Bouvard et Pécuchet

Bouvard et Pécuchet est un roman inachevé de Gustave Flaubert publié en 1881 à titre posthume.

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Bouvard et Pécuchet

Couverture de l'édition de 1881.

Auteur Gustave Flaubert
Pays France
Genre Roman
Éditeur Alphonse Lemerre
Lieu de parution Paris
Date de parution 1881
Chronologie

Résumé

Bouvard et Pécuchet, illustration de Bernard Naudin, 1923.

Par un chaud dimanche d'été, près du bassin du port de l'Arsenal, sur le boulevard Bourdon, à Paris, deux promeneurs, Bouvard et Pécuchet, se rencontrent par hasard sur un banc public et font connaissance. Ils s'aperçoivent qu'ils ont eu tous deux l'idée d'écrire leur nom dans leur chapeau : « Alors ils se considérèrent. ». Tombés sous le charme l'un de l'autre, Bouvard et Pécuchet découvrent que non seulement ils exercent le même métier de copiste, mais qu'en plus ils ont les mêmes centres d'intérêt. S'ils le pouvaient, ils aimeraient vivre à la campagne.

Un héritage opportun de Bouvard va leur permettre de changer de vie. Ils reprennent une ferme à Chavignolles, dans le Calvados, non loin de Caen et se lancent, sans autre préparation que la lecture d'ouvrages de vulgarisation et des conseils pratiques glanés au hasard, dans l'agriculture (agronomie, arboriculture, jardinage, conserverie, distillerie). Leur enthousiasme de néophytes et leur incapacité à comprendre va n'engendrer que des désastres. De la même manière, ils vont s'intéresser, successivement, aux sciences (chimie, anatomie, physiologie, médecine, nutrition, astronomie, zoologie, géologie), à l'archéologie (architecture, muséologie, religion celtique, antiquités, histoire, biographie), à la littérature (roman historique, théâtre, critique littéraire, grammaire, esthétique), à la politique, à l'amour, à la philosophie (gymnastique, spiritisme, magnétisme, logique), à la religion, à l'éducation (phrénologie, dessin, histoire naturelle, morale, musique, urbanisme) avec les mêmes résultats.

Ils sont aussi emportés dans les débats, souvent houleux, de la politique — l'action se déroule après la révolution de 1848 —, de la religion, du positivisme. Comme dans les autres domaines, leurs opinions sont aussi peu assurées et peu enracinées que possible. Ils ne connaissent rien que par quelques poncifs tirés de leur lecture.

Le roman s'interrompt brusquement au chapitre dix sur l'échec éducatif de Bouvard et Pécuchet, les deux « orphelins » dont ils ont volontairement assumé la charge et entrepris l'éducation se montrant totalement rétifs à leur pédagogie (pourtant inspirée des meilleurs auteurs).

La fin ?

Le manuscrit de Flaubert contient un plan de la fin du roman, où l'on voit que lassés par tant d'échecs, abandonnés par les orphelins, il leur vient une dernière idée : « copier comme autrefois », et ils font venir de Paris de quoi fabriquer un bureau. Raymond Queneau suggère que parmi les ouvrages qu'ils copieraient alors pourrait bien figurer le Dictionnaire des idées reçues[1].

Origine et accueil du roman

Gustave Flaubert vers 1880.

Le projet de ce roman remonte à 1872, puisque l'auteur en fait part à George Sand dans un courrier où il affirme son intention comique. Dès cette époque, il songe à écrire une vaste raillerie sur la vanité de ses contemporains. Entre l'idée et la rédaction interrompue par sa mort, il aura eu le temps de collecter une impressionnante documentation : on avance le chiffre de mille cinq cents livres. Lors de l'écriture, Flaubert avait songé au sous-titre Encyclopédie de la bêtise humaine et la présence du Dictionnaire des idées reçues à la fin du roman est l'une des raisons de sa célébrité. Le comique vient de la frénésie des deux compères, à tout vouloir savoir, tout expérimenter, et surtout de leur incapacité à comprendre correctement. Le roman dans sa forme définitive ne constitue que la première partie du plan. Sur le moment, l'accueil fut réservé.

Adaptations

  • Adaptation radiophonique en dix épisodes en 1971, réalisation de Georges Godebert, avec Michel Galabru et Jacques Duby[2],[3].
  • Première adaptation télévisée de l’œuvre en 1971, avec Julien Guiomar et Paul Crauchet dans les rôles titre.
  • Adaptation télévisée tchécoslovaque (1972), Ils étaient une fois deux scribes, avec Jiří Sovák et Miroslav Horníček dans les rôles titres[4].
  • Seconde adaptation télévisée de l’œuvre en 1989, avec Jean-Pierre Marielle et Jean Carmet dans les rôles titre.
  • Une adaptation théâtrale a été écrite et mise en scène par Jean-Louis Sarthou, sous le titre Boubou et Pécuche en Basse-Normandie. Elle a été créée en 1980 au Théâtre Marie-Stuart (Paris), puis a tourné en France (En Île-de-France puis à Rennes, au Théâtre de la Parcheminerie) et à l'étranger (Dakar et Abidjan). Elle a été reprise au Théâtre à Orly en 1985 sous le titre Bouvard et Pécuchet en Goguette, dans une scénographie d'Yves Charnay. Elle a chaque fois été interprétée par Dany Tayarda, Daniel Dubois et Olivier Proust.
  • En 1994, Jean-Marc Chotteau adapte le roman pour le théâtre. Fred Personne et François Lalande interprètent le duo de personnages. Le spectacle, produit par la Compagnie Jean-Marc Chotteau et créé au Salon de Théâtre à Tourcoing, est joué à Paris au Théâtre 13.
  • En 2016, Jean-Marc Chotteau reprend son adaptation et recrée le spectacle au Salon de Théâtre à Tourcoing dans une production de La Virgule, Centre Transfrontalier de Création Théâtrale, Mouscron-Tourcoing. Cette fois, il interprète lui-même Pécuchet, tandis qu'Éric Leblanc interprète Bouvard.
  • En 2017, Jérôme Deschamps adapte et met en scène le roman au Théâtre de la Ville, à Paris, avec lui-même et Micha Lescot dans les rôles titres.

Notes et références

Bibliographie

Éditions

  • Bouvard et Pécuchet — œuvre posthume, Paris, Alphonse Lemerre, 1881 — sur Gallica.
  • Bouvard et Pécuchet — œuvre posthume, Paris, Bibliothèque Charpentier, 1891.
  • Bouvard et Pécuchet, 2 tomes illustrés par Charles Huard, Paris, L'Édition d'art Henri Piazza, 1904.
  • Œuvre complète, l'un des 18 tomes, Paris, Louis Conard, 1909.
  • Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert, illustrations par Auguste Leroux, Paris, F. Ferroud, 1928 — lettrines ornés par Madeleine Leroux, hors-texte et en-têtes gravés à l'eau forte par Eugène Decisy, frontispice gravé sur bois en couleurs par Georges Beltrand, planches in-texte gravées sur bois par Pierre Gusman.
  • Bouvard et Pécuchet : avec un choix des scénarios, du Sottisier, l’Album de la Marquise et Le Dictionnaire des idées reçues (édition présentée et établie par Claudine Gothot-Mersh), Paris, Gallimard, coll. « Folio » (no 1137), , 570 p. (ISBN 2-07-037137-9)

Travaux critiques

  • René Descharmes, Autour de Bouvard et Pécuchet : Études documentaires et critiques, Paris, (ISBN 978-1-171-91407-5)
  • D. L. Demorest, À travers les plans, manuscrits et dossiers de Bouvard et Pécuchet, Paris,
  • Michel Butor, « À propos de Bouvard », dans Improvisations sur Flaubert, La Différence,
  • Yvan Leclerc, La Spirale et le monument. Essai sur « Bouvard et Pécuchet », Paris, S.E.D.E.S,
  • Thanh-Van Ton-That, Lectures d'une œuvre : Bouvard et Pécuchet, une odyssée de la bêtise, Du Temps, , 127 p. (ISBN 978-2-84274-096-2)
  • Jean-Paul Santerre, Leçon littéraire sur Bouvard et Pécuchet, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-050198-5)
  • Stéphanie Dord-Crouslé, Bouvard et Pécuchet de Flaubert : une encyclopédie en farce, Belin, , 139 p. (ISBN 978-2-7011-2826-9)
  • Mihara Tomoko, La communauté et l'autre dans Bouvard et Pécuchet — thèse de doctorat, Université de Rouen, , 442 p. (ISBN 978-2-284-02346-3)
  • Thierry Poyet, Bouvard et Pécuchet, le savoir et la sagesse, Paris, Kimé, 2012

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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