H. R. Haldeman

Harry Robbins « Bob » Haldeman (Los Angeles, Santa Barbara, ) est un homme d'affaires et conseiller politique américain. Chef de cabinet de la Maison-Blanche (White House Chief of Staff) sous le président Richard Nixon, il a été impliqué dans le scandale du Watergate ce qui a conduit à sa démission. Il a été, plus tard, condamné à la prison par les tribunaux américains pour obstruction à la justice, parjure et conspiration.

Pour les articles homonymes, voir Haldeman.

H. R. Haldeman

Photographie de Bob Haldeman en 1971.
Fonctions
Chef de cabinet de la Maison-Blanche
Président Richard Nixon
Prédécesseur Wilton Persons (en)
Successeur Alexander Haig
Biographie
Nom de naissance Harry Robbins Haldeman
Date de naissance
Lieu de naissance Los Angeles (Californie)
États-Unis
Date de décès
Lieu de décès Santa Barbara (Californie)
États-Unis
Nationalité Américain
Parti politique Parti républicain
Diplômé de Université de Californie à Los Angeles
Religion Science chrétienne

Liste des chefs de cabinet de la Maison-Blanche

De Los Angeles à la Maison-Blanche

Harry Robbins « Bob » Haldeman est né le à Los Angeles, où il a grandi dans un quartier aisé de Beverly Hills. Il est le fils de Harry Francis Haldeman, un homme d'affaires ayant investi d'abord dans le secteur de la plomberie puis dans celui de l'air climatisé. Quant à son grand-père, Harry Marston Haldeman, il était le cofondateur de la Better American Federation of California, une des premières organisations américaines anticommunistes[1]. Les deux grands-pères de Bob Haldeman ont également eu en commun d'être tous deux des petits hommes d'affaires ayant vécu d'abord dans l'Indiana puis en Californie. De même les deux aïeuls étaient des républicains de tendance isolationniste[2].

Haldeman a étudié à l'université de Redlands puis à l'université de Californie du Sud avant de servir durant la Seconde Guerre mondiale dans la United States Naval Reserve. Il rentre finalement à l'université de Californie à Los Angeles dont il sort diplômé en 1948[3]. C'est également à l'université qu'il a rencontré John Ehrlichman qui deviendra, lui aussi, un proche conseiller du président Nixon. Il commence sa carrière dans la publicité dans une agence de la côte Ouest dont il a rapidement gravi les échelons. C'est d'ailleurs durant son passage dans le secteur de la publicité qu'Haldeman a embauché deux personnalités qui serviront aussi à la Maison-Blanche : Ron Ziegler et Dwight Chapin[1].

C'est en 1947 qu'Haldeman a commencé à admirer Nixon, qui menait alors les investigations au sein de la House Un-American Activities Committee contre Alger Hiss, haut fonctionnaire du département d’État[3]. Mais ce n'est qu'en 1956 qu'Haldeman travaillera pour la première fois avec Richard Nixon pour sa campagne de réélection au poste de vice-président. Quatre ans plus tard, alors que cette fois-ci Nixon visait la présidence des États-Unis, ses équipes impressionnées par son action lors de la campagne précédente l'ont réengagé pour la campagne de 1960[1] puis en 1962 pour l’élection au poste de gouverneur de Californie[2]. Mais Nixon n'est élu à la présidence que lors de l'élection de 1968, pour laquelle le rôle d'Haldeman est souligné puisqu'il a contribué à la construction de la nouvelle image du candidat républicain. Il a notamment pris conscience que la fatigue avait un effet très ébranlant sur Nixon et qu'elle impactait ses prestations, et dans un deuxième temps Haldeman a compris que grâce aux mass media (notamment la radio et la télévision) la campagne électorale n'était pas obligée de se faire de manière intense dans tous les États[3].

Haldeman dans l'administration Nixon

Haldeman est nommé chef de cabinet de la Maison-Blanche le . Plusieurs exemples montrent qu'Haldeman a été très influent et que ses prérogatives dépassaient celles habituellement dévolues aux personnes occupant son poste. C'est ainsi que le professeur d'histoire Dan T. Carter rapporte qu'au début des années 1970, Haldeman avec le soutien de Nixon a versé 40 000 dollars aux adversaires de l'ancien gouverneur de l'Alabama George Wallace, qui tentait de se faire réélire, afin de l'empêcher de remporter les primaires démocrates. Dans le même temps, Dan Carter expliquait que ce type d'action, pour significative qu'elle soit, n'était pas l'opération la plus marquante du duo Nixon-Haldeman[4]. Un autre chercheur, Robert Ranftel, avait obtenu une note d'une conversation dans lequel Haldeman demandait à John Edgar Hoover, alors directeur du FBI, de lui donner toutes les informations qu'il aurait pu obtenir sur les homosexuels « connus ou présumés » de la presse de Washington[1].

Haldeman, qui s'était d'ailleurs surnommé lui-même le « fils de pute du président »[5], était aussi connu pour contrôler si rigoureusement l'accès au président qu'il était qualifié de véritable « mur de Berlin » par ses détracteurs[3]. D'ailleurs ce sobriquet désignait régulièrement le « couple » formé par Haldeman et par Ehrlichman, tous deux très proches du président et idéologiquement semblables (les deux étaient conservateurs et appartenaient à la science chrétienne). Comme l'explique le journaliste Godfrey Hodgson, Haldeman « était littéralement le gardien » de la porte du Bureau ovale : même les secrétaire du Cabinet ne pouvait obtenir une entrevue avec Nixon sans l'approbation du chef de cabinet, comme John Newton Mitchell, le procureur général, en fit l’amère expérience[2].

Durant son passage dans l'administration Nixon, Haldeman s'était également forgé une image d'homme glacial et rigoureux. Le journaliste Richard Severo évoque ainsi la ressemblance du chef de cabinet de la Maison-Blanche avec un sergent instructeur des Marines. Tandis que d'autres commentateurs ont raconté qu'il avait « un regard qui aurait glacé Méduse » et l'allure d'un « garde prussien ». Bien qu'il ait lui-même reconnu pouvoir être brusque, Haldeman a tout de même expliqué que c'était la presse qui lui avait accolé une image de « monstre »[1].

Rôle et implication dans le scandale du Watergate

Pour un article plus général, voir Scandale du Watergate.

Haldeman et Ehrlichman en pleine discussion à bord d'Air Force One en 1973. Les deux influents conseillers ont démissionné le même jour avant d'être jugés et emprisonnés.

Haldeman a souvent été présenté comme une des chevilles ouvrières de la politique de surveillance menée par Nixon, tout particulièrement dans le cas du scandale du Watergate. Après que la Cour suprême a forcé le président à livrer les cassettes sur lesquelles étaient enregistrées les conversations tenues entre le président et ses conseillers, la justice a découvert un échange crucial[N 1] entre Nixon et Haldeman où ils évoquent la possibilité de recourir à l'aide de la CIA pour contraindre le FBI à restreindre ou arrêter ses investigations[3]. On a aussi découvert que le chef de cabinet contrôlait une « caisse noire », constituée pour payer certains des « plombiers » impliqués dans le scandale du Watergate. Haldeman a donc été contraint à la démission le en même temps que d'autres membres de la Maison-Blanche comme son acolyte Ehrlichman[2].

Cependant Haldeman affirmait qu'il n'avait pas tenu le rôle majeur qu'on voulait lui prêter dans le cambriolage du Watergate. Ce dernier accusait plutôt John Ehrlichman ou Charles W. Colson, qui auraient selon lui « encouragé les élans sombres de l'esprit de Nixon ». Dans le même ordre d'idées, Haldeman expliquait qu'il n'aurait pas vu l’intérêt de placer sur écoute le parti démocrate[1].

Après le Watergate

Deux ans après sa démission, Haldeman a été condamné pour conspiration, obstruction à la justice et parjure pour avoir voulu couvrir l'action de Nixon et de son administration impliqués dans le scandale du Watergate. Sa peine initiale, entre deux ans et demi et huit ans d'emprisonnement, a été réduite à 18 mois qu'il a passés à Lompoc dans une prison fédérale de sécurité minimale. L'année de libération, en 1978, Haldeman a coécrit avec Joseph Di Mona un livre : The Ends of Power dans lequel il explique paradoxalement que s'il continue à respecter Nixon pour sa stature d'homme d’État le président n'en a pas moins initié le casse du Watergate et sa couverture par l'administration[1]. Cependant, il ne s'exonère pas non plus totalement, expliquant qu'il était, selon lui, responsable tout du moins de l’atmosphère délétère qui sévissait à la Maison-Blanche au moment du Watergate, une ambiance qui aurait encouragé les collaborateurs du président à prendre de mauvaises décisions[3].

Après sa sortie de prison en , Haldeman a retrouvé une carrière d'homme d'affaires, passant de promoteur immobilier à investisseur dans la restauration et l’hôtellerie. Il meurt le à Santa Barbara en Californie d'un cancer, six mois avant la sortie de The Haldeman Diaries: Inside the Nixon White House[5]. À la suite de son décès, Nixon a déclaré qu'Haldeman était un homme « d'une rare intelligence, force, intégrité et courage »[3].

Vie privée

Haldeman a eu quatre enfants avec sa femme Joanne Norton : Hank, Peter, Susan et Ann[1]. Il était aussi un adhérent de la science chrétienne.

Notes et références

Notes

  1. Cette conversation, captée peu après le braquage du Watergate, est communément désignée comme la « smoking gun » : expression informelle signifiant simplement « preuve irréfutable ».

Références

  1. (en) Richard Severo, « H. R. Haldeman, Nixon Aide Who Had Central Role in Watergate, Is Dead at 67 », The New York Times, (lire en ligne)
  2. (en) Godfrey Hodgson, « Obituary: H. R. Haldeman », The Independent, (lire en ligne)
  3. (en) J.Y. Smith, « H.R. Haldeman Dies Was Nixon Chief of Staff; Watergate Role Led to 18 Months in Prison », The Washington Post, (lire en ligne)
  4. (en) Dan T. Carter, « The Nixon Cover-Up Goes On », The New York Times, (lire en ligne)
  5. (en) « Key Players : H.R. Haldeman », sur https://www.washingtonpost.com/ (consulté le )
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