le Budget de l’État en 2018, Ch III, III, A une faible lisibilité des dépenses de l’État
  8. LOLF, article 3.
  9. Article 93 et annexe état A de la loi no 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021
  10. Le Budget de l’État en 2018, Ch II, III Des dépenses fiscales en nette progression, ni pilotées, ni évaluées
  11. Annexe au projet de loi de finances pour 2020, Évaluations des voies et moyens, tome II « Les dépenses fiscales » (lire en ligne)
  12. LOLF, article 5.
  13. LOLF, article 7.
  14. Article 94 et annexe état B de la loi du 29 décembre 2020 de finances pour 2021
  15. Décret no 2020-1754 du 29 décembre 2020 portant répartition des crédits et découverts autorisés par la loi no 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021
  16. Dans le « projet de loi de finances pour 2020 », l’action « Dette » représente 37 milliards d’euros, sur les 38 milliards de la mission
  17. LOLF, article 10.
  18. Projet annuel de performances de la mission « Remboursements et dégrèvements » (lire en ligne [PDF]), p. 12
  19. LOLF, article 8.
  20. « Présentation des crédits et des emplois du programme 182 Protection judiciaire de la jeunesse »,
  21. LOLF, article 16.
  22. LOLF, article 18.
  23. LOLF, article 21.
  24. LOLF, article 22.
  25. LOLF, article 23.
  26. LOLF, article 19.
  27. LOLF, article 17.
  28. Annexe au projet de loi de finances pour 2020. État récapitulatif des crédits de fonds de concours et attributions de produits (lire en ligne)
  29. Annexe au projet de loi de finances pour 2020. Transferts financiers de l’État aux collectivités territoriales (lire en ligne)
  30. Annexe au projet de loi de finances pour 2020. Bilan des relations financières entre l’État et la protection sociale (lire en ligne)
  31. Annexe au projet de loi de finances pour 2020, Relations financières avec l’Union européenne (lire en ligne)
  32. Article 93 de la loi no 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021
  33. Le Budget de l’État en 2018, Ch I, III, A, 1, a Un déficit de l’État qui s’accroît alors que celui des administrations publiques se réduit
  34. Le Budget de l’État en 2018, Ch I, III, A, 1, c Une dette de l’État qui continue à croître, alors que celle des APU est stabilisée
  35. Article 15 de la loi no 2018-32 du 22 janvier 2018 de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022
  36. Article 3 de la loi no 2018-607 du 13 juillet 2018 relative à la programmation militaire pour les années 2019 à 2025 et portant diverses dispositions intéressant la défense
  37. Article 1 de la loi no  2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice
  38. « Élaboration ministérielle d’un budget », sur performance-publique.budget.gouv.fr,
  39. LOLF, article 39.
  40. Article 47 de la Constitution
  41. Article 48 de la Constitution
  42. LOLF, article 34.
  43. LOLF, article 47.
  44. LOLF, article 12.
  45. LOLF, article 13.
  46. LOLF, article 14.
  47. Articles 74 et 75 du décret no 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique
  48. Article 77 du décret no 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique
  49. LOLF, article 37.
  50. Article 47-1 de la Constitution

Annexes

Bibliographie

Liens externes

Articles connexes

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