Brion Gysin

Brion Gysin était un artiste performer, un poète, un écrivain et un peintre britanno-canadien né le à Taplow, Buckinghamshire et décédé le à Paris.

Notice biographique

Il est connu pour avoir découvert au Beat Hotel la technique du « Cut-up » en découpant au cutter des feuilles de papier journal qui se trouvaient en dessous de la feuille de dessin qu'il était en train de découper, procédé qui ne va pas sans rappeler Tristan Tzara. Dans le chapitre 8 de son Dada manifeste sur l'amour faible et l'amour amer[1], il écrit:

"Pour faire un poème dadaïste

Prenez un journal

Prenez des ciseaux.

Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.

Découpez l'article.

Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans

un sac.

Agitez doucement.

Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre.

Copiez consciencieusement dans l'ordre où elles ont quitté le sac.

Le poème vous ressemblera.

Et vous voilà un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire."

Il a partagé cette découverte avec son ami William S. Burroughs, qui en fit une grande utilisation. Gysin a aidé Burroughs à l'édition de plusieurs de ses romans, et a écrit un manuscrit pour une version cinématographique du Festin Nu - The Naked Lunch - mais qui n'a jamais été produite. Les deux ont collaboré sur un grand manuscrit pour Grove Press intitulée The Third Mind (Le Tiers Esprit) mais il s'est avéré qu'il serait impossible de l'éditer comme à l'origine envisagé. Le livre édité plus tard sous ce même titre inclut peu de ce matériel. Gysin a aussi développe le procédé qu'il a appelé « poèmes permutés », dans lesquels quelques mots ou une formule est répétée plusieurs fois, avec les mots réarrangés dans un ordre différent à chaque réitération. Le plus célèbre de ses poèmes permutés est la tautologie, I am that I am dont il a donné la permutation dans un ouvrage publié par Something Else Press aux États-Unis. Plusieurs de ces permutations ont été produites à l'aide d'un générateur aléatoire informatique programmé par Ian Sommerville. Il a également expérimenté avec la permutation d'enregistrements sur bande magnétique, en découpant et recollant ensemble les bruits d'un pistolet enregistrés à différentes amplitudes dans le studio de la BBC, produisant le "Pistol Poem". Cet enregistrement a été plus tard employé comme thème en 1960 pour la performance parisienne au " Domaine Poétique", où furent visibles et audibles les travaux expérimentaux de personnes comme Gysin, François Dufrêne, Bernard Heidsieck et Henri Chopin. On trouve des enregistrements de Brion Gysin chez Sub Rosa dans le CD lunapark 0,10.. Il a travaillé intensivement avec le saxophoniste jazz Steve Lacy.

En 1986, il a enregistré un album avec le musicien français Ramuntcho Matta. On l'y entend chanter et rapper ses propres textes sur des musiques composées par Ramuntcho Matta, avec la participation de Don Cherry, Elli Medeiros, Steve Lacy, Lizzy Mercier Descloux, Caroline Loeb etc. Cet album a été réédité en CD par Crammed Discs en 1993, sous le titre Self-Portrait Jumping.

Au début des années 1960, il construit, avec Ian Sommerville, la Dreamachine, un dispositif censé être regardé avec les yeux fermés.

Les revues d'avant-garde en France ont beaucoup publié Brion Gysin. En particulier, la revue Luna-Park a publié des dessins et textes de Brion Gysin dans sa première série comme dans la nouvelle série où ont paru des chapitres inédits en français de son livre The Last Museum dans une traduction de Sylvie Durastanti.

Son abondante œuvre graphique a été souvent exposée notamment au Musée d'art moderne de Bruxelles et à la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques en 1980 (exposition Écritures) et en 1993 à la biennale de Lyon Et tous ils changent le monde (commissaire Marc Dachy) avec sa Dreamachine. Une biographie lui a été consacrée en 2005 chez Disinformation par John Geiger ainsi qu'une importante monographie en 2003 chez Thames and Hudson par José Ferez Kuri.

Distinctions

Chevalier des Arts et Lettres en 1985.

Décès

Il meurt le 13 juillet 1986 dans son appartement de la rue Saint-Martin, en face du Centre Pompidou qu'il a abondamment photographié, des suites d'un cancer du poumon. Lors d'une émission de télévision en France, peu après son décès, William Burroughs déclare que Brion Gysin était le seul homme qu'il ait jamais respecté[2].

Ouvrages

Notes et références

  1. Tristan Tzara, « Dada manifeste sur l'amour faible et l'amour amer », La Vie des lettres n° 4, , p. 5 (lire en ligne)
  2. Du côté de chez Fred, Antenne 2, 1990

Publications sur l'auteur

  • John Geiger, Nothing Is True-Everything is Permitted : The Life of Brion Gysin, Red Wheel/Weiser, , 320 p. (ISBN 1-60925-871-1, présentation en ligne).

Articles connexes

Liens externes


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