Blason de l'Alsace

Le blason de l'Alsace représente les armes de l'Alsace, une région historique et une collectivité territoriale située dans l'est de la France. Il réunit les armes de la Haute et de la Basse-Alsace. Son blasonnement est : « De gueules à la bande d'argent accompagnée de cotices fleuronnées du même, accompagnée de six couronnes d'or posées en bande trois et trois, les inférieures inversées ».

Le blason de l'Alsace.

Les armoiries de la Haute-Alsace

Les armoiries de la Haute-Alsace se basent sur les armoiries du landgraviat de Haute-Alsace. Son blasonnement est: «de gueules à la bande d’or accompagnée de six couronnes du mêmes posées en bande trois et trois, les inférieures inversées».

C'est aux environs de 1120 que le landgraviat de la Haute-Alsace devint propriété de la famille de Habsbourg. Les armes du landgraviat de Haute-Alsace sont représentées pour la première fois dans le sceau équestre du duc Ernest 1er d'Autriche de 1418[1].

L'écu porte la bande de chaque côté de trois couronnes. Les couleurs de cet écu sont celles des armes des Habsbourg (gueules et d'or) mais interverties, de manière à représenter les meubles d’or sur fond de gueules[1].

Les armes pleines du landgraviat de la Haute-Alsace avec heaume et cimier apparaissent pour la première fois en 1438 sur le sceau du duc Frédéric V d'Autriche[1]. Le cimier reprend les meubles de l'écu : la bande se transforme en baguette accompagnée de chaque côté de trois couronnes. Par la suite, les armes du Landgraviat de Haute-Alsace apparaissent régulièrement sur les sceaux et les monnaies des Habsbourg au long des XVIe et XVIIe siècles.

La disposition des couronnes varient selon les époques. Le grand Armorial équestre de la Toison d'or datant du milieu du XVe siècle, montre la bande d'argent au lieu d'or et les six couronnes d'or se trouvent placées dans l'axe même de l'écu[2].

Les trois couronnes inférieures du blason sont représentées pour la première fois renversées dans un sceau secret de Maximilien Ier datant de 1512. L’origine même des couronnes est obscure : le chroniqueur Schoepflin ne réussit pas à donner une explication satisfaisante de ces six couronnes, quoi qu'il réfute les thèses qui ramènent l'origine des couronnes aux temps mérovingiens[1].

Les armoiries de la Basse-Alsace

Les armoiries de la Basse-Alsace se basent sur les armoiries du landgraviat de Basse-Alsace. Son blasonnement est: «de gueules à la bande d'argent accompagnée de cotices fleuronnées du même»[3].

Contrairement au landgraviat de Haute-Alsace, les armes du landgraviat de Basse-Alsace ont une origine familiale, les armes des comtes de Werd.

En 1175, le landgraviat de Basse-Alsace de la Basse-Alsace est donné en fief au comte Sigebert III de Werdt (sur l'Ill) par l'empereur Henri IV. Les comtes de Werd étaient originaires de Werdt ou Woerth (près d'Erstein)[3].

La représentation la plus ancienne des armes du landgraviat de Basse-Alsace se trouve sur le sceau d'un parchemin daté de 1262 portant en exergue l'inscription « S. Sigeberti. Lantgravii Alsatiae ». Les couleurs de l’écu sont décrites par un rôle d’armes anglais, remontant probablement à une source de 1280 : « de gueules à la bande d’argent accompagnées de cotices d’or fleuronnées»[1].

Dans l'armorial van den Ersten (vers 1380) apparaît pour la première fois l'écu aux cotices fleuronnées accompagnant la bande d'argent et surmonté d'un cimier différent: deux cornes rayées blanc-rouge-blanc, chacune portant trois ornements en forme de fleur de lis qui reproduisent la cotice fleuronnée[1]. Le tombeau du landgrave Ulrich de Werd à l'église Saint-Guillaume de Strasbourg, daté de 1344, montre le landgrave portant une cotte d'armes armoriée dont les détails correspondant aux armes du landgraviat.

Suite à l’extinction de la famille de Werd, le landgraviat passe à l’évêché de Strasbourg, le roi Venceslas de Luxembourg confère en 1384 le titre de « landgrave en Basse Alsace » à l'évêque de Strasbourg. Au cours du XVIe siècle, ces armes apparaissent couramment dans les monnaies et sceaux des évêques de Strasbourg; elles occupent le quatrième champ de l'écu écartelé au côté des armes de l’évêché de Strasbourg et celles de la famille de l’évêque[1].

Les cardinaux de Rohan, héritiers du titre et du blason du landgrave de Basse-Alsace, le portèrent jusqu'à la Révolution française, posant en cœur de l'écu leurs armes familiales. La Révolution fit disparaitre l'écu de la Basse-Alsace des armes épiscopales de Strasbourg. Il réapparait encore de temps à autre dans les armes épiscopales au début du XIXe siècle[1].

Les armoiries de l’Alsace

Dans l’ancien régime

La première représentation d’armoiries combinant les armoiries des deux landgraviats apparait dans le Wappenbüchlein de Virgil Solis en 1555. On retrouve une combinaison similaire dans le Topographia Alsatiae de Merian (1644). Mais mis à part le cas particulier de l'archiduc Léopold V d'Autriche-Tyrol qui cumule les fonctions d’évêque de Strasbourg et de Landgrave de Haute-Alsace, le blason d'Alsace réunissant les armes de Haute- et de Basse-Alsace ne correspond pas à celui d’une entité politique[1].

Avec le traité de Westphalie en 1648, une grande partie des territoires de l'actuelle Alsace sont annexés au Royaume de France. L'ensemble fut désigné sous le nom de Généralité d'Alsace. Les Landgraviats sont supprimés et, de fait, les blasons correspondants perdent leur caractère et signification politiques. Au XVIIIe siècle, les deux blasons de la Haute- et Basse-Alsace apparaissent avant tout comme éléments décoratifs dans les livres, frontispices, cartes géographiques, diplômes de corporations[1].

Ainsi, la commission royale dépendant du Garde des Sceaux chargée d’établir l’Armorial de la Généralité d'Alsace choisit comme blason pour l'ensemble de la Province d'Alsace celui du Saint Empire romain germanique (aigle bicéphale de sable sur champ d'or)[1].

À l’époque moderne et contemporaine

Après la Révolution le blason de l’Alsace (ainsi que ceux Haute- et de Basse-Alsace) réapparaissent progressivement. Leur usage est principalement d’ordre décoratif.

Il faut attente la période du Reichsland pour que les autorités se penche sur la question héraldique. En décembre I89I, le Reichsland est doté par décret impérial d'un blason pour cette province. Il se compose de l'aigle impériale, surmontée de la couronne impériale, portant en cœur un écu, parti des armes traditionnelles de la Haute et de la Basse-Alsace, d'une part, et des armes de la Lorraine ducale. L'écu est surmonté d'une couronne de prince. Ce blason figure sur le pavillon de service (Dienstflagge) institué en 1893 et dont l’usage est strictement réservé aux autorités[1].

Au lendemain de 1918, le gouvernement français, se désintéressant de la question héraldique, ne prend aucune décision en matière héraldique[1].

En 1948, entre les préfets du Haut- et du Bas-Rhin officialisent par échange de courrier un blason d’Alsace constitué ainsi : «Parti au premier de gueules à la barre d'argent accompagnée de cotices fleuronnées du même, au deuxième de gueules à la bande d’or accompagnée de six couronnes du mêmes posées en bande trois et trois, les inférieures inversées»[4]. Ce blason a été proposé par l'héraldiste Robert Louis et le conservateur des archives nationales de France Jacques Meurgey de Tupigny puis homologué par les deux préfets alsaciens le 5 mai 1948. Il fusionne le blason historique de Basse-Alsace (De gueules à la bande d'argent côtoyée de deux cotices fleuronnées du même) symétrisé par courtoisie héraldique et le blason historique de Haute-Alsace. C'est cette version du blason qui est utilisée par la Gendarmerie nationale.

À l’issue des lois de décentralisation et de la création des régions, le Conseil régional d'Alsace choisit de ne pas reprendre le blason comme logo. Toutefois en 1994, la région envoie sur ses cartes de vœux de nouvel an une composition de blason alsacien due à l’héraldiste André Herscher dans laquelle les armes de Haute- et Basse-Alsace sont superposées et non juxtaposées[5]. C’est finalement cette version du blason de l’Alsace qui est adoptée en 2009 pour figurer sur les plaques d’immatriculation. En novembre 2020, le logo "A cœur" de la marque partagée Alsace est choisi comme nouvel identifiant territorial après une consultation publique[6].

Notes et références

  1. Paul Martin, Les armes de l'Alsace, Strasbourg,
  2. |Grand Armorial équestre de la Toison d'or, page 18R
  3. Archives départementales du Bas-Rhin, L'armorial des communes du Bas-Rhin, Strasbourg, , p. 14
  4. Archives départementales du Bas-Rhin, L'armorial des communes du Bas-Rhin, Strasbourg, , p. 15
  5. Georges Bischoff, Quel blason pour l'Alsace ?, Strasbourg,
  6. « Plaques d’immatriculation alsaciennes : ce sera le Acoeur », article des Dernières Nouvelles d'Alsace du 2 novembre 2020.

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (sv) Bergshammarsamlingen Vapenbok, vers 1441-1456 (lire en ligne)
  • (de) Wernigeroder Wappenbuch, vers 1486–1492 (lire en ligne)
  • (de) Konrad Grünenberg, Das Wappenbuch Conrads von Grünenberg, Ritters und Bürgers zu Constanz, vers 1480 (lire en ligne)
  • Armorial de l'Europe et de la Toison d'or, vers 1430-1461 (lire en ligne)
  • L'Armorial des communes du Bas-Rhin, Strasbourg, Archives départementales du Bas-Rhin, , 246 p.
  • Les Armoiries des communes du Bas-Rhin : Tome I, Chefs-lieux de cantons, Strasbourg, Administration départementale du Bas-Rhin,
  • Paul Martin, « Les armoiries de l'Alsace », Archives héraldiques suisses : annuaire, vol. 67, , p. 31-46 (ISSN 2624-6759, lire en ligne, consulté le ). 
  • Paul Martin, « Les armes de l’Alsace », Revue d’Alsace, vol. 94, , p. 71-93 (ISSN 0181-0448). 
  • Christian Wilsdorf, Paul Martin et Robert Gall, Armorial des communes du Haut-Rhin, t. 1 : Chefs-lieux de canton, Colmar, Commission d'héraldique du Haut-Rhin,
  • Christian Wilsdorf, L’Alsace des Mérovingiens à Léon IX : articles et études, [Strasbourg], Société savante d'Alsace et des régions de l'Est, , 408 p. (ISBN 2-904920-43-9). 

Articles connexes

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