Bataille de Sekigahara

La bataille de Sekigahara (関ヶ原の戦い, Sekigahara no tatakai), qui s'est déroulée les 20 et , est un événement majeur de l'histoire du Japon. Elle marque la fin de l'époque Sengoku et le début de l'époque d'Edo. Elle est d'ailleurs surnommée « Tenka wakeme no kassen » (天下分け目の合戦, « la bataille qui décida de l'avenir du pays »). Cet affrontement ouvrit le chemin vers le shogunat pour Tokugawa Ieyasu . Bien qu'il ait fallu à Tokugawa trois ans de plus pour consolider sa position au pouvoir contre le clan Toyotomi et les daimyôs, Sekigahara est généralement considérée comme le début non officiel du shogunat Tokugawa, le dernier à avoir contrôlé le Japon.

Bataille de Sekigahara
関ヶ原の戦い
Panneau de l'époque d'Edo représentant la bataille.
Informations générales
Date 20 et 21 octobre 1600
Lieu Plaine de Sekigahara,
dans la province de Mino (Chūbu, centre du Japon)
Issue Victoire décisive de Ieyasu Tokugawa
Belligérants
Forces loyales à Hideyori Toyotomi Clan Tokugawa
Commandants
Ishida Mitsunari

Ukita Hideie
Mōri Terumoto
Chōsokabe Morichika
Konishi Yukinaga
Sanada Yukimura

Shimazu Yoshihiro
Tokugawa Ieyasu

Hosokawa Tadaoki

Honda Tadakatsu

Kyōgoku Takatsugu
Ikeda Terumasa
Fukushima Masanori
Yamanouchi Kazutoyo
Kuroda Nagamasa
Ii Naomasa
Tōdō Takatora

Ikoma Masamune
Forces en présence
120 000[1]75 000[1]
Pertes
Estimées entre 8 000 et 35 270, dont :
Ōtani Yoshitsugu
Shimazu Toyohisa
Ankokuji Ekei
Estimées à 3 000, dont :
Torii Mototada

Guerres féodales japonaises

Coordonnées 35° 22′ 14″ nord, 136° 27′ 42″ est
Géolocalisation sur la carte : Japon
Géolocalisation sur la carte : préfecture de Gifu

À l'endroit qui est aujourd'hui Sekigahara, dans la préfecture de Gifu, les forces de Tokugawa Ieyasu combattirent celles de Ishida Mitsunari, qui étaient loyales au fils et héritier de Toyotomi Hideyoshi , Hideyori. Le cours de la bataille changea lorsque Kobayakawa Hideaki, qui était du côté d'Ishida, trahit ses alliés en plein combat. Bien qu'au début, Kobayakawa se soit contenté de rester aux limites de la zone de combats et n'eût pas pris part à la bataille, Tokugawa finit par ordonner à ses ashigaru de tirer sur les troupes de Kobayakawa, après quoi ce dernier passa dans le camp Tokugawa. Ce fut cette trahison qui conduisit à la victoire décisive d'Ieyasu et à la fin du go-tairō (Conseil des cinq Anciens).

Les conditions

Bien que Hideyoshi Toyotomi ait unifié le Japon et consolidé son pouvoir, sa tentative avortée d'invasion de la Corée avait significativement affaibli le pouvoir de son clan aussi bien que les loyalistes qui continuaient de servir et soutenir le clan Toyotomi après la mort de Hideyoshi. La présence de Hideyoshi et de son frère Hidenaga avait empêché les deux camps de faire plus que se quereller, mais lorsque tous deux moururent, les conflits s'exacerbèrent et débouchèrent sur une franche hostilité. Le clan Toyotomi étant connu pour être d'origine paysanne, ni Hideyoshi ni aucun membre de sa famille ne pouvait prétendre au titre de shogun. Plus tard, la mort de Maeda Toshiie effaça les dernières traces d'amitié entre les deux factions.

Notablement Katô Kiyomasa et Fukushima Masanori critiquaient ouvertement les bureaucrates, tout spécialement Konishi Yukinaga et Ishida Mitsunari. Tokugawa Ieyasu prit avantage de cette situation et les recruta, redirigeant l'animosité pour affaiblir le clan Toyotomi.

Déroulement

La bataille s'est déroulée dans le brouillard. Elle opposa le daimyō d'Edo Tokugawa Ieyasu et ses alliés, les clans Fukushima Masanori, Kuroda Nagamasa, Matsudaira Tadayoshi, Ii Naomasa et Ikeda Terumasa, à Ishida Mitsunari et ses alliés, les clans Konishi Yukinaga, Ankokuji Ekei, Kobayakawa Hideaki (Kohayagawa), Mōri Hidemoto, Hideie Ukita, Shimazu Yoshihiro, ainsi que le célèbre rōnin Miyamoto Musashi.

La bataille fut très incertaine, et dura plus de vingt-quatre heures. Les troupes de l'armée d'Ishida se positionnèrent sur les hauteurs autour de l'armée Tokugawa. La veille, le général Shimazu Yoshihiro voulut lancer une attaque en fin de journée, idée rejetée par Ishida, car elle lui parut lâche. Les troupes d'Ishida prirent position en croissant de lune sur les hauteurs autour de l'armée de Tokugawa. Par ailleurs, Ishida attendait l'arrivée des Môri sur les arrières de l'armée de l'Est. La bataille s'ouvrit le 21, par une charge des Tokugawa, bien qu'en infériorité numérique, et en position moins élevée. Celle-ci échoua, et l'armée de Tokugawa subit de lourdes pertes.

Avant la bataille, Ieyasu avait fait saisir les dix-huit canons du navire hollandais, le Liefde, dont les boulets, selon un observateur espagnol, n'ont pas cessé de tomber sur les rangs ennemis durant la bataille[2]. Malgré ce déploiement d'artillerie, c'est la défection du clan Kobayakawa en faveur de Tokugawa Ieyasu qui va faire basculer le sort de l'affrontement dans l'après-midi du 21 octobre. Kobayakawa Hideaki devait trahir Ishida dans la journée, mais celui-ci, face à l'échec de la charge Tokugawa, hésita. Tokugawa Ieyasu envoya donc une unité d'arquebusiers tirer sur les forces de Kobayakama positionnées sur le mont Matsuo. Ceci décida Kobayakawa à trahir les Toyotomi. C'est à ce moment-là qu'Ishida ordonna la contre-attaque. Toutefois, Shimazu refusant d'y participer, furieux que son idée de la veille ait été rejetée, Kobayakawa ayant trahi, et les Mōri n'étant pas arrivés, l'assaut d'Ishida se brisa immédiatement. Kobayakawa commença à attaquer le reste de l'armée, ce qui causa la déroute de l'armée d'Ishida et la victoire finale de Tokugawa Ieyasu. Ainsi, bien que celui-ci ait engagé la bataille inférieur en nombre, il finit celle-ci avec l'avantage numérique.

Bilan

Cette bataille fut décisive pour établir la domination des Tokugawa sur le Japon. Les principales forces féodales s'opposant à la prise de pouvoir des Tokugawa étant vaincues, une ère de paix (époque d'Edo) qui dura jusqu'à la restauration Meiji en commença pour le Japon.

Liste des commandants

Armée de l'Est (aux côtés des Tokugawa)

Armée de l'Ouest (aux côtés des Ishida)

Références

  1. Bryant, 1995:25.
  2. Giles Milton, Samourai William, Penguin, (ISBN 978-0142003787), p. 124.

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Frédéric, Le Japon : dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1419 p. (ISBN 2-221-06764-9).
  • La bataille de Sekigahara et son contexte politico-historique sont la base du roman de Yasushi Inoue (trad. du japonais par Corinne Atlan, roman), Le Château de Yodo [« 淀どの日記, Yodo-Dono nikki »], Arles, Éditions Picquier, (1re éd. 1960), 393 p. (ISBN 2-87730-360-8).
  • Christian Kessler, « Le jour où l'histoire du Japon à basculé », Guerre & Histoire N°55, , p. 54 (ISSN 2115-967X)
  • Julien Peltier, Sekigahara : la plus grande bataille de samouraïs, Paris, Passés composés, 2020, 285 p. (ISBN 978-2-37933-042-1)

Article connexe

Lien externe

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