Bilhilde d'Altmunster

Bilhilde d'Altmunster (également orthographié Bilihilt, Bilhild, Bilehild ; morte en 734) est une noble franque, fondatrice et abbesse du monastère d'Altmünster près de Mayence, et vénérée localement comme un sainte, le 27 novembre[1].

Bilhilde d'Altmunster
Nationalité Franque
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Fête 27 novembre

Biographie

La biographie de sainte Bilhilde est difficile à établir ; les preuves solides de son existence ne remontent qu'au XIIe siècle, selon Andreas Meier[2]. Ses vitae datent d'après 1060 et, en l'absence d'autres preuves, constituent la base de sa biographie[3]. Il existe cinq vitae distinctes, dont les plus importantes sont:

  • une courte version latine en prose, conservée dans deux manuscrits des XIIe et XIVe siècle
  • une version en prose plus longue également conservée dans deux manuscrits, du XIVe et du XVe siècle (peut-être calquée sur des textes hagiographiques sur la reine franque sainte Radegonde, et certainement redevable à vitae Kiliani[4])
  • un groupe de textes en langue vernaculaire conservés localement
  • une version métrique (latine), la Vita metrica auctore Herbelone, imprimée pour la première fois à la fin du XVIIIe siècle et basée sur un manuscrit aujourd'hui perdu[5].

Brigitte Flug considère que la version courte en prose latine (écrite dans le style mérovingien) est la plus ancienne, bien qu'elle nie qu'elle ait pu être écrite de mémoire d'homme[6].

Bilhilde est née au VIIe siècle à Hocheim, généralement identifié comme Veitshöchheim près de Würzburg, en Bavière. Elle est la fille du comte Jberin et de son épouse Mathilda. Selon Alfred Wendehorst, cependant, il s'agirait plutôt de Hochheim am Main, et l'emplacement à Würzburg et ses liens avec la Francie orientale seraient une explication ultérieure pour la fondation du monastère[7].

Son hagiographie du XIe siècle rapporte qu'elle a été forcée de fuir les envahisseurs Huns et s'est réfugiée à Würzburg, où elle a été élevée en tant que chrétienne. Bien qu'elle veuille consacrer sa vie au Christ, ses parents la forcent à épouser un duc païen franc nommé Hetan vers 672, qu'elle aimait mais ne pouvait pas convertir[8]. Il n'est pas clair s'il s'agit de Hedan I[9],[10] ou de Hedan II[3]. Hedan est appelé au combat et est tué ; Bilhilde saisit l'occasion pour adopter une vie religieuse et voyage par bateau vers Mayence[11], où elle demande et reçoit la permission de l'évêque local, son oncle Rigibert[12] , pour créer une congrégation religieuse. Elle commence cette fondation en utilisant sa richesse considérable (après avoir vendu ses possessions à Hochheim[13] )[14]. C'est le début du monastère d'Altmünster dont elle devient la première abbesse.

Elle meurt le 27 novembre 734 et est inhumée dans l'église abbatiale ; sa tombe dégage bientôt un doux parfum et de nombreux miracles s'y produisirent.

Commentaire

Ce récit, basé sur la version courte en prose latine, est agrémenté de divers détails dans d'autres versions ; la version allemande ajoute des détails géographiques et historiques locaux. Ces détails supplémentaires incluent son nom de jeune fille, Mathildis, et le don d'un sudarium tissu pour la sueur »), soi-disant un tissu utilisé pour couvrir le visage de Jésus après la crucifixion. Ce sudarium a été donné par une reine Imnechild (dans une rédaction différente, Kunegundis) et est vénéré à Altmünster depuis le XVe siècle[15].

L'hagiographie de Bilhilde suit un schéma traditionnel (mérovingien) commun aux saints comme elle depuis le VIe siècle : la sainte est religieuse dès son plus jeune âge, fait preuve d'humilité et d'abstinence, est contrainte au mariage, fuit et finit par fonder une abbaye. La sainteté est prouvée par la douce odeur du cadavre et les miracles après la mort. Flug ne nie pas la possibilité que Bilhilde ait déjà été considéré comme sainte pendant sa vie ou peu de temps après, mais considère qu'il est peu probable qu'une vita ait été écrite si tôt, compte tenu des erreurs telles que le nom de l'évêque ; Flug propose que l'auteur ne connaissait pas Bilhilde et sa vie, et a probablement mal interprété le nom dans l'acte fondateur du monastère[6].

Quant à « Hetan », l'identification avec Hedan I (« l'aîné ») est difficile étant donné le laps de temps ; puisqu'il est mort (selon Hubert Mordek[16]) après 676, ce qui signifierait que la fondation de l'abbaye a eu lieu alors que Bilhilde avait plus de soixante-dix ans, une proposition improbable. Pour Hedan II, le problème est qu'il était chrétien et avait déjà une autre femme, qui était vivante 704 et en 716/717[17].

Traces historiques et héritage

Le mot / nom « bilihilt » apparaît dans un manuscrit du Ve-VIe siècle contenant des textes de Priscillien, qui est identifié avec la Bilhilde qui a fondé Altmünster[18]. Un missel du XVIe siècle de Mayence (contenant un calendrier avec des saints rhénans) a une "Messe de la fête de Sainte Bilhilde"; le manuscrit a été acquis par le J. Paul Getty Museum en 1986[19]. Le poète allemand Alois Henninger, écrivain prolifique de poèmes narratifs religieux, a consacré un long poème à Bilhilde dans son Nassau in seinen sagen, geschichten und liedern fremder und eigner dichtung (1845) ; composé de dix-huit strophes de six lignes, il louait sa beauté éternelle et sa dévotion inébranlable à Dieu[20].

Le théologien protestant allemand Johannes Heinrich August Ebrard a écrit une biographie de Bilhilde, qui a été traduite en anglais par Julie Sutter et publiée par la Religious Tract Society, avec un accent particulier sur l'influence du christianisme celtique[21].

Notes et références

  1. http://catholicsaints.info/saint-bilhild/
  2. Meier 342.
  3. Schäfer.
  4. Flug 51-52.
  5. Flug 43.
  6. Flug 47.
  7. Wendehorst 12.
  8. Werner 37477.
  9. Klemm 130.
  10. Dominikus 236.
  11. Flug 45.
  12. Flug 47
  13. Flug 45
  14. Sauer 54.
  15. Flug 46.
  16. Mordek 356.
  17. Flug 54.
  18. Chadwick 63; Kholi 214, 386; Wemple 272.
  19. (en) John Walsh, « Acquisitions/1986 », The J. Paul Getty Museum Journal, vol. 15, , p. 151–238 (JSTOR 4166572)
  20. Henninger 176-79.
  21. Ebrard, Sutton 7-8.

Bibliographie

  • (de) Henry Chadwick, Priscillian of Avila : the occult and the charismatic in the early church, Clarendon, (lire en ligne)
  • (de) Jakob Dominikus, Erfurt und das Erfurtische Gebiet : Nach geographischen, physischen, statistischen, politischen und geschichtlichen Verhältnissen, C.W. Ettinger, (lire en ligne), p. 236
  • (en) Johann Heinrich August Ebrard et Julie Sutton, Bilihild, given in English by J. Sutter, (lire en ligne)
  • (de) Brigitte Flug, Äussere Bindung und innere Ordnung : das Altmünsterkloster in Mainz in seiner Geschichte und Verfassung von den Anfängen bis zum Ende des 14. Jahrhunderts : mit Urkundenbuch, Stuttgart, Franz Steiner, , 362 p. (ISBN 978-3-515-08241-9, lire en ligne)
  • (de) Alois Henninger, Nassau in seinen sagen, Geschichten und Liedern Fremder und Eigner Dichtung, Wiesbaden, A. Scholz, , 176–179 p. (ISBN 978-5-88036-084-0, lire en ligne), « Die Heilige Bilehildis »
  • (de) Susann El Kholi, Lektüre in Frauenkonventen des ostfränkisch-deutschen Reiches vom 8. Jahrhundert bis zur Mitte des 13. Jahrhunderts, Königshausen & Neumann, , 480 p. (ISBN 978-3-8260-1278-5, lire en ligne)
  • (de) Gustav Friedrich Klemm, Die Frauen : Culturgeschichtliche Schilderungen des Zustandes und Einflusses der Frauen in den verschiedenen Zonen und Zeitaltern, Arnoldische Buchhandlung, (lire en ligne)
  • (de) Andreas Meier, Band 1 : Brieftexte. Band 2 : Kommentar, Walter de Gruyter, (ISBN 978-3-11-089876-7, lire en ligne)
  • (de) Hubert Mordek, Karl Martell in seiner Zeit, Sigmaringen, J. Thorbecke, (ISBN 9783799573375, lire en ligne), « Die Hedenen als politische Kraft im austrasischen Frankenreich »
  • (de) J. G. Sauer, Die Verbreitung und Einführung der Kirchenreformation in der gefürsteten Graffschaft Henneberg, (lire en ligne)
  • (de) Joachim Schäfer, « Bilhildis von Altmünster », Ökumenisches Heiligenlexikon (consulté le )
  • (de) Suzanne Fonay Wemple, Women in Frankish Society : Marriage and the Cloister, 500 to 900, U of Pennsylvania P, , 348 p. (ISBN 978-0-8122-1209-9, lire en ligne)
  • (de) Alfred Wendehorst, Die Bistumer der Kirchenprovinz Mainz. Das Bistum Wurzburg II : Die Bischofsreihe von 1254 bis 1455, Walter de Gruyter, , 9–17 p. (ISBN 978-3-11-001291-0, lire en ligne), « Die Grundung des Bistums »
  • (de) Franz Werner, Der Dom von Mainz und seine Denkmäler : nebst Darstellung der Schicksale der Stadt, und der Geschichte seiner Erzbischöfe bis zur Translation des erzbischöflichen Sitzes nach Regensburg, Müller, (lire en ligne)

Liens externes

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