Biélorusse

Le biélorusse (en biélorusse беларуская мова, biélarouskaïa mova ; dénominations alternatives en français : biélorussien[1], bélarusse, bélarussien, blanc-russien, russe blanc, biélarussien) est une langue appartenant au groupe slave oriental de la famille des langues indo-européennes. Il est parlé, avec le russe (qui domine la vie publique notamment en milieu urbain), en Biélorussie (où il est langue officielle), en Pologne (Podlachie) et dans des communautés émigrées (notamment au Canada). Bien qu'étant langue officielle au même titre que le russe en Biélorussie, le biélorusse n'est presque plus parlé dans les grandes villes du pays. Le gouvernement actuel[Lequel ?] a d'ailleurs tendance à le considérer comme une langue rurale sans valeur autre que folklorique[2].

Cet article concerne la langue biélorusse. Pour le peuple biélorusse, voir Biélorusses.

Biélorusse
беларуская мова
Pays Biélorussie, Pologne, Russie
Nombre de locuteurs 7 à 8 millions
Typologie SVO, accusative, accentuelle, à accent d'intensité
Écriture Alphabet biélorusse
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Biélorussie
Usage officiel dans douze districts de la voïvodie de Podlachie (Pologne)
Codes de langue
ISO 639-1 be
ISO 639-2 bel
ISO 639-3 bel
IETF be
Linguasphere 53-AAA-eb
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

Артыкул 1.

Усе людзi нараджаюцца свабоднымі i роўнымi ў сваёй годнасцi i правах. Яны надзелены розумам i сумленнем i павiнны ставiцца адзiн да аднаго ў духу брацтва.

Dans les faits, le Biélorusse perdit de son importance à la suite de la seconde guerre mondiale, ou pendant l'occupation Allemande, entre 1941 et 1944,ou au moins 25 % des Biélorusses périrent, dont une grande partie de l'élite intellectuelle de langue Biélorusse, ce qui affaiblira considérablement cette langue face à la langue Russe, surtout dans les grandes villes.

Noms

Il existe un certain nombre de noms sous lesquels la langue biélorusse a été connue, à la fois contemporaine et historique. Certains des plus dissemblables sont de la vieille période biélorusse.

Officiels (romanisés)

  • Biélorusse (ou biélorussien) — dérivé du nom russe de la Biélorussie (Белоруссия, Beloroussia), utilisé officiellement à l'époque de l'URSS et, plus tard, en Russie[citation nécessaire].
  • Bélarusse (ou bélarussien, biélarussien) — dérivé de Bélarus, forme romanisée du nom biélorusse du pays (Беларусь, Biélarous), officiellement approuvé pour une utilisation à l'étranger par les autorités biélorusses (vers 1992) et promu depuis.
  • Ruthénien blanc (ou blanc-russien, ou russe blanc) — traduction littérale du mot « biélorusse ».

Alternatifs

  • Grand lituanien (вялікалітоўская мова, vialikalitovskaïa mova) — proposé et utilisé par Ian Stankievitch (en) à partir des années 1960 pour prendre ses distances avec la « dégradante habitude d'utiliser un nom lié à l'appellation moscovite traditionnelle des terres biélorusses » et se rattacher à la « grande tradition de la nation biélorusse ».
  • Kryvien ou Krivien (крывіцкая мова, kryvitskaïa mova, крывічанская мова, kryvitchanskaïa mova, ou крыўская мова, kryvskaïa mova ; en polonais : język krewicki) — dérivé du nom de la tribu slave des Krivitches, l'une des principales tribus à l'origine de la nation biélorusse. Créé et utilisé au XIXe siècle par les écrivains biélorusses de langue polonaise Jaroszewicz, Narbut, Rogalski et Jan Czeczot (be), et fortement promu par Vatslaw Lastowski.

Vernaculaires

  • Simple (простая мова, prostaïa mova) ou local (тутэйшая мова, touteïchaïa mova) — utilisés principalement dans les périodes précédant la reconnaissance commune de l'existence de la langue biélorusse, et de la nation en général. Ces désignations sont supposées avoir été utilisées jusqu'à la fin des années 1930, notamment en Biélorussie occidentale.
  • Ruthène noir simple (russe : простой чернорусский, prostoï tchernorousski) — utilisé au début du XIXe siècle par le chercheur russe Baranovski pour désigner le biélorusse vernaculaire contemporain[3].

Histoire

Le biélorusse est issu du vieux russe.

Classification et relations avec d'autres langues

Il existe un haut degré d'intelligibilité mutuelle entre les langues biélorusse, russe et ukrainienne[4]. Le biélorusse a une intelligibilité mutuelle de 80 % avec l'ukrainien, de 75 % avec le russe et de 41 % avec la langue polonaise[5]. Parmi les langues slaves orientales, la langue biélorusse est la plus étroitement liée à l'ukrainien[6].

Prononciation et écriture

Prononciation

Le biélorusse moderne utilise environ cinquante phonèmes, dont six voyelles et de 39 à 48 consonnes. Le nombre des consonnes dépend des dialectes et des accents variables d'une région à l'autre ; le nombre le plus généralement retenu est 39 consonnes.

Le biélorusse possède un accent tonique à position variable.

Le biélorusse a subi une très forte apophonie accentuelle, marqué par un glissement du son [o] vers le son [a] hors accent. Ce glissement se retrouve à l'écrit (à l'inverse du russe, qui a gardé la graphie  о ). On trouve par exemple le mot Фанетыка (fanietyka, « phonétique »). À noter également le signe  ы  [ɨ] là où on aurait attendu  i  [i], phénomène très fréquent en biélorusse.

Écriture

Le biélorusse s'écrit surtout avec l'alphabet cyrillique, selon les conventions de l'orthographe dite classique (codifiée en 1918 par Branislaw Tarachkievitch et aujourd'hui surtout utilisée par la presse d'opposition et la diaspora biélorusse) ou de la narkamawka (en) (orthographe plus proche de celle du russe, en usage officiel en Biélorussie depuis la réforme orthographique de 1933 (en)). Il a aussi pu s'écrire avec l'alphabet łacinka (alphabet latin modifié) ou avec l'alphabet arabe (utilisé par la très restreinte communauté tatare il y a plusieurs siècles).

Le tableau suivant présente les majuscules de l'alphabet cyrillique biélorusse et leur équivalent orthographié selon les usages français :

Majuscule Minuscule Nom API Transcription
(francophone)
de la CNT[7]
Translittération
ISO 9 1995[8]
Romanisation
BGN/PCGN
(anglophone)[9]
Gouvernement
biélorusse[10]
Ааa[a]a
Бб[b] ~ [bʲ]b
Вв[v] ~ [vʲ]v
Гг[h] ~ [ɣ]hg h
Дд[d] ~ [dʲ]d
Ее[ʲɛ]e, ieeye ie[11]
Ёёio[ʲo]e, ioëyo io[12]
Жж[ʒ]jžzh ž
Зз[z] ~ [zʲ]z
Ііi[i], [ʲi], [ji]i ì i
Ййi bref
и нескладовае
[j]ï[13]jy j
Ккka[k] ~ [kʲ]k
Ллél[ɫ] ~ [ʎ]l
Ммém[m] ~ [mʲ]m
Ннén[n] ~ [nʲ]n[14]
Ооo[o]o
Пп[p] ~ [pʲ]p
Ррér[r] ~ [rʲ]r
Ссés[s] ~ [sʲ]s[15]
Тт[t] ~ [tʲ]t
Ууou[u]ouu
Ўўou bref
у нескладовае
[w]v[16] ŭ w ŭ
Ффéf[f] ~ [fʲ]f
Ххkha[x] ~ [xʲ]khhkh ch
Ццtsé[ts]tscts c
Ччtché[tʃʲ]tchčch č
Шшcha[ʃ]chšsh š
Ыыy[ɨ]y
Ььsigne mou
мяккі знак
[ʲ]- ◌́[17]
Ээè[ɛ]eèe
Ююiou[ʲu]iouûyu iu[18]
Яяia[ʲa]ia[19]âya ia[20]
-apostrophe

апостраф

- -

Remarques

Officiellement, la lettre г correspond autant au son [ɣ] qu'au son [g], ce qui lui donne invariablement ses usages russe et ukrainien. Mais en pratique, seul le premier son correspond à cette lettre, qui prend la valeur de [g] afin uniquement d'écrire des emprunts aux langues étrangères. Autrefois, la lettre ґ effaçait ces confusions en incarnant le son [g], mais la standardisation du biélorusse l'a supprimée.

La combinaison de la lettre д avec les lettres ж ou з crée des sons particuliers, [dʒ] et [dz]. Ces consonnes affriquées sont parfois précisées dans les alphabets biélorusses de cette façon, ДЖдж, ДЗдз.

La lettre Ў représente le phonème [ʊ] comme dans l'anglais house ou l'allemand Haus [haʊs], neutralisation du [v] et du [l] avant une consonne ou à la fin d'un mot.

Inconnue dans les variations de l'alphabet latin comme une lettre à part entière, l'apostrophe est essentielle en biélorusse. Elle sert à montrer, lorsqu'une consonne est suivie d'une voyelle, que la première n’est pas palatalisée.

Notes et références

  1. Virginie Symaniec, Alexandra Goujon, Parlons biélorussien, langue et culture, Paris, L’Harmattan, 1997, (ISBN 2-7384-5844-0).
  2. (en) « Belarusian language promotion is impossible without the government's support », sur thepointjournal.com, (consulté le )
  3. (ru) N. N. Oulachtchik (ru), Введение в изучение белорусско-литовского летописания [« Introduction à l'étude des annales biélorusso-lituaniennes »], Nauka,
  4. William Bright, C. F. Voegelin et F. M. Voegelin, « Classification and Index of the World's Languages », Language, vol. 54, no 3, , p. 756 (ISSN 0097-8507, DOI 10.2307/412820, lire en ligne, consulté le ).
  5. Jelena Golubović et Charlotte Gooskens, « Mutual intelligibility between West and South Slavic languages », Russian Linguistics, vol. 39, no 3, , p. 351–373 (ISSN 0304-3487 et 1572-8714, DOI 10.1007/s11185-015-9150-9, lire en ligne, consulté le ).
  6. Roland Sussex et Paul Cubberley, The Slavic Languages, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-511-48680-7, lire en ligne).
  7. Élisabeth Calvarin, « Systèmes français de romanisation », 25e session du Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques, , p. 10-11 (lire en ligne)
  8. « Translittération du russe, du biélorusse et de l'ukrainien contemporains », sur bnf.fr, (consulté le )
  9. (en) « Romanization systems », sur GOV.UK (consulté le )
  10. (en) « The Roman alphabet translitteration of Belarusian geographical names », 10e conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques, (lire en ligne)
  11. Je en début de mot ou après une voyelle.
  12. Jo en début de mot ou après une voyelle.
  13. Parfois omis en finale.
  14. En français, -ne en position finale.
  15. -ss- entre voyelles pour la transcription francophone
  16. Plus souvent transcrit w, comme dans Stanislaw Chouchkievitch, ou u comme dans Viatchaslau Kiebitch.
  17. Se transcrit par un accent aigu sur la lettre précédente.
  18. Ju en début de mot ou après voyelle.
  19. -ïa après voyelle.
  20. Ja en début de mot ou après voyelle.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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