Belgique dans la guerre franco-prussienne

Les Belges ne participèrent pas en tant que belligérant à la guerre franco-prussienne de 1870-1871, mais la société et la vie politique belges furent fortement affectées, en particulier par la crainte d'une invasion de chacun des belligérants. Cette paranoïa mena à une réforme de la conscription et à un programme de fortification qui influença grandement les premiers jours de la Première Guerre mondiale.

Médaille commémorative décernée aux belges mobilisés durant la "crise" de 1870-1871

Panique initiale et mobilisation

Il était largement admis que dans le cas d'une guerre entre la France et la Prusse, une attaque à travers la Belgique par l'un ou l'autre, en serait le premier acte. En effet, au tout début de la guerre, le maréchal français Canrobert positionna un corps d'armée entier (composé de quatre divisions d'infanterie) à Châlons-sur-Marne dans le nord-est de la France comme réserve et défense contre une éventuelle avancée prussienne en Belgique.

Donc, quand la déclaration de guerre fut connue, le gouvernement belge craignit d'être pris de court. Les réserves d'or de la banque nationale furent transférées dans la forteresse d'Anvers avant même que la nouvelle soit publique et que l'armée soit mobilisée[1].

Quand l'information filtra enfin, ce fut la panique : beaucoup de responsables militaires craignaient que, même après le début des hostilités, aussi bien les Français que les Prussiens, voulant profiter d'un avantage stratégique lors de manœuvres le long de la frontière belge, débordent et que l'armée belge soit incapable de repousser une telle attaque[2]. Bien que des batailles importantes eurent lieu à proximité immédiate du territoire belge comme la bataille de Sedan, la Belgique ne fut jamais attaquée.

Un possible facteur décisif dans l'hésitation des deux parties d'une attaque via la Belgique fut la garantie de la neutralité du territoire par le Royaume-Uni depuis le traité de Londres de 1839.

Conséquences

Entrée du Fort d'Évegnée près de Liège construit vers 1880 à la suite de la crise de 1870-1871

La guerre franco-prussienne rendit les Belges conscients de la situation précaire de leur pays en cas de conflit entre les 2 puissances voisines. Dans les années suivant le conflit, l'armée profita d'une large modernisation. Le système de "remplacement" par lequel n'importe quel citoyen tiré au sort pour effectuer le service militaire pouvait payer quelqu'un pour le faire à sa place et qui était considéré par de nombreux Belges comme une liberté personnelle essentielle, fut aboli et le système de conscription fut amélioré. Ces réformes, menées par d'Anethan, sous la pression du roi Léopold II, divisa les politiciens belges. Les catholiques unis aux libéraux de Frère-Orban s'y opposèrent et la réforme tomba à l'eau lorsque le gouvernement d'Anethan chuta à la suite d'un scandale[3].

Finalement l'armée fut réformée. En 1909, le système institué menait à 8 ans de service militaire effectifs et 5 ans de réserve[4]. Cela aurait dû faire gonfler la taille de l'armée belge à plus de 100 000 hommes entraînés[4]. La construction d'une chaîne de forts le long des frontières belges fut intensifiée et mena à une série de fortifications très modernes incluant le "Réduit national" d'Anvers et les positions fortifiées de Liège et Namur. La plupart de ces forts sont de l'architecte militaire belge Brialmont.

Voir aussi

Références

  1. (en) Neal Ascherson, The King incorporated : Leopold the Second and the Congo., Londres, Granta Books, (ISBN 1-86207-290-6), p. 79
  2. (en) Neal Ascherson, The King incorporated : Leopold the Second and the Congo., Londres, Granta, (ISBN 1-86207-290-6), p. 78
  3. (en) Neal Ascherson, The King incorporated : Leopold the Second and the Congo., Londres, Granta, (ISBN 1-86207-290-6), p. 81
  4. (en) Neal Ascherson, The King incorporated : Leopold the Second and the Congo., Londres, Granta, (ISBN 1-86207-290-6), p. 70

Sources

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