Programme Bion

Le programme Bion (russe : Бион), également nommé Biocosmos, regroupe une série de missions de satellites scientifiques soviétiques puis russes destinées à étudier les effets dans l'espace des rayonnements et de l'apesanteur sur les êtres vivants. À la suite de la signature en 1972 des premiers accords de coopération spatiale entre l'Union Soviétique et les États-Unis le programme s'internationalise : la NASA qui participe à 9 des 11 missions Bion fait ainsi voler près de 100 expériences qui représentent la moitié de toutes les missions biologiques américaines portant sur des êtres vivants autres que l'homme. Les 11 satellites Bion lancés entre 1973 et 1996 emportent des animaux et des échantillons de plante pour des missions de 5 à 20 jours. Le satellite Bion qui pèse environ 6 tonnes dérive du satellite de reconnaissance Zenit qui est lui-même une adaptation du vaisseau spatial Voskhod. Les sujets d'expérience reviennent à terre dans la capsule de descente pour permettre d'effectuer des investigations postérieures au vol. Le programme est interrompu par l'arrêt du financement des États-Unis à la suite de campagnes menées par des associations de protection des animaux. Le programme est réactivé en par la Russie avec le lancement de la mission Bion-M 1 (en) qui utilise un véhicule spatial modifié permettant des missions d'une durée de 6 mois.

Un satellite Bion exposé au musée spatial de Moscou : le hublot n'existe pas sur les modèles ayant volé.

Bion

Cette expérience internationale embarquée sur Bion 4 a testé les effets de la gravité artificielle sur un groupe de rats.

Le programme spatial scientifique biologique soviétique Bion débute en 1966 avec le lancement du satellite Cosmos 110 (en). Il reprend en 1973 avec Cosmos 605 (en). En 1972 s'amorce une période de détente dans la guerre froide à laquelle se livre l'Union Soviétique et les États-Unis et les premiers accords de coopération spatiale sont signés entre les deux pays. Ceux-ci donnent naissance à la première mission habitée conjointe (Apollo-Soyouz) lancée en 1975 mais fait également de la NASA un partenaire du programme soviétique de recherche en biologie spatiale. Les premières expériences américaines sont embarquées en 1974 à bord de Bion 2 le troisième satellite du programme. Cette coopération se maintient par la suite même lorsque les relations entre les deux pays se tendent à nouveau durant la présidence Carter dans les années 1978-1979[1].

Le programme, qui ne reçoit le nom officiel de Bion que pour les dernières missions, a pour objectif d'étudier les effets de l'apesanteur sur les organismes vivants dans le cadre de vols de courte durée, l'incidence du rayonnement sur les animaux, de mieux comprendre les mécanismes d'adaptation à l'apesanteur et de mettre au point des méthodes permettant de combattre les effets de l'apesanteur. La lutte contre le mal de l'espace qui touche 50 % des équipages durant les premières jours des missions fait également partie des objectifs importants du programme. Les satellites Bion emportent des animaux vivants (rongeurs, mammifères) ainsi que des plantes et des microorganismes. Ces spécimens sont récupérés à l'issue des missions qui durent au maximum une vingtaine de jours. La NASA place une centaine d'expériences au cours des 9 missions Bion à laquelle elle participe entre 1974 et 1996 ce qui constitue près de la moitié de toutes les missions biologiques américaines portant sur des êtres vivants autres que l'homme. D'autres pays participent également à ces missions comme l'Agence spatiale européenne, la Chine, et des pays de l'Europe de l'Est. Malgré les résultats obtenus, la NASA se retire du programme à la suite de campagnes menées par des associations de protection des animaux qui manifestent contre le traitement subi par les singes (ceux-ci sont appareillés chirurgicalement avec des capteurs qui sont retirés après le vol. Le retrait de la participation de la NASA entraine la fin du programme 1976[1],[2].

Le satellite Bion

Le satellite Bion qui pèse environ 5,4 tonnes dérive du satellite de reconnaissance photo Zenit-2M/Gektor qui est lui-même une adaptation du vaisseau spatial Voskhod. La charge utile est de 625 kg et l'orbite est de 226x288 km pour une inclinaison de 82,3°. Chaque satellite comporte également un module externe Nauka pouvant contenir 90 kg d'expériences scientifiques. Les missions ont une durée comprise entre cinq (Bion 6) à environ 22 jours (Bion 1 et Cosmos 110) : la durée d'une mission est limitée par la capacité des batteries car le satellite ne comporte pas de panneaux solaires permettant de les recharger[3].

Bion-M

En 2005, le programme Bion est réactivé par la Russie. Les dirigeants russes prévoient le lancement de trois nouveaux satellites de type Bion-M. Le premier vol était initialement prévu pour 2010[4]. Les missions utilisent un engin spatial modifié qui comprend un bus emprunté aux satellites Iantar permettant d'allonger la durée de la mission à 6 mois grâce aux panneaux solaires qui remplacent les batteries. La charge utile est augmentée de 100 kg[5]. Le premier satellite de la nouvelle série, baptisé Bion-M 1, est finalement lancé le par une fusée Soyouz 2 depuis le cosmodrome de Baïkonour et placé sur une orbite à 575 km d'altitude. Le satellite emporte plusieurs expériences préparées par des équipes scientifiques russes mais également étrangères (États-Unis, Allemagne, Pologne, Pays-Bas et Canada). Le compartiment pressurisé abrite 45 souris, 15 geckos, 8 gerbilles de Mongolie, des anguilles, des poissons dans le cadre d'une expérience développée sous la supervision de l'agence spatiale allemande ainsi que des échantillons de plante et des microorganismes. La mission doit durer 30 jours puis la capsule doit revenir sur Terre[6].

Historique des missions

Historique des missions[3]
DésignationAutre nomModèleDate lancementDuréeExpériencesAutres caractéristiques
Cosmos 110-Bion1966
Bion 1Cosmos 605Bion197321,5 jours
Bion 2Cosmos 690Bion197420,5 joursPremière collaboration avec la NASA
Bion 3Cosmos 782Bion197519,5 jours
Bion 4Cosmos 936Bion197718,6 jours
Bion 5Cosmos 1129Bion197918,5 joursPour la première fois des rats se reproduisent dans l'espace
Bion 6Cosmos 1514Bion19835 joursembarque les singes Abrek et BionPremière mission soviétique emportant des singes
Bion 7Cosmos 1667Bion19856,9 joursembarque les singes Verny et Gordy.
Bion 8Cosmos 1887Bion198713 joursembarque les singes Yerosha et Dryoma.Première collaboration avec l'ESA
Bion 9Cosmos 2044Bion198914 joursembarque les singes Zhakonya et Zabikaya
Bion 10Cosmos 2229Bion199212 joursembarque les singes rhésus Krosh et Ivasha
Bion 11-Bion199615 joursembarque les singes macaques Lapik et MultikFin du programme Bion
Bion M1-Bion M30 joursembarque des souris, geckos et gerbilles de MongoliePremière mission de la série Bion M

Notes et références

  1. (en) Brian Harvey, Russia in space : the failed frontier ?, Springer Praxis, , 330 p. (ISBN 978-1-85233-203-7, lire en ligne), p. 167-169
  2. (en) « Past Programs: Bion Biosatellite Program » (version du 2 août 2007 sur l'Internet Archive), NASA
  3. (en) Asif Siddiqi, « Bion » (version du 27 février 2007 sur l'Internet Archive)
  4. (ru) « Полёты специализированных биологических спутников «Бион М» », Kosmo-Mir.ru (consulté le ) : « Flights of the specialized biological satellites "Bion M" (Google translation) »
  5. (en) « Bion-M 1, 2 », Gunter's space page (consulté le )
  6. (en) « Russian spacecraft launched with cosmic cache of critters », Spaceflightnow.com,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’astronautique
  • Portail de l’URSS
  • Portail de la Russie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.