Benno Ohnesorg

Benno Ohnesorg (/ˈbɛnoː ˈoːʰnəzɔɐk/), né le à Hanovre et décédé le à Berlin-Ouest, est un étudiant allemand, tué par le policier Karl-Heinz Kurras d'une balle de pistolet dans la tête lors d'une manifestation contre la visite officielle du Chah Mohammad Reza Pahlavi. Sa mort violente peut être considéré commee un des déclencheurs des mouvements sociaux de 1968 en Allemagne.

Biographie

Benno Ohnesorg a grandi au sein d'une famille de trois fils, sa mère est décédée lorsqu'il avait neuf ans. Il fait d'abord un apprentissage d'étalagiste et puis des études au collège de Brunswick (Braunschweig-Kolleg) pour passer le baccalauréat. Il manifesta un grand intérêt pour la littérature, la peinture, la musique et le théâtre ; il se lia d'amitié au jeune écrivain Uwe Timm et publia ses premiers poèmes.

En 1964, Ohnesorg a commencé à étudier la romanistique et la germanistique à l'université libre de Berlin. En tant qu'étudiant qui porte un grand intérêt à la politique, il s'est particulièrement distingué comme un pacifiste et chrétien de confession protestante. Comme tant d'autres étudiants en ce temps, il s'est intéressé à l'injustice dans les pays du « tiers monde » et notamment à la situation régnant dans l'État impérial d'Iran après les émeutes de juin 1963. Le , cinq semaines avant sa mort, Benno Ohnesorg épousait sa compagne enceinte à Berlin-Wilmersdorf.

Le 2 juin

Le , il a entendu dans une émission de radio RIAS parler de débordements violents et de confrontations avec les claqueurs du Chah Mohammad Reza Pahlavi sur la place de la mairie de Schöneberg, à cette époque l'hôtel de ville de Berlin-Ouest. Le soir, Ohnesorg et sa femme ont participé à une manifestation contre la visite officielle. Quelque 2 000 personnes se sont retrouvées dans la rue en face du bâtiment de l'Opéra allemand (Deutsche Oper) à Berlin-Charlottenbourg.

Après que le chah d'Iran et son épouse sont venus, les forces de police déployées ont commencé à utiliser la force contre les manifestants. Un groupe de policiers en civil ont intercepté et poursuivi plusieurs personnes dans une rue secondaire. Vers 20 h 30, à l'arrière d'une maison de la rue, le coup est tiré à très courte distance (environ 1,50 m) par le policier Karl-Heinz Kurras. Benno Ohnesorg est mort dans l'ambulance qui le transportait à l'hôpital. Sur le certificat de décès on indique qu'une « fracture de la base du crâne » était à l'origine de sa mort. Le , le corps a été transferé à Hanovre, avec une grande participation, et fut enterré le jour suivant.

Kurras déclare avoir brandi son arme de service en état de légitime défense parce qu'il s'était senti menacé par des manifestants et plaida pour sa défense que le coup était parti accidentellement. Inculpé d'homicide involontaire, il fut finalement relaxé et maintenu dans la police ouest-berlinoise jusqu'à sa retraite en 1987.

La mort et ses conséquences

Cet événement, qui soulève une émotion considérable dans le mouvement étudiant allemand, joue un rôle-clé dans la radicalisation de toute l'extrême-gauche européenne à la fin des années 1960 et, plus tard, dans l'émergence du terrorisme de la Rote Armee Fraktion. Une photo de presse d'Ohnesorg mourant est devenu une icône des manifestations étudiantes. Le , Heinrich Albertz (SPD) a démissionné de sa charge de bourgmestre-gouverneur de Berlin.

La RDA exploite alors la mort d’Ohnesorg à des fins de propagande. Lorsque son corps est transferé de Berlin-Ouest à Hanovre, les Jeunesses communistes sont présentes au garde-à-vous[1].

Des découvertes effectuées dans les archives de la Stasi est-allemande et publiées le fournissent la preuve que Karl-Heinz Kurras était également un espion travaillant depuis 1955 pour la Stasi, le service secret de la RDA, et qu'il aurait transmis une masse d'informations précieuses à Berlin-Est. Cependant, rien dans ces archives ne paraît établir que le meurtre d'un étudiant ait eu un quelconque rapport avec son travail pour la Stasi[2],[1].

En 2012 le magazine Der Spiegel dévoile une série d’éléments confondants pour la police ouest-allemande. Ainsi, le supérieur de Kurras, qui prétendait ne pas avoir été présent, apparait sur une photographie à proximité du corps d'Ohnesorg. Par ailleurs, le médecin responsable du corps aurait reçu l'ordre d’indiquer comme cause de décès « traumatisme contondant » pour camoufler les causes réelles de la mort de Benno Ohnesorg[3].

Notes et références

Voir aussi

Article connexe

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