Bataille de Karánsebes

La bataille de Karánsebes (roumain : Caransebeş, turc : Şebeş Muharebesi) est un épisode probablement apocryphe de la guerre austro-turque de 1788-1791 survenu dans la nuit du 17 et , durant laquelle l'armée autrichienne de Joseph II se serait infligée elle-même une grave défaite.

Sources

La première mention de la bataille remonte à Geschichte des 18ten Jahrhunderts und des 19ten bis zum Sturz des französischen Kaiserreichs (Histoire des XVIIIe et XIXe siècles jusqu'à la chute de l'Empire français) de l'historien allemand Friedrich Christoph Schlosser, publié en 1843, 55 ans après l'incident. Cet ouvrage renvoie à l’Austrian Military Magazine de 1831 pour une description plus complète :

« Un récit détaillé de la singulière histoire de cette marche nocturne et de ses conséquences n'appartiendrait pas à la province de l'histoire générale ; on le trouvera cependant à la fois authentique et complet dans l’Austrian Military Magazine de 1831[1]. »

La première description détaillée de cette bataille se trouve dans le livre de l'écrivain autrichien Anton Johann Gross-Hoffinger (de) Geschichte Josephs des Zweiten (Histoire de Joseph II), publié 59 ans après son supposé déroulement, et c'est celle que reprennent la plupart des auteurs.

Déroulement supposé

L'armée autrichienne, forte de 100 000 hommes se trouve aux marches de son empire, près de la ville de Karansebes (aujourd'hui Caransebeș en Roumanie). L'avant-garde de l'armée, un contingent de hussards, partit en éclaireur voir si l'armée turque était en approche et traversa la rivière Timiș. Pas de Turcs en vue, mais des roulottes de Gitans qui virent l'opportunité d'offrir à ces soldats fatigués des femmes et du schnaps contre monnaie sonnante et trébuchante.

Bien entendu, les hussards profitèrent de l'occasion pour tout rafler, au détriment des fantassins qui les suivaient. Ils refusèrent de partager avec eux l'alcool si chèrement acquis. À un point tel qu'ils entreprirent une fortification improvisée du camp et qu'ils en chassèrent l'infanterie. Idée en apparence amusante et qui aurait pu en rester là.

Loin de se calmer, les choses s'envenimèrent. Une dispute éclata et un soldat excité tira un coup de feu. Une bataille se déclencha dans l'obscurité. Lorsqu'il parut clair à certaines unités de l'infanterie qu'ils ne pourraient pas étancher leur soif, ils s'écrièrent « Des Turcs ! Des Turcs ! » Les hussards, prenant les choses au sérieux, s'enfuirent. L'infanterie vit dans ce geste la réelle présence des Turcs. Des officiers qui désiraient arrêter les heurts criaient « Halte ! Halte ! » Certains l'interprétèrent comme des Turcs chargeant au nom d'Allah.

Dans le camp se trouvaient des chevaux de trait. Ce raffut les fit paniquer. Un officier pensa qu'il s'agissait d'une charge turque et ne trouva rien de mieux que de faire bombarder le camp par l'artillerie. Le chaos s'installa, le camp de l'armée autrichienne fut réveillé en sursaut. Plutôt que d'attendre ce qui allait se produire, les soldats fuyaient dans tous les sens. La panique était telle que les tirs fusaient vers la moindre ombre turque qui se profilait. Le paroxysme fut atteint lorsque l'armée dut faire retraite devant un ennemi imaginaire. La débâcle fut telle que l'empereur autrichien Joseph II, chef des armées, fut renversé de son cheval et tomba dans un ruisseau.

L'armée turque, arrivant sur place, y aurait trouvé 10 000 morts et blessés (selon d'autres auteurs, les pertes réelles n'auraient pas dépassé 150 personnes).

Notes et références

Bibliographie

  • (de) Geoffroy Regan, Militärische Blindgänger und ihre größten Niederlagen, Lizenzausgabe des Weltbild Verlag (ISBN 978-3-8289-0840-6).
  • (de) Erik Durschmied, Hinge-Faktor. Wie Zufall und Dummheit Weltgeschichte schreiben, Böhlau (ISBN 978-3-205-99159-5).
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