Belles infidèles

Les belles infidèles sont des traductions qui, « pour plaire et se conformer au goût et aux bienséances de l’époque, sont des versions « revues et corrigées » par des traducteurs conscients (trop, sans doute) de la supériorité de leur langue et de leur jugement[1] ».

Au XVIIe siècle, la langue française s’impose en Europe, et les « belles infidèles » apparaissent. Il s’agit de traductions qui tentent de remettre les auteurs grecs/latins au goût du jour, en les modifiant pour obtenir une « belle traduction ». Ce procédé a été fortement critiqué car la traduction différait de l’original. Par exemple, on ne traduit pas les gros mots, on évite les scènes de beuverie-orgie-sodomie, pour ne pas « choquer le lecteur ».

Le chef de file de la traduction libre est Nicolas Perrot d'Ablancourt (1606-1664). Il traduit entre autres Cicéron, Tacite, Jules César. Il est suivi par d’autres, surnommés les « perrotins ». Lui, il s’estime fidèle dans ses traductions. Au début de celles-ci, on trouve une introduction longue de plusieurs pages, pour justifier les modifications. Ces traducteurs « modernisent » les textes, transposition de la traduction pour le public. Ex : livres deviennent écus, légats deviennent généraux. Ici, on peut reprocher la perte de la caractéristique grecque de base.

En réaction à cette traduction libre, Anne Lefebvre (Madame Dacier, du nom de son mari) (1647-1720) propose des traductions qui se veulent plus fidèles, et revient au sens premier de la traduction. Néanmoins, elle ne traduit pas non plus les gros mots, elle atténue aussi.

Références

  1. Paul Horguelin, Anthologie de la manière de traduire : Domaine français, Montréal, éd. Linguatech, , 230 p., p. 76, cité par Jacques Colson (UNB), « Les instruments de la docilité », dans Palimpsestes, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, no 8 « La traducteur et ses instruments », sous la dir. de Paul Bensimon, 1993 (ISBN 2-87854-080-8), p. 57–72 (64).

Voir aussi

Bibliographie

  • Roger Zuber, Les Belles Infidèles et la formation du goût classique, Armand Colin, 1968.

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