Boulevard Saint-Germain

Le boulevard Saint-Germain est un boulevard de la rive gauche de Paris, ainsi nommé en l'honneur de l'évêque Germain de Paris (496-576), et en raison de la proximité de l'église Saint-Germain-des-Prés qui lui est dédiée.

5e, 6e, 7e arrts
Boulevard Saint-Germain

Le boulevard Saint-Germain en 2010.
Situation
Arrondissements 5e
6e
7e
Quartiers Saint-Victor
Sorbonne
Monnaie
Odéon
Saint-Germain-des-Prés
Saint-Thomas-d'Aquin
Invalides
Début Seine au niveau du pont Sully
Fin Seine au niveau du quai d'Orsay
Morphologie
Longueur 3 150 m
Largeur 30 m
Historique
Création 1855
Géocodification
Ville de Paris 8845
DGI 8619
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Situation et accès

Long de 3 150 mètres et large de 30 mètres environ, le boulevard Saint-Germain part de la Seine au coin du quai Saint-Bernard et face à l'île Saint-Louis, dans le 5e arrondissement, longe le fleuve à quelques centaines de mètres au pied de la montagne Sainte-Geneviève, puis traverse le 6e arrondissement et rejoint à nouveau la Seine au niveau du quai d'Orsay, dans le 7e arrondissement. C'est la principale voie du Quartier latin, avec le boulevard Saint-Michel[1] et du faubourg Saint-Germain.

Origine du nom

Son nom lui vient du faubourg Saint-Germain que traverse le boulevard.

Historique

C'est l'un des projets conçus personnellement par le baron Haussmann lors des travaux de transformation de Paris sous le Second Empire. Il complétait sur la rive gauche les boulevards de la rive droite et facilitait la desserte est-ouest des quartiers centraux sur la rive gauche. Il ne fut cependant achevé que sous la IIIe République, par l'ouverture de son tronçon central (entre les rues Hautefeuille et des Ciseaux) en 1877[2].

Le percement du boulevard Saint-Germain a entraîné la démolition d'un nombre important d'anciens hôtels du faubourg Saint-Germain. Il a également absorbé plusieurs rues, dont notamment :

On peut constater que plusieurs maisons de ces rues disparues ont été conservées, car elles se trouvaient par hasard dans l'alignement du boulevard. On peut ainsi retrouver le côté impair de la rue de l'École-de-Médecine place Henri-Mondor ; son côté pair entre la rue de Seine et la rue de Buci ; tout le côté impair de la rue Taranne ; et tout le côté pair de la rue Saint-Dominique[3].

En octobre 1896, à l'occasion de leur visite en France, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra empruntent le boulevard Saint-Germain, le trajet devant les conduire à l'ambassade de Russie[4].

Le 11 mars 1918, durant la Première Guerre mondiale, les nos 211, 213 bis, 231, 240, 242 et 246 boulevard Saint-Germain sont touchés lors d'un raid effectué par des avions allemands[5].
Le 30 mars 1918, un obus lancé par la Grosse Bertha explose au carrefour Saint-Germain-Buci[6]. Le , un autre obus tombe au no 179.

En décembre 1958, entre 6 000 et 7 000 manifestants étudiants du Quartier latin qui voulaient marcher en direction du palais Bourbon sont stoppés par des gardiens de la paix au carrefour des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Peu après, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité un vœu condamnant des violences policières[7].

Une partie des événements de Mai 1968 se déroula sur le boulevard.

Le boulevard a longtemps abrité des maisons d'édition et des librairies, par exemple des éditions médicales à proximité de la faculté de médecine. Au fil des années, elles ont tendance à être remplacées par des magasins de mode et des restaurants.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • No 136 : l'anarchiste Ravachol fit en partie sauter cette maison le 11 mars 1892. Dans les années 1930, l'immeuble est acheté par un couple de commerçants juifs venus de Roumanie, dont hérite ensuite leur fille Yolande. Emprisonnée dix ans en Roumanie pour des raisons politiques, celle-ci revient ensuite à Paris, s’installe au sixième étage du bâtiment, loue le reste des appartements et gère au rez-de-chaussée une boutique de vêtements pour hommes avec son mari. Il meurt de la maladie de Parkinson dans les années 1990. Sans enfant, elle consacre alors son héritage à lutter contre cette maladie avec la fondation de France, créant à cet effet la fondation Schutzman-Zisman, du nom de ses parents, désormais inscrit sur une plaque au-dessus de la porte de l'immeuble[16].
  • No 142 : le restaurant Vagenende, ancien bouillon datant de 1905. Vagenende était le nom du propriétaire en 1920.
  • No 143 : l’hôtel Madison. André Malraux y a passé l’hiver 1937[réf. nécessaire].
  • No 145 : Monument à Diderot par Jean Gautherin (1886)[17], rappelant le lieu où il habitait, alors rue Taranne ; galerie Steph Simon dans les années 1950.
  • No 145 : brasserie Lipp. Le leader de l'opposition marocaine Mehdi Ben Barka fut enlevé devant en 1965 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 149 : à l'angle de la rue de Rennes, ancien drugstore Publicis, ouvert en 1965, le deuxième lancé par le groupe en France (le premier étant situé 133 avenue des Champs-Élysées). Bar, restaurant, magasin (tabac, parfumerie, pharmacie, kiosque, etc.), ouvert à des horaires très tardifs pour l'époque et ciblant la jeunesse, il reprend un concept observé par le dirigeant de Publicis Marcel Bleustein-Blanchet aux États-Unis. Slavik est une nouvelle fois chargé de la décoration. En 1974, un attentat terroriste commis par Carlos y fait deux morts et 34 blessés. Le chanteur Serge Gainsbourg était un habitué. Jusqu'au milieu des années 1980, il accueillait entre 2000 et 3000 visiteurs par jour. En 1995, trop exigu au goût du public, la fermeture du drugstore est annoncée, laissant place deux ans plus tard à une boutique Armani[18].
  • No 153 : l'historien et homme politique polonais Joachim Lelewel y a vécu en 1832 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 166 : La Rhumerie, bar fréquenté notamment par Antonin Artaud[réf. nécessaire].
  • No 167 : le résistant François Faure y a vécu ; une plaque lui rend hommage.
  • Face au no 168 sur l'actuel boulevard, immédiatement à l'ouest de l’actuel passage de la Petite-Boucherie) : emplacement de la prison de l'Abbaye (démolie)[19].
  • No 168 bis : le square Félix-Desruelles résulte de la démolition des maisons qui enserraient l'église Saint-Germain-des-Prés jusqu'au milieu du XIXe siècle. Il abrite le Monument à Bernard Palissy par Louis-Ernest Barrias (1883)[20] et, contre le mur de l'immeuble voisin, une façade en grès émaillé conçue par l'architecte Charles-Auguste Risler et le sculpteur Jules Coutan pour illustrer l'utilisation des produits de la manufacture nationale de Sèvres lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris.
  • No 170 : emplacement, à la fin du XIXe siècle, d'un bouillon Duval[21]. En 2017 le lieu est occupé par un magasin de mode.
  • No 172 : le Café de Flore, un des cafés littéraires de Paris les plus célèbres, où se retrouvent les vainqueurs du prix Goncourt, les poètes de toutes les époques, et où sont passés quelques idéologues des révolutions russes ou chinoises et de grandes personnalités littéraires[réf. nécessaire].
  • No 175 :
  • No 177 : l'homme politique Édouard Frédéric-Dupont y a vécu à partir de 1908 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 184 : immeuble construit en 1878 par l'architecte Édouard Leudière pour la Société de géographie. Les deux cariatides, représentant La Terre et La Mer, et le globe terrestre en façade ont été sculptés par Émile Soldi. La distribution initiale des locaux comprenait au rez-de-chaussée, la grande salle de réunions (conservée), une salle des pas perdus, un vestiaire, un logement de concierge ; au 1er étage, une salle de commission et le cabinet du président ; aux 2e et 3e étages, la bibliothèque et une salle de commission ; au 4e, l'appartement de l'agent de la Société[22]. Siège également de l'IPAG Business School.
  • No 186 : à cet angle se situait le cimetière Saint-Germain, également appelé cimetière Saint-Pierre[réf. nécessaire].
  • No 202 : domicile du poète Guillaume Apollinaire. Ce dernier quitta Auteuil en janvier 1913 pour emménager dans cet immeuble dont il appréciait, entre autres, la proximité avec le Café de Flore. Il y résida jusqu'à sa mort en novembre 1918. Une plaque lui rend hommage[23].
  • No 205 : bureaux de l'Organisation internationale du travail à Paris.

Notes, sources et références

  1. Belleret, Le Monde, 25 février 2005.
  2. Pitt 2014, p. 66.
  3. Léonard Pitt, Paris, un voyage dans le temps, Parigramme, 2008, 221 p. (ISBN 978-2-84096-454-4), p. 108, 115, 131 et 134-135.
  4. « Le Pays : journal des volontés de la France », sur Gallica, (consulté le ), pages 1-2.
  5. Exelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute
  6. Excelsior du 9 janvier 1919 : Carte et liste officielles des obus lancés par le canon monstre et numérotés suivant leur ordre et leur date de chute
  7. Emmanuel Blanchard, « Quand les forces de l'ordre défient le palais Bourbon (13 mars 1958). Les policiers manifestants, l'arène parlementaire et la transition de régime », Genèses, 2011/2 (no 83), p. 55-73.
  8. Le Monde Illustré, 26 février 1870.
  9. Vincent Guiroud, « Leonor Fini et André Pieyre de Mandiargues : un roman inachevé », Non-Fiction, 22 mars 2011
  10. Voeu relatif à l’apposition d’une plaque commémorativeen l’honneur de Georgette ELGEY
  11. Archives départementales de la Seine-Maritime, registre matricule 1R3472.
  12. Paris, Guide bleu Hachette, 1988, p. 413 (ISBN 201011485X).
  13. « Coupe de France de football association », Lectures pour tous, , p. 1220 (lire en ligne).
  14. Siramy, Pierre., 25 ans dans les services secrets, Flammarion, (ISBN 978-2-08-123261-7 et 2-08-123261-8, OCLC 587016058, lire en ligne)
  15. « Conseil de Paris »
  16. Nathalie Birchem, « La postérité de l’immeuble de Yolande », la-croix.com, 7 novembre 2017.
  17. « Monument à Diderot – Paris », notice sur e-monumen.net.
  18. Nadya Charvet, « Saint-Germain sonne le glas du drugstore. Le complexe, vieux de trente ans, a été vendu au couturier italien Armani », sur Libération, (consulté le ).
  19. « Indication sur l'emplacement de la prison de l'Abbaye », www.tombes-sepultures.com.
  20. « Monument à Bernard Palissy, Paris (75006) », notice sur e-monumen.net.
  21. Karl Baedeker, Paris et ses environs : manuel du voyageur, Baedeker, 1900 p. 15-18.
  22. « Hôtel de la société », socgeo.com.
  23. Plaque commémorative.
  24. Jacques-François Blondel, Architecture française, Paris, Jombert, 1752, tome Ier : Description des principaux édifices du Faubourg St. Germain et catalogue de l'exposition « Le Faubourg Saint-Germain », musée Rodin, 1984, article de Bruno Pons, p. 68-72.
  25. « 215, boulevard Saint-Germain », www.cdi.fr.
  26. Favier, Pierre, 1946-, La décennie Mitterrand. 4, Les déchirements (1991-1995), Ed. du Seuil, (ISBN 2-02-029374-9, 978-2-02-029374-7 et 2-02-014427-1, OCLC 41340549, lire en ligne)
  27. Yves Coirault, dans Saint-Simon, Mémoires, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1985, t. V, p. 681, note 12.
  28. Monument à Claude Chappe – Paris (75007) (fondu)
  29. 1869 – Le Boulevard Raspail
  30. Matthieu Deprieck, « Fillon a 48 heures pour être la surprise de la primaire de droite », lesinrocks.com, 17 novembre 2016.
  31. « Conseil de Paris »
  32. Cf. notice de la BnF et Maurice Culot, William Pesson, Histoire d'une ambassade, Bruxelles, AAm éditions, 2008. Dans cet ouvrage, les auteurs supposent que l'immeuble soit d'Henri Parent.
  33. « Représentation en France », ec.europa.eu ; « Bureau d'information en France », ec.europa.eu.
  34. « Plaque à la mémoire de Robert Bottine », sur http://museedelaresistanceenligne.org/ (consulté le ).
  35. « Plaque en hommage au résistant Marcel Martin », sur http://museedelaresistanceenligne.org/ (consulté le ).

Bibliographie

  • Léonard Pitt (trad. de l'anglais), Paris, un voyage dans le temps, Paris, Parigramme, , 221 p. (ISBN 978-2-84096-454-4). 

Annexes

Liens externes

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