Bataille de Bosso (2015)

La bataille de Bosso a lieu le à Bosso, ville du sud du Niger, pendant l'insurrection de Boko Haram. Elle s'achève par une victoire des forces armées tchadiennes et nigériennes, parvenues à repousser les djihadistes.

Pour les articles homonymes, voir bataille de Bosso.
Bataille de Bosso
Informations générales
Date
Lieu Bosso
Issue Victoire tchado-nigérienne
Belligérants
Tchad
Niger
Boko Haram
Commandants
Daoud Yaya
Abdoul Kadri Amadou
Forces en présence

2 500 hommes[1]


4 000 hommes[1]
(sur l'ensemble de la frontière)

Inconnues
Pertes

8 morts[2]


4 à 8 morts[3],[4]
17 blessés[3]
2 disparus[3]

109 à 400 morts[3],[5]
Civils : 1 mort[3]

Insurrection de Boko Haram

Coordonnées 13° 41′ 50″ nord, 13° 18′ 37″ est
Géolocalisation sur la carte : Afrique
Géolocalisation sur la carte : Nigeria
Géolocalisation sur la carte : Niger

Prélude

En , alors que des combats meurtriers ont lieu à Fotokol et Gamboru, au sud du lac Tchad, d'autres forces se déploient à l'ouest, sur la frontière nigérienne. 4 000 soldats nigériens gardent la frontière tandis que 2 500 militaires tchadiens se positionnent à Bosso, faisant face à la ville nigériane de Malam Fatori, tenue par les djihadistes[1],[6]. Les militaires français, engagés dans l'opération Barkhane, mettent également en place un détachement de liaison militaire de 15 à 20 hommes à Diffa, et fournissent les forces africaines en carburant et en munitions[7],[8],[9],[10].

Déroulement

Pourtant, le , ce sont les djihadistes qui prennent l'initiative de l'attaque en franchissant la rivière Komadougou Yobé et en assaillant pour la première fois des positions de l'armée nigérienne. Des cellules dormantes infiltrées dans le camp de réfugiés passent également à l'action. Le combat s'engage vers 9 heures du matin (8 heures GMT), les militaires nigériens et tchadiens prennent rapidement l'ascendant et les forces de Boko Haram sont repoussées en fin de matinée. Elles se replient au Nigeria, poursuivies par les militaires qui mènent ensuite de opérations de ratissage jusqu'à la forêt de Gangara[11],[12],[13],[14].

Rémi Carayol, journaliste à Jeune Afrique, rapporte que les rescapés ont décrit les assaillants comme « ensorcelés », « possédés », « assoiffés de sang » et qu'il pourrait s'agir d'habitants enlevés et drogués par les djihadistes, beaucoup n'étant armés que de couteaux, de flèches ou de pierres[15]Jean-Louis Le Touzet, envoyé spécial de Libération, indique également que d'après deux sources sécuritaires, dont une non-nigérienne, Boko Haram a engagé sa chair à canon lors de l'assaut ; des combattants « sous-équipés, maigres, pas plus de 15 ans, une arme pour trois et visiblement affamés, les corps recouverts de gris-gris ». Les soldats nigériens, inexpérimentés, paniquent et ce sont les Tchadiens qui fauchent les assaillants « à la mitrailleuse lourde et à coup de canons à recul »[16].

Plus à l'ouest, une autre attaque vise Diffa dans la même journée, un ou plusieurs obus sont tirés sur la ville. Les Nigériens répliquent et certains soldats traversent la frontière. Les pièces lourdes de Boko Haram sont détruites et les djihadistes abandonnent un village et la petite ville de Damasak[11],[12],[17].

Dans les jours qui suivent, la ville de Bosso est abandonnée par ses habitants, effrayés par les attaques de Boko Haram[18].

Le , une nouvelle escarmouche éclate près de Bosso, deux Tchadiens sont blessés et 10 djihadistes tués. Dans les jours qui suivent, des échanges de tirs ponctuels continuent d'opposer les Tchadiens et les djihadistes postés à Malam Fatori[5].

Pertes

Le soir du combat, Mahamadou Karidjo, ministre nigérien de la Défense, déclare que le bilan humain est de 4 morts, 17 blessés et 2 disparus pour les forces nigériennes contre 109 tués du côté des djihadistes. Un civil est également mort au cours des affrontements[3],[12]. Selon RFI, après les combats « au Nigeria, plusieurs dizaines de cadavres d’éléments de Boko Haram étaient visibles »[17]. Le , un général tchadien déclare que 200 cadavres de djihadistes en décomposition sont visibles dans les vallées de Bosso et Mamouri[14]. Les corps des djihadistes restent abandonnés pendant plusieurs jours. Par crainte des épidémies de choléra, ils sont ensevelis dans des fosses communes, certains sont jetés dans la rivière[16],[5]. Le , le colonel Azem Bermandoa, porte-parole de l’armée tchadienne, déclare à RFI que plus de 400 corps ont été enterrés[5],[2].

Le général Daoud Yaya, commandant des forces tchadiennes à Bosso, est blessé lors du combat. Un combattant de Boko Haram aurait fait semblant d'être tué avant d'ouvrir le feu et de blesser le général au ventre[19],[12].

Par ailleurs, la police nigérienne affirme dans un communiqué que l'ensemble des affrontements livrés entre le et le ont fait 24 tués et 38 blessés du côté des militaires et des policiers nigériens, contre 513 morts pour Boko Haram, dont 292 sont enterrés à Bosso[20],[21]. En , le colonel nigérien Moussa Salaou Barmou, chef de l'opération « Maï Dounama » évoque un bilan de 8 militaires nigériens et au moins 292 djihadistes tués pour cette bataille[4]. Au moins une vingtaine d'indicateurs présumés de Boko Haram sont arrêtés à la suite de l'attaque[4].

Notes et références

  1. « Boko Haram: l’armée nigérienne se prépare à intervenir au Nigeria », RFI, (consulté le )
  2. Willy Bracciano et Adel Gastel, Vidéo : au Niger, l'armée du Tchad redoute un nouvel assaut de Boko Haram, France 24, 18 février 2015.
  3. Niger: 109 combattants de Boko Haram, quatre militaires et un civil tués, AFP, 6 février 2015.
  4. Patrick Forestier, Offensive contre Boko Haram, Paris Match, 17 avril 2015.
  5. Madjiasra Nako, (Reportage) Niger: Bosso ville fantôme après l’attaque de Boko Haram, RFI, 20 février 2015.
  6. Boureima Hama (AFP), « La guerre contre Boko Haram prend une ampleur régionale », La Presse, (consulté le )
  7. Reuters, « Paris met en place un détachement de liaison militaire au Niger », sur Challenges (consulté le )
  8. BSS : point de situation du 5 février 2015, Ministère de la Défense, 5 février 2015.
  9. « Boko Haram: une poignée de militaires français détachés au Niger », RFI, (consulté le )
  10. Pierre Longeray, « Boko Haram pénètre au Niger pour la première fois », sur Vice, (consulté le )
  11. « Niger: Boko Haram attaque les villes frontalières de Bosso et Diffa », RFI, (consulté le )
  12. « Retour sur le jour où le Niger est entré en guerre contre Boko Haram », RFI, (consulté le )
  13. AFP, « Première attaque de Boko Haram au Niger, à la frontière nigériane », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  14. « Niger: des cellules dormantes de Boko Haram dans le sud-est », RFI (consulté le )
  15. Rémi Carayol, « Boko Haram, la tactique du boucher », Jeune Afrique, (consulté le )
  16. Jean-Louis Le Touzet, « Le Niger désarmé face à Boko Haram », Libération, (consulté le )
  17. « Le Niger rend hommage aux victimes de Boko Haram », RFI, 8 février 2015. (consulté le )
  18. « [Boko Haram] Niger: Bosso sous contrôle mais vidé de ses habitants », RFI, 18 février 2015. (consulté le )
  19. Boko Haram: le commandant des forces tchadiennes au Niger blessé par balle, AFP, 6 février 2015.
  20. Niger affirme avoir infligé de lourdes pertes à Boko Haram au Nigeria, AFP, 19 mars 2015.
  21. Un mois après le couvre-feu au Niger, Boko Haram perd Damasak, RFI, 11 mars 2015.

Voir aussi

Vidéographie

Articles connexes

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