Bourgoutière

Une bourgoutière est une formation végétale graminéenne dominée par une espèce de Poaceae semi-aquatique, Echinochloa stagnina, appelée localement bourgou boue gluante » en malinké[1]). Cette association végétale forme des pâturages flottants dans les plaines inondables du delta intérieur du Niger qui revêtent une grande importance pour les éleveurs de bétail de la région. On trouve également des bourgoutières au Sénégal et au Niger.

Il s’agit d’un pâturage à la productivité exceptionnelle, et qui peut produire jusqu’à 30 tonnes de matière sèche à l’hectare, soit vingt fois la production d’un bon pâturage sahélien[2].

La gestion des bourgoutières est confiée à un responsable peul nommé jooro, maître des pâturages, nommé par un conseil de famille[3]. L'exploitation des bourgoutières, qui fournissent outre le fourrage pour le bétail, divers produits agricoles (viande, lait, poissons, produits de cueillette), est soumise à des règles coutumières plus ou moins bien définies et occasionne des conflits entre les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs[4],[5].

Chaque année au Mali, se tient une « conférence régionale sur les bourgoutières » dont le but est d'organiser la transhumance des troupeaux, la gestion des bourgoutières et les manifestations culturelles et folkloriques associées[6].

En 2005, l’UNESCO procéda à l’inscription de « l’espace culturel du ƴaaral, traversée du Niger par les troupeaux pour rejoindre les bourgoutières de Diafarabé, et du degal[7], descente des mêmes troupeaux dans les bourgoutières de Dialloubé, à la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité sur proposition du ministère malien de la Culture[8].

Notes et références

  1. Olivier Barrière et Catherine Barrière, Un droit à inventer : foncier et environnement dans le delta intérieur du Niger (Mali), IRD Éditions, coll. « A travers champs », , 474 p. (ISBN 978-2-7099-1495-6, ISSN 0998-4658), p. 8.
  2. Marie Brossier, Cédric Jourde et Modibo Ghaly Cissé, « Relations de pouvoir locales, logiques de violence et participation politique en milieu peul (région de Mopti) », Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix, (lire en ligne)
  3. Alain Karsenty et Alain Bertrand, La sécurisation foncière en Afrique : pour une gestion viable des ressources renouvelables, Karthala Éditions, coll. « Économie et développement », , 388 p. (ISBN 978-2-86537-655-1), p. 156.
  4. Modibo Coulibaly, « Mali : Conflits autour des bourgoutières (1) : dans les sables mouvants du champ juridique », L'Essor , (lire en ligne).
  5. Modibo Coulibaly, « Mali : Conflits autour des bourgoutières (2) : dans le labyrinthe des coutumes », L'Essor, (lire en ligne)
  6. Modibo Coulibaly, « Conférence sur les bourgoutières : le président keita assistera à la traversée de Diafarabé », L'Essor, (lire en ligne).
  7. « L’espace culturel du yaaral et du degal », sur Patrimoine culturel immatériel, UNESCO (consulté le ).
  8. Anaïs Leblon, « Le patrimoine pastoral au prisme de la décentralisation politique. Les fêtes du yaaral et du degal au Mali », Géographie et cultures, no 79, , p. 11–28 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.362, lire en ligne, consulté le )
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